dimanche 7 octobre 2012

Inquiétude & Certitudes - dimanche 7 octobre 2012

Dimanche 7 Octobre 2012 


Hier
Hier, messe anticipée à Damgan. La manière de célébrer d’un prêtre n’est pas indifférente mais je ne sais si elle importe à tous les fidèles et précisément au même degré. Elle est révélatrice d’une relation du célébrant à lui-même et à sa vocation, puisque la liturgie en est certainement le signe le plus sensible. Ni impérieux ni fusionnel, écrit J.-E. dans son mémoire, c’est très juste. S. m’a paru plus pompeux et rigide que pénétré, administrant plus qu’entraînant. Je le crois cependant capable de vaincre cette raideur et cette officialité en cas de dialogue : en provoquerai-je l'expérience ? Mes chers Jésuites étaient chacun exceptionnels de convivialité et d’adoration : personnel, grand acte quotidien de communion et d’amour, et erga omnes. Lecture, selon instruction, d’une lettre de l’ensemble des évêques de la région apostolique de l’Ouest, emmenés par Mgr. d’ORNELLAS, dont je n’ai eu d’écho, plutôt favorables, qu’à la diretion de « l’école cathédrale » qu’avait voulu le cardinal LUSTIGER. Des hommes d’études, peut-être de « direction d’âmes » (à l’ancienne ?), mais des pasteurs, des conducteurs, des animateurs ? je n’ai pas de modèle actuel à l’esprit, que j’ai personnellement rencontré. Mais mes correspondances m’en donnent la probabilité. Le texte lu n’est pas trop long. Il tombe bien puisque les textes de ce dimanche portent sur l’union de l’homme et de la femme. Il porte donc sur le mariage homosexuel, sans que l’adjectif, le mot soit dit. La litote : de même sexe, importe car à mon sens, si le sexe est anatomiquement identique, il ne l’est pas mentalement. Je ne suis pas assez familier de couples homosexuels, ma femme l’est davantage et que dans la version masculine, mais il me semble qu’il y a une différenciation d’âme et de regard qui est forte. La bipolarité dans le couple n’est pas qu’altérité et individuation chez les homosexuels. Et évidemment, puisqu’il y a pétition et désir de mariage, il y a expression d’amour et vœu de stabilité. Est-ce catastrophique ? est-ce un changement de civilisation ? la chose ou le risque sont dits explicitement par nos évêques. Combat certainement perdu puisque l’opinion est en grande majorité favorable à une législation permettant ces mariages. Question des enfants ? qui la connaît. Le texte est au total plutôt flou. L’Eglise de France, ou plutôt sa hiérarchie (forte nuance), se croit concernée par la législation de l’Etat français, censément laïc. Son magistère et son droit à l’expression ne sont contestés par personne, ni non plus – sauf les maladresses du cardinal BARBARIN – brocardés. C’est calme au total. Mais l’argument final selon lequel les poltiiques et le nouveau Président ont mieux et plus urgent à faire que d’arrêter cette législation se retourne aisément et nos évêques semblent en avoir conscience : la misère du monde, les scandales immédiats dans notre pays, et dans notre voisinage quotidien… l’Eglise n’a toujours pas vraiment démontré que l’évolution économique et sociale ne répond pas à ce bien commun tellement invoqué contre le mariage homosexuel, elle ne condamne toujours pas la version actuelle du capitalisme aussi mortifère et totalitaire que le fut le communisme version russo-soviétique. – J’ai échangé quelques mots à la fin de la messe avec un quidam. Marguerite et moi, fréquents dans cette église quand Denis M. y officiait, sommes connus et reconnus : elle est la seule enfant. Pour mon interlocuteur, la cinquantaine, la question n’est pas vitale, elle est presqu’indifférente et sa position, s’il en dit une, est le laisser-faire. Je le convainc aisément sur le véritable danger : les recompositions si fréquentes de la famille et l’instabilité du couple. Je le fais sourire en évoquant le cardinal-archevêque de Milan, en conférence de carpêmeà Notre-Dame de Paris, en Mars dernier pour qui le mariage homosexuel est bien un signe que le lariage et la fondation familiale continuent d’intéresser !  – Chez les parents d’Eva, je pose aussi la question tandis que Marguerite aussitôt a commencé de jouer et que les deux amies se plaignent de Morgan et d’Elie son petit copian, chacun quatre-cinq ans, qui déguisés en spiderman les agressent et brutalisent ! L’aînée, Manon, dix ans ? est le sosie, plus que charmant d’Anou AIMEE. Jai évoqué sans retrouver le titre alors : Un homme et une femme, j’aurais pu commenter que ce film sur l’irrépressible de l’amour naissant et partagé continue bien le mandement épiscopal et le débat sur les amours, le mariage homosexuels. Nos hôtes ne sont pas contre. Ils manifestent je crois la moyenne française, qu’on présente assez unanimitaire, ce qui est vrai, mais qu’on ne qualifie pas exactement. C’est de la tolérance ou de l’indifféence, de la non-hostilité, ce n’est pas de la faveur. Ils ont chacun des expériences d’amis. Elle, connaît un couple de lesbiennes, dont l’une est chef d’entreprise. Lui, évoque des voisins dans leur lotissement, deux hommes avec drapeau américain et grosse voiture 4x4. Matthias se pose surtout la question des enfants. J’opine qu’effectivement on ne sait pas si cela complique ou favorise la construction des identités, notamment sexuelles. L’accord se fait toujours sur le méfait de l’instabilité conjugale. C’est aux querelles parentales que les enfants sont sensibles, expérience précisément dans ce couple, dont Marguerite avec son amie de cœur a été témoin, à l’appel discret mais pas très bienveillant ni intelligent de Manon… Est là aussi le père d’Elie, Christophe, qui opine que ces couples sont parfaits d’éducation et d’accueil, d’équilibre, il est reçu chez ou tel, mais qu’en revanche, il ne faut pas exagérer : ceux qui jouent « les folles ». Au total, ce qui n’est pas dit dans le flot des commentaires, tous les flots sur tous les sujets contiennent de la pertinence sur le moment, mais donnent rarement le cheminement qui y amène. Sur l’homosexualité, on est quand même passé de l’intolérance, de le stigmatisation, de la qualification pathologique, de la désignation anomalique, avec la sanction pénale jusqu’en 1982… à une normalisation des relations, qui n’empêchera des crimes, des moqueries et la sensation, dite par exemple par les amis de ma femme, d’être en danger si l’on vit dans tesl endroits ou dans une trop petite collectivité, milieu rural, etc… Sans doute, l’effet de réseaux, la notoriété de quelques homosexuels (masculins) dans la politique et plus seulement dans la mode ou les milieux artistiques, s’il était trop voyant ou trop répandu pourrait produire un effet contraire. De même que la aprité hommes-femmes conduit, notamment dans les médias à sur féminisation, le pis étant les dialogues femems-femmes dans le commentaire politiqueVoilà. Pour moi, hier et ces jours-ci, l’enjeu « sociétal » est ailleurs : la françafrique, la torture, les textes ratifiés sous nos applaudissements qui se croient ingénieux, et qui sont violés en même temps (les textes, car nos applaudissements sont évidemment moqués par les dictateurs de toutes époques).

Maintenant
Prier… [1] car Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères. Le fond est là. Le Christ comme la Genèse insistent sur l’indissolubilité, laquelle tient au corps, au sacrement de la chair, et rien que cela vaut argument pour notre espérance-certitude de la résurrection (non croyant affiché, mon hôte d’hier soir dit croire en un autre monde, un au-delà… que bien entendu il ne définit pas, sur lequel il ne dit rien et je ne l’ai pas entrepris davantage, n’ayant posé que la question d’une pratique dominicale, sa femme, Chrystelle, se « défendant » puisque jusqu’à ses quinze ans, elle était régulièrement à l’exercice… on n’a pas assez étudié les causes de désaffection de la pratique religieuse… comme on n’a guère étudié, à ma connaissance, les causes de cette délisquescence du mariage en général et de l’instabilité de la relation homme/femme en particulier). L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera : ‘femme’ » (L’argument n’est pas la différence ou la complémentarité, mais l’identification. D’autre part, l’homme nait quel que soit son sexe, de la femme. Seule naissance depuis le corps masculin : Eve, et pratiquée par Dieu…). A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce n’est pas tant l’union sexuelle, que l’union totale… Le Christ renchérit, en citant le passage de la Genèse, puis conclut : ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Jésus continue de deux manières. Extrême rigueur sur la fidélité conjugale, le divorce n’est pas concevable, moïse l’avait prévu, nos sociétés l’ont légalisé en procédure et en effet : c’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi…. Celui qui renvoie sa femme our en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. Avec évidemment le complément : la femme adultère dont on demande à Jésus d’aprouver la condamnation à mort : que celui qui n’a jamais commis… lui jette la première pierre…  Mais le texte continue. Faisant immédiatement suite à l’enseignement sur l’indissolubilité du mariage, il y a les enfants. Non au sens d’une fin ou d’un objet du mariage (culture véhiculée par l’Eglise, mais dialectique naturelle : ne nous sommes-nous pas mariés, ma chère femme et moi, parce que notre désir d’enfant – au cheminement et à l’expression duquel je ne parviens toujours à reconstituer la chronologie – avait été exaucé ?). Les enfants au sens de l’enseignement que leur comportement, que leur être nous donnent à nous adultes, aux disciples du Christ. On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher, mais les disciples les écartaient vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha… « Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant, n’y entrera pas ». Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. La relation de Jésus aux enfants, mais jamais individuelle ni nominative selon nos textes, et aux femmes : très circonstanciée et souvent nominative. La relation d Jésus à son père adoptif n’a donné lieu à aucun récit ni détail anecdotique. Marie donne du matériau, mais nous laisse voir et apprécier. Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Ce n’est qu’après la Résurrection que le Christ appelle ses apôtres – le petit matin, au bord du lac – mes enfants.

Les « nouvelles » sont insignifiantes. J’ai commencé de lire le cahier du Canard sur François Normal. Rien que je ne sache par intuition, quoique pas du sérail, et peut-être parce que n’étant pas du sérail ni des « dîners en ville ». Mais la pièce n’est pas joué quoi qu’en concluent déjà les médias, anticipant les batailles à droite si Sarkozy se voit une chance de revenir au pouvoir. La vérité est pourtant ailleurs. Je cherche la trajectoire du mandat en cours, mais plus encore celle de la France. Il y a davantage de réflexions et de recherches dans les syndicats – autant patronaux qu’ouvriers – … dans l’Eglise de France agitée par les projets de nouvelles législations sur tous les sujets touchant la famille, le couple, la naissance et la mort, elle-même plus en applications qu’en évangélisation et en propagation d’une révélation…dans les administrations de l’Etat ou des collectivités locales si elles étaient vraiment sollicitées au lieu que les ministres et le président de la République chargent d’enquête des notoriétés présidant des commissions ou comités et faisant des rapports. Gaspillage de temps car les socialistes et leurs alliés ont eu cinq ans pour réfélchir, enquêter : notre pays est assez ouvert pour que les réserves y compris celles de l’administration soient accessibles. Pour l’heure, l’excès de communication qui avait singularisé Nicolas Sarkozy empoisonne François Hollande : je vais pointer mais je crois qu’il a autant sinon plus parlé que son prédécesseur à pareille époque…

Au contraire, ma glane sur des blogs que me signalent des correspondants – surtout en littérature – m’enchantent. Il y a de beaux jours pour l’esprit. Les publiés qui s’encensent mutuellement et sont encore plus superlatifs que les enfants qualifiant tel jeu ou tel camarade ou telle aventure en animation télévisée, me semblent non seulement « à côté » mais même dans leur registre peu attirants. J’étais passionné et émerveillé à mes vingt ans de découvrir les auteurs de science politique ou juridique. De Gaulle était rare, mais attendu, décisif, ciselé. Pour un décès ou une victoire de notoriété française, il ne communiquait mais à la main écrivait une lettre de félicitations, qui devenait à peine décachetée une relique familiale.
Etant un peu revenu cet après-midi sur cette note de synthèse de la politique française depuis la fin de Juin, je m’aperçois que le constat, qui n’est plus du tout original, d’un mimétisme – le pire parce qu’involontaire, comme le parcours d’un enchaîné, mené par le bout de son nez – masque des progrès et des gages importants : les grands corps de l’Etat, magistrature, police, armée alors même qu’on enlève à celle-ci des moyens et des emplois, prodesseurs sont calmes. Michel Sapin prépare tranquillement des éléments de consensus pour la sécurisation de l’emploi et Arnaud Montebourg, imprudent par excès de paroles spontanées : un pas en avant, deux en arrière… pioche un terrain nouveau et intéressant, celui des obligations physiques d’un entrepreneur mettant la clé sous la porte. La logique est bien pour que quelqu’un prenne cette clé : l’Etat en intermédiaire ?

Mais ces agendas bourrés du nouveau Président révèlent sa perplexité : il ne sait à quoi s’employer, alors que la réponse crève les yeux. Réfléchir et par lui-même, ne consulter qu’en fonction de caps décidés intimement, et non pas s’articuler sur la synthèse difficile des flots de notes et de conseils et d’audiences. Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de ta victoire !

Mais nous sommes – collectivement – à la merci du « pépin » qui dégénère… ces litotes sinistres des années 30 : l’incident de Mandchourie, puis l’incident de Chine… ces jours-ci les échanges d’obus entre Turcs et Syriens, la bataille pour l’îlot entre Pékin, Taïwan et Tokyo sur fond de bataille pour la tenue du prochain congrès du PCC et l’élection du nouveau président (possible début d’une évolution mettant en cause le régime même, tel qu’il avait su se maintenir en acceptant le capitalisme et les enrichissements), la résurgence de la dictature en Russie et chroniquement la question d’Israël sous tous ses aspects iraniens, palestiniens, égyptiens… En France, le zèle et l’efficacité de la police menée par Manuel Valls avec commentaires de soutien du Président effraient les musulmans plus que les cinq ans de déclamations Front national version sarkozyste.



[1] - Genèse II 18 à 24 ; lettre aux Hébreux II 9 à 11 ; évangile selon saint Marc X 2 à 16

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