Mardi 2 Août 2011
Pensées que ces jours et ce qu’ils déversent avec le visage, l’histoire, l’apparence ou le cri d’autres (la violence et la douceur voulant le plus souvent dire leur exact contraire quand les regards s’affrontent ou se donnent). Fratrie n’est pas fraternité, elle suppose une manducation, un usage ensemble du socle qu’est le passé, le passé pas seulement souvenirs mais relations qui perdurent avec les personnes, celles de nos parents, celles de nos morts. La fratrie renvoit au langage, au sang, à l’éducation, c’est-à-dire bien moins au passé qu’à une manière de se construire et se maintenir, de se vouloir au présent et pour la suite – seul, à l’origine de tout, donc sans fratrie (et peut-être sans fraternité et en constante défense, y compris même vis-à-vis de ses enfants), ou au contraire en intense compagnie avec nos homologues prédécesseurs, connus d’amour. Avec mes sœurs et frères, je me heurte à ce manque que je leur crois et à la sensation que je leur donne d’un trop plein et d’une inquisition. J’ai cru qu’il me faut m’émanciper de cette demande de partage, il me semble qu’ils pétitionnent pour s’émanciper d’une façon de vivre qu’ils voient d’une manière à laquelle je ne peux rien, nous nous regardons donc, comme dans les miroirs du jardin d’acclimatation et n’avons plus même le partage en propos du café du Commerce. Le rapport au passé, soi-disant irréversiblement mort, m’est objecté aussi par mes camarades d’enfance, de collège qui, pour ne pas en communiquer, le jugent incommunicables aux tiers d’aujourd’hui, alors qu’il ne s’agit que de communiquer entre nous. Idée fausse de ce qu’il y a à partager. Plus ni table, ni chaise parce qu’on ne sait pas lire le menu. – Lecture passim comme d’un livre de sagesse, le roman vrai et pudique, surtout parce qu’il s’agit de plaisir reçu, de sexe, d’autres apparemment au pluriel mais se répétant dans la pauvreté ou dans le miracle, deux rebonds que l’autre nous procure et auxquels ni celui qui administre ni celui qui reçoit peut grand-chose, que la mise en présence. Catherine MEILLAT donc et La vie sexuelle de Catherine M.. Interrogée par le mensuel de Rue89, elel a la vraie sagesse de ne faire doctrine de rien et de sirtuer son expérience et son parcours dans sa seule génération, d’admettre que des autres, elle devine mais sait peu, elle sait dire que nous sommes aveugles quand nous extrapolons à partir de nous-mêmes, accessoirement elle montre que plaisir n’est pas amour, que corps n’est pas chair, que chair n’est pas corps, et que la jalousie est sexuelle, parce qu’elle est du registre de la prédation. – Hier, sur fond de mer, les définitions de BRASILLACH pour le golfe, plus encore que pour l’île, la relation entre le bonheur et le paysage, et sur fond d’un clocher au loin précédé d’un plan d’eau bordé du blanc intense et de la rumeur de centaines de mouettes que je sais bientôt s’envoler vers les rochers à mon dos tourné, dès qu’ils découvriront… notre fille récolte des « chatons » pour sa mère, silhouette sur des lumières, silhouette sur des couleurs, jeux des mains qui cueillent puis qui nouent d’une autre herbe, les tiges, harmonie des beiges et des douceurs, les doigts encore gonflés de la petite enfance, le dos des mains velouté comme les avant-bras. J’ai couru à la beauté, après la beauté pendant des décennies, je l’ai confondue avec l’absolu et avec le plaisir, j’ai cru que la fascination qu’elle exerçait sur moi par apparition ou par imagination se résolvait par la possession, j’ai seulement découvert puis compris puis accepté qu’elle est précaire, éphémère si je ne la vois qu’au visage d’autrui et se défaisant à ma vue, elle détruisait l’amour, le projet, le désir. Lentement, m’est apparue l’âme, par éclats me sont venues les projections intenses d’une vie, d’une sollicitude, de l’amour de qui m’aime, venues à mon regard, comme une main viendrait étreindre mon poignet, j’ai vu la beauté intérieure monter comme une marée au visage, au regard, au front, au sourire de qui m’aime, et j’ai regardé pour toujours la beauté-là. Et j’ai entendu en moi, c’était net hier matin comme la raison me faisant accepter des recommandations qu’autrefois j’eusse jugées initules, j’ai entendu que toujours je n’ai marché qu’à l’amour.
A nouveau dépourvu de mon livret Prions en Eglise, je reçois seulement l’évangile du jour. Il est l’autre expression – reçue – de la continuité de ma vie. [1] Mouvement d’une foule, mouvement collectif, Dieu cerné ? par nos questions, par nos intentions. Des pharisiens et des scribes venus de Jérusalem s'approchent de Jésus. Les partisans arrivent ensuite. Alors les disciples s'avancèrent. Chaque groupe dégoise. Les ennemis de Jésus au lieu d’argumenter sur les siens, auraient pu interroger ceux-ci… et ces derniers auraient pu répliquer aux premiers. Jésus est le centre, qu’on soit pour ou qu’on soit contre. La distraction contemporaine ne le tue pas, elle rend missionnaire. Pas à l’ancienne façon, mais par la prière interrogative : comment vivre et survivre sans Toi, Seigneur ? Comment font-ils, font-elles, ceux et celles qui passent, vivent selon toute apparence mais me semblent marcher sans avoir, vivre sans respirer, film muet des fantômes imaginés au bord du Styx. Ou bien fraternité et tendresse pour cette authenticité de ceux qui avouent n’avoir aucun repère, n’avoir même besoin d’aucun repère, ceux qui acceptent l’absence de tout, ceux qui vivent nus et me posent la question de la foi, de l’espérance, pas celle de la charité ni de l’amour. Cela reste universel, pratiqué ou non. Sais-tu que les phraisiens ont été scandalisés en entendant cette parole ? Jésus répond benoîtement : Laissez-les dire : ce sont des guides aveugles pour des aveugles. Si un aveugle guide un aveugle, ils tomberont tous les deux dans un trou. Il ne condamne ni les guides ni les ouailles. Appel paisible à la responsabilité de soi, à nos fonctionnements humains : ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l’homme impur. La racine … en nous. Toute plante que mon Père du ciel n’a pas plantée sera arrachée. Le travail suprême est intime, et celui qui y pourvoit, notre Créateur, n’est évidemment pas nous. Le texte ne dit pas comment les disciples reçurent cette parole, après tant d’autres et avant la dénégation absolue de la passion et de la croix, auxquelles un seul d’entre eux assista. Ce fut un centurion qui – dans l’Histoire du salut, dans celle de l’humanité et de l’univers – crut le premier, Jean, ce ne fut que le matin du surlendemain, au vu du tombeau et du linceul, tombeau ouvert, linceul plié…
matin
Dette américaine, présentation des choses, talent et don de la perspective et de la synthèse chez la plupart des décideurs et de ceux qui les commentent. La Chambre des représentants, prédite hostile, entérine l’accord par quelques 270 voix contre 169. Le spectre s’éloigne de plus en plus, dit-on. La faillite des Etats-Unis évitée, écrit-on. La réalité est que la spéculation reçoit sa ration, la dette augmente encore, aucun des paramètres, aucun des mécanismes renchérissant tout ne changent. La prochaine fournée avant le printemps…
Date à mémoriser, les élections en Israël dans un mois et demi. Les Palestiniens n’oseront les perturber par une déclration « unilatérale » de l’indépendance de leurs fragments d’Etat. On a l’histoire qu’on veut et en vouloir une, c’est déjà la mériter. Avoir su faire de son drame, le moyen de son existence, génie des Juifs ? ou reconstitution par quelques-uns dans l’Etat d’Israël, puisqu’il a été démontré que la shoah était interdite de mémoire dans les vingt premières années de l’Etat hébreu. Alors ?
soir
Vote aussi au Sénat américain, promulgation immédiate, tandis que l’Italie et l’Espagne sont en compte-à-rebours. Berlusconi à la Chambre demain et Zapatero ne prenant pas de vacances. Le Parlement français examinera en Octobre le plan de sauvetage de la Grèce. Dans Jeune Afrique de cette semaine, une lettre ouverte à Fillon sur ses dires au Gabon notamment : l’ancienneté française… un entretien qui me terrasse de tristesse tant l’actuel ministre de la Coopération, par ailleurs inexistant sur l’organigramme, est pis que médiocre : Henri de Raincourt ! L’hebdomadaire n’est pas favorable à Nafissatou Diallo. DSK avait certainement les voix du Tiers Monde, à tort ou à raison.
nuit
J’évolue… contre la peine de mort quand elle existait en France, ou plutôt contre les arguments de ceux qui voulaient la maintenir : l’exemplarité notamment, alors que l’assassin commettant son crime d’impulsion ou de longue préparation, pense évidemment qu’il ne sera pas pris. J’avoue que ce crime près de chez nous, une jeune fille assassinée par son compagnon, retrouvée à demi-calcinée, endroit désigné par l’assassin, les deux touristes françaises en Argentine, etc….se retrouver libre dans les quinze ans, avec une vie normale ! Il ne s’agit pas de punir, et mon argument selon lequel la société doit être meilleure que les criminels tient toujours. Mais s’il y a pulsion ou pis encore plan, alors j’avoue que j’ai une pulsion. Les procès en revanche me dégoûtent. J’ai la conviction de l’innocence de Colonna et que le préfet Erignac n’était pas « clair » (évidemment, ce flou que je ressens n’est pas une raison pour l’assassiner). Je suis surtout effrayé de l’immense capacité de méchanceté dans le cœur de l’homme, de la personne humaine, qui – alors – n’est plus une personne, mais quelqu’un de possédé. Je vais relire Badinter.
[1] - évangile selon saint Matthieu XV 1 à 14 passim
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