samedi 6 avril 2013

message à l'Elysée

Contribution (1) à l’effort de diagnostic et de réflexion du président de la République
et de ses conseillers en vue d’une sortie de crise  sortie et crise sous tous leurs aspects

Signes

Les signes ne sont pas à confondre avec les effets, mais ils font opérer une prise de conscience – tant du président de la République et de l’équipe dirigeante du gouvernement, du Parti socialiste et des groupes parlementaires, que de l’ensemble des Français.

Présentation d’un déplacement en Corrèze abrégé et vécu à huis clos de la préfecture de Tulle, au lieu des inaugurations d’Ussel et de Brive et du traditionnel parcours au marché qui étaient prévus initialement. Point d’interrogation pour les déplacements en Ardèche et dans la Dr^me. C ommentaire : éviter les images désagréables, voire les heurts. CGT, intégristes et autres. Ville « en état de siège », violences policières la semaine passée et interpellations venant de la foule. Ambiance rappelant celle des villes « bouclées » pour les voyages du prédécesseur. – Réponse présidentielle, si elle est le fait du Président, qui n’est pas la bonne : aveu que l’impopularité est ressentie, que le peuple est craint.

Sondages : les 29 ou 27% de confiance publiés d’instituts divers jeudi 4. L’emploi, souci numéro un à 79% des sondés (Ouest-France ce jour), alors que ce n’était le souci que de 70% en Septembre dernierv et 59% en Août 2011.


Diagnostic

Le président de la République a été élu à gauche. Même s’il est aussitôt « le président de tous les Français », il déçoit puis semble traître à ceux qui l’ont porté au pouvoir de leur espérance et de leurs votes, quand il pratique – de fait – la politique du prédécesseur, même si l’accent est mis et pratiqué pour que l’égalité de sacrifices demandés à tous, et le souci des plus dépourvus, soient réels et vérifiables.

La ratification du traité budgétaire sans qu’un an plus tard – sa domination de toute la politique et du comportement resctrictif de la puissance publique, soit compensée et amodier par le fameux pacte de croissance dont aucun des prétendus 120 ou 170 milliards d’euros ait été mis nulle part en œuvre, l’enregistrement des décisions massives de suppressions d’emploi et de fertures de sites industriels (dont le chiffrage par la CGT de Bernard Thibault circulait pendant la campagne présidentielle), les cas symboliques d’Aulnay, de Renault, de Florange, le refus de nationalisations temporaires des entreprises faisant payer à des salariés de toute une vie de fidélité, les erreurs stratégiques ou la cupidité de leurs dirigeants, le même refus de remettre les banques dans la droite ligne de leur fonction économique… la poursuite, à l’exception de l’éducation par ailleurs objet inopportun de réformes peu concertées, des suppressions d’emploi et en fait du démantèlement de l’Etat… bien des présentations médiatiques de la philosophie gouvernementale, y compris celle entre autres du ministre du Redressement productif, annonçant hier des privatisations pour certaines des participations publiques dans le domaine industriel et commercial, tout cela n’est pas ressenti – et ne peut être ressenti – comme une politique de gauche et de ressaisissement de ses outils par l’Etat, donc par le peuple mandant.

Le président de la République a, pour résumer sa communication économique et financière, fait le pari qu’une remise au net de nos comptes à terme daté, permettrait une reprise. Toute la doctrine économique et toute l’expérience des Etats de l’Union, quand ils sont en difficulté, et le F.M.I. désormais affirment au contraire que la réduction de la dépense publique approfondit et accélère la spirale dépressive et même creuse la dette souveraine. La politique suivie semble tributaire d’une idéologie dominante et de dogmes pris universellement en défaut depuis 2008. Sa visibilité, c’est-à-dire sa compréhension par les acteurs et par l’ensemble des Français, est quasi-impossible. Chaque communication présidentielle en forme d’engagement ou de prédiction est aussitôt démenti par des projections ou des résultats statistiques.

Le pays convenablement orienté, pouvant suivre l’exécution d’une politique qu’aurait articulée un plan quinquennal, des nationalisations temporaires et que dirigerait, avec un souci permanent de consensus des acteurs économiques, financiers et sociaux – tous outils familiers à la génération des « trente Glorieuses » et mis en place à la Libération – ne serait que peu sensible aux affaires éclaboussant la « classe politique ». Avant le citoyen, existe le salarié, le retraité, le jeune en préparation à l’emploi. Les « affaires » seraient collatérales, elles n’accapareraient pas le commentaire. Lequel depuis des années véhicule une caricature de la société politique (encore ces heures-ci, le Président et son fief de Tulle, l’ambiance feutrée du Sénat, tel dans le collimateur de la justice, tel autre épinglé par la Cour des comptes ou le gouvernement retoqué par le Conseil constitutionnel ou le chef de l’Etat soumis à un grand oral, sans compter l’abus des termes : marteler, afficher pour simplement dire : exposer, et plus encore de l’infantilisation du téléspectateur auquel serait réduit le citoyen : faire de la pédagogie, les uns appelant le « bourrage de crâne », les autres, quelques-uns, ayant la science infuse).

Alors que les « pays du Sud » méprisés et mal analysés par leurs partenaires, sont entrés dans des dialectiques de forte contestation populaire, la France qui entre, eu ou prou, dans ce groupe de queue (quel que soit le taux d’intérêt des levées d’emprunt sur le marché international) ne s’est pas révoltée, n’a pas vraiment contesté ni les décisions ou les abandons ponctuels du gouvernement, quel qu’il soit depuis Novembre-Décembre 1995, ni l’orientation de politique économique, budgétaire, ni la logique de rentabilité dépouillant le service public de son domaine et de son esprit.

Or, la voici remuée en profondeur par les aveux de Jérôme Cahuzac, alors que le refus d’avouer de Jacques Chirac, d’Eric Woerth et de Nicolas Sarkozy ne l’avait que peu scandalisée.

La France est donc capable, les Français sont donc capables de tolérance et d’endurance certes, mais aussi de discernement en morale. Il y a donc un fondement – en ce moment vérifié – à l’idée-même de responsabilité personnelle de chacun des mandataires investis par les citoyens, à l’idée-même que quelques personnes peuvent faire ou ne pas faire. Et cette observation remonte à la mise en cause de la manière dont personnellement le président de la République s’acquitte de son mandat.

Celui-ci a fait une double erreur – dont on pouvait croire dans les trois premiers mois d’exercice de son mandat qu’il ne la commettrait pas, d’autant que l’équipe formée avec le Premier ministre paraissait (et reste, à mon sens) exceptionnellement confiante et empathique. Erreur de s’afficher au même rythme et selon les mêmes accaparements d’image, voire de décision (ce qui ne peut se vérifier depuis le parterre) que son prédécesseur : ainsi disparaît la capacité d’arbitrage et de recours organisé par le régime qu’avait voulu et qu’a fondé le général de Gaulle. Erreur pédagogique car c’est infantiliser un peuple que de lui faire croire que « son président » peut tout.  

De même la question du « mariage pour tous » a montré que les Français sont capables de débat, d’échanges tolérants et informés pendant une durée déjà longue – dans laquelle les exagérations et les convictions de rue ont peu joué. Ce débat en tous lieux et dans toutes les générations, n’a de précédent que celui ayant porté sur l’Algérie, il y a soixante et cinquante ans. C’est signe de maturité. Signe aussi que malgré son improvisation apparente, le thème « sociétal » et éthique répond à des questions pluridisciplinaire et d’orientation générale.


Stratégie

Il s’agit de reprendre la main vis-à-vis du peuple et par le peuple, sans souci des oppositions de la droite parlementaire qui depuis la défaite de son champion n’a pas proposé une politique économique et budgétaire alternative, pour la raison simple qu’il y a jusqu’à présent continuité de Nicolas Sarkozy à François Hollande, sans souci des extrêmes qui n’ont pas démontré paar eux-mêmes une véritable capacité de mobilisation : les seules manifestations de plein air sont les contestations du projet de loi Taubira, à l’instar des manifestations pour « l’école libre » en 1984. La troupe n’est pas fournie, ni le thème par les politiques. Elle l’est paradoxalement par les tenants anachroniques d’une théocratie qu’ils reprochent de pratique en islam dans les pays touchés par « les printemps arabes ».

La proposition de François Bayrou – depuis sa campagne présidentielle et réitérée en début de cette semaine – d’une loi de moralisation de la vie publique, reprise avec art et opportunité par Harlem Désir, en tant que premier secrétaire du PS donne à la réponse présidentielle au « scandale Cahuzac » l’outil et la mise en oeuvre.

Le texte doit être élaboré d’une manière qui n’aura pas de précédent. Sans doute les consultations de toutes institutions et le débat parlementaire avant la soumission au referendum. Mais un débordement des « clivages partisans » par le maximum d’apports, d’initiatives, de rédactions personnelles : faire écrire chacque membre du gouvernement sur ce que selon son expérience du pouvoir et son parcours électif, il croit opérationnel de mettre dans le projet, même exercice pour les parlementaires, mais surtout… engagement d’une campagne nationale (ouverture de sites et de boites de dialogue ad hoc par l’Etat, les collectivités publiques, voire les syndicats, les associations) concrétisée par la confection de quelque chose du genre des cahiers de doléances, si librement et complètement rédigés à la veille de la Révolution, et selon la volonté expresse du roi.

Le débordement des partis par la matière du texte référendaire et par la manière de l’élaborer, peut créer une tout autre ambiance dans la vie publique.

La reconstitution d’une équipe gouvernementale – très peu nombreuse en sorte que le débat collégial en conseil des ministres et la certification de la probité des participants puissent s’exercer constamment – se fera sur le thème d’une réorientation de l’Etat et de la politique économique, pour tout le temps où la crise économique, financière et institutionnelle du pays et de l’ensemble de l’Union européenne en tant que telle, durera.

Le Premier ministre et les quelques ministres qui ont su montrer que leurs administrés respectifs et la fonction publique mise à leurs ordres sint en symbiose avec eux, intellectuellement voire affectivement, sont évidemment à maintenir. Pour moi, le Premier ministre qui n’a pas démérité, qui a d’ailleurs su parler très juste à des moments décisifs dont celui des aveux de Jérôme Cahuzac, même s’il a déçu jusqu’à présent en capacité de tenir le Parlement et d’énoncer de façon structurante les orientations choisies en tête-à-tête avec le président de la République, comme le veulent nos institutions, doit être maintenu. Michel Sapin, Marilyse Lebranchu, Christiane Taubira, Philippe Cazeneuve sont évidents. L’équipe recomposée doit accueillir ceux qui auront contribué au consensus des partis pour le referendum et au changement d’ambiance dans le pays : François Bayrou au premier rang qui, aux Affaires étrangères et européennes, rendrait à la France et à une majorité de paarlementaires et de Français bien plus large que la seule majorité présidentielle, le plus vif de son apport à notre époque et aux circonstances dont nous pâtissons. La proposition de démocratie directe européenne. Ségolène Royal, Nicolas Dupont-Aignan, d’autres personnalités de liberté et de conviction, Martin Hirsch, évidemment Martine Aubry devraient aussi gouverner ce changement. Je dis ces noms simplement parce que notoirement ils signifient quelque chose dépassant les personnes.

Ce nouveau gouvernement pour une République rénovée décidera la réorientation économique et les termes de l’initiative française pour le retour de l’Europe aux espérances de ses fondateurs et aux nécessités mondiales actuelles : le Vieux Monde minoré, victimisé, ridiculisé et humilé, subissant les nouvelles donnes en tous domaines, après les avoir inspirées oud dirigées depuis le début des Temps modernes.


1ère étape de l’exécution

Les textes législatifs, adoptés par la voie référendaire eet par la voie parlementaire, doivent être nouveaux – aussi – par ce qu’ils disposeront, pas seulement en contenu et en objet, mais en outils de mise en œuvre. Il est couramment observé par toutes les institutions associatives ou publiques, universitaires ou internationales d’observation et de contrôle des dispositions réglementant la vie publique et son financement en particulier, qu’il n’y a pas d’instruments de contrôle véritable et plus encore d’investigation à la libre initiative de ces organismes. En sorte qu’aucune sanction, qu’aucune effectivité ne résultent d’une législation pourtant déjà ferme.

Le travail sur la vie politique doit s’étendre au fonctionnement réel des grandes institutions de la vie économique et social. Le rôle des banques dans l’évasion fiscale, dans le fonctionnement des marchés boursiers et donc le coût des endettements des collectivités publiques et des particuliers, dans le financement des entreprises, actuellement livrées aux prédateurs en bourse doit être examiné et réglementé, même si la nationalisation temporaire permet de placer aux commandes, non du tout des fonctionnaires – les privatisations Balladur et Jospin ont montré que ce sont ces personnes qui en bénéficient, pour leur profit propre et selon une philosophie très éloignée du bien commun (cas François Pérol)et se conduisent en prédateurs autant ques spéculateurs et les divers fonds d’investissement ou de pensions – mais des agents éprouvés de la maison qu’ils connaissent et dont ils savent l’esprit initial. Le rôle des syndicats et la mise au point d’outils obligeant les salariés s’ils veulent profiter d’une convention collective, à avoir adhéré à l‘un ou à l’autre de ceux qui l’ont obtenue doit aussi être étudié et encadré ; les négociations patronant-syndicats de salariés, qui ont eu leurs scandales propres méritent la même invstigation et les mêmes dispositions moralisantes.

Enfin, le rôle des citoyens et des élus doit être pratiqué en responsables et en adultes. Prise en compte du vote blanc, exigence d’un quorum pour que soit valide quelque scrutin que ce soit, dans quelque instance publique que ce soit, du referendum national à la votation en conseil muncipal. Le vote obligatoire avec sanction financière devrait faire partie de la proposition référendaire. Si les Français exigent de leurs élus une conduite certaine, la France peut exisger de ses enfants une participation précise à ses institutions.

Il est possible qu’au débat général d’une refonte de l’esprit public s’ajoute la réinsturation d’un service civique, en partie d’initiation à la défense en armes de notre territoire, et qui donnerait, appelant filles autant que garçons, à donner une bonne année de leur jeunesse, une ressource humaine décisive pour bien des objets locaux et nationaux, et pour une coopération désintéressée et enthousiaste avec les pays qui ont en commun histoire et langue avec nous, pour le moins.


Etapes ultérieures

Les élections européennes et territoriales doivent être significatives. C’est un exercice à mener entre les partis pour dégager un « agreement on fundamentals ». Les secrets de ceux de nos partenaires qui « réussissent » mieux économiquement et démocratiquement, que nous, tiennent pour l’essentiel à ces consensus de base entre ressortissants d’une même entité nationale, quel que soit d’ailleurs le domaine. Ainsi en Allemagne, n’y a-t-il pas distorsion entre les milieux économiques et financiers d’une part, et les orientations et débats de politiques décidés dans les grands partis. Ce qui est chez nous collusion et corruption, recels d’abus, est ailleurs un vœu unanime de faire gagner le pays.

La rédaction d’un nouveau traité européen, insituant l’élection directe par tous les citoyens de l’union du président de celle-ci, doit être l’enjeu dela prochaine élection d’un Parlement européen constituant. La mesure, les limites et les nécessités du service public, gérés nationalement ou selon les collevctivités locales doit être l’un des enjeux des prochaines élections territoriales et municipales. C’est la monopolisation du débat public par un combat et une langue stéréotypés depuis des décennies entre les principaux partis, avec l’exutoire des exclusions de principe pour les extrêmes : naguère le Parti communiste, aujourd’hui le Front national, qui tarit l’inventivité des élus et décourage le simple citoyen.

Naturellement, l’ensemble de cette réorientation, de ce retour à une maîtrise des esprits et bientôt des événements, doit être dit, zélé, veillé par le président de la République. Ce n’est pas affaire de communication, mais de conviction vécue. Pas de trucs ni de décor, mais le grand aveu de la fausse route française et des dévoiements européens depuis une ou deux décennies.

Ce qui sera visible, c’est la capacité de François Hollande à une révision générale de la conduite du pays, tant par ses dirigeants élus, que par ses élites et par ses citoyens en masse et en responsabilité personnelle de chacun.

Aucun rafistolage, aucune mesure qui ne participerait pas à une vision et une orientation d’ensemble, ne seront crédibles, parce que les Français reconnaîtront aussitôt que le fond où nous tombons n’est pas encore entré dans la conscience de leur premier magistrat, pas encore reconnu en tant que tel et mortifère. Le compte à rebours n’a pas commencé avec le suspense de Florange ou d’Aulnay, ou bien les aveux de l’ancien ministre du Budget. Les élections et les politiques seulement réactives assourdissent depuis des années les rebonds de notre chute, parfois perceptibles, surtout par l’étranger et, événement par évènement, signe par signe, par ceux qui aiment – chez nous ou au dehors – la France plus que tout autre « chose » collective.

La crédibilité est fonction de l’évidence – que ressentiront ou pas les citoyens – d’une prise de conscience par le président de la République, non de sa propre fragilité politique, mais de l’abîme vers lequel va de plus en plus notre pays depuis nombre d’années. Tous les aveux, toutes les consultations, les hésitations même, à condition que les alternatives sont clairement présentées, seront autant de points au crédit d’un chef de l’Etat, mandaté pour « nous en sortir » moralement, physiquement, pratiquement.

Quoiqu’écrit vite, mais faisant la synthèse d’une pensée de longue date et proposée depuis dix-huit mois au Président « par morceaux », le présent papier ne propose que le possible à une personnalité de sincérité en charge d’un pays adulte.  

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