mercredi 18 mars 2009

adresse aux députés avant le débat de confiance sur l'O T A N

pièces jointes

choix de dépêches AFP sur les voyages en province du général de Gaulle au début de son mandat : Février et Juin 1959

discours prononcé à Bucarest par Nicolas Sarkozy . 3 Avril 2008

conclusion d'un colloque sur la défense par Nicolas Sarkozy . 11 Mars 2009

extraits conférence de presse du général de Gaulle . 21 Février 1966

note du général de Gaulle sur notre retrait de l'OTAN . 24 Février 1966

lettre du général de Gaulle au président Johnson . 7 Mars 1966

doctrine de défense dirigée tous azimuts - général Ailleret - revue Défense nationale . n° Décembre 1967

*
* *


Chers députés, représentants du peuple,

je viens souvent à vous, parce que vous êtes décisifs, le seul contrepoids [1]à notre monocratie, avant la rue dont je ne dois pas prophétiser. La révision constitutionnelle, Marina Petrella, une réflexion périodique.

Demain, vous votez ou vous refusez la confiance. Il s’agit de notre retour dans l’organisation intégrée de l’Alliance de l’Atlantique-nord.

1° la confiance

Si le vote était libre – et pourquoi ne l’est-il pas, pourquoi ne votez-vous pas en conscience ? « démocratie irréprochable » - il n’y aurait pas de majorité pour soutenir l’option présidentielle de nous faire revenir dans l’O T A N, tout simplement parce que c’est inutile et que nous prenons le risque d’entrer dans une voie que nous ne percevons pas actuellement (sinon celle de l’engagement accru en Afghanistan, où nous déplorons déjà 26 tués, des jeunes de pas trente ans pour la plupart, comme si l’Indochine, l’Algérie pour nous, le Vietnam et l’Irak pour les Américains ne suffisaient pas pour comprendre qu’on ne fait pas le bonheur d’un peuple étranger par les armes sur son sol). Aussi inutile et ouvrant de nombreuses voies vers l’inconnu que l’a été l’adoption du quinquennat (justifiant depuis vingt-deux mois la mono-cratie alors que Jacques Chirac nous avait assuré que cela ne changerait rien) et que l’a été la révision constitutionnelle de Juillet dernier.

Culture ambiante de nos dirigeants : Jacques Chirac avait repris nos essais nucléaires pour le cinquantenaire d’Hiroshima, et Nicolas Sarkozy fait voter notre ré-engagement outre-mer et dans l’inconnu le jour anniversaire des accords d’Evian, qui, par la clairvoyance et le courage du général de Gaulle, nous libérait enfin des guerres coloniales…

Majoritairement, vous y êtes hostiles.

Comment avoir confiance ?

Les Français n’ont plus confiance. Ils ont soutenu les mouvements outre-mer à 78%, ils soutiennent le mouvement de demain jeudi à 71%, ils désapprouvent depuis des mois (avant et depuis la prise de conscience de la crise) la politique économique du gouvernement : à 64% aujourd’hui. Quant au président de la République, selon les instituts de sondage, il est impopulaire autour de 60% depuis treize mois. Evoquera-t-on l’impopularité comme le signe qu’on a le sens de l’Etat et que toute réforme est impopulaire ? Richelieu ? De Gaulle ? Pour le grand cardinal, il n’y avait pas de sondages, pour l’homme du 18 Juin, il y avait encore 56% d’opinions favorables à son égard, à la veille du referendum de 1969. Sans doute le scrutin n’a-t-il pas reflété cette popularité, sans doute aussi peut-on gagner une élection présidentielle avec 37% des voix au premier tour – niveau actuel de la popularité du président Sarkozy…

Plus confiance dans la politique menée ni dans les réformes, tout simplement parce que les réformes ne font que supprimer des dépenses, dont d’autres – pas seulement celles engagées depuis l’automne pour répondre à la crise – de montants souvent immensément supérieurs annullent l’impact budgétaire, supprimer des dépenses, pour en faire d’autres, tandis que des investissements parfois séculaires et une proximité de l’Etat et de ses services publics sont irrémédiablement détruits. Tout simplement plus confiance dans la politique menée parce que le cynisme est contagieux, qu’à la veille du mouvement social, le Premier ministre assure qu’il n’y aura aucune enveloppe supplémentaire, ce qui est ne rien comprendre (Malraux dans l’Espoir : « je ne veux pas qu’on me dédaigne »), que chacun des ministres ne propose que des mesures dans son domaine qui sont mal reçues, pas concertées et le plus souvent mal rédigées et mal exposées, qu’enfin le président de la République, seul au monde, pourrait-on écrire, s’obstine dans une relance par l’investissement alors qu’il crève les yeux à tous les dirigeants des grands pays industrialisés qu’il faut conjuguer aide à la consommation, donc hausse des salaires et des retraites et un protectionnisme concerté : dernier mot, on ne touchera pas aux impôts puisqu’il s’agit de réconcilier les Français avec les entreprises : Total, par exemple…

Confiance ? rencontrant la chancelière allemande, le président français obtient – ce qui est bien peu – qu’elle s’enquiert chez Continental du respect d’éventuelles promesses. Résukltat, le surlendemain, un second site ferme en France et la direction de l’entreprise allemande publie qu’il n’est pas question de revenir sur les deux fermetures. Ce qui anticipe l’argument – majeur – du président de la République : revenir dans l’enceinte où l’on décide, parce qu’alors la France (lui…) y sera influente. De Gaulle puisqu’il est – implicitement et explicitement – question de lui et de son travail intense fait pendant onze ans pour la crédibilité française à l’étranger et pour y réaccoûtumer les Français… n’a jamais autant pesé – et fait peser la France - sur le cours du monde qu’après notre retrait de l’OTAN : ouverture des pourparlers américano-vietnamiens à Paris… prise de conscience des Européens du véritable enjeu, pour eux, du conflit israëlo-arabe à la suite de la guerre des Six-Jours.

La question atlantique et plus précisément notre réintégration de l’O T A N n’a pas été évoquée – sauf erreur de ma part – dans la campagne présidentielle.

Le tract « Mon projet » distribué par Nicolas Sarkozy, dans ses quinze points, n’avait pas même un chapitre sur la défense [2] et l’évocation de notre politique extérieure, notamment vis-à-vis des droits de l’homme, n’est pas vérifiée dans l’attitude qu’a eue Nicolas Sarkozy face à la Chine, à l’occasion des J O, et envers le dalaï-lama : courage ?

« Témoignage » n’en traitait pas davantage alors qu’il est question de notre relation avec les Américains (pp. 261-263) : revenir à ces pages permet de lire, quelques lignes au-dessus… l’engagement de maintenir une présence militaire française en Afrique, alors que notre retrait (au profit de l’Afghanistan) a été proclamé l’an dernier depuis l’Afrique du sud), et de lire quelques lignes à la suite… le refus d’adhérer « à cette realpolitik qui voudrait qu’au nom d’intérêts économiques supérieurs, on devrait oublier ses principes ». « Ensemble », livre d’une autre plume que celle du futur président de la République, liait même notre politique de défense à celle de la défense des droits de l’homme (p. 91). L’une permet donc d’augurer de l’autre.

Le Premier ministre était plus précis. Son propre livre a raisonné sur l’ « européanisation de l’OTAN », même si c’est bref avec deux raisons : on ne peut compter sur les Etats-Unis et que ferons-nous si ceux-ci attaquent l’Iran ? [3] Ses propos étaient remarquables. Différents de ceux de Nicolas Sarkozy. Les tiendra-t-il de nouveau dans quelques heures ?

2° notre retour dans l’O T A N

Paradoxalement, le président de la République qui tenait – principalement et absolument – dans la récente réforme constitutionnelle à la disposition lui permettant de se produire devant le Parlement, ne s’y est toujours pas risqué, ni pour exposer une perspective et des analyses de la crise universelle, ni demain pour défendre son option atlantiste.

L’exposé des motifs a été donné le 11 mars dans une enceinte irresponsable. Un texte parlé et bâclé, alors que le sujet et les auditoires méritaient un effort de forme et d’écriture. Même désinvolture que celle à laquelle j’ai assisté, sous la Coupole, pour le cinquantenaire de notre Constitution, un pitre apostrophant quelques participants (vous savez que le second mari d’Angela Merkel a offert à celle-ci l’intégrale des films de Louis de Funès). Je conviens que cela ne se dit pas… le pouvoir fait croire à la beauté et à l’infaillibilité de celui qui l’exerce. Albert Speer dans ses mémoires de Spandau écrit qu’il ne réalise qu’après coup combien le chef était laid. Les écailles tombent des yeux, le roi est nu !

Le chef de l’Etat avait un argument avant le sommet de Bucarest où il prit acte, comme si c’était miraculeux, d’une rupture qu’opérait les Américains vis-à-vis d’eux-mêmes en matière d’hégémonie et de concertation. Argument de faire avancer l’Europe de la défense et même condionnement de notre réintégration de l’O T A N aux progrès européens. Il n’y a rien eu, comme il y a très peu depuis 1992. A part, ce commandement britannique pour la flotille en mer d’Aden contre la piraterie !

Il a maintenant deux arguments (du moins, le 11 dernier, car les arguments sont évolutifs et changent quand les échéances arrivent).

a – la turpitude des prédécesseurs

Le président de la République « fait passer » les choses, toutes personnelles, par les cautions qu’il invoque (quand ce ne sont pas les intitulés contraires au contenu – caution insistante de son ancien Premier ministre, Edouard Balladur 1993-1995 : la révision constitutionnelle, la réorganisation territoriale, le plaidoyer « pour une Union occidentale des Etats-Unis et de l’Union européenne »).

Notre réintégration ne ferait qu’aboutir et achever une démarche graduée mais ancienne, celles successivement de François Mitterrand et de Jacques Chirac (invocation aussi d’Alain Juppé, puisqu’à l’époque le Premier ministre comptait). Il est bien vrai qu’il y a eu ces réintégrations partielles et sectorielles. Procédures et institutions d’une part, engagements dabns les guerres balkaniques et en Afghanistan. Pour ma part, j’ai été contre chacun de ces engagements, comme je l’avais été contre la « guerre du Golfe » (avec Claude Cheysson et Maurice Couve de Murville, cf. Le Figaro)

Y a-t-il eu débat ? le président de la République assure que si – mode de confection du Livre blanc à l’appui. Le vrai débat aurait été avec Hubert Védrine qui, dans son rapport sur l’état du monde et notre politique extérieure, à l’automne de 2007, a déconseillé formellement notre retour dans l’O T A N. Il aurait été avec le collectif Surcouf [4]. Michèle Alliot-Marie s’est exprimée sur ordre, aussi docilement qu’elle avait abandonné sa concurrence à la candidature de Nicolas Sarkozy prenant en main – décisivement – la machine du parti. Le Premier ministre, selon le Canard enchaîné, s’est « laissé convaincre » ; tout indique qu’il a « résisté », mais de ce débat on n’aura l’écho qu’une fois terminée l’ère actuelle.
S’il devait y avoir rupture, courageuse et bienfaisante pour une pédagogie efficace du corps militaire et de l’opinion nationale, c’était précisément de revenir à la source et de donner son sens actuel à la décision de 1966. Ce n’est pas parce que personne n’a continué de Gaulle et n’a imaginé tout le jeu de cartes que l’on pouvait mener depuis quarante-trois avec celles qu’il nous avait donné – si intelligemment et si tenacement, qu’il faut soudain prendre son contre-pied.

La défense est un état d’esprit, autant que la disposition d’éléments matériels. Cette disposition nous la perdons : le fiasco ridicule du Charles-de-Gaulle et sans doute les détournements de fonds et de compétences des régies de nos constructions navales militaires – y a-t-il eu enquête là-dessus.

L’état d’esprit. De Gaulle explicitement avec deux arguments pour notre indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Le premier était stratégique : la doctrine de riposte graduée faisait douter de la détermination américaine, à mourir pour atre que soi, depuis que l’Union soviétique avait équilibré la technologie des Etats-Unis. Le second était psychologique : « responsabiliser » les hiérarchies militaires. Le salut ne vient pas d’un autre, mais de soi.

Sans doute, les succsseurs du Général, prédécesseurs de Nicolas Sarkozy n’ont pas eu cette imagination et cette audace - au moins François Mitterrand et Jacques Chirac, car Georges Pompidou ne lâcha rien (notamment la grande année 1973-1974 avec Michel Jobert et la prétention de Kissinger d’une année européenne et de l’agence internationale pour l’énergie, précédent, mutatis mutandis, des machines anti-terroristes d’aujourd’hui, à l’époque il fallait, en commun et en nombre, avoir raison des monarchies pétrolières sur fond de guerre du Kippour) et VléryGiscard d’Estaing se rallia au gaullisme en plongeant avec le Terrible, premier du nom, puis ambitionna que la France reste « troisième puissance nucléaire » du monde, que ne cite ces ceux-là le président actuel…

François Mitterrand et Jacques Chirac, donc, démarches partielles qui maintenant motivent qu’elles soient avouées et complétées : toutes les abdications se font par étapes… mais quelle contrainte pèse sur nous aujourd’hui ? pour les justifier ?

L’imagination gaullienne était autre. Deux dates. Deux lacunes décisives.

Déclarer la péremption ou l’obsolescence de l’Alliance atlantique à la chute du mur de Berlin, au plus tard en symétrie de la dissolution du pacte de Varsovie. Faute majeure, décisive, par omission de François Mitterrand, alors gouverné par la peur de l’Allemagne : contrer toute velléité de neutralité, lenfermer dans l’Union européenne et l’Alliance atlantique. Mais la dissolution du pacte de Varsovie intervient le 25 Février 1991 et le traité de Maastricht n’est signé que vingt mois ensuite, texte qui inaugure la référence à l’O T A N dans les traités européens. Argument dont d’ailleurs se sert maintenant Nicolas Sarkozy qui s’est gardé de poser la question lors de la refonte qui a produit le traité de Lisbonne … argument fondamental de Laurent Fabius pour refuser le projet de Constitution pour l’Europe.

L’intervention (l’agression) des Etats-Unis en Irak a montré la conception extensive et les conséquences pratiques de cette conception, que se font les Américains du terrorisme (la France de la Résistance et de la guerre d’Algérie sait pourtant ce que valent les définitions du terrorisme – d’ailleurs interné sans preuve Jérôme Coupat, pour de soi-disant détériorations des voies TGV, est terroriste). La révision du traité de l’Atlantique nord (article 5) pour y inscrire le terrorisme a étendu au monde entier son champ d’application : nous n’avons pas pipé. La mise en place du « bouclier antimissile » en Pologne et en Tchécoslovaquie a brouillé les Européens avec la Russie, notre voisin dont dépendent nos approvisionnements énergétiques et nos relations avec des candidats à l’Union : Ukraine et Géorgie (on a vu le chef-d’œuvre diplomatique cet été : les sécessions de deux provinces ont été reconnues internationalement et le dégel avec la Russie s’est opéré, ces jours-ci, selon le calendrier américain et non pas européen). Nous ne nous sommes pas opposés à ce « bouclier ». Confiance ?

En revanche, erreur et cécité – état calamiteux aussi des relations franco-allemandes à leur plus haut niveau politique – nous n’avons pas œuvré pour l’association Areva-Siemens, et l’entente nucléaire se fait entre l’Allemagne et la Russie, et le premier site de coopération sera dans l’ancienne Prusse orientale. Lacune majeure de nos dirigeants. Confiance ?

b – y être pour influer et non plus notifié

Parce qu’une fois rentrés, nous aurons toute notre place dans les grands commandements alliés.
Voire… nous nous battions pour Naples en 1996-1997 ! on nous proposa … Lyon ! S’il y avait, en dix-huit mois, quelque chose de négocié et d’obtenu, nous le saurions, vous le saurez demain après-midi.

Parce que, alors que l’Alliance va redéfinir son rôle et ses missions, nous voulons que la France pèse de tout son poids dans cette réforme.
La France n’a pas su/pu s’opposer au bouclier anti-missile…
La solution d’ensemble – pour les diverses opérations outre-mer de maintien de la paix ou de lutte contre le terrorisme – ne réside pas dans un renforcement d’une O T A N que nous réintégrons, mais dans l’édification des procédures militaires et des mises à disposition de l’Organisation des Nations unies. C’est d’ailleurs le mandat de celles-ci que cherchent chaque fois les Etats-Unis et/ou l’O T A N. On aurait plus court et l’on bâtirait enfin cette « gouvernance », puis cette démocratie mondiales qu’on « appelle de ses vœux » mais empêche de fait.

On trouve bien d’envoyer nos soldats sur le terrain, mais on trouve trop engageant de mettre nos généraux dans les comités militaires. Nous n’avons pas notre mot à dire quand les Alliés définissent les objectifs et les moyens militaires pour les opérations ! On envoie des soldats sur le terrain, on engage la vie de nos soldats, et on ne participe pas au comité qui définit les objectifs de l'OTAN. Qui peut comprendre une telle politique ?
Qui « on » ? sinon Nicolas Sarkozy, redoublant notre engagement en Afghanistan, et ne comprenant pas la continuité totale sur ce sujet (passer de l’Irak en Afghanistan) entre Obama et Bush, avec en sus, le discours récent du président français, promettant à l’Irak un concours illimité pour sa reconstruction : je lis, une fois les Américains partis, on projettera les Européens en mission de paix, mais avec casque lourd.

Croit-on que sans le mouvement que j’ai initié, nos partenaires européens nous auraient soutenus pendant la Présidence française ? Moi je pense que jamais. Et croit-on que les Etats-Unis nous apporteraient leur appui, comme George Bush l’a fait à Bucarest et comme Barak Obama le fait aujourd’hui ? Jamais.

Quoi ?
Nos partenaires appuyant – grâce à la personnalité et à la manière de Nicolas Sarkozy et à sa première année de mandat national – une présidence de droit, laquelle a consisté en réunions diverses qui n’ont abouti qu’à l’énoncé mutuel de plans nationaux séparés, et un « abondement » par le budget communautaire et la Commission de pas 5% du total cumulé des plans nationaux, version mi-Décembre 2008. Et refusant, bien entendu, toute prolongation de ce mandat après le 31 Décembre 2008.

Obtenir la permission américaine de faire l’Europe ? en échange de notre réintégration dans l’O T A N ? nous n’avons donc pas compris que les indépendances ne sont jamais octroyées, ou alors elles n’en sont pas : notre expérience africaine… telle que nous sommes gouvernés par certains des présidents africains et que le mode de gouvernement de ceux-ci est devenu le nôtre. Nicolas Sarkozy exaucé dans ses vœux de sommets – G quelque chose, tous les quinze jours, puis tous les trois mois ? – parce qu’il a parlé à Bucarest d’ «une rénovation forte de ses relations avec l’OTAN. Je ne le dis pas ici avant de le dire chez moi. J’ai affronté les débats chez moi pour venir le dire ici. » ? et les Etats-Unis en mutation doctrinale et pratique à propos de la défense européenne : "Le président des Etats-Unis a fait ce matin une déclaration sur la nécessité de l'Europe de la défense en complément de l'Alliance qui était, à mon avis, un tournant historique dans la politique des Etats-Unis d'Amérique . . .Dans la bouche du président des Etats-Unis, c'est un geste que nous attendions, qui a été remarqué, et qui montre la compréhension de ce qu'est en train de devenir l'Europe" BUCAREST (AFP) - 03/04/08 16:13 a insisté le président français à ce sommet atlantique au cours duquel – événement ? – il a promis d’augmenter notre présence en Afghanistan et a « su » avec l’Allemagne s’opposer à l’admission de l’Iukraine et de la Géorgie dans l’Alliance. Elles y auraient été admises que l’été et la guerre du Caucase puis les débat intérieurs à Kiev, auraient été autres.
L’argumentation du président de la République sur notre participation et ses effets est l’exacte prédiction de ce que va produire notre réintégration – dans le mépris de nos partenaires – car toutes nos démarches, et celle-ci couronne celles invoquées par le président de la République – n’ont correspondu à aucune sollicitation, aucune demande d’aucun de nos alliés. Au contraire, la situation dans laquelle nous avait placés le général de Gaulle plaçait nos alliés à commencer par les Etats-Unis en position de demandeur : les propos du général Lemnitzer en Février 1969, redoutant une éventuelle neutralité française en cas de conflit. Nous ne nous opposerons à rien.

Matamore le mendiant…

Et en plus… nous allons payer et cotiser, ce qui est, de tous temps, le point principal pour les Américains.


*
* *


Le président de la République parle de « méthode ».
S’il y a une rupture dans ce choix, elle n’est donc pas tant dans le fond, qui est l’aboutissement d’un long processus de maturation. Elle est dans la méthode.

Elle est uniquement dans une manière de raisonner, laquelle est d’invoquer les démarches des autres pour fonder la sienne – de transformer l’abdication des autres par la gloire personnelle de la dénoncer… Elle ne part donc pas des réalités à traiter qui sont l’état actuel du monde, des relations internationales, de la construction européenne.

L’argument de la maturation va valoir pour notre indépendance nucléaire, on aura réintégré tout – raison demain pour intégrer le comité nucléaire. Or, s’il doit y avoir une quelconque concertation nucléaire ce ne peut et ce ne doit être qu’en vue de la sécurité européenne, quand nous aurons enfin un président de l’Europe durable et élu démocratiquement, c’est-à-dire directement (l’empêchement de la défense européenne est double : l’inféodation dans l’Alliance atlantique, l’absence d’une institution européenne propre à la décision dans le temps réel et la psychologie vêcue d’une agression ou d’une menace nucléaires.

Le président de la République invoque de Gaulle ou le « gaullisme », mais – exactement comme il s’est appuyé sur François Mitterrand, sujet de tout le combat du RPR de 1974-1976 à 1995, et sur Jacques Chirac, son anti-modèle obsessionnel (brocardé en « roi fainéant ») – il vient juste de le caricaturer :
J’aurais pu comme en d’autres temps, prendre une décision solitaire, puis l’annoncer lors d’une conférence de presse. J’aurais pu ne consulter ni les parlementaires, ni nos grands partenaires et conduire une diplomatie secrète. Le domaine réservé.
D’une façon que je ressens – personnellement – comme injurieuse, et qui me fait vous proposer – entre autres pièces annexes – ce que fut la relation entre le peuple français et de Gaulle juste revenu au pouvoir, ce qu’était le fond de son discours : la confiance dans ceux qu’il rencontrait au lieu de le sfustiger à coups de réformes et de table rase de nos institutions.

Le président de la République entend mettre « fin à une ambiguité sur nos objectifs ». Il pense d’une courte manière. Distinguons entre la réponse à des circonstances sans cesse changeantes – ce ne sont pas des objectifs – et la situation que nous voulons nôtre : l’indépendance. Un pays indépendant n’est pas ambigu, il est crédible dans ses refus et dans son concours.

Le moment est donc venu de mettre fin à cette situation, car c’est l’intérêt de la France et c’est l’intérêt de l’Europe.
Toutes les « réformes » de cette décennie ont eu cet exergue qui dispense de tout autre argument : qu’est-ce qui caractérise « le moment venu », sinon les incertitudes américaines sur tout leur déploiement edxtérieur militaire, monétaire, commercial ? sinon le raidissement russe auquel nous avons contribué par le bouclier antimissile et notre maladresse vis-à-vis de l’Iran ? sinon la totale inconnue chinoise, pas tant sur la politique des dirigeants que par la soumission ou la révolte d’un peuple et de ses satellites soumis à la double pression d’un régime totalitaire et d’un capitalisme effréné au profit de quelques-uns : les déplacements de population avec aller et retour sont sans commune mesure avec ceux que tenta Hitler et qu’effectua Staline. Tant d’incertitudes – alors que notre situation vis-à-vis de l’O T A N ne pose aucune question d’urgence et n’empêche rien, que notre réintégration n’ajoutera strictement rien et que personne ne nous demande rien – devraient nous rendre attentifs à la réalité, et non à des procédures.

D’ailleurs, toutes les réformes du pouvoir actuel – paradoxe d’un libéral – sont de l’ordre de la réglementation avec comme outil toujours de nouveaux textes.

Celles inspirées – et jamais dictées - par le général de Gaulle furent de l’ordre spirituel : une nouvelle confiance des Français en eux-mêmes et dans les destinées du pays. A partir de laquelle bâtir la décolonisation, un début d’Europe viable et réaliste à Six (l’ouverture à la Grande-Bretagne a amené tous les élargissements, et donc une bonne part des impasses d’aujourd’hui), des entreprises européennes spatiales et aéronautiques à âme et technologie française… et ainsi de suite, avec du début à la fin, la démocratie référendaire et des Premier ministres qui existèrent…

L’énoncé du résultat mental : la doctrine Ailleret, pièce jointe. Genèse : compilation et extrapolation par l’éminent général de l’exposé par de Gaulle de nos perspectives (3 Novembre 1959 à l’Ecole militaire) qui en fit une préface à donner au livre de Léo Hamon « La stratégie contre la guerre », puis le texte d’un article pour la revue Défense nationale – publié dans son numéro de Décembre 1967.

Coincidences ?

Le général Ailleret fut tué dans un accident d’avion, décollage de la Réunion en Février 1969… à la veille du referendum qui conclut à la retraite logique de l’homme du 18-Juin, était devenue possible – moyennant un an de préavis - notre sortie d’une ’Alliance atlantique, conclue initialement pour vingt ans, tacitement reconductible ensuite.

Cette lettre à vous, chers députés, qu’elle soit aussi un hommage au général Ailleret et à l’homme qui l’inspira.

Voici ce que disait de Gaulle à l’Ecole militaire :
Le système qu’on a appelé « intégration » et qui a été inauguré et même, dans une certaine mesure, pratiqué après les grandes épreuves que nous avions traversées, alors qu’on pouvait croire que le monde libre était placé devant une menacé imminente et illimitée que nous n’avions pas encore recouvré notre personnalité nationale, ce système de l’intégration a vêcu.
Il va de soi, évidemment, que notre défense, la mise sur pied de nos moyens, la conception de la conduite de la guerre, doivent être pour nous combinées avec ce qui est dans d’autres pays. Notre stratégie doit être conjuguée avec la stratégie des autres. Sur les champs de bataille, il est infiniment probable que nous nous trouverions côte à côte avec des alliés. Mais, que chacun ait sa part à lui !
Voilà un point capital que je recommande à vos réflexions. La conception d’une défense de la France et de la Communauté (celle franco-africaine, issue du referendum de Septembre 1958) qui soit une défense française, cette conception-là doit être à la base de la philosophie de vos centres et de vos écoles.

Il se trouve qu’avec mes camarades de la promotion Turgot – à l’Ecole nationale d’administration – nous eûmes à composer un commentaire de l’échange de lettres de Gaulle-Johnson./.

[1] - Nicolas Sarkozy, candidat, écrit : Le Conseil des ministres ne doit plus être une chambre d’enregistrement de décisions négociées entre conseillers, mais au contraire un lieu où l’on discute, où l’on tranche, où le gouvernement exprime une volonté collective… S’agit-il de concentrer tous les pouvoirs entre les mains du président, deen faire un homme d’autant plus puissant qu’il n’a plus de Premier ministre pour faire contrepoids ? Nullement. Il s’agit de reconnaître une réalité telle qu’elle existe aujourd’hui et de faire en sorte que celui qui décide soit aussi celui qui assume la responsabilité. Et si une institution doit faire contrepoids au président de la République, il ne peut s’agir que du Parlement. Le Premier ministre n’en a évidemment pas les miyens ou alors il sortirait de son rôle et empêcherait le pays d’être dirigé. … L’existence d’un domaine réservé du président de la République, dans lequel ni le Premier ministre, ni le Parlement, ni les partis politiques n’ont leur mot à dire, est à mon sens incompréhensible et démocratiquement injustifié. C’est le cas d’abord des affaires étrangères et des affaires européennes. (Témoignage XO éditions . Août 2006 ) pp. 158-159

[2] - il est seulement dit en 15 . Fiers d’être Français : Je souhaite que la France pèse sur la scène mondiale et assume sa responsabilité dans la gestion des conflits mondiaux. Pour cela, je maintiendrai notre effort de défense au moins à son niveau actuel tout en adatant notre stratégie à l’évolution des risques mondiaux Je favoriserai le développement des pays pauvres, en cessant d’aider les gouvernements corrompus, en mettabt en place une Union méidterranéenne avec les pays du Sud, en donnant a priorité à l’Afrique. Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiqus. Je défendrai les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes.

[3] - La Fance peut supporter la vérité (Octobre 2006 . 268 pages) pp. 252-253 : Les tentatives françaises pour européaniser l’OTAN se sont toutes soldées par d’humiliantes fins de non-recevoir de l’administration américaine. On se souvient de la requête raisonnable de Jacques Chirac : il demandait que le commandement sud de l’Alliance atlantique soit confié à un Européen. La réponse américaine fut sans ambiguïté : « Ce commandement ne saurait être exércé que par un officier amérixcain en raison des intérêts de Washington en Méditerranée et de l’importance des forces américaines qui y sont stationnées. » En clair, les Etats-Unis n’accepteront jamais qu’une partie significative de leurs forces soit placée sous un commandement allié ! Dont acte. Plutôt que nier la réalité et de poursuivre l’édification d’une politique de sécurité et de défense européenne qui s’effondrera à la première difficulté avec nos alliés américains, mieux vaut en prendre acte et chercher à constituer un ôle plus solide avec ceux qui partagent notre souci d’indépendance. Cette stratégie est d’autant plus nécessaire que la puissance américaine n’est pas éternelle, qu’elle est fragile et qu’elle repose sur une économie en déséquilibre.

[4] - Le Figaro, 19 Juin 2008

Aucun commentaire: