Mardi 3 Mai 2011
Prier… mémoire de grands apôtres, spontanéité et équilibre [1]. Don de la transparence à tout pour recevoir, et à soi-même pour témoigner, transmettre. Témoigner, terme de Jean. Transmettre, terme de Paul. Notre nouveau bienheureux, saisissant singulièrement la succession d’un de nos papes les plus éphémères, en a rendu le prénom et donc l’orientation pastorale définitifs. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Ecritures, et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures. La suite est historique et personnelle. Paul y excelle. Il témoigne par sa vocation et par son ministère de la relation du Christ avec les siens, et particulièrement avec ses « ministres ordonnés », avec tout homme, toute femme attentifs à transmettre. Tout ce que vous demanderez en invoquant mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en invoquant mon nom, moi, je le ferai. Quelle demande ? Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit – Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Prier. La prière est notre Genèse, notre Création, priant, je participe à ma création la plus intime, je collabore à l’œuvre de Dieu en moi et le monde entier vient en moi s’abreuver à Dieu, comme dans chaque minute de cette journée commencée, il me sera donné de découvrir Dieu au travail dans celles et ceux que je rencontrerai, celles et ceux à qui je suis confié puisqu’elles et ils me sont confiés. Et ce monde sans repère, distrait de force mais si conscient de ses lacunes, est confié à la prière de chacun. Celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi : la rédemption.
petit matin
Retour – si nous ne l’avions jamais quittée – à la barbarie. On tue les conjoints et les enfants de son ennemi, et de celui-ci l’on dispose au gré de circonstances qui ne sont que nôtres, même si ce sont des sujets « pendables »… Je ne mets pas cependant dans le même genre Kadhafi qui n’a aucune raison d’être dictateur et souvent bourreau de ses compatriotes depuis 1969 – selon la détérioration psychique qu’opère immanquablement sur une personnalité l’excessive longévité au pouvoir, de moins en moins délibératif et partagé – et Oussama Ben Laden, prophète même si beaucoup de sang est répandu selon son propre aveu. L’u est devenu fou de pouvoir, l’autre a la logique d’une foi et d’analyses, contestables certes dans les conséquences implacablement tirées puis mises en œuvre, mais intialement appréhensibles.
Campagne présidentielle : comparés à chacun des prédécesseurs du président sortant, aucun candidat ni ledit président n’a le moindre charisme, pas même un soupçon de charme. Même Chirac, à l’image si mensongère depuis le début des années 1980 quand arriva notamment Edouard Balladur dans son entourage, avait quelque chose et coincidait assez à beaucoup de Français. Or, au total, cette promiscuité forcée des Français avec leurs dirigeants que l’époque et la technique médiatisent à l’excès, n’est supportable que si la direction est intelligente et salutaire – c’est difficile – ou au moins que si ces dirigeants sont tout bonnement sympathiques. Que de bêtise, d’inculture et plus encore de laideur physique ou de narcissisme à l’écran.
La mort de Patrick Roy, député socialiste du Nord, me touche. Son exhibitionnisme en couple à une émission de télévision, lors de son retour au Palais-Bourbon m’avait agacé et paru peu digne. La mort le grandit, je le plains lui et sa femme, ses électeurs aussi.
milieu de matinée
Une dépêche [2] me convainc maintenant de la mort d’Oussama. La suspicion provoquée par un habitat détonnant dans son environnement et par cette anomalie de n’avoir aucune connexion téléphonique ni informatique. Un réflexe ne le mettant pas en valeur pour la postérité : se protéger physiquement en prenant pour « bouclier humain » une femme. Contradiction cependant avec des dires initiaux : il aurait été capturé vivant s’il n’avait pas résisté. Personne n’est grandi dans cet événement, qui est plus une affaire qu’une date décisive. Je l’imaginais au contraire se transbahutant en bédouin de grottes en caches dans les confins ex-sino-soviétiques, ascète s’il en est. Quelque chose de manqué qui empêche la révérence.
soir
Les Etats-Unis et singulièrement Barack Obama, jouant sa réélection par la mise hors jeu d’Oussama Ben Laden, s’embarquent dans l’inconnu. Evidemment, les relations avec le Pakistan vont devenir exécrables. Or, le ravitaillement des troupes en Afghanistan dépend d’Islamabad. A refuser de donner toutes preuves de la mort d’Oussama – les photos. seraient trop horribles, assure-t-on … – et avoir fait disparaître aussitôt le corps sans témoin fiable, qui ne pouvaient être que des autorités musulmanes désignées par des responsables incontestés, c’est permettre que s’installe la rumeur ? la légende ? ou bien la révélation ? qu’Oussama Ben Laden est toujours vivant. En sus, Barack Obama serait critiqué pour son attitude dans les heures précédant le massacre : il aurait ri et plaisanté à propos de Ben Laden. Cynique et dissimulateur ? joueur de poker ? Les talibans sont dans la bonne logique : pas de commentaire puisque pas de preuve.
Il n’est curieusement pas dit que les « révoltes arabes », terme générique consacré depuis que la « révolution du jasmin » est devenue contagieuse, ont marqué, avant le fait, la mort sinon d’Al Qaïda du moins de son chef. Celui-ci n’a rien revendiqué et n’a semble-t-il rien inspiré. Un mouvement d’ailleurs laïc, ni nationaliste, ni religieux, simplement un ras-le-bol comme dans n’importe quel pays démocratique, avec justement ce paradoxe que les pays dits démocratiques comme le nôtre ne savent pas se révolter contre des dirigeants peu aptes et peu respectables, et que les pays sans tradition ni institutions démocratiques, savent se révolter, renverser les incapables et les corrompus, exiger la démocratie… quitte, il est vrai, à se faire finalement rouler.
nuit
Deux séquences importantes – pendant ce temps-là – l’une semble s’être jouée en Iran entre Ahmadinejad et les durs, en conclusion de laquelle le président iranien n’est plus du tout va-t-en guerre (soutient-il Damas ? le Hezbollah au Liban ? le Hamas à Gaza ?) et publie même que la mort d’Oussama fait perdre tout motif à Washington pour intervenir au Proche-Orient, donc… contre l’Iran. L’autre – je lisais tout à l’heure le fascicule du Monde sur François Mitterrand et notamment sa prise de position des 1983, devant la Knesset, en faveur d’un Etat palestinien – est la tournée de Nettanyahu à Londres et à Paris (les deux protagonistes déclarés de la chute de Kadhafi) pour y convaincre de refuser cet Etat palestinien. Or, au même moment, il semble que Fatah et Hamas vont faire la paix. Pourquoi pas une déclaration unilatérale d’indépendance d’un Etat sans prendre position sur les frontières ? chacun serait mis devant ses « responsabilités ». Depuis vingt ans on parle de cet Etat et du processus de paix : voyons donc !
[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 8 ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14
Deux séquences importantes – pendant ce temps-là – l’une semble s’être jouée en Iran entre Ahmadinejad et les durs, en conclusion de laquelle le président iranien n’est plus du tout va-t-en guerre (soutient-il Damas ? le Hezbollah au Liban ? le Hamas à Gaza ?) et publie même que la mort d’Oussama fait perdre tout motif à Washington pour intervenir au Proche-Orient, donc… contre l’Iran. L’autre – je lisais tout à l’heure le fascicule du Monde sur François Mitterrand et notamment sa prise de position des 1983, devant la Knesset, en faveur d’un Etat palestinien – est la tournée de Nettanyahu à Londres et à Paris (les deux protagonistes déclarés de la chute de Kadhafi) pour y convaincre de refuser cet Etat palestinien. Or, au même moment, il semble que Fatah et Hamas vont faire la paix. Pourquoi pas une déclaration unilatérale d’indépendance d’un Etat sans prendre position sur les frontières ? chacun serait mis devant ses « responsabilités ». Depuis vingt ans on parle de cet Etat et du processus de paix : voyons donc !
[1] - 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 1 à 8 ; psaume XIX ; évangile selon saint Jean XIV 6 à 14
[2]
AFP - 03/05/2011 à 08:10
Ben Laden trahi par sa méfiance des technologies
Dans un monde où tous ceux qui peuvent se l'offrir ont un téléphone et une connexion internet, la méfiance qu'éprouvait Oussama ben Laden face aux technologies l'aura finalement trahi.
La villa d'Abbottabad, au Pakistan, où le cerveau des attentats du 11-Septembre a été tué dans la nuit de dimanche à lundi n'avait ni liaison téléphone ni connexion internet, selon des responsables américains, ce qui était probablement censé éviter que ses communications soient surveillées.
Mais cet isolement, étonnant dans une demeure par ailleurs luxueuse, a précisément été l'un des indices ayant permis de le retrouver: un haut responsable américain a expliqué lundi qu'il avait été jugé "remarquable" qu'une propriété évaluée à un million de dollars ne soit pas connectée.
"Tout ce que nous avons vu - la sécurité opérationnelle extrêmement sophistiquée (...), l'emplacement et l'organisation de la résidence elle-même, correspondait parfaitement à ce à quoi un refuge de Ben Laden devait ressembler, selon nos experts", a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.
Paradoxalement, les services américains ont, eux, déployé leurs moyens les plus sophistiqués pour organiser l'attaque.
"Nous avons utilisé toute la gamme de nos capacités, rassemblant des renseignements avec nos moyens aussi bien humains que techniques, et les soumettant aux analyses les plus rigoureuses de nos plus grands experts gouvernementaux sur Ben Laden et son organisation", a souligné le directeur de la centrale du renseignement (CIA), Leon Panetta.
Parmi les organismes mobilisés, l'Agence de sécurité nationale (NSA), spécialiste des écoutes, et l'Agence nationale du renseignement géospatial (NGA), spécialisée dans l'imagerie par satellite, ont été cités par M. Panetta.
AFP - 03/05/2011 à 08:34
L'Amérique célèbre l'élimination de Ben Laden, mais l'inquiétude demeure
Les Etats-Unis célébraient lundi l'élimination d'Oussama ben Laden par un commando américain près de 10 ans après les attentats du 11-Septembre, mais l'inquiétude restait de mise dans le monde face au risque de représailles.
"Je pense que nous pouvons tous être d'accord pour dire que c'est un grand jour pour l'Amérique", s'est félicité le président Barack Obama lundi en milieu de journée, 12 heures après avoir annoncé au monde l'élimination du chef d'Al-Qaïda.
"Le monde est plus sûr, c'est un endroit meilleur après la mort d'Oussama ben Laden", a-t-il ajouté à propos de l'instigateur des attentats du 11 Septembre, dont les Américains s'apprêtent à marquer le 10e anniversaire.
Barack Obama se rendra jeudi à New York, à Ground Zero, sur le site des tours jumelles détruites, pour rencontrer des familles de victimes du 11-Septembre.
Dans la soirée, M. Obama a appelé les élus américains à se servir de la mort de Ben Laden pour surmonter leurs différends et raviver l'unité qui avait prévalu juste après les attentats du 11-Septembre.
L'annonce de la mort de l'homme le plus recherché au monde a provoqué une vague de joie aux Etats-Unis, où des milliers de personnes se sont spontanément rassemblées en pleine nuit dans les grandes villes du pays, notamment sur les lieux des attentats du 11 Septembre et devant la Maison Blanche.
A Dearborn, une ville du Michigan (nord) qui abrite l'une des plus grandes communautés musulmanes des Etats-Unis une foule s'est rassemblée aux cris de "USA! USA!" devant la mairie pour saluer la mort du fugitif.
Le principal conseiller du président Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, a assuré que les Etats-Unis "enterreront" Al-Qaïda comme ils ont éliminé Ben Laden.
Rudy Giuliani, maire de New York au moment des attentats, a fait part de sa "satisfaction" et dit savourer la "vengeance" que constitue, selon lui, la mort d'Oussama ben Laden.
L'ancien vice-président américain Dick Cheney, qui a l'habitude de ferrailler contre Barack Obama à propos de sa politique en matière de sécurité, a rendu hommage au locataire de la Maison Blanche après l'annonce de la mort du chef d'Al-Qaïda.
Ben Laden, né en 1957, a été tué à Abbottabad, ville située à environ 80 kilomètres par la route au nord de la capitale pakistanaise Islamabad, dans une villa où il se cachait. Il a été tué d'une balle dans la tête par des membres des forces spéciales de la Marine américaine, les Navy Seals. Le commando était prêt à le capturer vivant s'il avait accepté de se rendre, a assuré un responsable américain.
Quatre autres personnes ont été tuées dans l'opération, mais aucun Américain n'a été blessé, a précisé une autre source, ajoutant qu'aucun prisonnier n'avait été pris.
L'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis a annoncé lundi qu'Islamabad lancerait une "enquête complète" sur les ratés de ses services de renseignement dans leur traque d'Oussama ben Laden.
M. Brennan n'avait pas exclu peu avant que Ben Laden ait pu recevoir l'appui de responsables pakistanais et avait révélé que les Etats-Unis n'avaient rien dit à Islamabad du raid contre le chef d'Al-Qaïda avant sa conclusion dimanche. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a toutefois assuré que la "coopération" du Pakistan avait aidé les Etats-Unis à localiser le chef d'Al-Qaïda.
L'identité d'Oussama ben Laden a été confirmée par une analyse ADN du corps, selon un responsable américain.
Selon le récit d'un autre responsable, les services de renseignements ont localisé en août 2010 la résidence du chef d'Al-Qaïda à Abbottabad. La résidence occupait un terrain "huit fois plus grand que les autres maisons du quartier" et disposait de mesures de sécurité "extraordinaires" avec des murs hauts de 5,5 mètres.
Ben Laden y vivait sans internet ni téléphone. M. Obama a autorisé l'opération vendredi. Le raid, qui se voulait "chirurgical", a duré 40 minutes dans la nuit de dimanche à lundi.
Les minutes qui se sont écoulées pendant le raid ont été "longues comme des jours" pour Barack Obama et son équipe, qui suivaient les opérations en temps réel depuis la Maison Blanche, a raconté un proche conseiller du président.
Le chef d'Al-Qaïda, un de ses fils, deux de ses messagers et une femme ont été tués.
Selon M. Brennan, Ben Laden a utilisé pour se protéger une femme comme "bouclier humain". Le commando était "prêt" à le capturer vivant s'il avait accepté de se rendre, a assuré un responsable américain sous couvert d'anonymat. Mais "il a résisté pendant la fusillade. Par conséquent, les intervenants sur le terrain l'ont tué", a-t-il indiqué.
La dépouille de Ben Laden a été jetée en mer depuis un porte-avions américain croisant au large des côtes pakistanaises, selon un responsable américain, notamment pour éviter qu'une éventuelle tombe devienne un lieu de pèlerinage. Un fonctionnaire américain a assuré que tout avait été fait pour respecter "la tradition musulmane", mais un responsable de la mosquée égyptienne d'al-Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a souligné que l'islam était "totalement contre" l'immersion.
Les avertissements sur de possibles représailles se sont multipliées et plusieurs pays ont renforcé leurs mesures de sécurité.
Les Etats-Unis ont émis un bulletin d'alerte à leurs forces de l'ordre estimant que la nouvelle risquait de déclencher des représailles sur le sol américain et à l'étranger. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, qui a piloté l'opération d'élimination, a averti qu'il était "presque certain" que les partisans de Ben Laden allaient chercher à le venger. Le département d'Etat a appelé les ressortissants américains à la prudence à l'étranger.
La ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a néanmoins précisé qu'aucune menace imminente d'attentat ne planait sur les Etats-Unis et que le pays ne relevait pas son niveau d'alerte.
L'annonce de la mort de Ben Laden a été saluée par la communauté internationale, les capitales occidentales félicitant Washington pour sa "victoire", tout en rappelant que la fin de Ben Laden ne signifiait pas la fin d'Al-Qaïda et de la lutte antiterroriste.
Le président français Nicolas Sarkozy a salué la "détermination" du président Obama face au terrorisme, et les deux présidents sont convenus de poursuivre "le combat juste et nécessaire" contre Al-Qaïda, selon un communiqué de l'Elysée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ont salué lundi un tournant dans la lutte contre le terrorisme.
Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que les opérations militaires de l'Alliance en Afghanistan devaient continuer, alors que le président afghan Hamid Karzaï a appelé les talibans à "cesser le combat".
Mais les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda ont juré de venger Oussama ben Laden, promettant d'attaquer des cibles américaines et le gouvernement d'Islamabad. A Abbottabad, où Ben Laden a été tué, les habitants n'ont pas tardé à émettre des doutes sur la présence et la mort d'Oussama ben Laden chez eux et à dénoncer, comme souvent au Pakistan, une "mise en scène américaine".
La Maison Blanche a affirmé lundi ne pas avoir encore tranché quant à l'opportunité de diffuser des photos de la dépouille d'Oussama ben Laden, une mesure réclamée par des élus du Congrès américain pour servir de preuve face à l'opinion publique mondiale.
Ben Laden trahi par sa méfiance des technologies
Dans un monde où tous ceux qui peuvent se l'offrir ont un téléphone et une connexion internet, la méfiance qu'éprouvait Oussama ben Laden face aux technologies l'aura finalement trahi.
La villa d'Abbottabad, au Pakistan, où le cerveau des attentats du 11-Septembre a été tué dans la nuit de dimanche à lundi n'avait ni liaison téléphone ni connexion internet, selon des responsables américains, ce qui était probablement censé éviter que ses communications soient surveillées.
Mais cet isolement, étonnant dans une demeure par ailleurs luxueuse, a précisément été l'un des indices ayant permis de le retrouver: un haut responsable américain a expliqué lundi qu'il avait été jugé "remarquable" qu'une propriété évaluée à un million de dollars ne soit pas connectée.
"Tout ce que nous avons vu - la sécurité opérationnelle extrêmement sophistiquée (...), l'emplacement et l'organisation de la résidence elle-même, correspondait parfaitement à ce à quoi un refuge de Ben Laden devait ressembler, selon nos experts", a-t-il ajouté, sous couvert de l'anonymat.
Paradoxalement, les services américains ont, eux, déployé leurs moyens les plus sophistiqués pour organiser l'attaque.
"Nous avons utilisé toute la gamme de nos capacités, rassemblant des renseignements avec nos moyens aussi bien humains que techniques, et les soumettant aux analyses les plus rigoureuses de nos plus grands experts gouvernementaux sur Ben Laden et son organisation", a souligné le directeur de la centrale du renseignement (CIA), Leon Panetta.
Parmi les organismes mobilisés, l'Agence de sécurité nationale (NSA), spécialiste des écoutes, et l'Agence nationale du renseignement géospatial (NGA), spécialisée dans l'imagerie par satellite, ont été cités par M. Panetta.
AFP - 03/05/2011 à 08:34
L'Amérique célèbre l'élimination de Ben Laden, mais l'inquiétude demeure
Les Etats-Unis célébraient lundi l'élimination d'Oussama ben Laden par un commando américain près de 10 ans après les attentats du 11-Septembre, mais l'inquiétude restait de mise dans le monde face au risque de représailles.
"Je pense que nous pouvons tous être d'accord pour dire que c'est un grand jour pour l'Amérique", s'est félicité le président Barack Obama lundi en milieu de journée, 12 heures après avoir annoncé au monde l'élimination du chef d'Al-Qaïda.
"Le monde est plus sûr, c'est un endroit meilleur après la mort d'Oussama ben Laden", a-t-il ajouté à propos de l'instigateur des attentats du 11 Septembre, dont les Américains s'apprêtent à marquer le 10e anniversaire.
Barack Obama se rendra jeudi à New York, à Ground Zero, sur le site des tours jumelles détruites, pour rencontrer des familles de victimes du 11-Septembre.
Dans la soirée, M. Obama a appelé les élus américains à se servir de la mort de Ben Laden pour surmonter leurs différends et raviver l'unité qui avait prévalu juste après les attentats du 11-Septembre.
L'annonce de la mort de l'homme le plus recherché au monde a provoqué une vague de joie aux Etats-Unis, où des milliers de personnes se sont spontanément rassemblées en pleine nuit dans les grandes villes du pays, notamment sur les lieux des attentats du 11 Septembre et devant la Maison Blanche.
A Dearborn, une ville du Michigan (nord) qui abrite l'une des plus grandes communautés musulmanes des Etats-Unis une foule s'est rassemblée aux cris de "USA! USA!" devant la mairie pour saluer la mort du fugitif.
Le principal conseiller du président Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, a assuré que les Etats-Unis "enterreront" Al-Qaïda comme ils ont éliminé Ben Laden.
Rudy Giuliani, maire de New York au moment des attentats, a fait part de sa "satisfaction" et dit savourer la "vengeance" que constitue, selon lui, la mort d'Oussama ben Laden.
L'ancien vice-président américain Dick Cheney, qui a l'habitude de ferrailler contre Barack Obama à propos de sa politique en matière de sécurité, a rendu hommage au locataire de la Maison Blanche après l'annonce de la mort du chef d'Al-Qaïda.
Ben Laden, né en 1957, a été tué à Abbottabad, ville située à environ 80 kilomètres par la route au nord de la capitale pakistanaise Islamabad, dans une villa où il se cachait. Il a été tué d'une balle dans la tête par des membres des forces spéciales de la Marine américaine, les Navy Seals. Le commando était prêt à le capturer vivant s'il avait accepté de se rendre, a assuré un responsable américain.
Quatre autres personnes ont été tuées dans l'opération, mais aucun Américain n'a été blessé, a précisé une autre source, ajoutant qu'aucun prisonnier n'avait été pris.
L'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis a annoncé lundi qu'Islamabad lancerait une "enquête complète" sur les ratés de ses services de renseignement dans leur traque d'Oussama ben Laden.
M. Brennan n'avait pas exclu peu avant que Ben Laden ait pu recevoir l'appui de responsables pakistanais et avait révélé que les Etats-Unis n'avaient rien dit à Islamabad du raid contre le chef d'Al-Qaïda avant sa conclusion dimanche. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a toutefois assuré que la "coopération" du Pakistan avait aidé les Etats-Unis à localiser le chef d'Al-Qaïda.
L'identité d'Oussama ben Laden a été confirmée par une analyse ADN du corps, selon un responsable américain.
Selon le récit d'un autre responsable, les services de renseignements ont localisé en août 2010 la résidence du chef d'Al-Qaïda à Abbottabad. La résidence occupait un terrain "huit fois plus grand que les autres maisons du quartier" et disposait de mesures de sécurité "extraordinaires" avec des murs hauts de 5,5 mètres.
Ben Laden y vivait sans internet ni téléphone. M. Obama a autorisé l'opération vendredi. Le raid, qui se voulait "chirurgical", a duré 40 minutes dans la nuit de dimanche à lundi.
Les minutes qui se sont écoulées pendant le raid ont été "longues comme des jours" pour Barack Obama et son équipe, qui suivaient les opérations en temps réel depuis la Maison Blanche, a raconté un proche conseiller du président.
Le chef d'Al-Qaïda, un de ses fils, deux de ses messagers et une femme ont été tués.
Selon M. Brennan, Ben Laden a utilisé pour se protéger une femme comme "bouclier humain". Le commando était "prêt" à le capturer vivant s'il avait accepté de se rendre, a assuré un responsable américain sous couvert d'anonymat. Mais "il a résisté pendant la fusillade. Par conséquent, les intervenants sur le terrain l'ont tué", a-t-il indiqué.
La dépouille de Ben Laden a été jetée en mer depuis un porte-avions américain croisant au large des côtes pakistanaises, selon un responsable américain, notamment pour éviter qu'une éventuelle tombe devienne un lieu de pèlerinage. Un fonctionnaire américain a assuré que tout avait été fait pour respecter "la tradition musulmane", mais un responsable de la mosquée égyptienne d'al-Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a souligné que l'islam était "totalement contre" l'immersion.
Les avertissements sur de possibles représailles se sont multipliées et plusieurs pays ont renforcé leurs mesures de sécurité.
Les Etats-Unis ont émis un bulletin d'alerte à leurs forces de l'ordre estimant que la nouvelle risquait de déclencher des représailles sur le sol américain et à l'étranger. Le directeur de la CIA, Leon Panetta, qui a piloté l'opération d'élimination, a averti qu'il était "presque certain" que les partisans de Ben Laden allaient chercher à le venger. Le département d'Etat a appelé les ressortissants américains à la prudence à l'étranger.
La ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a néanmoins précisé qu'aucune menace imminente d'attentat ne planait sur les Etats-Unis et que le pays ne relevait pas son niveau d'alerte.
L'annonce de la mort de Ben Laden a été saluée par la communauté internationale, les capitales occidentales félicitant Washington pour sa "victoire", tout en rappelant que la fin de Ben Laden ne signifiait pas la fin d'Al-Qaïda et de la lutte antiterroriste.
Le président français Nicolas Sarkozy a salué la "détermination" du président Obama face au terrorisme, et les deux présidents sont convenus de poursuivre "le combat juste et nécessaire" contre Al-Qaïda, selon un communiqué de l'Elysée.
Le Conseil de sécurité de l'ONU et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ont salué lundi un tournant dans la lutte contre le terrorisme.
Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé que les opérations militaires de l'Alliance en Afghanistan devaient continuer, alors que le président afghan Hamid Karzaï a appelé les talibans à "cesser le combat".
Mais les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda ont juré de venger Oussama ben Laden, promettant d'attaquer des cibles américaines et le gouvernement d'Islamabad. A Abbottabad, où Ben Laden a été tué, les habitants n'ont pas tardé à émettre des doutes sur la présence et la mort d'Oussama ben Laden chez eux et à dénoncer, comme souvent au Pakistan, une "mise en scène américaine".
La Maison Blanche a affirmé lundi ne pas avoir encore tranché quant à l'opportunité de diffuser des photos de la dépouille d'Oussama ben Laden, une mesure réclamée par des élus du Congrès américain pour servir de preuve face à l'opinion publique mondiale.
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