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à jour le 19/11/2017 | 18:49
publié le 19/11/2017 | 18:49
publié le 19/11/2017 | 18:49
Retour de Saad Hariri à Beyrouth : "Le Hezbollah n'est pas en situation de fragilité, c'est le Liban qui est fragilisé"
David Rigoulet-Roze, chercheur attaché à l’Institut Français d’Analyses stratégiques, est revenu, dimanche pour franceinfo, sur la situation politique au Liban après la rencontre entre l'ex-Premier ministre libanais Saad Hariri et Emmanuel Macron.
L'ex-Premier ministre libanais, Saad Hariri,
le 18 novembre 2017, à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)
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"L'urgence était de parvenir à extraire le Premier ministre
démissionnaire, Saad Hariri", du "piège saoudien. C'était
une étape indispensable", a expliqué, dimanche 19 novembre sur
franceinfo, David Rigoulet-Roze, chercheur attaché à l’Institut Français d’Analyses
stratégiques (IFAS) et rédacteur de la revue Orient Stratégiques.Après avoir été reçu à Paris, samedi, par Emmanuel Macron, Saad Hariri, le Premier ministre libanais, démissionnaire, doit quitter la capitale française pour être mercredi au Liban, lors de la fête nationale pour trouver une issue à la crise libanaise. Saad Hariri doit s'entretenir avec le président libanais Michel Aoun à son arrivée.
franceinfo : Saad Hariri a-t-il encore un avenir politique au Liban ?
David Rigoulet-Roze : Il est une personnalité politique importante sur l'échiquier libanais, de par sa famille, puisque feu Rafic Hariri [son père] était lui-même une personnalité de premier plan. Aujourd'hui, [Saad Hariri] est certainement pris en otage par les tensions régionales qui opposent deux grandes puissances, à savoir l'Arabie saoudite et l'Iran. De ce point de vue, il mène une politique d'équilibriste extrêmement compliqué. Il a formé un gouvernement, il y a un an, dans lequel il y avait le Hezbollah qui est une pièce maîtresse de l'échiquier libanais. Aujourd'hui, c'est précisément ce qui lui est reproché par Riyad. Mais le Hezbollah est historiquement, militairement, politiquement ancré sur l'échiquier libanais. Son rôle s'est renforcé de par son intervention dans la guerre civile syrienne. À la demande de Téhéran, il a apporté son soutien au sol au régime de Bachar el-Assad et d'une certaine manière la guerre syrienne, qui s'achève dans la forme qu'elle a connue à ses débuts, est une victoire du Hezbollah. De ce point de vue-là, le Hezbollah n'est pas en situation de fragilité, c'est plutôt le Liban qui est fragilisé compte tenu des interférences extérieures.
Quelle est la position du président libanais Michel Aoun sur le Hezbollah ?
Michel Aoun a pris acte du poids majeur du Hezbollah dans la politique libanaise. Il faut rappeler qu'à la fin de la guerre civile, ironiquement Michel Aoun avait été exfiltré à l'époque par la France. Le Hezbollah était le seul parti qui avait eu la possibilité de conserver ses armes par rapport aux autres partis libanais, au motif qu'il servait de pièce centrale dans la lutte anti-israélienne. De ce point de vue-là, historiquement, le Hezbollah constitué à la fin des années 80 par l'Iran, est un élément majeur du système libanais dont on peut faire difficilement l'économie. Penser qu'un gouvernement peut se faire sans l'aval, au moins tacite, du Hezbollah est tout à fait surréaliste.
La France, dont la priorité est le maintien de la stabilité au Liban, a-t-elle réussi sa première étape de médiation ?
L'urgence était de parvenir à extraire le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, de ce qu'on peut qualifier aujourd'hui de piège saoudien. C'était une étape indispensable. On a bien compris que Saad Hariri était pris en otage dans un certain nombre de paramètres qui dépassaient sa propre personne. La crise n'est pas réglée pour autant. Plusieurs solutions s'offrent à lui : soit confirmer sa démission, soit tenter de refaire un gouvernement voire attendre ou anticiper la tenue d'élections prévues pour le mois d'avril 2018. Le Liban, par cette crise, est fragilisé. Paradoxalement le pays était parvenu à rester en dehors de la tempête régionale qui frappe l'ensemble des pays. Cela tenait à un accord qui avait été passé (…), une entente entre les différents partis politiques libanais et un accord tacite entre les grandes puissances, Téhéran et Riyad, pour que le Liban soit plus ou moins sanctuarisé et préservé des violences régionales. C'est ce qui semble remis en cause par la stratégie de Riyad.
*
* *
LE MONDE | 18.11.2017 à 08h47 • Mis à jour le 18.11.2017 à 12h23 | Par Marc
Semo et Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
Paris sauve la face de l’Arabie saoudite en exfiltrant Saad Hariri
La présidence libanaise a annoncé que le
premier ministre démissionnaire, arrivé samedi à Paris, sera de retour au Liban
mercredi prochain pour la fête de l’indépendance.
L’avenir politique de Saad Hariri et sa capacité ou non à récupérer son siège de premier ministre, inconnue majeure de cette nouvelle phase, devaient figurer au menu des discussions. Vendredi, en marge d’un sommet européen à Göteborg, en Suède, Emmanuel Macron a déclaré que le chef du Courant du futur avait vocation à rentrer dans son pays « dans les jours, les semaines qui viennent ».
Pour la diplomatie française, absente depuis longtemps du Proche-Orient, l’exfiltration de M. Hariri d’Arabie saoudite, où la plupart des Libanais le considéraient « captif », constitue un succès. L’initiative de Paris, qualifiée de « deus ex machina » par le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, a permis d’extraire M. Hariri d’une situation délicate, tout en offrant une porte de sortie aux Saoudiens, qui s’étaient placés eux-mêmes dans une situation intenable.
« Retour de la diplomatie française »
Un retour direct à Beyrouth du chef du gouvernement, même pour remettre formellement sa démission au président Michel Aoun, aurait constitué un camouflet pour Riyad. « Macron a très bien joué, il a fait baisser la tension au Liban, tout en protégeant les Saoudiens de l’opprobre international », fait valoir un homme d’affaires occidental installé dans le royaume.Depuis son élection, le président français, qui ne cesse de mettre en avant sa volonté « de parler à tout le monde », cherche à jouer un rôle de médiateur international. Un rôle que la France a déjà joué dans le monde arabo-musulman, où, contrairement aux Etats-Unis, elle entretient des relations avec tous les acteurs de poids, y compris l’Iran et le Hezbollah, le mouvement chiite libanais pro-Téhéran.
Les deux seules initiatives lancées jusque-là dans cette région par le chef de l’Etat n’avaient guère été couronnées de succès : l’accord en dix points, fruit de sa rencontre, en juillet, avec les deux frères ennemis de la Libye, Faïez Sarraj, le chef du gouvernement « d’union nationale », et le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, peine à se concrétiser ; et ses efforts pour créer un groupe de contact sur la Syrie sont mort-nés. « L’arrivée de Saad Hariri à Paris marque le retour de la diplomatie française au Proche-Orient », se félicite Ali Mourad, professeur de droit public à l’Université arabe de Beyrouth.
Cette percée est aussi due à la proximité du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avec bon nombre de dirigeants de la région, dont l’homme fort des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, surnommé « MBZ », et son alter ego saoudien Mohammed Ben Salman, alias « MBS ». Des relations qu’il a nouées pendant ses cinq années au ministère de la défense, sous la présidence de François Hollande, au prix d’une indifférence quasi complète aux méthodes très répressives que ces deux autocrates emploient en interne.
Dès l’annonce par Saad Hariri de sa démission surprise, le 4 novembre, depuis Riyad, les autorités françaises avaient exprimé leur préoccupation. Imputé à l’Iran et au Hezbollah, accusés de semer la destruction au Proche-Orient, ce geste attisait la tension entre les géants iranien et saoudien. Les inquiétudes de l’Elysée étaient d’autant plus grandes qu’en dépit des dénégations saoudiennes, Saad Hariri, quasiment injoignable, paraissait privé d’une grande partie de sa liberté. Chantage à l’inculpation dans l’opération anticorruption lancée au même moment dans le royaume ? Pressions sur sa famille ? Les spéculations sur ce qui avait pu inciter Saad Hariri à jeter l’éponge allaient bon train, tant à Beyrouth que dans les capitales arabes et occidentales.
Les efforts de l’Elysée pour trouver une solution ont commencé à porter leurs fruits, mercredi 8 novembre au soir, dans la capitale des Emirats arabes unis. Pendant son dîner avec Emmanuel Macron, consécutif à l’inauguration du Louvre Abu Dhabi, MBZ a décroché son téléphone et obtenu pour son hôte un rendez-vous le lendemain avec MBS. « Mohammed Ben Zayed a une vision très fine de ce qui se passe en Arabie saoudite et sa proximité avec le prince héritier [saoudien] n’est un secret pour personne », expliqua le lendemain le président français.
Depuis plusieurs semaines déjà, le cabinet de M. Macron s’activait pour organiser une rencontre avec le très puissant fils du roi Salman, âgé de 32 ans. Dans l’esprit du chef de l’Etat, celle-ci devait intervenir avant le déplacement qu’il souhaite effectuer à Téhéran, pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire de juillet 2015, menacé par l’administration Trump. Un voyage qui ne peut qu’irriter Riyad, ravi des coups de boutoir du président américain. Il était donc indispensable de conforter au préalable le lien stratégique franco-saoudien.
« Tentation hégémonique » de l’Iran
L’entretien de trois heures entre les deux trentenaires, à l’aéroport de Riyad, porta principalement sur le Liban et le sort de Saad Hariri. Quelques heures plus tôt, ce dernier avait reçu l’ambassadeur de France, François Gouyette, dans sa villa de Riyad. Dans les jours suivants, le président Macron eut deux autres conversations avec MBS, par téléphone. Lundi 13 novembre, au lendemain de l’interview de M. Hariri à la télévision libanaise, au cours de laquelle il s’était dit « libre » tout en faisant montre d’une grande fébrilité, la présidence française évoqua un possible recours devant l’ONU.Un message destiné évidemment à faire pression sur Riyad. « Au Conseil de sécurité des Nations unies, c’est la France qui tient la plume lorsqu’il s’agit du Liban », rappelle une source élyséenne. Message reçu : mercredi en fin d’après midi, depuis Bonn, Emmanuel Macron annonçait avoir invité le premier ministre libanais à Paris. Jeudi, lors d’une rencontre avec MBS à Riyad, Jean-Yves Le Drian peaufinait le compromis. En échange du geste saoudien, le ministre français des affaires étrangères a renoncé, dans l’immédiat, à la visite qu’il devait effectuer à Téhéran la semaine prochaine pour préparer celle du chef de l’État.
Lors de sa conférence de presse à Riyad, le chef de la diplomatie française a haussé le ton contre Téhéran, dont il a dénoncé « la tentation hégémonique ». En réaction, le ministère iranien des affaires étrangères a dénoncé « le regard partial » de la France, qui « volontairement ou involontairement, aide à transformer des crises potentielles en crises réelles ».
Et après ? Emmanuel Macron a insisté sur le fait que M. Hariri n’entame pas un exil à Paris. Selon le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, il pourrait revenir à Beyrouth dès vendredi prochain. Maintenant que sa liberté est garantie, les responsables politiques locaux sont pressés de l’entendre s’exprimer sur sa démission, que le président Michel Aoun a refusée jusque-là.
Samedi matin, la présidence libanaise a annoncé que M. Hariri sera de retour au Liban mercredi 22 novembre pour la fête de l’indépendance. « Le président [Michel] Aoun a reçu ce matin un appel téléphonique de M. Hariri l’informant qu’il se rendra au Liban pour participer à la célébration de la Fête de l’indépendance », a fait savoir la présidence, précisant également que M. Hariri participerait « notamment au défilé militaire » traditionnel.
Comme il l’a esquissé dans son interview du 12 novembre, M. Hariri pourrait revenir sur son retrait du pouvoir mais exiger en retour un geste du Hezbollah, son encombrant partenaire de gouvernement. Il pourrait également confirmer sa démission, en réitérant le discours anti-iranien qu’il avait initialement tenu, et s’éclipser, pour un temps au moins, de la scène politique libanaise. Dans les deux cas, les questions de fond, éclipsées par les manigances saoudiennes, risquent de revenir sur le devant de la scène. Et de ranimer la discorde entre partis libanais, mise en sourdine depuis deux semaines.
Vos réactions (97) Réagir
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imagine 19/11/2017 - 17h01
L'exfiltration du Premier ministre libanais n'est pas un succès pour la
diplomatie française, tant elle s'est montrée plus proche de Ryad que d'être
équilibrée entre Ryad et Téhéran. Les propos du ministre français des Affaires
étrangères pointant les menaces du système balistique iranien manquent de
profondeur stratégique. Comment la France peut prétendre jouer au médiateur
quand elle prend position pour Ryad. La guerre entre Ryad et Téhéran serait
négative pour les deux.
Kamel 19/11/2017 - 13h54
Euh c'est bien gentil d'intervenir pour sauver la face des Saoud mais force
est de reconnaître que chaque fois que nous nous sommes ingérés au Moyen Orient
(sans même remonter jusqu'aux croisades ou aux mandats des années 1920-1930),
cela nous est un peu retombé sur la gueule (attentats de Beyrouth en 1983, de
Paris en 1986, en 1995-1996, 2015, etc. avec des centaines de morts à la clé).
Et si on se cassait et on les laissait se débrouiller pour s'occuper de nos
problèmes à nous.
Thierry Garnier 19/11/2017 - 17h55
+1
hariri reste un otage des saoudiens 19/11/2017
- 13h13
Un premier ministre qui a sa fortune chez les Al Saoud ne peut pas être
"indépendant" Michel Aoun doit accepter sa démission pour ne pas
céder au chantage Les Al Saoud veulent dominer le moyen orient avec leurs
guerres au Yemen, en Syrie ( ils ont soutenus militairement les rebelles
islamistes) , en Irak ( soutenus les sunnites contre la majorité chiites), et
font chanter les libanais avec leurs "pétrodollars"
JEFF IMAGINHOT 18/11/2017 - 22h13
"Paris sauve la face de l'Arabie saoudite en exfiltrant Hariri"
Enfin un titre en accord avec le réel de cette affaire, et rompant avec une
prudence peu compréhensible... Maintenant, reste que pour parler à tout le
monde,il va pas tarder à penser d'aller causer avec l'Iran, et sans rajouter
d'autres déclarations provocantes qui rendraient cette parole, une fois de
plus, inaudible. Par ailleurs qu'en est il des enfants d'Hariri, à Paris ou en
gage, les informations sont "plurielles" à leur sujet
HdA 19/11/2017 - 00h17
Quand Rome pacifie la Germanie, elle laisse les chefs en place mais s’assure
de leur fidélité en plaçant leurs enfants dans des familles patriciennes
romaines qui avaient la charge d’en faire de bons Romains. Ça n’a pas toujours
eu le résultat escompté mais c’est en général efficace. Quand l’otage devenait
inutile, nos seigneurs mérovingiens pratiquaient les obsèques rapides. En AS,
aussi, la vie ne tient qu’à un fil, celui de l’épée.
tous humains 19/11/2017 - 06h52
Jeff. -. Vous avez la réponse de la civilisation de la " pacification
" selon les Romains et les Mérovingiens ! Je ne sais pas s'il faut en
plaisanter aujourd'hui .
HÉDI SAÏDANE Hier
Mais pourquoi les Saoudiens au lieu de semer la pagaille pour ne pas dire la
merde partout au proche-orient , et même en Afrique du nord ,ne s'assoient à la
même table avec les Iraniens et trouver une solution de leurs problèmes !On se
paie leur tête dans le monde que tout l'argent utilisé pour la destruction
aurait été mieux servi pour la construction !C'est ridicule de dresser les
Sunnites contre les Chiites ou le contraire !
Olivier Hier
Simplement parce que partager c’est mieux régner! Vous imaginez la puissance
d’une telle alliance ? Et il y’a un gouffre culturel entre ces deux pays, alors
c’est facile d’en jouer.
Kazadi Jean Hier
Leur probleme c'est cet antagonisme entre sunnites et chiites, ce n'est pas
une rencontre autour d'une table qui le resoudra; c'est comme si vous invitiez
les islamistes a une table, leur but c'est faire disparaitre tous ceux qui ne
voient pas les choses comme eux. Quelle mediation pourrait jouer la France si,
a cote des saoudiens elle condamne l'Iran? Un bon mediateur ne choisit pas son
camps, pour le moment la France et les USA ont choisi un camps, L'Arabie
saoudite.
Kazadi Jean Hier
Leur probleme c'est cet antagonisme entre sunnites et chiites, ce n'est pas
une rencontre autour d'une table qui le resoudra; c'est comme si vous invitiez
les islamistes a une table, leur but c'est faire disparaitre tous ceux qui ne
voient pas les choses comme eux. Quelle mediation pourrait jouer la France si,
a cote des saoudiens elle condamne l'Iran? Un bon mediateur ne choisit pas son
camps, pour le moment la France et les USA ont choisi un camps, L'Arabie
saoudite.
John Kasich
▪ Uruguay ▪ Belgique ▪ Turkménistan ▪ Russie ▪ Israël/Palestine ▪ Hugo Chavez ▪ Inde ▪ Finlande ▪ République Tchèque
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