Mercredi 1er Juin 2011
Prier… la vie, chemin de pauvreté mais école de joie. Il me semble que nous la vivons hors du temps et d’une certaine manière hors de nous-mêmes, signe vrai de notre responsabilité de nous-mêmes et d’autrui, et que le temps, sa mesure par nos outils et plus encore par la biologie de notre chair, est secondaire, qu’il n’est identitaire ni de nous ni de notre salut. Nous sommes immergés dans nos liens mais savons que l’essentiel de notre respiration nous situe et nous attache ailleurs. Veille d’une fête, consacrée à un événement assez mystérieux, logique certes, mais factuellement complexe, peu à notre portée, nos mots et nos sens inadéquats. L’ascension du Christ, du Messie, sans doute pas la seule… Elie, Enoch, selon l’Ancien Testament, mais… nous sommes les Grecs devant Paul, accueilli à l’Aréopage. Promenades il y aura bientôt trente ans, de mes chiens aux aurores : la Pnyx, Filopapou, paysage de l’Histoire. Ce que vous vénérez sans le connaître, voilà ce que, moi, je viens vous annoncer… il n’a besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le souffle et tout le reste… Si donc nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas penser que la divinité ressemble à… nos dénégations, nos supplications, ou nos distractions. Pénétration de l’Apôtre des Gentils dans la piété et l’imagination de ces auditeurs dont il découvre la civilisation et l’extrême qualité : il est, nous sommes à Athènes. Perspective du jugement, celle aussi de l’Islam. Œcuménisme et synchrétisme ? à ce bord-là, la rupture … un homme qu’il a désigné… il en a donné la garantie à tous en ressuscitant cet homme d’entre les morts. Paul ne prêche pas directement la divinité du Christ, il ne résume pas l’nseignement des Béatitudes ou l’histoire de ce Jésus, voire la sienne, quand il fut interpellé sur sa route : le jugement, la résurrection… La réponse de l’auditoire : le désespoir du rire, l’impuissance de tout rire. Il y aura les épîtres aux Corinthiens mais pas aux Athéniens. L’Apôtre, le religieux, l’aimant ne sont pas prosélytes, puisqu’ils sont convaincus que rien ne se transmet que selon un accueil pratiqué et suscité dans l’autre, dans les autres par un tiers les animant et pénétrant ceux et celles à qui ils présentent quoi que ce soit. Le Christ est imprégné de cette expérience, Lui qui est pourtant origine et aboutissement de toute communication de la foi (de l’espérance et de la charité) : j’aurais encore beaucoup de choses à vous dire (et pourtant n’a-t-Il pas tout dit, tout montré ?) mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Jésus, Dieu fait homme, est prophète non seulement de Lui-même mort et ressuscité, mais plus encore – s’il est concevable – de l’Esprit-Saint. Il vous guidera vers la vérité tout entière (ce que tenta de happer Eve, Adam lui faisant peut-être la courte échelle, au moins par son consentement). En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Or, Jésus ne rapporte que ce que le Père lui enseigne et lui montre… l’amour trinitaire est aussi vérité et connaissance trinitaire. Tout ce qui appartient au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Les notoires, les personnages, les puissants ne sont pas tous justiciables de cette sorte de « malédiction » du Magnificat : il renverse les puissants de leur trône, il renvoie les riches les mains vides… il y a Lydia à Philippes, il y avait Denis, membre de l’Aréopage, il y eut aussi une femme nommée Damaris, et du vivant terrestre du Christ, il y avait Nicodème et Joseph d’Arimathie… dénués ou pourvus, peu importe, il y a nous, maintenant. [1]
matin
On va vers la pire des campagnes présidentielles françaises. L’ajustement de tout en fonction d’électorats supposés figés et sensibles à quelques thèmes : communautarisation mentale des électeurs. Arguments souterrains : les dossiers avec deux sources, celles que donne le pouvoir quand il en est abusé. Il semble acquis que Sarkozy aurait « sorti » ses muntions contre D.S.K. quand la candidature de celui-ci aurait fragilisé au maximum son parti et donc l’ensemble de l’opposition. Il est donc probable que Borloo et Morin dans la majorité sortante sont objets de recherches et de marchandages, et que les points faibles de Martine Aubry sont activement recherchés.
Dérive que je n’aurais jamais imaginée : tous ces carriérites pas forcément repoussants d’ailleurs ne sont plus du tout mûs par la France, l’Etat, le bien commun, en tout cas ils n’en ont pas du tout le vocabulaire. Même énoncé de Jean Sarkozy il y a deux ans, de ce jeune camarade de mon ancien collège parisien en démarrage de carrière à l’U.M.P. à Hervé Morin entendu en bribes ce matin : « la passion de la politique ». Ce qui d’une part professionnalise, et d’autre part prépare à toutes les attitudes vis-à-vis des opportunités, des parrains et du jeu des chaises musiciennes.
Immoralité et cynisme – les affaires de sexe – bien en évidence ces semaines-ci aux deux bords de notre vie politique. Alors que celle-ci et le législateur ont – indûment (mais c’est la conséquence de la loi de 1920, censément nataliste) – élargi leur compétence à la biologie, quitte à négliger une politique familiale bien concrète avec équipements sociaux et préférences fiscales, nous avons des dirigeants sans éthique. Circule une pétition dont je crois comprendre qu’elle s’effraye de l’introduction à l’école de nouveaux rôles et de nouvaux thèmes. Chatel la semaine dernière discourant contre l’homophobie dans un lycée. De là, à banaliser l’homosexualité et à faire de la naissance hors mariage sinon en foyer « mono-parental » des quasi-normes, il me semble qu’on y arrive. C’est une profonde erreur psychologique et un crime de société.
Tandis que Bruno Lemaire dégoise sur ce qu’il « demande » aux banquiers et aux céréaliers, et qu’il annonce 80 millions d’aides diverses aux éleveurs frappés par une sécheresse (plus de 52 départements, aujourd’hui) pire que celle de 1976… la vice-présidente de la F.N.S.E.A. salue sereinement l’esprit d’ouverture des céréaliers et commente l’inutilité de procédures d’Etat. Voix posée, sens du bien commun, conduite d’une concertation, je n’ai pas retenu son nom. Pisani devint ministre de l’Agriculture pour cinq années décisives du fait d’un seul discours au Sénat au début de l’été de 1961.
[1] - Actes des Apôtres XVII 15 à 22 & XVIII 1 ; psaume CXLVIII ; évangile selon saint Jean XVI 12 à 15
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