vendredi 24 septembre 2010

Inquiétude & Certitudes - vendredi 24 septembre 2010


Vendredi 24 Septembre 2010

Prier…
[1] Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne. La profession de foi de Pierre, au nom des disciples, et fondatrice de l’Eglise, de notre foi, n’est pas de soi le moteur de l’histoire ni celui de notre salut. Ce n’est pas nous qui propageons et sauvons, mais le Christ. Il faut que le Fils de l’homme… Pourquoi ? limites de ce que nous sommes ? Dieu a mis toute la durée du temps dans l’esprit de l’homme, et pourtant celui-ci est incapable d’embrasser l’œuvre que Dieu a faite, du début jusqu’à la fin. Plus que notre finitude, que mes limites, il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel : un temps pour engendrer, et un temps pour mourir. Moment, temps et nous-mêmes sont à Dieu. Qu’est-ce que l’homme pour que tu le connaisses, Seigneur, le fils d’un homme pour que tu comptes avec lui ? Peut-être vais-je commencer de comprendre cette expression qui a toujours été pour moi énigmatique : le Fils de Dieu fait homme ne s’appelle lui-même que le Fils de l’homme, tout en « validant » l’identité que lui reconnaît Pierre. Jésus est fils de tout l’homme par son incarnation. Incarnation qui a permis le procès, la passion et la résurrection, le salut autant qu’une existence de quelques décennies avec les rencontres et l’historicité qui vont avec. Chance qu’est pour nous la mort. En sus de la mienne, j’ai la grâce de vivre entre deux : mon éminent ami, mort, est plus extraordinaire que vivant, car il était si simple de vie et d’abord, de dialogue, le voici maintenant tout puissant dans nos cœurs et notre mémoire, foin de carrière et entièrement d’âme, foin d’intelligence et entièrement de lumière, d’accueil et de transmission. Et voici aussi que celui – moine – qui me toucha tant et m’apprit tant (la formule d’Henri Massis qu’il me rappelle pour la seconde fois, hier après Toujounine en 2001 : l’amitié entre les hommes ou entre hommes, est amitié d’idées, ce qui rehausse plus les idées que les hommes), ce moine sait avouer qu’il ne conçoit pas sa propre mort et pense même que c’est la situation mentale et d’âme de chacun. Ce n’est pas la mienne : avez-vous vu quelqu’un mourir, j’ai dit la mort d’un autre moine, me donnant son dernier regard alors qu’il était dans le coma depuis des heuees, mais il avait attendu que j’ai fini de lire ses propres lettres, à haute voix, pour ne pas aller jusqu’à l’inspiration suivante. Dom M. a vu sa mère mourir, mais il ne le dialogue pas. Ces morts et retrouvailles enjambent quarante… cinquante ans de ma vie. Jésus, cheminant entre ses ennemis et ses amis, enjambait l’éternité et tout le temps. J’arrête et prie. Quelle chance que Dieu soit souverain et non nous. Il est le bouclier qui m'abrite.

matin

Les syndicats plus que satisfaits : trois millions de manifestants, davantage que le 7… le gouvernement conforté, « sensible décélération » du mouvement (reprise du diagnostic d’Eric Woerth sur Europe 1 hier soir, voix d’adolescent ou chef scout pour des choses si graves, et auxquelles tant de gens attachent du sérieux, leur dignité personnelle quand ils manifestent une opinion, leur sort à la retraite car de l’argent dépend tout du niveau de vie à la relation de couple ou parents-enfants-petits-enfants, les désinvoltes et ceux qui souffrent). Côté police, moins d’un million de manifestants. Je crois que la vérité n’est pas entre deux, mais qu’il y a bien eu, peut-être moins de grévistes pour des raisons de fin de mois, mais davantage de manifestants que le 7. Simplement, le gouvernement est en campagne présidentielle, la réforme doit passer absolument pour faire bilan constructif et manière de gouverner en programme de la réélection de Sarkozy. Le triomphe au Parlement, qui aurait donc donné le ton à l’opinion – démocratie d’aujourd’hui « irréprochable »… - sera fêté par le remaniement.

Je suis de plus en plus curieux de voir comment cela va finir. Au quart de point pour le second tour de l’élection en 2012 ? je ne le crois pas, le pays va être labouré de propagande gouvernementale, Sarkozy en est le chef (son commentaire publié à la mi-journée d’hier sur la moindre participation au mouvement social), et en réponse, vont venir en avalanche les affaires, tous ceux qui savent quelque chose professionnellement mais sont tellement écoeurés que le devoir de dire va passer au-dessus du devoir de réserve, vont déballer, comme jamais vu en France. Sans compter que nos politiques en Afrique et pro-Israël vont continuer de faire prétexte à attentats et enlèvements, autant de banderilles essoufflant le taureau et empêchant une communication univoque et « sereine ». La pièce est jouée mais le texte et l’heure du baisser de rideau ne me sont pas connus.

midi

Je suis autant que je peux l’affaire de l’enlèvement des cinq Français et des deux Africain et Malgache au Niger. En situation de contrainte, le régime évolue… Sarkozy consulte, agit en collège, quatre réunions déjà du conseil de Défense. Fillon consent à informer l’opposition et les chefs des élus de celle-ci en tant que telle. On n’est plus bannière au vent, la volonté de négocier est affichée, en fait on est dominé.

soir

Autonomie des deux fronts. Martine Aubry avait tout à fait raison hier en début de manifestation de la Bastille à la République, de dire que le PS et les oppositions de gauche sont « derrière les syndicats et les Français ». C’est un fait… 62% des Français ne croient pas que le PS reviendra sur les 62 ans, nouvel âge légal de la retraite, ce qui signifie bien qu’ils n’attendent pas en 2012 une rupture avec le sarkozysme si les socialistes l’emportent : expérience de 1997, il est vrai ouverte dans l’imprévu alors que 1981 avait été le fruit d’une longue attente que s’ouvre l‘alternative. Et puis la question des primaires : si elles sont transparentes, elles seront désordonnées et de dénouement peut-être inattendu, mais une entente par avance DSK-Aubry comme a déjà été actée l’entente Royal-Aubry déplaît. Enfin, quelle ligne ? Hamon la dit commune avec Besancenot et se fait taper sur les doigts. La politique n’est pas déterminée, tandis que le social : si. Les affirmations gouvernementales depuis hier midi sur la décélération des manifestations et des grèves ne sont nullement conclusives, elles ont provoqué aujourd’hui le scandale et c’est vêcu à la tête des syndicats comme du mépris plus que comme du mensonge. Défi relevé habilement : manifestation un jour de congé, le samedi 2 et un jour ouvré, le mardi 12. Villepin et Bayrou s’agitent mais confirment que le politique, dans l’affaire, est artificiel : on revient aux sources de la politique qui n’est pas le débat entre partis sur quelque scène que ce soit, plus ou moins arrangée, mais entre gouvernants et gouvernés : comment s’opposer à une loi qui déplaît ou qui est injuste, comment participer à la décision ? grèves, manifestations et sans doute leur exaspération qui une fois commencée échappera à tout le monde, syndicalistes compris.

Je suis heureux de cette possible radicalisation que remettrait les choses dans le concret : conflit de forces et d’intérêts, incapacité du gouvernement à faire consensus et à écrire quelque chose d’équitable et désintéressé tant en termes de clientèle du moment que de brigue d’un nouveau mandat.

[1] - Ecclésiaste III 1 à 11 ; psaume CXLIV ; évangile selon saint Luc IX 18 à 22

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