Jeudi 15 Juillet 2010
Prier… [1] l’Eglise nous met en vacances avec une lecture continue de l’évangile de sant Matthieu mais en forme de distillation d’un aphorisme seulement par jour. Il est vrai que chacun est de poids, la Trinité hier et aujourd’hui l’humilité de Dieu et notre avidité éperdue de repos enfin… Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger. Le Christ suggère de changer de fardeau ou d’en prendre un de plus. Surcharge ou délestage. Discernement de ce qui nous alourdit, nous empêche, nous tue d’épuisement. Comment n’en être pas là, souvent ? tout le temps ? Seigneur, tu nous assureras la paix, car même ce que nous entreprenons, c’est toi qui l’accomplis pour nous. Rentrés tard du feu d’artifice et du Fest Noz sur la plage océanique, notre fille et moi nous contentons d’un signe de croix et de deux demandes pour la prière du soir, je suis debout devant son lit et elle éclate de rire car après avoir tracé le signe de croix à notre corps chacun, j’ai joint les deux mains tant j’ai à dfemander : elle ne me l’avait jamais vu faire mais elle a compris alors que je rassemblais… et je lui ai dit… il se tournera vers la prière du spolié, il n’aura pas méprisé sa prière.
matin
Pathétique non pour le ministre ni pour l’ensemble du système triomphant et avoué depuis Mai 2007, mais pour notre pays gaspillant discernement et énergie, possibilités de consensus… tous les registres y sont, avec tous les oublis que l’un des thèmes traités fabrique pour les autres. Ainsi, Sarkozy a reçu notre foot-balleur le plus titré, juste avant que celui-ci ne passe aux Etats-Unis y jouir d’émoluments et autres analogues à un passage de fonds et de comptes en Suisse… et ce matin, c’est le beau-père de Woerth qui vient défendre fille et gendre (propprio motu ? ou qui le lui a inspiré, alors qu’il prétend que depuis son bac, jamais a fille ne l’a consulté). Argument : l’éducation reçue, au premier rang des valeurs … « la réussite personnelle », ensuite « l’honnêteté et la rigueur ». Le registre people n’est pas seulement l’exhibition mais la « corde sensible », et surtout beaucoup de lapsi. Tout cela tandis que de plus en plus de gens versent vers la précarité, le sous-minimum social et que – nous comme d’autres – ne savons plus comment payer dettes ou factures courantes d’eau, d’électricité, d’assurances. – Les multiples photos. pour l’unité défilé de notre 14-Juillet franco-africain sur le sens duquel on se perd… Sarkozy au contraire aurait dû se déplacer, devrait se déplacer à chacun des cinquantenaires, Etat par Etat, cela ne dépasse tout de même pas la quinzaine. Donc photo. du baise- main donné par le président de la République à sa troisième épouse, elle-même polygame notoire.
Pour s’en sortir, Sarkozy devrait d’abord changer le gouvernement, puis aller à la dissolution – en faisant porter celle-ci sur les retraites, et celle-ci gagnée avec une réforme élargie à l’ensemble des rapports des Français et de leur Etat avec l’argent et l’endettement et les signes extérieurs (libidineux) de richesse, il a un second mandat présidentiel apaisant. Le changement de gouvernement simplissime : réunir sa majorité et non pas acheter des gens dont le ralliement prouve qu’ils n’avaient ou pas de convictions ou pas de discernement. Lagarde à Matignon avec les retraites et les déficits à traiter en cumulant comme Barre ses fonctions nouvelles de Premier ministre et le ministère des Finances. Un ministre de l’Economie distinct couvrant l’Industrie, etc. Villepin se verrait proposer le retour au Quai d’Orsay, Juppé aurait ce grand ministère de l’Economie avec aussi l’Ecologie et les Transports, en même temps donc que l’Industrie et le Commerce extérieur, la démultiplication seulement par des secrétaires d’Etat, retour de Martin Hirsch avec les Affaires sociales y compris la Santé, et aidant à l’équité de la réforme des retraites. A l’Intérieur et à la Sécurité, un non-politique, mais un grand préfet. Parvenir à un chiffre fort : la dizaine de ministres, à la collégialité pas seulement prétendue (quoi qu’elle ne le soit plus du tout depuis le début de ce mandat présidentiel) mais vêcue.
Relations avec l’opposition, plus d’arguments simplistes, plus d’artifices de procédure pour que les commissions d’enquête soient reportées de date et que les nominations soi-disant à l’approbation parlementaire soit en réalité le seul fait de l’Elysée. Rendez-vous tranquille et franc avec Martine Aubry tous les mois et communiqué commun sur les accords et désaccords.
Et si possible le retour à une position de hauteur et d’arbitrage pour lui-même, le silence médiatique imposé à Guéant, Guaino et Soubie. – Une France qui respire, l’étonnement que la démocratie puisse être possible et agréable à tous, quels que soient les rôles.
François Fillon dans un temps de désert pour deux ans ou pour sept ans, selon les circonstances, les accidents de santé et pour que l’opinion sache qui il est – celui qui a tout toléré au point que le système de 2007 à aujourd’hui a pu s’établir et se verrouiller ? quelqu’un de mieux monté idéologiquement et donc encore plus extrême parce que tout à fait conséquent et sans la moindre démagogie ? quelqu’un qui a su faire de Matignon un lieu dont aucune rumeur ne filtre. Il pourrait d’ailleurs faire de l’international en étant l’alter ego du président français dans la présidence du G 20.
J’imagine tout cela qui rendrait la main au prince régnant, et l’initiative. Sinon, le scenario probable va être la défection d’âme et d’intelligence d’une grande partie de sa majorité, le lâchage de la part morale de son électorat de 2007, l’imprévisibilité de la rue si la réforme des retraites n’est pas fondée sur l’écoûte, la sincérité (laquelle doit davantage porter sur les situations sociales que sur les comptes) et l’équité, l’imprévisibilité enfin de 2012 où l’on pourrait assister à une première : le sortant exclu du second tour.
Avertisseurs… Jean Arthuis et la fiscalité, Alain Juppé et les mœurs gouvernementales sinon présidentielles, Jean-Pierre Raffarin pour une vue « cavalière » des trois ans déjà écoulés. Dominique de Villepin, tant que l’affaire Clearstream reste pendante juridictionnellement.
Affaire Woerth… tout simplement un indicateur du dérèglement des mœurs et de l’assoupissement des consciences. Certainement non prévaricateur et non recéleur, peut-être même de bonne foi, le ministre – à force de position privilégiée et protégée de fait depuis des années (comme d’autant d’autres au niveau national ou local) a perdu le sens de ce qui se fait et ne se fait pas, le discernement de ce qui est imprudent et raisonnable. Jacques Chirac n’avait plus ce sens depuis qu’il avait quitté Matignon en 1976 puisque chacun lui faisait croire qu’il avait un rôle messianique à jouer pour débarrasser la France de VGE et restaurer le gaullisme dont il avait été témoin dans la période testamentaire (1967-1969) mais auquel il a été manifeste pendant quarante ans qu’il n’avait jamais rien compris ; il s’est d’autre part mal conduit pour l’achat de son château en Corrèze et pour se faire héberger par des étrangers à sa retraite, il a probablement du sang sur les mains pour protéger son fils japonais (ce que n’a jamais eu François Mitterrand à propos de Mazarine). Eric Woerh risque d’avoir du sang sur le mains, le sien, s’il craque psychologiquement. Bien entendu, un couple dangereux puisque lui et son beau-père s’accordent sur le tempérament de Florence qui ne communique sur ses propres orientations, et qui doit aimer l’argent.
Quant à l’affaire Bettencourt, elle a été racontée par Balzac puis par Zola puis par Druon. Par elle, est arrivée l’affaire Woerth. Le régime aurait pu être révélé dans ses conséquences déplorables – le sans-gêne des personnes relativement aux souffrances des Français et à l’importance des fonctions dévolues par la République pour que quelques-uns remédient aux problèmes de beaucoup – par d’autres affaires. Ce sont celles-là. Elles ne sont qu’humaines : les relations magistrature assise et parquet à Versaille, ou entre les défenseurs des deux parties.
Quand s’est perdu le discernement moral, quand s’affaisse la prudence politique, plus rien ne va. C’était engagé depuis des années, cela s’avère aujourd’hui.
[1] - Isaïe XXVI 7 à 19 ; psaume CII ; évangile selon saint Matthieu XI 28 à 30
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