Le député ukrainien V. Kupriy fait appel au parlement et au gouvernement français à ne pas procéder à l'extradition de M. Abliazov
© mukhtarablyazov.org 03.06.2015
Manuel Valls
Premier Ministre Français
Premier Ministre Français
Cher Monsieur,
Le gouvernement
français devra prendre la décision si le leader kazakh d’opposition, Moukhtar
Abliazov doit être extradé vers la Russie, vers l’Ukraine ou non extradé.
Je me porte à la
défense d’Abliazov, en demandant que la procédure pénale pour des motifs
politiques conduite contre lui soit fermée et que la demande d’extradition
ukrainienne à son encontre soit retirée.
Les sérieuses
violations qui ont eu lieu pendant l’enquête préliminaire ainsi que l’influence
kazakhe sur les investigations ukrainiennes, anéantissent la possibilité de
rendre justice dans l’affaire Abliazov en Ukraine. Les organisations pour les
droits de l’homme et les députés du Parlement Européen ont maintes fois déclaré
que les faits publiés dans les médias prouvaient que les enquêteurs ukrainiens
avaient agi à la demande du Kazakhstan. Actuellement, des procédures pénales
sont déclenchées contre l’enquêteur qui était chargé du dossier
d’Abliazov ; il est accusé d’abus de pouvoir. Le Parquet Général ukrainien
a confirmé qu’en 2014 plusieurs rencontres non officielles avec des délégations
kazakhes avaient eu lieu concernant l’affaire Abliazov.
Après la Révolution
de l’Honneur Ukrainienne, les problèmes liés à la réforme des forces de l’ordre
et du système de justice se sont aggravés. Dans certains secteurs, les réformes
sont sabotées. C’est la police, le parquet général et les tribunaux qui sont
les organismes les plus réticents face à la mise en place de la procédure
d’inspection et à la lutte contre la corruption. Le Conseil de l’Europe a
sévèrement critiqué le fonctionnement du système de justice ukrainien. Le
nombre de juges qui ont été accusés d’enfreindre la justice augmente
continuellement.
Les crises
humanitaires provoquées par la Russie sur les territoires de la Crimée, de la
République Populaire de Donetsk et de Lugansk ont aggravé les conditions de
détention dans les établissements correctionnels. En décembre 2014, le Comité
contre la Torture des Nations Unies a déclaré que les conditions de santé dans
les centres de détention ukrainiens s’étaient détériorées, particulièrement en
ce qui concerne la propagation de la tuberculose. De plus, les organisations
pour les droits de l’homme ont remarqué qu’il n’y avait pas de garanties
d’obtenir une assistance médicale de médecins non issus des pénitenciers et que
le taux de mortalité et de suicides dans les prisons était élevé. L’Association
Ukrainienne des Surveillants Pénitentiaires pour les Droits de l’Homme dénonce
régulièrement que les conditions habitables et les aménagements personnels et
hygiéniques ainsi que les conditions d’éclairage dans les prisons ne
correspondent pas aux normes.
Il est également
alarmant que malgré le fait que la Russie pourrait exposer la vie d’Abliazov à
un danger sérieux, ce pays est qualifié comme prioritaire dans le cadre du
procès d’extradition.
On ne peut pas
croire le Parquet Général russe promettant que la justice sera rendue à
Abliazov, que ses droits civiques seront respectés et, ce qui est le plus
important, c’est qu’il sera protégé lors de l’enquête et (en cas de
condamnation) lors de son séjour dans un établissement de détention.
On ne peut pas y
croire, alors que nous savons tous que l’un des leaders russes d’opposition,
Boris Nemtsov a été assassiné à quelques centaines de mètres du Kremlin, et
qu’un autre leader a été condamné pour fraude sur des biens publics à l’issue
d’un procès fabriqué de toutes pièces. La persécution des dissidents et les
restrictions aux droits civiques et à la liberté politique des étrangers ainsi
que des citoyens russes est devenue une pratique courante en Russie, dont
l’exemple est l’affaire Nadiya Savchenko. L’annexion de la Crimée et la
fourniture d’un soutien militaire aux combattants dans les régions du Donbass
sont des démonstrations du mépris total de la Russie envers la loi
internationale et envers ses propres engagements.
Abliazov est devenu
le leader de l’opposition kazakhe en 2001, bien avant le déclenchement de
l’affaire Mikhail Khodorkovsky en Russie. Lorsque Poutine a mis Kohodorkovsky
en prison pour longtemps, l’Occident le considérait comme un oligarque qui
était devenu une cible du dictateur russe pour des raisons économiques. Ce
n’est que bien plus tard que l’Occident s’est rendu compte que Khodorkovsky
avait été condamné pour des raisons politiques, pour avoir lutté contre le
régime autoritaire.
Abliazov, qui
s’opposait ouvertement au dictateur Noursoultan Nazarbaïev, a été condamné en
2002 à six ans de prison, à l’issue d’un procès fabriqué de toutes pièce;
toutes les organisations mondiales pour les droits de l’homme l’ont reconnu
comme un prisonnier politique et grâce à une intensive campagne internationale,
il a été remis en liberté une année plus tard.
En 2009, Nazarbaïev
a confisqué la Banque BTA d’Abliazov et il a déclenché des persécutions contre
lui, en l’accusant de fraude. C’était la répétition du scénario qui avait eu
lieu dans le cas de MikhailKhodorkovsky en Russie. Nazarbaïev s’est tourné
personnellement vers Poutine en lui demandant son soutien, à la suite de quoi
les autorités russes ont pris part aux persécutions d’Abliazov.
C’est la raison pour
laquelle je vous prie de ne pas soutenir les dictateurs euro-asiatiques à
éliminer leur opposant politique. Je vous implore de ne pas leur livrer
Moukhtar Abliazov, qu’il ne soit pas menacé de tortures et de mort.
Cordialement,
Député du Peuple Ukrainien Vitaliy Kupriy
Député du Peuple Ukrainien Vitaliy Kupriy
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