dimanche 28 août 2022

l'homologue d'Emmanuel Macron : l'algérien de bientôt 77 ans, le président Abdelmajid Tebboune

 

wikipédia à jour au 7 juillet 2022

Abdelmadjid Tebboune

Abdelmadjid Tebboune
عبد المجيد تبون
ⵄⴱⴷⵍⵎⴰⴵⵉⴷ ⵜⴱⴱⵓⵏ

Illustration.
Abdelmadjid Tebboune en 2021.

Fonctions

Président de la République algérienne démocratique et populaire

En fonction depuis le 19 décembre 2019
(2 ans, 8 mois et 8 jours)

Élection

12 décembre 2019

Premier ministre

Sabri Boukadoum (intérim)
Abdelaziz Djerad
Aïmene Benabderrahmane

Prédécesseur

Abdelkader Bensalah (intérim)
Abdelaziz Bouteflika

Ministre de la Défense nationale

En fonction depuis le 19 décembre 2019
(2 ans, 8 mois et 8 jours)

Président

Lui-même

Premier ministre

Sabri Boukadoum (intérim)
Abdelaziz Djerad
Aïmene Benabderrahmane

Gouvernement

Bedoui
Djerad I, II et III
Benabderrahmane

Prédécesseur

Ahmed Gaïd Salah (vice-ministre)
Abdelaziz Bouteflika

Premier ministre d'Algérie

25 mai15 août 2017
(2 mois et 21 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Gouvernement

Tebboune

Prédécesseur

Abdelmalek Sellal

Successeur

Ahmed Ouyahia

Ministre du Commerce
(intérim)

19 janvier25 mai 2017
(4 mois et 6 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Premier ministre

Abdelmalek Sellal

Gouvernement

Sellal IV

Prédécesseur

Bakhti Belaïb

Successeur

Ahmed Saci

Ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la VilleN 1

3 septembre 201225 mai 2017
(4 ans, 8 mois et 22 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Premier ministre

Abdelmalek Sellal
Youcef Yousfi (intérim)

Gouvernement

Sellal I, II, III et IV

Prédécesseur

Noureddine Moussa

Successeur

Youcef Cherfa

Ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme

31 mai 20014 juin 2002
(1 an et 4 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Chef du gouvernement

Ali Benflis

Gouvernement

Benflis II

Prédécesseur

Abdellah Bounekraf

Successeur

Mohamed Nadir Hamimid

Ministre délégué aux Collectivités locales

26 juin 200031 mai 2001
(11 mois et 5 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Chef du gouvernement

Ali Benflis

Gouvernement

Benflis I

Prédécesseur

Noureddine Kasdali (indirectement)

Successeur

Dahou Ould Kablia

18 juin 199122 février 1992
(8 mois et 4 jours)

Président

Chadli Bendjedid

Chef de l'État

Mohamed Boudiaf
(président du Haut Comité d'État)

Chef du gouvernement

Sid Ahmed Ghozali

Gouvernement

Ghozali I et II

Prédécesseur

Benali Henni

Successeur

Ahmed Noui (secrétaire d'État)

Ministre de la Communication et de la Culture

23 décembre 199926 juin 2000
(6 mois et 3 jours)

Président

Abdelaziz Bouteflika

Chef du gouvernement

Ahmed Benbitour

Gouvernement

Benbitour

Prédécesseur

Abdelaziz Rahabi

Successeur

Mahieddine Amimour

Wali de Tizi Ouzou

26 juillet 198918 juin 1991
(1 an, 10 mois et 23 jours)

Prédécesseur

Ahmed El Ghazi

Successeur

Mostefa Benmansour

Wali de Tiaret

13 mai 198426 juillet 1989
(5 ans, 2 mois et 13 jours)

Prédécesseur

Mohamed Seghir Hamrouchi

Successeur

Rabah Boubertakh

Wali d'Adrar

30 janvier 198313 mai 1984
(1 an, 3 mois et 13 jours)

Prédécesseur

Abdelkrim Bouderghouma

Successeur

Abdelmalek Sellal

Biographie

Date de naissance

17 novembre 1945 (76 ans)

Lieu de naissance

Méchria (Algérie)

Nationalité

Algérienne

Parti politique

FLN (à partir des années 1970)

Diplômé de

ENA d'Alger

Profession

Haut fonctionnaire

Religion

Islam sunnite

Résidence

Palais d'El Mouradia (Alger)


Abdelmadjid Tebboune

Premiers ministres d'Algérie
Présidents de la République algérienne démocratique et populaire

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Abdelmadjid Tebboune (en arabe : عبد المجيد تبون, en tamazight : ⵄⴱⴷⵍⵎⴰⴵⵉⴷ ⵜⴱⴱⵓⵏ), né le 17 novembre 1945 à Méchria (Algérie), est un homme d'État algérien. Il est président de la République algérienne démocratique et populaire depuis le 19 décembre 2019.

Haut fonctionnaire de carrière, membre du Front de libération nationale (FLN), il est ministre dans plusieurs gouvernements et Premier ministre du 25 mai au 15 août 2017.

Candidat indépendant tout en siégeant au comité central du FLN, qui ne le soutient pas officiellement, il remporte au premier tour l'élection présidentielle de 2019, qui est marquée par une abstention record. Le début de son mandat voit se poursuivre les manifestations massives du Hirak et il doit ensuite gérer la pandémie de Covid-19.

Situation personnelle

Famille

Abdelmadjid Tebboune naît le 17 novembre 1945 à Méchria1, dans l'actuelle wilaya de Naâma, en Algérie, alors départements français. Issu d'une famille originaire de la commune de Boussemghoun, actuellement dans la wilaya d'El-Bayadh, située dans la région des Hautes Plaines steppiques du Sud-Ouest algérien2. Son père est un cheikh membre de l'Association des oulémas musulmans algériens3 et également un militaire. Sa mère est une paysanne4. Marié à Fatima Zohra Bella5, il a cinq enfants : Saloua, Maha, Salaheddine Ilyes, Mohamed et Khaled6 (emprisonné pour corruption en juin 2018 7,8 et acquitté en février 20209).

Formation

Il est diplômé de l'École nationale d'administration en 1969 (2e promotion, « Larbi Ben M'Hidi », section économique et financière)10.

Carrière professionnelle

Abdelmadjid Tebboune commence sa carrière en 1969 comme administrateur stagiaire11, puis administrateur en 197212 dans la wilaya de la Saoura. À cette époque, il prend sa carte au Front de libération nationale (FLN)13.

Il est successivement secrétaire général de la wilaya de Djelfa (1975-1976), de la wilaya d'Adrar (1977-1979), de la wilaya de Blida (1979-1982) et de la wilaya de M'Sila (1982-1983)14,15.

Par la suite, il est wali d’Adrar (1983-1984)16, de Tiaret (1984-1989)17 et de Tizi Ouzou (1989-1991)18.

Parcours politique

Ministre

En juin 1991, Abdelmadjid Tebboune devient ministre délégué chargé des Collectivités locales auprès du ministre de l'Intérieur, dans le gouvernement Ghozali I19. Il quitte le gouvernement en 1992.

Il est rappelé par le président Abdelaziz Bouteflika en 1999 au poste de ministre de la Communication et de la Culture20 dans le gouvernement Benbitour, portefeuille qu'il n'occupera que 6 mois, avant qu'il soit rappelé une 2e fois au poste de ministre délégué chargé des Collectivités locales21 pour le remaniement des walis.

En 2001, le président le nomme ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme22 au sein du gouvernement Benflis II, une fonction qu’il occupe jusqu'en 2002.

Il représente le président Abdelaziz Bouteflika dans plusieurs missions à l'étranger (en Iran, en Syrie) après son départ du gouvernement[réf. nécessaire]. À cette époque, il est cité dans l'affaire Khalifa23.

Le 3 septembre 2012, il est nommé ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme24 dans le Gouvernement Sellal I. Il est ensuite nommé ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville dans les gouvernements Sellal II, Sellal III, et Sellal IV.

Le 19 janvier 2017, après la mort de Bakhti Belaïb, il est nommé ministre du Commerce à titre intérimaire25.

Premier ministre

Le 24 mai 2017, considéré comme un proche du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah26, il est nommé Premier ministre, succédant à Abdelmalek Sellal, qui était à la tête du gouvernement depuis 201227. Le gouvernement est formé le 25 mai28.

Abdelmadjid Tebboune est remplacé par l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia le 15 août 201729. Sa volonté de restreindre les importations, de lutter contre la corruption, en mettant en place une inspection générale au sein de la primature et en chargeant ses ministres de « faire le point au sujet des marchés publics » passés par l'ancien gouvernement30, et, selon la présidence, son « harcèlement contre les hommes d'affaires » sont évoqués pour expliquer son limogeage31. En juillet, le gouvernement avait ainsi adressé une série de mises en demeure à plusieurs grandes entreprises algériennes ou étrangères adjudicataires de gros marchés publics d'infrastructure, menaçant de résilier les contrats pour les chantiers en retard. Parmi ces entreprises figurait notamment ETRHB, une entreprise des travaux routiers, hydrauliques et bâtiments, propriété d'Ali Haddad, chef du Forum des chefs d'entreprises (FCE), organisation patronale, et proche de Saïd Bouteflika, frère du chef de l'État32. Il est ensuite assigné à résidence jusqu'en 20193.

Ces mesures lui valent néanmoins de bénéficier d'une popularité auprès de l'opinion publique33. Il est alors cité comme possible successeur de Bouteflika34.

Élection présidentielle de 2019

Le 26 septembre 2019, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de décembre, repoussée pour la deuxième fois dans le cadre des manifestants du Hirak, qui a conduit à la démission d'Abdelaziz Bouteflika35.

Se présentant comme le « candidat du peuple », Abdelmadjid Tebboune affirme que les revendications des protestataires ne peuvent être satisfaites « sans un président élu et légitime ». Il promet une réforme de la Constitution et de la loi électorale, de même que l'instauration de la « démocratie véritable » au niveau local et national36. Il souhaite la récupération par l'État des prêts contractés par des entreprises et jamais remboursés aux banques étatiques. Candidat indépendant, il reste cependant membre du comité central du FLN37.

Contesté par les manifestants38, il est accusé par ses détracteurs d'être le « candidat de l'armée » et d'être mêlé à l'affaire Khalifa, dans laquelle il est cité ; il se dit favorable à la réouverture du dossier39. En novembre 2019, il fait face à la démission de son directeur de campagne et de la révélation par le journal Ennahar, réputé proche du pouvoir, de ses liens avec l'homme d'affaires Omar Aliat, actuellement en prison40. À l’approche du scrutin, en l'absence d'enquêtes d'opinion, les médias indiquent qu'il a perdu son statut de favori, Azzedine Mihoubi ayant reçu le soutien de nombreux proches du régime41.

Le 12 décembre, après une campagne perturbée par des manifestations importantes jusqu'au jour même de l'élection42, Abdelmadjid Tebboune est élu par 58,1 % des suffrages exprimés au premier tour, avec une abstention record (60,1 % des inscrits)43. Les chiffres sont par ailleurs jugés « douteux » par des analystes44. Le jour même, conspué par les partisans du Hirak, il est qualifié de « président cocaïne » en référence à l'affaire mêlant son fils45. Lors de sa première conférence de presse après son élection, Abdelmadjid Tebboune déclare tendre la main au Hirak et prône le dialogue46.

Président de la République

Investiture

Abdelmadjid Tebboune devient président de la République algérienne démocratique et populaire et prête serment le 19 décembre 201947. Le professeur Abderrahmane Mebtoul estime qu'il a « une lourde responsabilité de rétablir la confiance brisée entre l'État et les citoyens »48. Le sociologue Nacer Djabi indique qu'il démarre « avec un grand handicap de légitimité » et que « même si le scrutin n'est pas falsifié, les Algériens n'ont plus confiance »3. Premier président de l'Algérie à ne pas être issu des rangs des anciens combattants de la guerre d'indépendance, il est en outre le président le plus âgé en début de mandat49.

Premières mesures

Abdelmadjid Tebboune en 2019.

À l'issue de sa prestation de serment, le nouveau président salue le Hirak et déclare que « la grande réussite est le fruit du mouvement populaire initié par notre peuple qui a refusé, grâce à sa conscience, l'effondrement de l’État et de ses institutions », renouvelle son appel au dialogue et promet de réaliser ses revendications « dans le cadre d'un consensus politique et les lois de la République »47,50. Il demande à être dispensé du prédicat « excellence » afin de rompre avec l'usage exacerbé de cette formule durant les mandats d'Abdelaziz Bouteflika, terme devenu impopulaire et motif de contestation51. Lors la cérémonie, il décore de la médaille de l'ordre du Mérite national, au rang « Sadr », Abdelkader Bensalah et Ahmed Gaïd Salah52. Il est décoré du même rang par Abdelkader Bensalah53.

Le jour même, Abdelmadjid Tebboune accepte la démission de Noureddine Bedoui et désigne Sabri Boukadoum comme Premier ministre par intérim tout en chargeant le gouvernement en place de gérer les affaires courantes dans l'attente de la nomination d'un nouveau chef du gouvernement. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur Salah Eddine Dahmoune est limogé de ses fonctions alors qu'il avait défrayé la chronique en tenant des propos insultants à l'égard des manifestants du Hirak54.

Le 20 décembre 2019, il nomme Noureddine Ayadi directeur de cabinet et Mohammed Amine Messaïd secrétaire général de la présidence de la République ; ce dernier avait occupé le poste de directeur de sa campagne électorale. Par ailleurs, Bouakkaz et Amrouche sont respectivement nommés directeur général du protocole et secrétaire particulier du président de la République55.

Lors de son premier déplacement officiel en Algérie, le 22 décembre, il annonce la création d'un ministère chargé des start-up et de la microentreprise ainsi que d'une banque devant accompagner les porteurs de ces projets. Il ordonne également la réouverture des aérogares inexploitées à travers le pays56,57.

Le 26 décembre, il préside une réunion du Haut conseil de sécurité, où « la situation dans la région, notamment au niveau des frontières avec la Libye et le Mali » est examinée. Il décide que le Haut Conseil de sécurité sera réuni de manière périodique, à chaque fois que la situation l'impose58.

Deux jours plus tard, le 28 décembre, il nomme Abdelaziz Djerad à la fonction de Premier ministre et le charge de former un nouveau gouvernement59. Le lendemain, le 29 décembre, il nomme Belaïd Mohand Oussaïd ministre conseiller à la Communication, porte-parole de la présidence de la République60.

Au début de l'année 2020, alors que le Hirak se poursuit, des maires de communes de la wilaya de Béjaïa membres du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) refusent d'accrocher le portrait officiel de Tebboune61.

Politique institutionnelle

Le 28 décembre 2019, il reçoit Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement, avec qui il s’entretient au sujet des « bases de la nouvelle République »60. Le 9 janvier 2020, il reçoit Abdelaziz Rahabi « pour échanger et écouter son appréciation de la situation actuelle et sa vision de l’avenir »62. Cette rencontre entre dans le cadre des consultations sur la révision de la Constitution63. Le 13 janvier, il reçoit l'ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche et se rend chez l'ancien ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi64. Le 14 janvier, il reçoit l'opposant Soufiane Djilali65 et Karim Younes66. Le 15 janvier, il reçoit le moudjahid Youcef Khatib67 et le président de l'Association des oulémas musulmans algériens, Abderrazak Guessoum68. Le 8 janvier 2020, il met en place une commission d'experts de 17 membres — dont une majorité de professeurs de droit constitutionnel69 — chargés d'émettre des propositions pour une nouvelle Constitution70. Il trace sept axes principaux autour desquels la commission doit mener sa réflexion, notamment la conservation du bicamérisme71. À l’issue de ces deux mois, la proposition de la commission doit faire l'objet d'un dialogue puis être adoptée par le Parlement et soumise à référendum72.

Le 7 mai 2020 est publié l'avant-projet de révision de la Constitution. Critiqué pour ne pas remettre en cause le régime hyperprésidentiel73, il prévoit que le chef du gouvernement ait plus de prérogatives et soit « responsable devant l'Assemblée, qui pourrait le renverser par une motion de censure », le remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle ou encore la limitation du mandat de député à une réélection74. Par ailleurs, le Hirak serait inscrit en préambule de la Constitution et l'armée explicitement autorisée à participer à des théâtres d'opération à l'étranger. Enfin, l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) est constitutionnalisée, le tiers présidentiel du Conseil de la nation supprimé et la possibilité de légiférer par ordonnance durant les vacances parlementaires abrogée75. Dans l'esprit de la Constitution algérienne de 1989, le texte propose également un renforcement des droits et libertés publiques, ainsi que l'abrogation de l'article limitant la participation des binationaux à la vie politique, et qui les exclut des postes de hauts responsables et de diplomates76.

D'autres propositions d'amendements peuvent être proposés à la commission d'ici au 20 juin. Ensuite, le projet sera examiné au Parlement avant la convocation du référendum, cette dernière option pouvant aussi se faire sans passer par l'examen des parlementaires77. Le 15 juin, il reçoit l'ancien président Liamine Zéroual au siège de la présidence78.

En juin 2020, pour pourvoir les postes laissés vacants, il nomme 15 membres du tiers présidentiel au Conseil de la nation79,80,81. Le 23 juin, il reconduit le Premier ministre et la plupart des ministres sortants. De nouvelles personnalités sont nommées au gouvernement, notamment aux portefeuilles de l'Énergie et des Finances82. Le gouvernement est remanié à la suite de la pandémie de Covid-19 et afin d'endiguer ses conséquences économiques, des titulaires plus techniques sont nommés83.

Le référendum sur la révision constitutionnelle se tient le 1er novembre 2020. Il est approuvé par 66,80 % des suffrages exprimés, un résultat grevé par un taux de participation de 23 % et un nombre de bulletins blancs et nuls totalisant un votant sur dix. Le résultat est validé par le Conseil constitutionnel, et le décret d'application de la nouvelle Constitution est signé par Abdelmadjid Tebboune le 30 décembre 202084.

Le 18 février 2021, après la tenue de consultations avec six partis en l'absence du FLN et du RND, il annonce la dissolution de l'Assemblée populaire nationale, alors que des élections législatives étaient prévues en 2022, ainsi qu’un deuxième remaniement ministériel dans les 48 heures maximum85,86.

L'historien Jean-Pierre Filiu considère néanmoins que Saïd Chengriha est le véritable « homme fort » du pays, avant le président Abdelmadjid Tebboune. Selon lui, le chef d’état-major de l’armée n’a pas hésité à brider le président Tebboune, qui, après avoir annoncé en février un remaniement gouvernemental, n'est parvenu à changer ni le Premier ministre, ni les titulaires des portefeuilles régaliens87.

Poursuite du Hirak et question des libertés

En février 2020, à l'approche de l’anniversaire du déclenchement des manifestations le 22 février 2019, le président Abdelmadjid Tebboune déclare que « le Hirak est un phénomène salutaire » et qu’il « n'a rien à lui reprocher », ajoutant que « ce mouvement populaire a épargné au pays une catastrophe ». Il décrète que le 22 février sera désormais fêté tous les ans en tant que « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie »88. Les 21 et 22 février 2020, les manifestations réunissent un très grand nombre de personnes89,90.

Dans le cadre de la pandémie de coronavirus, le président de la République annonce, le 17 mars 2020, « l’interdiction des marches et des rassemblements, quels que soient leurs motifs », expliquant qu'il ne s'agit pas d'« une atteinte aux libertés », mais d’« une mesure de protection de la santé publique »91. Les organisateurs avaient peu avant décrété la suspension des marches92. Le vendredi 20 mars, aucune marche, aucun rassemblement n'est constaté93. Amnesty International estime qu’au moment « où tous les regards, au niveau national et international, scrutent la gestion de la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes consacrent du temps à accélérer les poursuites et les procès contre des militants, des journalistes et des partisans du mouvement du Hirak ». Le journaliste Akram Belkaïd, du Quotidien d'Oran, indique : « Des journalistes et des militants pour la démocratie sont enfermés sous des motifs aussi divers et variés alors qu'en réalité, c'est juste l'expression d'opinions pacifiques qui leur vaut châtiment. Ces initiatives liberticides relèvent du même objectif qui est de faire taire les Algériens et de leur signifier que les cinquante-six semaines du Hirak n'étaient qu'une parenthèse »94.

Le 1er mars 2020, Abdelmadjid Tebboune déclare, au sujet de l'emprisonnement de plusieurs journalistes, dont Khaled Drareni, et de la censure des médias Radio-M, Maghreb émergent et Interlignes : « Il y a 8 000 journalistes et, pour trois ou quatre d'entre eux qui ne font pas partie de la presse nationale mais de la presse étrangère, financée par l'étranger, il y a eu tout un boucan autour d'atteintes à la liberté de la presse. Nous parlons de souveraineté nationale. Ils ramènent des financements étrangers pour casser des institutions. Quels sont les pays développés, les pays démocratiques qui acceptent cela […] ? Pourquoi devrions-nous l'accepter ? »94. Malgré un dossier vide95, le 15 septembre 2020, journée internationale de la démocratie, Khaled Drareni est condamné en appel à deux ans de prison ferme96.

Peu après le début de son mandat, des lois criminalisant la diffusion de « fausses nouvelles » et les « discours de haine » sont adoptés de manière expéditive. L'historienne Karima Direche indique : « La pandémie est du pain bénit pour le pouvoir en place qui bénéficie d'une chance insolente. La période de confinement se prête à l'acharnement policier et judiciaire. Ce qui explique les dizaines d'arrestations de personnes connues et inconnues dans toutes les villes d'Algérie. Les détentions et les jugements prouvent encore une fois que le pouvoir judiciaire est totalement inféodé à l'exécutif ». Akram Belkaïd estime pour sa part que « c'est le retour à l'ordre de fer, le même qui, dans les années 1970, imposait à toutes les Algériennes et tous les Algériens de la boucler et de filer droit »97. Un nouveau code pénal, permettant de poursuivre des militants, est ainsi adopté durant le confinement98.

Le 2 juillet 2020, à l'approche de la fête de l'indépendance, les opposants Karim Tabbou, Amira Bouraoui et Amir Belarbi sont remis en liberté provisoire99.

Le 18 février 2021, alors que quelque 70 personnes sont emprisonnées en lien avec le Hirak ou les libertés individuelles selon le Comité national pour la libération des détenus, Abdelmadjid Tebboune déclare que le Hirak « a sauvé l'Algérie » et annonce qu’il accorde la grâce « à une trentaine de personnes pour lesquelles une décision de justice avait été rendue ainsi qu'à d'autres pour lesquelles aucun verdict n'a été prononcé », soit au total une soixantaine de personnes. Le lendemain, la Cour d'appel décide de libération conditionnelle du journaliste Khaled Drareni et de l’homme politique Rachid Nekkaz100,101.

D’une façon générale, sous la présidence d'Abdelmadjid Tebboune, les voix dissidentes ou les critiques font régulièrement l'objet par les autorités, au travers de communiqués ou de déclarations, d'accusations de « complots » qui seraient fomentés par des « parties hostiles à l'Algérie », organisés et soutenus depuis ou par des pays étrangers, sans que ces accusations, souvent vagues et imprécises, soient rarement plus explicites102,103.

Relations internationales

Dans un contexte régional marqué par la guerre en Libye, l'Algérie retrouve une place sur ce dossier104. Abdelmadjid Tebboune reçoit plusieurs chef d'États et ministres des Affaires étrangères de pays impliqués dans la crise105,106,107,108,109,110. Abdelmadjid Tebboune participe à la conférence de Berlin sur la Libye le 19 janvier 2020111.

Le 27 mai, au lendemain de la diffusion de deux documentaires controversés sur le Hirak sur France 5 et LCP, le gouvernement algérien rappelle son ambassadeur à Paris112.

  • Avec Níkos Déndias, ministre grec des Affaires étrangères (février 2020).

    Avec Níkos Déndias, ministre grec des Affaires étrangères (février 2020).

  • Avec Mark Esper, secrétaire à la Défense des États-Unis (octobre 2020).

    Avec Mark Esper, secrétaire à la Défense des États-Unis (octobre 2020).

Politique mémorielle

Le 7 mai 2020, Abdelmadjid Tebboune décrète le 8 mai « journée de la mémoire » des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata de 1945113.

Le président algérien félicite ensuite la décision de la France, présidée par Emmanuel Macron, de restituer les crânes de 24 moudjahidine décapités par les forces françaises lors de la colonisation de l'Algérie114. Dans un entretien accordé le 4 juillet 2020 à France 24, le président algérien voit en cette restitution l'occasion d'aller « loin dans l’apaisement, dans le règlement du problème de la mémoire »115. Leurs restes sont enterrés au cimetière d'El Alia le lendemain116.

Malgré les échanges directs qu’il a eus avec Emmanuel Macron à ce sujet, Abdelmadjid Tebboune est contraint de s’aligner, le 22 mars 2021, par la voix d’Abdelmajid Chikhi, son « conseiller pour la mémoire nationale », sur les positions du chef d'État-Major Saïd Chengriha. D’après Jean-Pierre Filiu, ce dernier est soucieux de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo favorable depuis la fin de la guerre d'Algérie aux généraux algériens, et ce a contrario des revendications du Hirak, dont l'une des exigences est celle d’un gouvernement pleinement civil, émancipé de la tutelle militaire87.

Infection par la Covid-19

Article connexe : Pandémie de Covid-19 en Algérie.

Abdelmadjid Tebboune portant un masque de protection contre la Covid-19, en octobre 2020.

Les autorités algériennes annoncent en octobre 2020 qu’Abdelmadjid Tebboune est infecté par la Covid-19117. Après une première hospitalisation à l’hôpital militaire d'Aïn Naadja d'Alger et alors qu'il est connu pour être un grand fumeur, il est transféré le 28 octobre en Allemagne pour des examens médicaux approfondis et un traitement118,119. Il donne ainsi procuration à son épouse pour voter au référendum constitutionnel120. Le 13 décembre, alors que les rumeurs alarmistes sur son état de santé se multiplient, il donne sa première intervention publique depuis le début de sa maladie : s'exprimant à la télévision, visiblement amaigri, il promet de reprendre ses fonctions dans les trois semaines121. Rentré en Algérie le 29 décembre, il retourne à Berlin le 10 janvier suivant pour se faire opérer du pied à la suite de « complications » liées à la Covid-19, et revient à Alger un mois plus tard122,123.

Notes et références

Notes

  1. Portefeuille de la Ville ajouté le 11 septembre 2013.

Références

  • « La France remet à l’Algérie vingt-quatre crânes de résistants décapités au XIXe siècle et entreposés à Paris », lemonde.fr,‎ 3 juillet 2020 (lire en ligne [archive], consulté le 5 juillet 2020)

  1. « Retour à Alger du président après un mois de soins post-Covid en Allemagne » [archive], sur lefigaro.fr, 12 février 2021 (consulté le 16 février 2021).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  •  :

  • Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes

  • La dernière modification de cette page a été faite le 7 juillet 2022 à 09:41.


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