jeudi 5 août 2010

Inquiétude & Certitude - jeudi 4 août 2010


Jeudi 5 Août 2010

Prier…[1] le lien que font les évangélistes entre les professions de foi de Pierre, parlant au nom de tous les disciples et l’annonce réitérée de la passion. Comme si à chacune des prises de conscience, par les Apôtres sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, de la divinité de leur maître doit correspondre l’épreuve de la foi par la perspective d’une mise à mort humaine. C’est sur ce doublet que se fonde et refonde l’Eglise : Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. Avec deux corollaires, les promesses d’insubmersibilité et la mission du magistère. C’est tout à fait clair. La puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du Royaume des cieux. A l’homme de pouvoir et de doute, Pilate, Jésus ne répond pas sur sa qualité et encore moins sur sa nature divine, mais aux Apôtres si. Ou plutôt Il les fait répondre à sa place et « valide »… Délicatesse du Christ, analogue à celle du processus des miracles, en apparence c’est le miraculé qui opère lui-même sa guérison : Que tout se fasse comme tu le veux ! Mais cette lumière et cette puissance ne nous sont pas propres, elles nous sont données : Va, ta foi t’a sauvé ! Heureux es-tu… ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. A la racine, le processus de la foi qui nous reste mystérieux : grâce, liberté, don, accueil, tout le dialogue qui n’a pas de réplique et si peu de points d’interrogation est là : don mutuel de Dieu à l’homme et de l’homme à Dieu. La Création avait-elle une autre fin que cet échange d’amour entre créateur et créature ? car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands, déclare le Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. Ainsi soit-il !

soir

Mon journal – Le Monde depuis Septembre 1960, j’aime à le répéter (Jean Maheu, mon maître de conférence : politique et économie, en année préparatoire…il faut lire Le Monde quotidiennement, il coûtait alors vingt centimes de nouveau franc et un de mes plaisirs autant qu’orgueils est d’avoir gardé à mesure et relié pendant vingt-cinq ans, la Grèce et le Portugal s’y prêtaient en art et prix) – Le Monde donc a choisi son cap pour 2012 ou avant. Il me semble que c’est récent, mais c’est bien articulé. L’éditorial et les articles se répondent bien. Mise en pièces quant au contenu de la politique menée ou reniée, de Sarkozy. Pas le comportement, pas les textes de discours, mais l’action financière, budgétaire, fiscale, sociale. C’est calme, précis, assassin : une politique totalement entravée et revenant, point par point, sur les promesses, « mesures-phares » et même tentatives de ces trois ans. C’est ce que parlant à trop de voix, le PS – sauf Michel Sapin – ne parvient pas à dire. Il est vrai que l’alternative est difficile : critiquer systématiquement ? ou devenir crédible par un programme et des mesures qui nes eront aisées à défendre qu’au pouvoir, le putatif est vulnérable.

Ce que je reproche à Sarkozy n’est pas le détail des mesures qu’il prend, quoique pour l’essentiel ce soit du mépris pour l’eistant, pour le souhait des Français et de la casse, ce n’est pas le ridicule de certains de ses discours en attitude physique, ce n’est pas même la confusion des fonctions et l’accaparement de la communication qui caractérise sa manière d’exercer la présidence de la République, non. Je reproche à Sarkozy de déformer l’esprit des Français. Un peu celui du grand nombre dont la tolérance était imprévisible au point où nous en sommes, et qui peut d’ailleurs piéger le pouvoir régnant qui certainement parie sur la tranquillité physique : les violences sont pain bénit pour Sarkozy puisqu’elles sont traitées en termes des écurité et selon la désignation de boucs émissaires, mais la vraie violence qui n’est pas coups aux personnes et voitures brûéles, mais qui est un pays bloqué par la grève générale, par une quasi-unanimité des Français dans l’approbation d’une leçon à donner à un pouvoir qu’ils ressentent comme leur étant hostile : cas d’école Novembre-Décembre 1995, car la grève générale de 1936 n’est pas orientée contre le nouveau gouvernement, celui du Front populaire, mais contre le patronat de classe à classe, et celle de 1968 n’est pas dirigée contre de Gaulle et en vue de son abdication, mais pour obtenir quelque chose et de fait beaucoup sera obtenu en 1968 et arraché en 1936. L’automne de 1995 qui ne se réédita pas en 2007 fut vraiment la contestation d’une idéologie qui commençait de se dire et qui triomphe aujourd’hui.

Mon reproche n’est pas d’abîmer la France, elle ne s’abîme que si les Français consentent à cet exercice du pouvoir, à ces constants abus de droit et de fonction, à ces atteintes aux droits de l’homme. La France n’est pas actuellement conforme à son image dans le monde ni aux yeux de beaucoup de Français, mais c’est une querelle d’image, d’évaluation, de sentiments. Tandis que le fait majeur de ces années-ci, c’est que nous acceptons d’être méprisés par le pouvoir, que nous soyons continuellement rappelés à l’ordre et catéchisés comme si nous manquions de maturité et de courage. Une des forces du général de Gaulle – non calculées, mais traversant tous ses gestes, ses discours et ses paris, à commencer celui de Juin 1940 et qui explique le referendum d’Avril 1969 – était la confiance qu’il avait non seulement en la France, une logique du miracle, de l’histoire, de la cohérence d’une figure voulue par beaucoup (et qui fait du patriotisme français un patriotisme particulier, qui n’est pas fondamentalement nationaliste, et encore moins « impérialiste », confiance qu’il avait autant dans les Français. Et il félicitait les Français, surtout au début de son principat. Il savait dire qu’il ressebtait l’adhésion, l’accompagnement, l’attente. Aujourd’hui, il n’y a que tolérance. Le repoussoir à gauche faisant voter à droite n’est pas nouveau, il n’a d’ailleurs pas sa symétrie. La droite vote pour empêcher la gauche mais la gauche se vote par pure espérance. Positivement donc. Au grand nombre, Sarkozy inculque la tolérance, il y force, c’était latent du fait du chômage oprovoquant le quant à soi dans l’entreprise, ruinant le syndicalisme par l’individualisme (ce qui se vérifie asusi en politique, les carrières gouvernementales de quelques socialistes, non des moindres comme le secrétaire national à l’économie en 2007, le député-maire de Mulhouse ou prochainement Jack Lang. Mais la tolérance des Français n’est âs seulement vis-à-vis de la personne du président, de ses extravagances du genre de son mariage, de sa présence en pleine nuit rue Mouffetard et ailleurs pour regarder tourner sa troisième femme et énième maîtresse : Lola Montès et le roi de Bavière dans les années 1840. Elle est vis-à-vis de l’entourage et des soutiens, car Sarkozy a imposé à une majorité parlementaire et à des ministres, dont la plupart avaient une carrière antérieure à 2007, des cvomportements à l’unisson et au suivisme qui n’ont de précédents – en temps de paix – qu’ailleurs, les années 1930 de fascismes qui avaient quand même pour excuse le charisme indiscutable du chef : ici et maintenant, on ne le vérifie pas même. En fait, les Français tolèrent ce que les premiers mois du quinquennat ne laissaient pas encore prévoir : un régime mafieux, de copains s’entre-décorant, gagnant énormément d’argent sur les dépouilles de l’Etat, du patrimoine national, des acquis sociaux.

Il y a pire. Nous tolérons l’analyse que Sarkozy fait de nos régimes, ceux qui nous structurent, la Constitution, la sécurité sociale, le droit et la procédure pénale, la séparation des fonctions (ainsi la suppression du juge d’instruction et l’extension donc des prérogatives du parquet dépendant de l’exécutif ou la mise de la gendarmerie à la disposition du ministre de la police, l’ensemble du renseignement tenu à l’Elysée, le retourd ‘un ministre à son banc de parlementaire s’il était membre d’une assemblée avant d’entrer au gouvernement). Il est même apparu une grille de lecture nouvelle avec l’insistance de dater de cinquante ans à peu près tout : un pouvoir qui n’a jamais été aussi réformateur depuis cinquante, une avancée démocratique comme pas depuis ci,nquante ans, l’échec des politique d’intégration menées depuis cinquante ans. Bien entendu, ces pétitions ne résiste pas à la chronologie, mais elles désinforment les Français déjà mal enseignés de leur histoire : il est vrai que depuis de Gaulle chacun de ses successeurs a tout fait pour le minorer. Nous sommes expropriés par celui que nous avons élu, et je n’écris pas cela en pensant à cette ouverture de deux catégories de Français. C’est ce discours depuis 2007 en antiphrase, cette pétition démocratique, cette ambition d’être irréprochable et exemplaire, alors que nous vivons le contraire comme jamais…

Si l’on regarde les choses avec le recul ou rapidement pour la France puis pour l’Europe, elles peuvent se schématiser ainsi.

La France a su changer, c’est-à-dire renoncer à des axes d’un siècle qui étaient notre empire colonial et notre antagonisme avec l’Allemagne. Nous sommes redevenus indépendants vis-à-vis de nous-mêmes au début des années 1960, après une vingtaine d’années particulièrement douloureuses, la défaite en duel avec l’Allemagne, deux gueres coloniales perdues. Ces années n’ont pas été perdues puisqu’elles ont vu notre consensus pour la « planification souple à la française » (le Commissariat au Plan), l’aménagement du territoire, les gestions sociales tripartites , la paix scolaire. Sur ce socle a été bâtie une nouvelle Constitution, et surtout sa pratique : deux pratiques ont eu leur cohérence, celle d’un engagement constant de la responsabilité populaire du président de la République ou celle d’une interprétation restrictive du suffrage universel permettant au président de la République de ne pas démissionner quand bien même il perd la majorité parlementaire. La bipolarisation de la vie française n’est qu’épisodique : le centre et l’extrême droite n’ont pas la discipline de vote quand ils sont devancés qui était celle des communistes. Les dérives ont été incarnées par Jacques Chirac : tentative de réintégrer l’O.T.A.N. ce qui aurait eu lieu dès 1998 si la gauche n’était pas revenue, à l’improviste ; au pouvoir – privatisation plus que la gauche n’avait nationalisé – abrègement de la durée du mandat présidentiel avec coincidence des votations pour l’Elysée et pour le Palais-Bourbon ce qui incline vers une implication accrue du président en vue d’une réélection plus rapprochée dans le temps qu’avant et une irresponsabilité politique paradoxale puisqu’elle jure avec cette implication. Irresponsabilité inscrite dans les textes du fait de la situation scabreuse de Jacques Chirac mais il a fallu, opportunément pour lui, l’occasion de nos réserves à la compétence de la Cour pénale internationale, mais surtout dans les esprits : on ne veut plus de referendum et si on le perd, ce qui est un désaveu bien plus net que des législatives décevantes, on demeure en place de même qu’une dissolution (prérogative exclusive du président de la République, sans contreseing) sans résultat n’a pas été suivie de démission.

Le caractère mafieux de l’équipe gouvernante n’était pas l’absolu de la présidence de Jacques Chirac, c’est le trait essentiel du système actuel : le recel et le trafic d’influence, la corruption au moins mentale sont la sociologie de l’actuel pouvoir. Mais Sarkozy introduit deux nouveautés – que je considère dramatiques.

La communautarisation de la société française ne date pas de 2007. La politique d’Israël d’autant plus défendue qu’elle est indéfendable – malgré la shoah et malgré la nécessité de sécurité d’un peuple pas admis dans son retour en terre ancestrale – a fait naître dans les années 1970 la première des communautés ; celle des Juifs, sur une base complexe et pouvant ressembler à une binationalité militante, des Français soutenant Israël, s’en sentant solidaires encore plus que de la France. Ni les Noirs, ni les beurs et Maghrébins n’ont formé à ce point une communauté. Le seul précédent possible serait les protestants, mais parce qu’ils se sentent une minorité et qu’ils se sont organisés de longue date pour militer avec force en tolérance, en laïcité, en apaisement de la vie politique, en éthique de la finance. Les pouvoirs publics, spécialement Jacques Chirac depuis son discours anniversaire de la rafle du Vel-d’Hiv, marchandé sans doute pour son élection présidentielle, sont depuis une quinzaine d’années à flatter cette visibilité d’une communauté juive en tant que telle : la classe politique entière a deux rendez-vous annuels (Roland Garros étant plutôt celui des attachés de cabinets ministériels) : le dîner du C.R.I.F. et le salon de l’agriculture. Une catégorie d’électeurs bien déterminée. Mais cette communautarisation, en elle-même contraire à toute la dialectique bimillénaire faisant la France par des Français directement et sans communauté ou région ou classe en intermédiaire, n’avait jamais que psitive : elle s’est formée spontanément et peut-être parce que l’assimilation de ses membres à la communauté nationale ne fait question pour personne, Juif ou non-Juif. Le discours de Grenoble va probablement être celui que retiendra l’historien du quinquennat de Sarkozy : parce qu’il désigne une communauté à l’opprobe contrairement au droit positif et à tout l’humanisme français, à toutes les constructions jurispudentielles, au bon sens enfin, il provoque une critique transcendant les définitions de la participation à la politique et bien entendu les « clivages droite-gauche ». A tel point que cela pourrait faire reculer les communautarismes grandissants si ceux-ci sont de fondement ethnique. La nature de la protestation et de la critique est un crible imprévu de la sincérité des paroles publiques, les partis disent moins bien et moins fort leur réprobation que les associations. L’Eglise catholique, très mesurée depuis le milieu des années 1970 après avoir un temps prolongé els échos de 1968 (contestation de la force de frappe par l’épiscopat en 1973, thème de gauche s’il en était à l’époque), est aujourd’hui en flèche.

L’autre nouveauté du pouvoir actuel par rapport à ceux qui l’ont précédé est son désintérêt pour un progrès de l’unité européenne. De Gaulle militait pour une expression politique de la Communauté des Six. Georges Pompidou ne savait comment faire avec l’Angleterre et François Mitterrand avec l’Allemagne, ce qui donna le signal des élargissements et donc d’une jurisprudence qu’on ne peut refuser à quiconque et qui était dans la lettre des traités, mais la France avait su faire prévaloir jusqu’en 1969 que l’ « européanité » d’un candidat ne suffit pour qu’il soit admis, il faut le vouloir et la capacité des disciplines communautaires, dont la volonté d’identité politique. Jacques Chirac ne quittant pas l’Elysée en Mai 2005 ne sut pas faire du non populaire un atout français à Bruxelles pour une révision forte de cerains aspects de la construction européenne : en fat et bien avant la crsise mondiale de ces deux années-ci, le libéralisme, la déréglementation et le mondialisme. Depuis 2005, la France fait semblant mais elle n’a plus d’ambition européenne, Sarkozy cherche simplement dans quelque enceinte que ce soit, l’occasion de la présider et de paraître messianique dans l’ordre de compétences de cette instance, voire d’en réclamer l’extension. Le traité de Lisbonne est mauvais et alors que la crise aurait dû pousser au fusionnement des économies et des budgets et à l’émergence d’une institution politique pure, chaque Etat fat ce qu’il peut ou ce qu’il veut, à commencer par nous. Et l’Union européenne fonctionne pour l’essentiel dans la concertation inter-étatique. Nopus n’inspirons plus la construction, d’ailleurs elle n’est plus du tout inspirée. – Je compte entreprendre le président de cinq semestres sur la réforme des institutions, essentiellement ce qu’il est, et sur une projection essentiel de l’Union : la relation avec l’Afrique, ce qui fait tout traiter, du fonctionnement interne de l’Union aux options libérales selon l’O.M.C.

nuit

C’est Le Figaro qui publie le sondage qu’a fait faire – de toute évidence l’Elysée, selon des procédures et des budgets déjà analysés par Le Canard etceux qui voulaient une commission parlementaire d’enquête là-dessus. On est bien donc devant l’utilisatioon d’un des instruments du poucvoir régnant pour continuer de régner. – Sur cette lancée, le rétablissement de la peine de mort deviendrait possible : un referendum constituant serait gagné. Sarkozy y songe-t-il ? ce serait la conclusion logique et de son discours à Grenoble et de ce sondage. – Si ce sondage reflète l’opinion, alors notre empoisonnement et notre régression zélés par Sarkozy, sont constatés. C.Q.F.D. ?

Je ne crois pas du tout qu’il faille que la gauche réponde sur le terrain sécuritaire pour y retrouver son électorat. On a avoir en deux ans une cascade de faits divers et d’émeutes montrant l’échec on seulementy de Sarkozy I (2002-2010) mais de Sarkozy II (2010-2012). Si la gauche retrouve le pouvoir, et si elle sait gouvberner en suscitant le mouvement social, le problème de sécurité se résoudra doublement : moins de motifs à la violence, possibilité d’inventer les moyens d’éradication. Bien entendu, à la marge, Sarkozy croit avoir cette inventivité et charge uin ex-scialiste (Bockel) de la lui donner.

[1] - Jérémie XXXI 31 à 34 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu XVI 13 à 23

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