Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
le referendum grec et la montée en puissance de Podemos ne sont
que des "marqueurs". Que les Français n'en soient plus capables
n'est pas un succès pour le pouvoir actuel, encore moins pour le
Président, gouverner c'est entrainer.
A défaut de révolte des Français, il y a les faits.
L'absence de politique économique et et sociale, la vente de
notre patrimoine industriel sont les réalités françaises
jalonnant l'actuel quinquennat depuis Aulnay, Florange et
maintenant notre servilité envers de pseudo-investisseurs de
Chine et du Proche-Orient. Il n'y a pas de démocratie au plan
national : l'Assemblée nationale vissée, frondeurs compris, dans
une discipline qui fait ressentir au pays qu'il n'est plus
représenté, le congrès de Poitiers contraire à toute filiation
de gauche après un siècle et demi ou presque de fidélités et de
débats. Les soi-disant réformes ne suscitent pas les entreprises
et ne sont que des catalogues à la manière des décrets-lois des
années 30. Enfin, l'entreprise européenne est un échec pratique
: toujours pas de défense, toujours pas de diplomatie (notre
impuissance dans la crise et le dépeçage de l'Ukraine, notre
solitude en Afrique sahélienne) et un pacte budgétaire
symbolisant une dogmatique allemande de convenance qui a été
malheureusement acceptée le soir-même de la prise de fonction
présidentielle.
Tels qu'ils sont actuellement, ni le Président ni son
prédécesseur ne sont souhaités par les Français, pas même comme
simples candidats... selon des primaires qui seront à
l'évidence de façade si même elles ont formellement lieu.
Nicolas Sarkozy pourra s'évertuer à démontrer qu'il a changé, ce
n'est que reprise d'un leit-motiv annuel quand il était en
place. En revanche, le Président étant encore en place peut
changer, inventer et proposer, exiger en Europe, se
montrer enfin à l'Allemagne, comprendre encore plus notre époque
que le simple mécontentement des Français, que la simple
sensation de trahison des électeurs de gauche. Il peut retrouver
l'identité et la filiation qu'on lui croyait en Mai 2012.
La démocratie dans les institutions européennes, l'évidence en
gestion des dettes souveraines. Moratoire de celles-ci,
convenues entre les grands débiteurs et Etats - en pratique
Etats-Unis et Etats-membres de l'Union européenne. Une
concertation entre Etats-membres des politiques de soutien aux
grandes entreprises et de l'accueil ou pas des investisseurs
extra-européens, une préférence européenne pour les mariages,
fusions et absorptions dans l'industrie, certainement un tout
autre cours dans les négociations transatlantiques.
Le Président n'a cessé de décevoir depuis l'automne de 2012
chaque fois qu'un choix national et européen était à faire en
industrie. Y a-t-il un substitut au "marché commun agricole"
puisque celui-ci n'est plus ? Attendu en priorité par les Grecs,
croyant à une certaine fraternité de convictions et d'idées, le
Président n'a pas soutenu ni compris la première proposition de
referendum en Grèce, celle de Georges Papandreou junior en 2012.
Attitude demeurée la même depuis Janvier 2015 et le nouveau
cours, si résolu, à Athènes.
Le virage dans les quarante-huit heures est exactement le délai
dans lequel, à la veille d'une impossible acceptation des
impératifs américains qu'apportait Acheson à Paris, intervint la
proposition de Robert Schuman le 9 Mai 1950.
Ce n'est pas même un choix : continuer dans la voie de ces
années-ci, de ces mois-ci, de ces jours-ci, c'est être balayé
aux prochaines élections et bien entendu c'est continuer
d'échouer dans toutes les gestions du budget, des retraites et
de l'emploi. Le pacte de croissance de 2012 et trois fois plus
de milliards selon le "plan Juncker" n'ont strictement rien
édifié qui change la donne économique européenne et fasse se
réconcilier les peuples avec ce qui devrait être l'Union
européenne.
Moratoire secrètement combiné des dettes souveraines,
planification économique et sociale à la française chez nous,
pratique référendaire chez nous et dans l'Union, l'élection
directe du président de celle-ci, voici des années que je
l'écris au Président, le communique à son entourage, vous le
courielle comme à votre prédécesseur.
Autant que le fixisme des politiques décrétées depuis trois ans,
l'absence-même d'accusés de réception à ces messages toujours
confiants et de bonne volonté, me convainquent que pour rendre
de la souplesse et de l'ouverture aux intelligences régnantes,
il faut trouver autre chose en relation entre le pouvoir et les
Français. Les soi-disant alternance par élections, les congrès,
le Parlement ne produisent plus d'élan ni de prise de
conscience.
Avant de cautionner l'Allemagne qui ne peut se permettre d'être
seule, voyez les Grecs, consultez les peuples, pas en passant
mais en profondeur. Proposez une transition démocratique - comme
dans les pays quittant leurs dictatures (nous avions à la fin
des années 1970 tendu la main européenne au Portugal, à
l'Espagne, à la Grèce pour leur éviter le FMi et ses
"ajustements structurels" pas encore nommés ainsi, et les ancrer
dans la démocratie nouvelle) - faisons le moratoire qui amènera
la spéculation a quia.
Nous avons à retrouver la santé économique et à reconstituer nos
patrimoines, à ramener à nous les jeunesses, et nous avons à
nous montrer - debout, les démocraties - face aux dictatures
actuelles : la Russie et la Chine.
C'est une conversion à l'indépendance de notre regard sur le
monde dans son moment actuel, et sur nous-mêmes en pleine
dégénérescence. Il est encore temps. La France a peu de temps,
le Président encore moins.
Pensées.
dimanche 5 juillet 2015
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