Le président russe et son homologue turc
tentent de rapprocher encore leurs vues sur la Syrie, en dépit de leurs
divergences sur Bachar Al-Assad.
LE MONDE | 10.10.2016 à 10h14 • Mis à jour le 10.10.2016 à
11h11 | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
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Lire aussi : Syrie :
la Russie, de nouveau seule contre tous
Réconciliés après une brouille de huit mois, après la destruction d’un
bombardier russe par l’aviation turque en novembre 2015, les deux
dirigeants entendent ramener la relation à son niveau de jadis. « La
Turquie est un voisin et un partenaire important pour nous. A cause de la
crise, nos échanges commerciaux, d’un volume de 35 milliards de dollars
en 2014 [31 milliards d’euros au cours actuel], ont chuté de
40 % pour les huit premiers mois de 2016. L’énergie est la clef du
processus de normalisation », a expliqué Alexandre Novak, le ministre
russe de l’énergie, à son arrivée en Turquie.A Istanbul devrait être signé l’accord pour la construction du gazoduc Turkish Stream, sous la mer Noire, censé acheminer le gaz russe vers les consommateurs turcs. Destiné à transporter 30 milliards de m3 par an, le projet avait été annoncé en décembre 2014, après que Moscou eut dû renoncer au tracé South Stream conçu pour contourner l’Ukraine – sa construction avait été bloquée par l’Union européenne. L’autre projet énergétique majeur, d’une valeur de 20 milliards de dollars, concerne l’édification par Rosatom, le géant russe du nucléaire civil, de la première centrale nucléaire de Turquie à Akkuyu (région de Mersin, sud). Par ailleurs, des discussions sont en cours sur les prix du gaz livré à la Turquie, grande importatrice d’énergie.
Depuis l’envoi, en juin 2016, d’une lettre d’excuses de M. Erdogan, les deux dirigeants ont à cœur de rattraper le temps perdu. Moscou a levé l’embargo sur certains produits turcs, les compagnies aériennes russes ont été de nouveau autorisées à voler vers les stations balnéaires de la Méditerranée.
« Fin de partie » avec l’UE
Ce rapprochement est assorti d’une volonté d’arrondir les angles sur la Syrie, un sujet qui, jusqu’ici, empoisonnait les relations des deux voisins de la mer Noire. En marge du sommet, Vladimir Poutine rencontrera Recep Tayyip Erdogan en comité restreint pour évoquer le dossier syrien.Toujours antagonistes sur le sort de Bachar Al-Assad, que Moscou veut maintenir à la tête de la Syrie, tandis qu’Ankara réclame son départ, les lignes ont bougé. Le dégel est favorisé par le délitement des relations que la Turquie entretient avec ses partenaires occidentaux, « une fin de partie », avait souligné, le 1er octobre, Recep Tayyip Erdogan en évoquant la relation avec l’Union européenne.
Ces derniers jours, les autorités turques se sont montrées moins virulentes dans leur condamnation des bombardements féroces de l’aviation russe sur les quartiers orientaux d’Alep, tenus par la rébellion qu’elles soutiennent. Et c’est avec l’assentiment du Kremlin que l’armée turque a pu pénétrer, le 24 août, dans le nord de la Syrie, en soutien à des milliers de rebelles anti-Bachar.
Trois objectifs majeurs ont été atteints depuis par Ankara : les djihadistes de l’organisation Etat islamique ont été chassés du périmètre contigu à la frontière turque, les rebelles kurdes ont été empêchés de faire la jonction entre leurs cantons, enfin, un « réduit » sunnite a été créé, prêt à accueillir les combattants et les réfugiés qui pourraient être chassés de l’est d’Alep, voué à la destruction totale d’ici « deux mois, deux mois et demi maximum », selon Staffan de Mistura, l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie.
Vos réactions (11) Réagir
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Pierrot Le Fou Hier
Le sans faute russe est impressionnant dans le conflit syrien 🇸🇾. L'ennemi
turc 🇹🇷 devient allié y compris dans le contournement gazier de l'Ukraine.
Les Américains 🇺🇸 et leurs alliés deviennent chaque jours plus impuissants et
plus vindicatifs. Les djihadistes se font laminer avec méthode, lentement et en
profondeur. Bachar est de plus en plus populaire auprès de son peuple : 75% des
Syriens vivent sur les territoires contrôlés par Damas. Il est clair que les
djihadistes ne gagneront pas.
aloes Hier
L'habileté politique et diplomatique n'est pas vertu , Hitler a fait aussi
des sans fautes diplomatiques ( pacte germano russe ) ...Quand à la popularité
de Bachar on aimerait avoir vos sources ..300 000 syriens sont morts, tués par
Bachar , ça doit laisser quand même quelques traces .Cette Poutinomania, qui
balaye toutes les critiques et qui justifient tous les crimes est insupportable
.
TZOTZIS CHRISTOPHE Hier
Deux autocrate sur la photo. L'administration Bush aura fait du beau
boulot...
aloes Hier
Qui se ressemble s'assemble ! Même goût pour la démocratie , même goût pour
un nationalisme ombrageux, et même volonté de remettre la religion au centre de
la vie sociale, à la condition qu'elle soutienne le pouvoir ....
OLIVIER JACQUEMIN Hier
@aloes: exact ! Un peu comme l'UE avec les US. Même goût pour l'hypocrisie,
la lâcheté, même décrochage total avec les valeurs démocratiques dont ils
continuent de se présenter comme les garants, même manipulation des médias et
des citoyens, mêmes techniques d'espionnage à grande échelle, même troc du
bien-être des citoyens au profit de monstrueux lobbies militaro-industriels, et
même indifférence féroce face à la misère du monde.
Ciel bleu, mer belle à Marseille Hier
L'Europe maladroite... maladroite avec la Turquie d'abord, maladroite avec
la Russie ensuite, voit sa frontière Est se fermer chaque jour davantage.
Maladroite enfin envers ses propres membres qui aux technocrates préfèrent les
populistes, lesquels opposent et dressent des frontières... Bref nos propres
erreurs font le lit d'autres opportunistes.
Philibert Delorme Hier
ça fait plaisir de voir deux admirables démocrates comme Poutine et Erdogan
se réconcilier, mais je ne pense pas que cela fasse vraiment plaisir aux
Kurdes....
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