lundi 29 avril 2013

dimanche en mémoire des déportés - allocution de Jacques Myard, député de la nation

ALLOCUTION DE JACQUES MYARD DEPUTE
COMMEMORATION DE LA DEPORTATION
28 AVRIL 2013



Des pas sourds martèlent le sol de la Patrie,
Des pas cadencés et bottés écrasent et martyrisent les patriotes,
Mais l’amour de la liberté reste plus fort que les sévices et les tortures,
Galvanisé dans l’épreuve,
Le peuple toujours rebelle se lève
Et lutte contre
« Ces barbares immenses
Venus du fond des siècles
Et qui trainent les lions
Et leurs chevaux de haine »
d’après Francois Dodot
L’armée défaite continue de se battre.
Les tirailleurs du 25ème régiment de tirailleurs sénégalais sous les ordres du capitaine Gouzi au nord de Lyon, en Beaujolais à Chasselay les 19 et 20 juin 1940 combattent jusqu’au dernier ; ils meurent en héros écrasés par les chars.
« Ecoutez-nous, morts étendus dans l’eau au profond des plaines du Nord et de l’Est.
Recevez le salut de vos camarades noirs, tirailleurs sénégalais morts pour la République. »
Léopold Sedar Senghor

Dormez en paix dans votre Tata sacré.
Aux Echelles, à Voreppe, au fort de l’Ecluse, les combats font rage.
L’armistice proclamée, l’armée des Alpes invaincue camoufle ses armes,
Le Général Frère, gouverneur militaire de Lyon, recense les officiers les plus sûrs pour l’organisation de la Résistance de l’armée qu’il commande jusqu’à son arrestation le 13 juin 1943, il meurt au Struthof le 13 juin 1944.

Les vieux môles montagneux gaulois retrouvent leur mission ancestrale de résistance :
Le Vercors, le Cerdon, les Glières entrent dans l’Histoire en lettres de sang.
Les Intellectuels sont à l’appel, ils animent avec passion l’esprit de la résistance dans la presse clandestine.
Henri Fresnay, c’est Combat,
Emmanuel d’Astier de la Vigerie crée Libération.
Jean-Jacques Soudeille et Jean-Pierre Levy fondent Franc-Tireur.
Chaque soir, dans la nuit, une voix faible, souvent hachée mais toujours ferme, venue de Londres, perce les ténèbres.
Elle proclame que le combat est mondial, que la victoire est au bout des épreuves.
« Vainqueur aride,
Tu n’emportes pas mon sol,
Le poids des morts accroche
La terre vieillie et tendre. » André Frénaud
La résistance grandit,
La répression aussi.
« Paris, Nantes, Bordeaux
Nos peines capitales,
Nos vergers les plus beaux,
Sont greffés par les balles. » Pierre Emmanuel
Un homme tombe,
Un homme sort de l’ombre et le remplace.
Il est à son tour
« Le veilleur du Pont-au-Change
Veillant au cœur de Paris
Dans la rumeur grandissante
Où il reconnaît les cauchemars paniques de l’ennemi. »
Robert Desnos


« Je vous salue vous qui dormez
Après le dur travail clandestin
Imprimeurs, porteurs de bombes,
Déboulonneurs de rails, incendiaires,
Distributeurs de tracts, contrebandiers,
Porteurs de messages,
Je vous salue vous tous qui résistez
Enfants de vingt ans au sourire de source. » Robert Desnos
Enfant de vingt ans au sourire de source,
Ton destin s’appelle alors le mont Valérien ou la prison Montluc
Ou c’est le train
Le train de mort où les corps s’affaissent
Où règne l’horrible odeur qui étouffe
« Le jour se lève,
Les kapos hurlent,
Les kapos fouettent. » Henri Pouzol
« Mon Dieu, les femmes de Ravenbrück
Sont là devant vous à genoux,
Pleines d’ulcères et de fumier,
Chaque jour insultées, frappées,
Et ces femmes vous crient
Ce que votre fils vous a crié
Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Micheline Maurel


«
Partout la peur, la nuit, la mort,
Pourtant le soleil est là.
Je l’ai vu ce matin,
Jeune, fort, exigeant
Il ruissèle sur les toits....
Devant ce monde qui s’entrouve,
S’affaisse et se replie,
Il y a la mystérieuse et latente énergie
Qui refuse les ténèbres.
On ne tue pas la vie. »
Arlette Humbert Laroche
On ne tue pas la vie,
Le printemps est de retour.
On ne tue pas la vie,
Les lilas fleurissent.
On ne tue pas la vie
Mais le terrorisme tel l’hydre du diable,
Renaît des entrailles du fanatisme religieux aveugle et lâche.
On ne tue pas la vie,
Mais on la défend,
On défend la dignité des Hommes,
Tout comme l’amour de la Patrie.

France, toi qui as engendré
tant d’esprits libres qui incarnent
la beauté du genre humain,
nous faisons le serment solennel
de porter toujours avec toi
le glaive indomptable de la liberté
trempé dans le sang versé des fusillés du Mont Valérien et de la prison Montluc,
nous gardons pieusement dans nos cœurs vaillants
le visage grave des femmes martyres,
mais à jamais debout,
de Ravensbrück.

Jacques MYARD
Député-Maire de Maisons-Laffitte

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