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Référendum en Nouvelle-Calédonie: pourquoi l'intitulé de la question vire au casse-tête
Avec ou sans le mot indépendance?
FRED PAYET via Getty Images
Pourquoi l'intitulé de la question posée lors du référendum
en Nouvelle-Calédonie vire au casse-tête.
POLITIQUE - C'est une étape à boucler avant qu'Emmanuel Macron aille sur
place pendant ce printemps. À quelle question les électeurs de Nouvelle-Calédonie
devront-ils répondre le 4 novembre prochain, lors du référendum sur l'avenir de
l'archipel? Tous les protagonistes de l'accord de Nouméa sont invités ce mardi
27 mars à Matignon pour avancer et peut-être mettre fin à cette interrogation.Mais dissiper les malentendus n'est pas aisé et arriver à un consensus est plus difficile qu'il n'y parait.
Ce comité des accords de Nouméa intervient quatre mois après le déplacement sur place d'Édouard Philippe, qui avait souhaité que les partenaires locaux -non indépendantistes comme indépendantistes- se saisissent "de la désignation de la date" du référendum et travaillent ensemble "à la formulation de la question". La première partie a été résolue même si la séance conduisant au choix de la date a été houleux.
"Sans ambiguïté et compréhensible"
Reste donc la question. Le Premier ministre a précisé en Nouvelle-Calédonie que "le champ des possibles est de toute façon borné" et que la question devait être "sans ambiguïté et compréhensible". Mais avec ou sans le mot indépendance? Matignon évoque pour le moment "l'accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté".
Tel est l'intitulé préféré des indépendantistes kanaks du FLNKS qui souhaitent s'en remettre strictement au vocabulaire employé par l'accord de Nouméa. "Le mot 'pleine souveraineté' figure bien dans l'accord et c'est le seul mot. Je défie quiconque de me dire où se trouve le mot 'indépendance' ", explique ainsi Louis Mapou le chef du groupe FLNKS au Congrès. Il avance comme argument que les indépendantistes kanak ne prônent pas "une rupture avec la France à l'algérienne" mais une indépendance avec "partenariat" ou "association". En clair, le mot indépendance pourrait faire peur aux électeurs qui leur sont favorables.
À l'opposé, la droite anti-indépendance fait le forcing pour dramatiser l'intitulé. Sonia Backès, cheffe de file des Républicains calédoniens, réclame des bulletins de vote où le mot "France" figurera en toute lettres. "C'est projet contre projet, conviction contre conviction. C'est la France ou l'indépendance", assène le énateur Pierre Frogier, leader du Rassemblement-LR, qui a durci son discours au cours des derniers mois.
Le souvenir des Comores et de Djibouti
Entre ces deux positions, le député centriste Philippe Gomès (anti-indépendance) pense que "le dialogue est le seul moyen d'éviter une aggravation des tensions ethniques et politiques jusqu'au référendum." S'il convient que le mot indépendance n'est pas inscrit dans les accords de Nouméa, il fait valoir que lors des derniers référendums similaires aux Comores en 1974 et à Djibouti en 1977, c'est ce mot qui était choisi. Dans les deux cas, cela avait abouti à la victoire du "oui" sauf pour Mayotte, île des Comores restée française.
C'est, in fine, le gouvernement qui aura le dernier mot, puisqu'un décret présenté en conseil des ministres arrêtera la formulation exacte. Au regard de l'accord décroché en novembre par Édouard Philippe sur la constitution des listes électorales, l'entourage du premier ministre garde espoir de mettre tout le monde d'accord sur la question. Il restera ensuite à savoir si le chef du gouvernement et Emmanuel Macron feront véritablement campagne pour un camp ou s'ils garderont une neutralité.
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