lundi 23 mars 2009

Inquiétude & Certitude - lundi 23 mars 2009

Lundi 23 Mars 2009

Prier… va, ton fils est vivant. On n’y verra plus de nouveau-né emporté en quelques jours. Oui, je vais créer un ciel nouveau et une terre nouvelle, on ne se rappellera plus le passé, il ne reviendra plus à l’esprit. Justesse psychologique extraordinaire, nous appréhendons l’avenir, la mort en forme de souvenir et d’une expérience déjà ressentie en partie, c’est comme si nous avions conscience, une conscience personnelle mais atavique du péché originel ; nous nous souvenons de notre propre catastrophe, nos limites ressenties quotidiennement organisent mentalement notre perception du futur, nous nous mouvons entre les barrières que nous avons posées et qui au lieu d’accompagner notre chemin (les « guidelines » anglo-saxonnes ou les commandements mosaïques) le barrent. Au contraire, l’homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il partit. Pendant qu’il descendait, ses serviteurs arrivèrent à sa rencontre et lui dirent que son enfant était vivant. Il voulut savoir à quelle heure il s’était trouvé mieux. Ils lui dirent : ‘C’est hier, au début de l’après-midi, que la fièvre l’a quitté’. Le père se rendit compte que c’était justement l’heure où Jésus lui avait dit : ‘Ton fils est vivant’. Notre mémoire pour rendre grâce et voir la trace du bonheur et du salut dans nos vies et dans celles de ceux que nous aimons, et non pas pour y scruter la redite à venir de nos déboires, de nos chutes, de nos erreurs et de leur sanction… on bâtira des maisons et on y restera, on plantera des vignes et on pourra en manger les fruits. [1] Car sa colère ne dure qu’un instant, sa bonté, toute la vie ; avec le soir, viennent les larmes, mais au matin, les cris de joie.

matin

Il se pourrait que les choses apparemment les plus ancrées – malgré le bon sens et malgré une critique générale, sauf par ceux qui décident – soient mises en cause, quasi-mécaniquement.
La Société générale envoit à ses clients une lettre leur rendant compte de ce que – finalement – aucune stock-option ne sera donnée à ses quatre premiers dirigeants (70.000 prévues le 9 Mars pour Daniel Bouton et 150.000 pour Frédéric Oudéa). Vendredi encore, ceux-ci en étaient à seulement renoncer à les exercer. Depuis quinze jours, le tollé, médias, opinion courante, ministres, et même Nicolas Sarkozy : pas de bonus ni de prime ni autres rémunération exceptionnelle tant que l’on vit des concours de l’Etat. Le MEDEF prié d’ « imposer » la chose, se récuse (entretien de Laurence Parisot au Parisien) et déclare n’avoir pas ce « pouvoir » : il reconnapit cependant avoir unr autorité morale (cf. l’affaire Gautier-Sauvagnac).

Thierry Morin, de Valeo, viré par son conseil d’administration pour divergences stratégiques. Il refusait de voir réviser son plan de licenciements : 1600 emplois.

Barack Obama change de cap. Une stratégie globale pour l’Afghanistan et non pas une dérive perpétuelle, expressis verbis. La diplomatie avec le Pakistan. Une meilleure concertation avec les alliés. La solution n’est pas militaire. Enfin… il disait le contraire dans son livre de l’automne 2007, intoxiqué sans doute par les hiérarchies et aussi par son voyage là-bas dont il était rentré pour propagander à travers l’Europe un supplément d’engagement en troupes terrestres. La semaine dernière, c’était également un changement complet vis-à-vis de l’Iran. Bravo… fort bien… bonne surprise. Et Hillary Clinton, de plus en plus dans une ombre qu’à mon avis elle quittera avant la fin du mandat pour tenter la succession qu’elle n’obtiendra pas. Sa seule chance – siniste – c’est le parcours de Lindon Johnson, qui a sa condition…

Dans tout cela, Nicolas Sarkozy… il est à contre-pied pour l’Afghanistan puisque son suivisme n’anticipe pas un retour américain à l’intelligence… il fait contrôler les rémunérations des banquiers à la baisse, mais le bouclier fiscal et sa propre augmentation, dès qu’il fit le tour du « propriétaire » (en fait, locataire à titre gratuit et honorifique) de l’Elysée, sont intangibles.

après-midi

Martin Hirsch, l’un des rares membres du gouvernement – statut particulier que celui de haut-commissaire – à avoir sa communication (plutôt bonne) en propre sans que Nicolas Sarkozy ne la lui confisque ou ne la lui déflore, prévoit de 95.000 à 200.000 jeunes de plus au chômage si l’on ne fait rien ceette année. D’où un milliard et demi pour des emplois en alternance, l’Etat prenant à sa charge la moitié des salaires dans ce type d’embauche, mais se récupèrerait sur cinq ans dans un moindre allègement des charges (qu’il avait en principe consenti à hauteur de 30 milliards). On revient aux solutions de 1997, les emplois aidés, les emplois-jeunes…

Charles de Courson, député, membre de la commission des Finances, qui s’était déjà illustré contre la procédure d’arbitrage qui tourna si bien pour Bernard Tapie, rompt maintenant des lances contre les stock-options. Le conditionnement du concours aux banques à l’automne a été écrit, pensé et voté dans la plus grande hâte : trois jours pour débattre et accepter dans les deux chambres du Parlement. On a oublié de mentionner les stock options et pas seulement les bonus. Il faut que la répartition soit votée en assemblée générale des sociétés qui en distribuent et non pas décidée discrétionnairement et discrètement par les conseils d’administration. Il n’empêche que le même fait – globalement – confiance au gouvernement, c’est-à-dire à Nicolas Sarkozy : son vote le 17 Mars pour notre retour dans l’O T A N.

Un groupe américain, établi sur le site de Lacq, juge son investissement (dans la chimie) non rentable et met la clé sous la porte avec trois cent salariés, dehors. Bien… il manque une histoire industrielle de la France depuis la Libération. On y verrait – à vérifier précisément – qu’au début des années 1970 (la bataille pour l’établissement de Ford à Bordeaux ou en Lorraine, défi de JJSS à la réélection chez lui de Chaban-Delmas, Premier ministre), l’investissement industriel a commencé de venir de l’étranger : était-il rationnel, était-il pérenne ? Diagnostic aujourd’hui.


soir

Sans commentaire ni préavis faisant débat dans l’opinion publique, les suites – les vraies – de la révision constiututionnelle de Juillet dernier sont au vote demain à l’Assemblée nationale : la loi organique développant les articles de la Constitution, et une proposition de modification du règlement intérieur faite par le président Bernard Accoyer. 34-1, 39 et 44. La votation des lois par le Parlement, les débats et le droit d’amendement. Il y eut une époque – aussi excessive que la nôtre – où l’exécutif, le roi Louis XVI, n’avait plus aucun pouvoir sur la procédure législative. A la Restauration, Louis XVIII fit acter le contraire, l’initiative des lois seule à l’exécutif. La voie moyenne est que la loi ne soit plus un instrument de propagande et d’affichage du gouvernement, faisant par là semblant d’aller au-devant des souhaits ou des nécessités des citoyens, l’intérieur de la coque étant ou vide ou tout le contraire de l’intitulé du texte.

Les avocats demandent des garanties pour le moment où le juge d’instruction aura « disparu ». On anticipe donc sur un texte concocté sans doute en secret, et un discours présidentiel fait désormais loi dès avant le vote et a fortiori le débat.

[1] - Isaïe LXV 17 à 21 ; psaume XXX ; évangile selon saint Jean IV 43 à 54

Aucun commentaire: