mercredi 4 août 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 4 août 2010


Mercredi 4 Août 2010

Temps gris. A la plume, un travail écrit ne se perdait jamais sauf à en perdre la matérialité. Les données virtuelles dont la sauvegarde ne fonctionne pas, notre génération la première sans archives, la formule de Kipling : être capable de tout reprendre et recommencer, alors tu seras un homme, mon fils ! La parabole la plus proche d’une des responsabilités sacerdotales : le labour pour la foi, ce qui se perd ou ce que nous croyons perdu… reconstituer ? Ce sera autre. Sommes-nous l’une des dernières générations ? pas de prêtres parce qu’il n’y a pas de fidèles ? je pense que c’est plus exact que de diagnostiquer : pas de fidèles parce que plus de prêtres ou plus de présence et techniques d’animations. Je vais à la messe, ce matin, année sacerdotale, fête du curé d’Ars dont le presbytère atenant à son église, dont malgré l’élévation d’une basilique, on a tout à fait l’idée, surtout du confessionnal. La sainteté est une ambiance contagieuse et palpable. Il est vrai que Berggasse à Vienne, la sensation d’un haut-lieu de l’esprit (le cabinet de consultation de Freud) est forte aussi. Je réfléchirai par écrit : le prêtre selon mon expérience, mes rencontres, ce que je sais de la vocation et ce que j’en ignore, image du prêtre et souhait qu’il soit…Contribuer et partager. Apologétique et théologie du prêtre, témoignages de lui sur lui, peut-être mais l’enseignement et le renseignement sont courts : quel est le vêcu ? Puisqu’il s’agit de signe vivant. Ce sont ces rencontres qui comptent pour les tiers, et le prêtre lui-même se rencontre ajoutant à la réflexion-sensation de tout homme sur lui-même qui aboutit toujours au mystère, le mystère de Dieu-même puisque le catholicisme et l’orthodoxie sont seuls – pas seulement dans le christianisme mais en toutes religions – à nécessiter des prêtres aujourd’hui. Comment continuer d’être prêtre après la rencontre de soi et de Dieu dans la vocation ? – Prier pour eux, ceux qui continuent, ceux qui meurent de l’intérieur, ceux qui n’ont pas pu… demander, me recentrer, dépendre. Apprendre.
[1] Que tout se fasse pour toi, comme tu le veux ! Là est probablement la réponse à la question : qu’est-ce qu’une vocation, que la vocation ? que je me suis tant posée, diagnostic mais aussi essence, je ne savais résoudre ni l’un ni l’autre, malgré prière et supplication. Ce matin, la réponse est là : orientation et demande de tout l’être, certes, mais ajout décisif, celui de Dieu : que tout se fasse… La création, ainsi. Seigneur vient à mon secours ! La Cananéenne exaucée. Scenario de Jésus ? dans nos-vies même ? Aie pîtié de moi… Il ne lui répondit rien… ‘Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël’… Mais elle vint se prosterner devant lui… Le texte, en si peu de phrases, a comme scansion, la réponse ou la non-réponse qui est appel au redoublement de la emande, et donc la réponse. Il ne lui répondit rien… Jésus répondit… Il répondit… Jésus répondit… La femme, censément païenne, a raison du Christ par le raisonnement. Jésus, Dieu fait homme, non seulement parle notre langage, mais l’entend. Criez tous : ‘Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël !’


soir

L ’affaire Woerth ne rebondit pas. Mais elle se révèle en tant qu’instrument tactique dans l’affaire César-Libération. Il semble que le ministre n’était pas trop en dehors de son rôle, même s’il y a toujours des coincidences entre les décisions favorables et la liste des donateurs à l’UMP. On tombe quand même dans un système nouveau où les ministères doivent témoigner pour leurs anciens chefs, voire les actuels. Jack Lang, deux jours après avoir donné à Sarkozy la paternité de bonnes évolutions dans notre vie constitutionnelle, vient à la rescousse de Woerth. Il continue de se classer ouvertement parmi ceux qui attendent un portefeuille – dans son cas, celui de Kouchner – pour la rentrée. Ciutti dont le Canard montre qu’il fait partie du système Estrosi, réplique « en petit » à Nice du système sarkozyste à l’échelle nationale, est de ces candidats. Xavier Bertrand continue d’aboyer. La similitude des arguments aussi bien dans l’affaire Woerth qu’à propos de la sécurité montre que la propagande en est une, qu’elle est conçue et orhestrée par une cellule unique, on a le droit de crier et de chanter dans la majorité présidentielle mais selon la partition. Exceptions, Fillon, Amara et Yade. En revanche, au PS, Michel Sapin se confirme s’il était besoin depuis quinze ans, comme le meilleur dialecticien par son calme et par sa connaissance des choses, de l’iopinion publique et de ses ressorts, et des dossiers : il conseille ouvertement de ne pas faire une « affaire » de chacune des décisions de Woerth, ce serait le meilleur moyen pour le remettre en selle, et Martine Aubry a raison de s’économiser. Les organisations non gouvernementales, les associations, l’épiscopat suffisent largement – désormais – à répliquer sur les projets d’atteinte aux droits fondamentaux, d’autant que ce ne sont que des projets puisque le statut du Conseil de l’Europe, la compétence acceptée de la Cour de Strasbourg et la Constitution-même ne permettront que peu de choses, du programme de Grenoble.

Je ne comprends pas qu’on puisse annoncer un remaniement plusieurs mois à l’avance et laisser entendre que tous les portefeuilles, y compris la place du Premer ministre, peuvent être concernés. Cela paralyse tout le monde, cela accentue ce jeu psychologique montrant que seul le Président n’est pas concerné personnellement tout en disposant du destin de tous les autres : démocratie irréprochable.

Il y a une filiation – au sens des réseaux et des courtes-échelles ou renvoi d’ascenseur – qui apparaît de plus en plus nettement : Balladur, Sarkozy, Estrosi, Hortefeux. En commun, un anti-gaullisme qui a miné de l’intérieur dès le ballotage de 1965 la majorité du général de Gaulle et empêché une fidélité intelligente et imaginative à son legs. Aucune de ses cartes n’est jouée, tout est fait pour contrer ce qu’il avait fondé. Chirac était pompidolien et ne doit rien au contraire à Balladur. Mais son crime n’est pas tant l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris – c’est bien moindre que l’affaire de Karachi si cela se prouve à l’encontre de Balladur et même de Sarkozy – que de n’avoir rien fait du pouvoir qu’il avait tant cherché et du coup permis la montée et le racolage de Sarkozy. Toujours cette tactique de l’intérieur et de dénaturer.

Coincidences… alors que le roi Abdallah d’Arabie séoudite et El Assad junior viennent de calmer le jeu à Beyrouth, juste des heurts entre les armées libanaise et israëlienne, juste des bombes sur Eilath et Akaba… alors que la rumeur est à une attaque américaine sur l’Iran, juste un pétard artisanal mais festif fait croire à un attentat comme Ahmadinejad.

[1] - Jérémie XXXI ; cantique Jérémie XXXI 10 à 13 ; évangile selon saint Matthieu XV 21 à 28

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