Jeudi 19 Mars 2009
Prier donc… la belle solennité de saint Joseph. Celui dont le consentement était sans doute bien plus méritoire que la foi de Marie. Marie avait son option de virginité, jusqu’au mariage ou pour la vie, ce qui était son affaire mais sans doute moins celle de Joseph, elle avait sa piété et sa jeunesse, elle a cru à l’extraordinaire, un extraordinaire bien perçu comme tel puisqu’elle a posé la bonne question (« technique ») à l’ange. Mais Joseph, une jeune femme qui se refuse pendant les fiançailles – ma si douloureuse expérience à mes vingt-deux ans – et qui tombe cependant enceinte. Qui croire et que croire, celle qu’il aime ? il n’y est pas enclin, un ange lui explique tout. Dieu intervient dans sa vie, lui donne son rôle mais ne le détourne pas pour autant de son choix initial, celui de sa fiancée. Apparemment : second rôle, pas une parole de lui, retenue dans les évangiles, et pourtant le protecteur, le « père nourricier », formule trouvée pour lui, ou préexistante ? mais décisivement celui qui donne à Jésus son nom de famille et fait descendre le Fils de Dieu du roi David, comme il avait été promis à celui-ci et comme le confirmaient de génération en génération les prophètes. Aujourd’hui ? quel exemple, quelle leçon ? les vies cachées, les nôtres le sont toujours, si grands ou si malheureux que nous soyons ou le subissions… alors ? je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Cette relation de Dieu à nous, selon toutes apparences humaines, elle a été donnée à Joseph, et il est le seul à l’avoir vêcue. Marie l’a assumé, retrouvant l’enfant au Temple, elle dit bien : ton père et moi… et c’est Jésus qui réplique, assez sèchement et méchamment même… ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père. L’autre ! La liturgie ne s’y attarde pas, elle rappelle les promesses de Yahvé à David : ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours… J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de peuples… Vois quelle descendance, tu auras ! L’Apôtre commente : c’est un don gratuit. La mort, hélas ! ou heureusement ? l’est aussi, passage vers l’accomplissement, plus douloureux, je crois, pour ceux qui « restent » et que nous précédons que pour nous, accueillis. L’amour que nous… aux autres, à certains autres, à deux jambes ou à quatre pattes, cet amour est légitime et ne sera pas aboli, ni non plus dilué dans quelque universel éther ou une quelconque luminosité spirituelle. Il sera simplement compatible avec la communion des saints, dont il aura été notre particulière et personnelle introduction. Mots et images nous feront toujours défaut, nous y atteignons ici bas par la prière et, je le constate, par l’élan de nos sensibilités et l’émoi de nos larmes, mobilisation du chagrin et de la prière. Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Tous les parents ont cette expérience de l’enfant qu’on ne retrouve pas, qu’on a perdu de vue par inadvertance. Et aussi de certaines répliques : notre fille ne me prenant pas au téléphone, elle a du mal à réaliser l’absence-présence, mon absence de sa vue et de son toucher, mais la présence ma voix et la possibilité du dialogue sans le corps physique et le regard, lui échappent : elle n’a pas tort. Ces conversations désincarnées… elle répond à sa mère : désolée, je suis occupée. Quatre ans à peine. Jésus en a douze, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extrasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. La scène ne m’étonne ni ne me ravit : tout enfant a sa précocité et ses phrases justes, lumineuses, parce que libre de tout l’amoncellement de nos petitesses, de nos incrédulités, de nos soi-disant expériences (de tout, sauf du divin), la somme de nos amertumes et déceptions. L’enfant en est encore libre, sans ce fardeau. Jésus enfant est tout simplement un bel enfant, banal, avec un tropisme qui n’est pas exceptionnel : le Temple l’intéresse, l’a intéressé, il y reste. Notre fille hier, attirée comme souvent par le jeu de pétanque et applaudissant les beaux coups. Jésus comme nous, Jésus enfant, des parents aimant. Ceux-là exceptionnels, mais qui ont oublié l’exceptionnalité à venir de leur enfant et sans doute l’exceptionnalité aussi de sa conception, ils vivent… quant à Lui, il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Tellement que son ministère « public » s’inaugure par une attitude ultime d’obéissance filiale, le miracle à Cana à l’instigation de sa mère. Jésus à notre portée, Jésus à notre écoûte. Tranquillité, parfois, ce moment… silence total, les oiseaux anticipent la journée, puis celle-ci commencée, se taisent – eux aussi, prière et toilette… nos textes donnent le portrait le plus fort de Joseph, qui était un homme juste, et selon Paul, depuis Abraham, l’homme-modèle, c’est en raison de sa foi, (que) Dieu estima qu’il était juste. Dieu « valide » notre choix. La foi humaine n’est qu’une disponibilité à Dieu, dans le rapport à ceux/celles que nous aimons ou simplement rencontrons, la foi – donner sa foi – est une ouverture. De fécondité que par disponibilité : l’étreinte sexuelle, le labour d’une terre, la paisible écoûte de l’argumentation, du récit d’autrui. De fécondité qu’accompagnement. Contradiction et opposition ne sont ni un débat ni la vérité. Ces dialogues qui précèdent et permettent la naissance de Jésus : Marie et Joseph ne contredisent pas Dieu ni l’ange, son porte-parole, ils s’instruisent pour mieux, comprenant, adhérer et participer. Ils y ont pleinement réussi : c’est donc par la foi qu’on devient héritier. Ces belles spiritualités de certaines religieuses, notamment, la maternité du Christ. Notre fille me donne de vivre l’épisode du Temple comme un père angoissé mais par avance rempli d’admiration pour l’enfant retrouvé et s’étant adonné à de tels exercices. La maturité de la jeunesse, c’est le chef d’œuvre … ne crains pas… c’est lui… Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. Parfaite union, couple parfait : Joseph et Marie, et le même réflexe vis-à-vis de Dieu, foi, obéissance qui libère et par laquelle tout est vêcu, compris. [1]
matin
En raison d’une grève pour l’emploi, le pouvoir d’achat et le service public…
Tout se fait depuis vingt mois par contrainte, ces « réformes » qui ne sont que destructions d’emplois publics, amenuisement et éloignement des services publics, cette révision de la Constitution qui n’a pas la moindre vérité : l’affaire des nominations, même si l’on peut entortiller celle de François Pérol, il crève les yeux que l’esprit n’y est pas, et ce vote de confiance pour notre retour dans l’OTAN, glorieux ni pour la France ni pour les députés qui de leur vote – juridiquement pas nécessaire – signent cette décision. Les sécessions du parti majoritaire, cf. Nicolas Dupont-Aignan n’ont pas la moindre efficacité, et quitter la vie politique pour ne plus être soumis à un dictateur ne change rien à la dictature, alors ? je me donne le plaisir et la revanche de la rétrospection, écrire et avoir dénoncé en temps… mais cela ne change rien au présent.
[1] - 2ème Samuel VII 4 à 16 ; psaume LXXXIX ; Paul aux Romains IV 13 à 22 ; évangiles selon saint Luc II 41 à 51 & Matthieu I 16 à 24
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