Les Echos
Anne Drif Le 23/10 à 17:23Mis à jour
à 19:00
Selon Jean Marie Messier, ancien PDG de Vivendi co-fondateur
de The Board Partners, « un dirigeant est finalement très seul dans sa
réflexion. Avoir occupé de telles fonctions permet de mieux conseiller en toute
discrétion ». - Marc BERTRAND/CHALLENGES-REA
L'ex patron de Vivendi et l'ex conseiller d'En Marche lancent The Board Partners. Plus de 70 anciens hauts dirigeants sont mobilisables en mode « commando » au travers de ce nouveau réseau, conçu pour épauler les patrons de grandes entreprises.
Un peu à l'écart du triangle d'or des banques d'affaires, au siège de sa maison de conseil dans le 8e arrondissement à Paris, Jean-Marie Messier prépare un nouveau coup. Evincé il y a quinze ans de la présidence de Vivendi, l'enfant terrible du CAC 40 a donné sa caution à un réseau atypique de conseil en fusions-acquisitions pour hauts dirigeants, « The Board Parners ».
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Derrière ce réseau, on retrouve aussi la patte de Bernard
Mourad , l'architecte de l'empire des télécoms de Patrick
Drahi , qui fut aussi un
des conseillers du candidat à la présidentielle Emmanuel Macron .« Mode commando »
Le nouvel associé de J2M et banquier star des télécoms de Morgan Stanley - il a aussi conseillé le magnat égyptien Naguib Sawiris et Xavier Niel pour le rachat d'Alice - a monté un tour de table de plus de 70 conseillers français et internationaux hors normes. De Jeremi Berrebi , investisseur et conseil de grandes fortunes dans la tech, à Marwan Lahoud, l'ancien numéro deux d'Airbus, ils sont mobilisables en « mode commando » selon les besoins des patrons du CAC 40.image: https://www.lesechos.fr/medias/2017/10/23/2124495_jean-marie-messier-et-bernard-mourad-veulent-casser-les-codes-de-la-banque-daffaires-web-tete-030691438569.jpg
Bernard Mourad, co-fondateur de The Board Partners.
Selon lui, il est devenu « utile » de disrupter un marché vivant « de ses
acquis depuis un demi-siècle ». - DR
En appui de ce tour de table, d'autres experts peuvent intervenir : des
politiques « qui préfèrent rester discrets à ce stade », des figures
de la communication comme Stéphane Fouks, et des avocats. Le tandem revendique
déjà une dizaine de mandats.Disrupter les fusions-acquisitions
Les grands noms du M & A, de Goldman Sachs à BNP Paribas, en passant par Rothschild ou Lazard, qui se livrent une bataille sans merci sur le marché le plus concurrentiel d'Europe, apprécieront : « Les banques vendent une expertise sectorielle qu'elles ne possèdent pas en réalité, lance le financier après quinze ans chez Morgan Stanley. L'intelligence industrielle et la réflexion sur les deals d'un secteur résident chez les grands dirigeants. Le reste est une imposture qui consiste à vendre une « recherche » sectorielle, principalement adressée aux investisseurs, et qui ne relève en rien du conseil stratégique ».
Plus de 70 dirigeants à pied d'oeuvre
-Jérémie Berrebi, fondateur de Magical Capital-Marwan Lahoud, ancien directeur de la stratégie d'Airbus
-Jean-Yves Naouri, ex patron de Publicis
-Hubert Patricot, ex PDG de Coca Cola Europe
-Bertrand Badré, ancien directeur général de la Banque Mondiale
-Eric Denoyer, ex PDG de Numericable-SFR
-Patrick Werner, ex PDG de La Banque Postale et de Gras Savoye
-Philippe Bourguignon, ex PDG du Club Med et d'Euro Disney...
-Nicolas Schimel, ex PDG d'Aviva
-Jean-Pierre Remy, ex PDG de PagesJaunes/Solocal...
Aujourd'hui, il est devenu « utile » de disrupter un marché vivant « de ses acquis depuis un demi-siècle, juge celui qui avait quitté début 2015 la banque d'affaires pour prendre la tête du pôle média d'Altice. Le métier noble et historique de Consigliere - l'intuitu personae, la confidentialité totale, la capacité d'expertise - s'est largement délité depuis des décennies. Les banques d'affaires sont devenues des machines à produire des deals sur Excel », conclut-il.
Discrétion
L'ancien PDG de Vivendi justifie l'initiative par son expérience : « Un dirigeant est finalement très seul dans sa réflexion. Avoir occupé de telles fonctions permet de mieux conseiller en toute discrétion. Les CEO et les grands fonds ont besoin de vrais « sparring partners »». Les grandes institutions, assure le cofondateur de la boutique MMA, rencontrent des problèmes de confidentialité. « Les règles internes de compliance et de conflits font aujourd'hui que 50 personnes sont instantanément au courant et n'importe quel deal peut mourir de ces fuites ».Jean-Marie Messier n'en est pas à son coup d'essai. Avec OneRagtime , sa plate-forme d'investissement dans le digital, l'homme d'affaires a déjà bousculé les règles du capital-risque.
En s'alliant au financier le plus en vue de sa génération, deux après avoir fait de même avec le grand commis d'Etat et vice-président en Europe de Credit Suisse François Roussely , et le codirecteur de Lazard Erik Maris, « J2M » est redevenu une pièce maîtresse du monde des affaires.
Anne Drif
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