lundi 5 mars 2018

meurtres de la gare de Perpignan - enfin, le meutrier découvert et aux assises



wikipédia à jour au 26 février 2018


Gare de Perpignan.
L'affaire des meurtres de la gare de Perpignan est une affaire criminelle française. Entre 1995 et 2001, 4 jeunes filles ont disparu, dont 3 retrouvées mortes, dans des conditions similaires, ce qui fit croire aux agissements d'un seul tueur en série avant que la police s'oriente vers la piste de tueurs séparés. En juin 2015, trois des quatre disparitions sont élucidées et impliquent deux meurtriers différents.

Sommaire

Historique

Quatre jeunes filles au physique similaire disparaissent dans le quartier de la gare à Perpignan, vraisemblablement abordées ou emmenées de force par un automobiliste dans les rues Courteline et Henri-Ribère, probablement au niveau du « café Figuerres », situé à environ 600 mètres au sud de la gare, à l'angle de la rue Henri-Ribère et de l'avenue Julien-Panchot (42° 41′ 30″ N, 2° 52′ 57″ E) :
Mis à part Tatiana Andújar dont le corps ne fut jamais retrouvé, les trois autres victimes furent découvertes mortes et dénudées. Les organes génitaux de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez furent mutilées (la tête et les mains de Marie-Hélène furent également sectionnées et ont été retrouvées dans des sac-poubelles 6 mois plus tard). Les effets personnels de toutes les victimes sont restés introuvables.
Il n'y aurait, a priori, aucun lien avec cette affaire et l'affaire Benitez car d'une part, ce dernier n'était pas domicilié à Perpignan au moment des faits et d'autre part, le profil du légionnaire et celui du meurtrier de la gare de Perpignan ne présentent pas des similitudes évidentes3.

Premier meurtre élucidé

À la suite de la quatrième disparition (celle de Fatima Idrahou) en février 2001, la ville de Perpignan est sous le feu des médias du monde entier spéculant sur la présence d'un tueur en série.
Sur les indications d'un témoin, qui avait noté le type, la couleur et une partie de l'immatriculation du véhicule dans lequel Fatima avait été emmenée de force2, Marc Delpech, un tenancier de bar perpignanais, marié et père d’un enfant, est interpellé chez ses beaux-parents en Meurthe-et-Moselle le 23 février, soit 14 jours après le crime2. Il finit par passer aux aveux lors de sa garde à vue, en reconnaissant le meurtre de Fatima, qu’il connaissait pour avoir fréquenté le magasin Darty où la victime était caissière, et explique son geste par le fait que cette dernière n'avait pas cédé à ses avances2. Après qu'il eut affirmé aux enquêteurs avoir fait disparaître le corps au cap Béar à Port-Vendres, on retrouve finalement le cadavre dénudé de Fatima sur les bords de l’Étang de Canet, à 500 mètres du domicile du tueur présumé4,5.
Le 18 juin 2004, Marc Delpech est condamné à 30 ans de réclusion criminelle dont 20 ans de peine de sûreté, par la Cour d'assises des Pyrénées-Orientales pour l'enlèvement, le viol et le meurtre de Fatima Idrahou, peine confirmée au procès en appel le 1er juillet 2005.
Même si des soupçons pèsent sur lui (on a découvert à son domicile des coupures de presse relatant les quatre meurtres, ainsi qu’une troublante ébauche d’un roman policier intitulé « Tatiana » retrouvé sur son ordinateur, contenant très précisément les circonstances de l’enlèvement de Tatiana Andújar), il n'est toutefois pas poursuivi pour les trois précédentes disparitions6.

Deux autres meurtres élucidés

Mi-octobre 2014, l'ADN de l'agresseur de Mokhtaria Chaïb a été identifié comme étant celui de Jacques Rançon 54 ans, père de quatre enfants (issus de deux liaisons différentes), habitant à Perpignan depuis 1997, année-même du meurtre de Moktaria7,8,9.
Ce magasinier originaire de Hailles, dans la Somme, déjà fiché et plusieurs fois condamné pour agressions sexuelles et violences dont 8 ans ferme pour le viol d'une femme par une cour d'assises en Picardie, est placé en garde à vue le 14 octobre 2014 et avoue deux jours plus tard le viol et le meurtre de Mokhtaria Chaïb7,10,11. Mis en examen et écroué pour « viol avec arme en récidive et assassinat », le tueur présumé, qui venait d'être libéré d'une condamnation à un an de prison pour menace de mort à l'encontre de la mère de ses deux derniers enfants7, est mis hors de cause dans la disparition de Tatiana Andújar, étant incarcéré en Picardie au moment des faits, même si on ignore s'il avait alors bénéficié d'une permission de sortie10,11.
Il reste cependant suspect dans la mort de Marie-Hélène Gonzalez10,11,12. La police avait décelé deux autres traces ADN sur les lieux où le corps a été retrouvé12.
Le 4 juin 2015, confondu grâce aux progrès de la génétique, Jacques Rançon avoue tout d'abord une tentative d'assassinat datant de mai 1998 sur une jeune fille âgée de 19 ans à l'époque, une tentative de meurtre désormais prescrite. La victime s'était manifestée dès mars 2015, ayant reconnu le visage du suspect sur des photos parues dans la presse13. Puis le 9 juin 2015, il avoue spontanément le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez14,15.

Autres suspects

Seule la disparition de Tatiana Andújar reste à ce jour non élucidée.
Il est à relever que durant l'enquête, deux autres individus furent également suspectés.

Andrés Avelino Palomino Barrios

À la suite de la disparition de Mokhtaria Chaïb, un suspect de nationalité péruvienne, Andrés Avelino Palomino Barrios16, dont le diplôme de chirurgie apparaît douteux, est interpellé : c'est notamment un habitué du « café Figuerres ».
De nombreux faits sont en sa défaveur (ses connaissances en anatomie, des vols de matériels médicaux effectués dans les hôpitaux où il travaillait et des condamnations pour escroqueries). Lorsqu'on retrouve le corps de Mokhtaria Chaïb, il devient le suspect principal car un de ses cheveux est retrouvé près de la scène de crime, sur un passe-montagne abandonné. Il est pourtant relâché faute de preuves et aussi parce que c’est durant sa détention provisoire que Marie-Hélène Gonzalez sera assassinée, son ADN n'ayant pas été retrouvé sur les lieux du crime17.
Cependant, il sera interpellé en 2009 en Espagne à Adra, pratiquant toujours la médecine sans diplôme avéré.
Le 21 juin 2012, Andrés Palomino Barrios est retrouvé mort, étranglé à son domicile à Valence (Espagne), alors qu'il devait passer en jugement dans ce pays pour exercice illégal de la médecine18,19,20.

Esteban Reig

Cependant, des soupçons se portent également depuis 2010 sur un ressortissant espagnol, Esteban Reig, un tueur psychopathe qui s’est suicidé par pendaison en détention dans la prison de Villefranche-sur-Saône en 2002 à l’âge de 47 ans.
Cet homme marié et père de quatre enfants, accro aux drogues dures, était un individu extrêmement violent. Toujours armé d’un couteau, il était capable du pire et avait même régulièrement menacé son épouse, ainsi que plusieurs autres personnes, de les « découper en morceaux ».
Il fut en effet condamné par les assises du Rhône pour le meurtre de son colocataire, Jean-Marie Guest, alors qu’il vivait à Lyon : après l’avoir poignardé à la suite d’une dispute, il avait soigneusement découpé le cadavre de sa victime (y compris les parties génitales) qu’il avait placé dans des sacs plastiques.
Faits troublants : il vivait à Perpignan au moment où les meurtres de Mokhtaria Chaïb et Marie-Hélène Gonzalez ont été commis en 1997 et 1998, et il fréquentait le quartier de la gare, particulièrement le « café Figuerres ».
Selon des confidences faites à ses compagnons de cellule, ainsi qu’à sa fille, il aurait reconnu avoir tué et dépecé deux femmes à Perpignan (dont une aurait été séquestrée), et a ajouté : « Je préfère les brunes, cheveux longs, assez typées, pas trop grandes, réservées. J'ai quand même eu tout type de femmes mais je préfère les filles du sud » (détails correspondant aux signalements de toutes les victimes de Perpignan). Des expertises supplémentaires (tests ADN) sont diligentées en juin 2010 par le parquet21,22, les techniques d'analyse et de recherche des traces ADN ayant évolué.

Nouvelles pistes

À la suite de la diffusion de plusieurs reportages télévisés, plusieurs appels à témoins ont été lancés dans les médias, avec un numéro vert permanent, notamment en janvier 201223.
En avril 2013, le juge chargé de l'affaire diligente de nouvelles analyses ADN avec une technique récente, applicable sur des pièces à conviction pauvres en cellules24.
Le 2 octobre 2013, des empreintes génétiques sont mises en évidence sur plusieurs des objets saisis à l'endroit où Marie-Hélène Gonzalez avait été retrouvée morte à Perpignan le 26 juin 1998. Elles ne correspondent pas à celles d'Andres Palomino Barrios16 longtemps suspecté du meurtre de la jeune fille17.

Notes et références

  1. a, b et c « Tatiana, 17 ans, Mokhtaria, 19 ans, Marie-Hélène, 22 ans, trois innocences volées (chronologie animée) » [archive], sur L'Indépendant, 14 octobre 2014 (consulté le 17 octobre 2014)
  2. a, b, c et d « Fatima Idrahou a sans doute été violée » [archive], sur Le Nouvel observateur, 14 mars 2001 (consulté le 17 octobre 2014)
  3. « Les experts : Perpignan » [archive], Article de Patricia Tourancheau publié le 22 septembre 2013 dans Libération
  4. « Le meurtrier présumé de Fatima avait menti » [archive] Article de Marc Tamon du 15 mars 2001 publié dans La Dépêche du Midi
  5. « L'enquête rebondit après la découverte du corps de Fatima » [archive] Article de Marc Tamon publié le 15 mars 2001 dans Le Parisien
  6. « Perpignan dans l'ombre d'un tueur » [archive] Article de Dominique Rizet du 24 mars 2006 publié dans Le Figaro
  7. a, b et c « Disparues de la gare de Perpignan : qui est Jacques Rançon ? » [archive], sur L'Indépendant, 16 octobre 2014 (consulté le 17 octobre 2014)
  8. « Disparues de la gare de Perpignan : un suspect en garde à vue » [archive], sur Midi libre, 14 octobre 2014
  9. « Disparues de la gare de Perpignan : un suspect en garde à vue » [archive] Article publié le 14 octobre 2014 dans Le Point
  10. a, b et c « Disparues de Perpignan : le suspect avoue le meurtre de Mokhtaria Chaïb » [archive], sur Le Nouvel observateur, 16 octobre 2014 (consulté le 17 octobre 2014)
  11. a, b et c « Disparues de Perpignan: qui est Jacques R., mis en examen ? » [archive], sur L'Express, 16 octobre 2014 (consulté le 17 octobre 14)
  12. a et b « Les disparues de Perpignan : qu’en est-il des deux autres victimes ? » [archive], sur France TV Info, 16 octobre 2014 (consulté le 17 octobre 14)
  13. « La victime oubliée de Perpignan » [archive], sur Le Parisien, 9 mars 2015 (consulté le 9 juin 2015)
  14. Laure Moysset, « Jacques Rançon avoue le meurtre de Marie-Hélène Gonzalez: "Une grande satisfaction" pour l'avocat des familles » [archive], sur L'Indépendant, 9 juin 2015 (consulté le 21 octobre 2015)
  15. « Disparues de Perpignan: Jacques Rançon avoue un deuxième meurtre » [archive], sur fr.news.yahoo.com, le 9 juin 2015 (consulté le 9 juin 2015)
  16. a et b Dans les pays hispaniques, ni les prénoms composés ni les noms de famille portent par défaut un trait d'union. Les noms de famille sont à leur tour composés du nom de famille transmis par le père et du nom de famille transmis par la mère. Dans le cas de ce suspect péruvien, le prénom est « Andrés Avelino » et les noms de famille sont « Palomino Barrios », où « Palomino » est le nom hérité du père et « Barrios » est celui hérité de la mère.
  17. a et b « Rebondissement dans l'affaire des "disparues de la gare de Perpignan" » [archive] Article du 2 octobre 2013 publié dans La Dépêche du Midi
  18. « Disparues de Perpignan : Mort mystérieuse du principal suspect » [archive] publié le 28 juin 2012 dans Direct Matin
  19. « Le suspect n° 1 des meurtres de la gare de Perpignan assassiné » [archive] Article publié le 27 juin 2012 dans Le Parisien
  20. « Disparues de Perpignan : Un ancien suspect retrouvé étranglé en Espagne » [archive] Article publié le 28 juin 2012 dans France-Soir
  21. Actualité criminologie [archive] Article sur Esteban Reig, site web "Au troisieme oeil.com"
  22. « Nouvelle piste pour les meurtres de la gare de Perpignan » [archive], Article de Christian Goutorbe publié le 9 juin 2010 dans La Dépêche du Midi
  23. « Nouvelles investigations dans l'affaire des "disparues de la gare" » [archive] Article de Laure Moysset du 16 janvier 2012 publié dans Midi libre
  24. « Disparues de la gare de Perpignan : nouvel espoir avec l'ADN » [archive] Site "la-clau.net", 28 avril 2013

Voir aussi

Bibliographie

Articles de presse

Documentaires télévisés

  • « Les meurtres de la gare de Perpignan » en octobre 2007 et décembre 2008 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
  • « Les disparues de Perpignan » le 19 octobre 2008 dans Les faits Karl Zéro sur 13e rue
  • « Les meurtres mystérieux de Perpignan » le 15 janvier 2012 dans Non élucidé sur France 2.
  • « Les disparues de la gare » (troisième reportage) dans « ... en Languedoc-Roussillon » le 4, 11 et 19 novembre 2013 et 15, 22 et 30 septembre 2014 dans Crimes sur NRJ 12.
  • « Perpignan, le tueur aux deux visages », un documentaire de Sarah Oultaf, Guillaume Salasca, Christophe Barreyre et Florence Helleux, diffusé le 29 octobre 2017 dans 13h15, le dimanche sur France 2.

Liens externes

La dernière modification de cette page a été faite le 26 février 2018 à 21:26.

Procès du "tueur de la gare de Perpignan" : "Lors de la reconstitution, on a tous réalisé ce qu'il était capable de faire"

À l'heure de l'ouverture du procès, lundi, l'avocat des parties civiles confie avoir été particulièrement marqué par la reconstitution d'un des crimes dont Jacques Rançon est accusé.  
Jacques Rançon (dans la voiture) le 26 juin 2015 lors de la reconstitution du meurtre de Marie-Hélène Gonzalez à Perpignan, en 1998.Jacques Rançon (dans la voiture) le 26 juin 2015 lors de la reconstitution du meurtre de Marie-Hélène Gonzalez à Perpignan, en 1998. (AFP)
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Mathilde LemaireRadio France
Mis à jour le 05/03/2018 | 12:36  --- publié le 05/03/2018 | 12:02

ce matin

Près de 20 ans après les faits, le procès hors-norme du tueur présumé de la gare de Perpignan s'ouvre lundi 5 mars devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales. Jacques Rançon est jugé pour les viols et assassinats de deux jeunes femmes, et pour une tentative de viol, ainsi qu'une tentative de meurtre. L'avocat des parties civiles confie avoir été particulièrement marqué par la reconstitution d'un des crimes dont cet homme est accusé. 
>> RECIT. "C'est bon patron, il a avoué" : comment Jacques Rançon a été démasqué
Il y a un seul avocat pour toutes les parties civiles. Me Étienne Nicolau a demandé et obtenu que ses clients soient tous sur les bancs, juste derrière lui à l'audience. Exactement face à l'accusé. "Je voudrais qu’au centre du procès, explique l'avocat, il y ait ces jeunes femmes qui ont disparu et la souffrance de leur famille. La rudesse de ce procès viendra de cette confrontation avec un accusé qui n’aura pas un mot de compassion." Me Nicolau décrit un assassin "hors norme", "sadique pervers". "Lors de la reconstitution, il s’est jeté comme un fou sur le mannequin qu’on avait mis à la place de Marie-Hélène… Là on a tous réalisé ce qu’il était capable de faire", confie-t-il, en évoquant l'une des victimes, âgée de 22 ans, Marie-Hélène Gonzalez, violée et tuée en 1998.
Avant lui, on n’avait jamais vu en France quelqu’un qui faisait des mutilations à caractère sexuel et qui était en plus un tueur en sérieMe Étienne Nicolaufranceinfo
Maître Nicolau a peu d'espoir d'une collaboration de l'accusé. Jacques Rançon a certes avoué mais n'a jamais raconté vraiment pourquoi, comment il avait massacré Moktaria et Marie-Hélène. Les victimes et les proches, soudées depuis 20 ans, seront ensemble sur le banc des parties civiles pour ce qui s'annonce comme une épreuve. Concepcion Gonzalez, la maman de Marie-Hélène est toujours rongée par la douleur. "Il faut que nous trouvions la force de l’avoir en face de nous, je ne sais pas si je vais tenir le coup", dit-elle en étouffant un sanglot.
Il faut qu’il paye pour tout le mal qu’il a fait à ma fille et aux autres victimes. Il nous a détruit la vie...Concepcion Gonzalezfranceinfo
Jacques Rançon encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict sera rendu le 27 mars.
Affaire des disparues de la gare : 20 ans après, le procès du tueur s'ouvre devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales - reportage Mathilde Lemaire

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