Le 24/02/2022 à 10:15, Bertrand Fessard de Foucault a écrit au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler : " la France se tient aux côtés des Ukrainiens " - mémoire ? Psychologie ?
Monsieur le Secrétaire général,
encore une fois obtenir de votre amabilité la faveur de donner connaissance au Président de ce qui suit, quelques observations sur la crise actuelle des relations internationales et celles à venir :
1° nous avons, nous Français, nous la France, l'expérience directe des arguments de sécurité ou de communauté ethnique pour justifier bouleversement des frontières et annexions : Hitler. Plus nous cédons, plus Poutine avancera. Jurisprudence de notre peur de nous impliquer physiquement, qui va encourager la Chine vers Taïwan, maintenant que nous n'avons plus en représaille de nous absenter totalement, sportifs compris, des JO d'hiver à Pékin, ce qui eût été - la seule chose que craint une dictature - perdre la face.
Je ne sais si nous avons rappelé notre personnel diplomatique de Kiev et encouragé nos ressortissants à partir : le faire, comme l'ont fait les Etats-Unis, c'est accepter à l'avance l'invasion. L'ambassadeur américain (sa statue place des Etats-Unis à Paris, près de l'Arc-de-Triomphe) n'avait pas quitté notre capitale en Septembre 1914...
Poutine dans ses explications pour ses compatriotes et la Douma a été beaucoup plus loin que dans son article de Juillet 2021 , dont je vous ai déjà adressé une traduction.
2° Bismarck avait été ambassadeur de la Prusse aux Tuileries à la fin des années 1850, il avait pu se faire une opinion personnelle sur l'Empereur. Ce qui l'a inspiré pour la dépêche d'Ems. Poutine vous connaît et connaît Biden, bien mieux que vous ne le connaissez. Le seul personnage nouveau qui l'a fait, un instant, hésiter parce qu'il ne le connait pas et parce que l'Allemagne est le véritable voisin de la Russie, dans l'esprit des Russes, c'est le nouveau chancelier.
3° où est la dissuasion nucléaire ? elle a résolu la question de Cuba, engendré la coexistence pacifique en même temps qu'un remaniement de la carte géostratégique en mer Noire puisque les fusées porteuses du nucléaire ont été retirées du rivage turc. Elle avait mis fin à la guerre de Corée. C'est par elle qu'on peut commencer à parler sérieusement parce que si Poutine se sent menacé par l'OTAN et la démocratie à ses frontières, nous-mêmes Européens, absolument solidaires des pays baltes, "riches" de minorités russes, nous pouvons à bon droit nous sentir menacés par les manières plus qu'expéditives du président russe.
Bien entendu, dès la réélection "actée" - intervenant dans des conditions et une ambiance plus démocratiques que celles prévisibles - il y aura à faire une nouvelle alliance des pays démocratiques, et à constituer enfin une défense européenne, intégrée, nucléaire, conventionnelle.
Sentiments reconnaissants pour votre amical intermédiaire. Très attentivement et avec déférence.
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