Mardi 9 Juin 2015
08
heures 18 + Prier… l’expérience de la mort nous est donnée dans la vie, et par
la vie. L’expérience de l’inertie quand tout devient effort et effort
insurmontable, la conscience se perd même de l’instant suivant qui pourrait, en
fécondité, dépendre de nous. Je n’arrive pas à le décrire, je le vis. Hier,
j’ai aussi vécu l’addiction de l’instant, autre pente mortifère. Plus de deux
heures à organiser des photos et portraits de BB, alors que j’ai tant à faire –
matériellement, débroussaillage, aspiration et dépoussiérage des tapis,
rangements, et en écriture : note politique (11 Janvier au 7 Juin :
le grand manque), mise au net diverses, présentation de plusieurs manuscrits
mauritaniens et attaque de cet écrit dont je ne sais si j’en attend beaucoup ou
si le seul fait de le produire me fera du bien… Inertie telle que depuis huit
jours, j’ai à aller au bistrot d’en face organiser le dîner familial pour la fin du
cycle primaire (cinq familles sur trente, encore davantage de prétextes que
dans les paraboles messianiques du banquet), et je n’y vais pas.
Notre
chien, que j’ai accidenté hier, la patte prise dans le virage de la voiture,
son mauvais état général et surtout celui des hanches depuis des mois… le voici
incapable de se mettre debout depuis vingt-quatre heures. Ma chère femme pour
qui nos chiens…
Notre
pays, lui aussi grabataire. Du congrès socialiste, rien n’est retenu que
l’escapade berlinoise du Premier ministre qui devait en être le zélateur
constant ! pour aller conférer avec PLATINI… et une « tribune »
dans le JDD de MONTEBOURG, la stérilité faite ministre pendant sa période
gouvernementale : Florange et Alstom, le protestataire vissé sur son siège
d’importance, auquel s’est joint PIGASSE, de la combinaison
« capitalistique » ayant censément sauvé Le Monde. Lui,
l’ancien ministre côté gauche comme SARKOZY, l’ancien président hyperactif,
incapables tous deux de produire un livre de bilan et de proposition.
L’empêchement français et la dilapidation de notre patrimoine matériel et de
nos avances politiques ont maintenant une cause bien repérée : le mode
actuel d’exercice de la fonction présidentielle. Une omnipotence, une impunité
engendrant le vide de la conscience jusqu’au cynisme et à l’immoralité. Forme
seconde du recel de ces fonctions, la première ayant été le sans-gêne, un mot
vrai et dur me manque, qui aura caractérisé le quinquennat précédent. Comment
va se rompre le cercle vicieux ? Sans doute à force de tourner à vide sans
prise ni sur la conjoncture ni sur les esprits, faute de la moindre
perspective, de la moindre vue d’ensemble tandis que se dépenaille l’outil du
bien commun, l’Etat, dont les derniers attributs seront certainement d’ici peu
sous-traités à la manière de la SNCF qui fonctionne en louant des
autocars : la fiscalité, le maintien de l’ordre. Ce n’est plus même
triste. Les sables mouvants du Mont-Saint-Michel mais sans voir « la
merveille ».
Prier…
la lumière du monde… le constat avec un don certain de la formule et de la
proximité vis-à-vis des gens et des événements… le pape actuel à Sérajevo, le climat de guerre,
expression qui a retenu l’unanimité de la presse mondiale, bien plus que le
communiqué probablement « fleuve » du G7.
09
heures 09 + Je suis et me sens désemparé. Je sens ma chère femme souffrir de
tout, en fait souffrir de la vie et particulièrement de la nôtre : but et
perspectives ? Seule, notre fille est pour le moment intacte en goût et en
joie de vivre.
Prier… que ta promesse assure mes pas : qu’aucun mal ne
triomphe de moi ! Pour ton serviteur que ton visage s’illumine,
apprends-moi tes commandements. [1] Je pense que s’arrêter de vivre, de vouloir
vivre, c’est par absence, par perte de foi en soi et en Dieu, les deux se
tiennent et font le goût et l’énergie de vivre ou leur absence. Jésus
réplique : non pas une situation (dépréciation, dépression, impasse,
vieillissement ou… jeunesse démunie, solitaire), mais un rôle et une mission. Vous
êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. Certainement pas par eux-mêmes, ces disciples apeurés, comprenant mal
et embarqués dans l’inconnu, par l’inconnu. La relation double : la
responsabilité vis-à-vis des autres, le rapport à Dieu de chacun et des autres
à Dieu grâce à chacun. Paul l’explicite pour ses ouailles : celui qui
nous rend solides pour le Christ dans nos relations avec vous, celui qui a
consacrés, c’est Dieu ; il nous a marqués de son sceau, et il a mis dans
nos cœurs l’Esprit, première avance sur ses dons. Ce que je lis, des millions de femmes, d’hommes, de tous âges et
conditions, à travers ce monde-ci et aujourd’hui le lisent aussi ou le liront
ou viennent de le méditer. Déchiffrer
ta parole illumine, et les simples comprennent. Aboutissement, le fiat, le oui (cf. Amédée de Bricquebec). Restent la foi et l’espérance. Mon vénérable
beau-père, presque vingt-cinq ans handicapé moteur, dont les quinze dernières
progressivement du fauteuil au grabat… mais jamais déprimé, et souvent le
sourire, l’éclair du regard. Reste l’amour, sauvegarde vraie contre l’envie de
finir, nourriture quotidienne. Silence
des prières millénaires et enseignées, transmises. Dieu nous les donnent en
détail et fermement. Foi, espérance, amour, charité, silence, prière. Le
présent est une anticipation.
09 heures
48 + J’explicite en « avertissement » [2]
l’impudicité d’exposer ma déprime, pis aujourd’hui qu’un découragement ou de
l’impuissance.
Les
deux fonctions étatiques. La législation : on ne peut mieux tirer la leçon
du congrès socialiste, le blanc-seing. Donc recouvrement de l’impôt à la
source, on ne verra donc pas les augmentations, et l’inégalité entre la
taxation des revenus du travail et celle des revenus du capital ne sera plus
seulement criante pour la capacité ou non d’une évasion, elle résidera dans ce
la suppression de tout choix à la déclaration des salaires tandis que l’estime
restera possible pour le capitaliste et l’investisseur, sinon le spéculateur,
en gros les « riches ». Souci de rentrées fiscale plus
abondantes ? puisque la Cour des comptes affirme que le gouvernement s’est
trompé d’une dizaine de milliards pen prévision de recettes. – Les retraites,
toute réforme retardée par Lionel Jospin pour cause d’élection présidentielle,
puis annoncée et commentée depuis 2003 comme « la der. des der. ».
Chaque quinquennat depuis douze ans en fait une, prétendant
« sauver » le modèle français ( la répartitition pour au moins vingt
ans. Et voici un nouveau rapport qui… –
On avait les peines planchers avec Sarkozy, on va avoir le plafonnement
des indemnités de licenciement devant les prudhommes avec Hollande. Philosophie
inchangée depuis le retour de la droite, une vraie, en 1986 : faciliter au
maximum les licenciements, c’est créer de l’emploi car cela libère la
propension à recruter. Moins il y a d’Etat et de loi, et plus il y a
d’entreprises compétitives et de propension à investir. Manuel Valls revendique
personnellement cette « réforme ».
Le
« numéro un français » de la chimie – Arkema (quel était ? son
nom d’origine puisque une vibgtaine d’années, il s’agit pour les grands groupes
de n’avoir aucune antériorité permettant d’en lire le présent et l’avenir en
fonction de l’histoire et même de la fondation) – avait lâché en 2012 Kem One. Industrie
sans doute sur l’eau puisque l’usine principale en était à Lavera. Cession pour
l’euro symbolique à un Gary Klesch, un genre Tapie, version cowboy d’Amérique
contre nivellement de la dette (près de 500 millions) et un fond de tiroir
resté ouvert (une centaine de millions). Une perte de patrimoine qui manquait à
notre liste. Maintenant, Lavera délocalisé en Chine [3].
« Réflexion »
sur Polytechnique, les frères Attali : rendre l’école « visible à
l’international », élargir le recrutement au-delà des prépa., ne plus
accorder la solde de 500 euros par moi, fusionner un ensemble d’écoles d’ingénieurs
pour faire une Ecole polytechnique de Paris. Ainsi, la formation des cadres
d’administration technique et celui des ingénieurs militaires cèdera le pas à
un système universitaire : même démarche que pour Sciences-Po. version
Descoings, une excellence d’outre-Atlantique. Plus de spécificité française
pour servir d’abord notre pays et selon notre forme étatique. La mondialisation
ronge notre patrimoine et travestit nos filières de formation de nos cadres
dirigeants : je crois bien que de tous les grands pays nous sommes les
seuls à pratiquer ainsi notre acculturation et non seulement la perte de nos
étais et structures, mais la conscience de qui nous sommes. Ce n’est pas
l’immigration qui nous tue et nous fait perdre notre sang, ce sont ces
pratiques de banque et d’entreprise mettant à l’encan nos actifs industriels et
la mûe de nos systèmes d’éducation. Nous avons pris la mondialisation à la fois
comme cause de tous nos maux (le vulgum pecus) et comme opportunité pour une
fuite généralisée de nos dirigeants devant leurs responsabilités sociales et
stratégiques.
En
même temps que la catastrophe d’Areva, dont il faut se demander comment l’Etat,
actionnaire à plus de 80%, a pu ne pas la prévenir à temps, il y a donc
maintenant l’E.P.R. dont divers
éléments fonctionnent mal ou pas.
[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens I 18 à 22 ; psaume
CXIX ; évangile saint Matthieu V 13 à 16
[2] - avertissement - Ces lignes du matin, depuis des
années, sont intimistes, ce qui ne m'appartient pas entièrement, je le
reconnais (les miens, les autres y sont présents, convoqués) mais elles
sont données parce qu'elles témoignent d'une dialectique qui, c'est certain,
n'est pas mon fait. La prière du matin, par les textes de la liturgie
catholique quotidienne, prend ce que je dépose, souvent épuisé ou en larmes, au
pied du divin autel. Elle n'en fait pas un feu de joie, elle en tire toute la
raison de prier, de me confier et donc de repartir, de continuer. Moins je
dissimule détresse et " passages à vide ", plus je crois témoigner de
la réplique de Dieu en nos vies. D'expérience de presque tout mon âge, le
vertige ne me vient jamais des rives de la mort, mais immanquablement du succès
quand il m'arrive (rarement : heureusement ?) d'en avoir. Dieu vient dans notre
pauvreté. Je dis la mienne sans pudeur, comme je confesse - mais plus
allusivement - mes excitations et emballements, ou des joies souvenues ou que
je vis. Dire et voir sa propre dépression, c'est - je l'ai souvent vérifié
depuis vingt ans - désigner pour soi qui l'inspire, et donc le vaincre. Grâce à
Dieu, grâce à la vie en elle-même, grâce aux ressorts qu'animent en nous
l'Esprit Saint et/ou la ressemblance qui nous a, nativement, été donnée. Se
voir gisant, c'est appeler aux armes et les recevoir.
Textes d'aujourd'hui, le sel affadi est
jeté, la lumière si elle est, a une fécondité spirituelle étonnante.
[3] - Le Monde des 7.8 Juin 2015 . Eco&Entreprise, p. 1
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