Mercredi 8 Avril 2015
Singuliers
rêves, dénuement et renouvellement. Situation de maintenant ? si
déprimante… ainsi le prospectus de Franklin, mon ancien collège totalement
« défiguré », exactement comme l’a été Sciences-Po. et sans doute l’est notre pays aujourd’hui,
tel qu’il est mené. Soi-disant l’excellence, la première place par adaptation …
l’inspiration unique d’aujourd’hui, en tout, c’est la comparaison, donc notre
discontinuité !
Edith
ne m’en veut pas de mon coucher si tôt hier soir, et ne s’en est pas inquiétée.
Je ne saurai toujours jamais son « fonctionnement ». Hier, sa
terreur : au pied de notre séche-linge dehors, une forme, un serpent, sa
mûe.Elle me montre avec prudence ce qu’elle a vu le matin, hier soir … c’est la
ceinture de ma robe de chambre tombée dans l’herbe. – Ecrire, commenter,
suggérer. Art suprême de COLETTE… Il
découvrait, non seulement le monde des émotions qu’on nomme, à la légère,
physiques, mais encore la nécessité d’embellir, matériellement, un autel où
tremble une perfection insuffisante. Il connaissait une naissante faim pour ce
qui contente la main, l’oreille et les yeux, - les velours, la musique étudiée
d’une voix, les parfums. Il ne se le reprochait pas, puisqu’il se sentait
meilleur au contact d’un enivrant superflu… [1]
Ou l’ingéniosité des situations avec des
actions et des dénouements à peine suggérés mais immanquables [2], pas
de COLETTE mais d’un oublié total, Catulle MENDES. Tous deux me sont tombés
sous la main hier après-midi. Et maintenant copiant-collant les textes de
l’Eglise pour aujourd’hui [3]et
leurs commentaires, voici le fondateur de l’Opus Dei pour l’un des évangiles les plus parlants à toute sensibilité. Ce
saint, si peu populaire et compris en dehors de sa propre maison, sinon de sa
terrible époque, a le don paradoxal d’éteindre toute la flamme du texte, son
affectivité et d’en glacer le récit. Suzanne P. à Vienne, ma jolie et excellente
secrétaire, avait en permanence cette vêture de froideur. La brûlure intérieure
du cœur est devenue blessure, et les deux disciples sont physiquement fatigués
selon Escriva, alors que leur épuisement – car le trajet n’est pas long – est
d’abord spirituel, psychique…
« Regarde-nous ! … de l’argent, de
l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne. Au nom de Jésus-Christ
le Nazaréen, lève-toi et marche ! » … D’un bond, il fut debout et il
marchait. Entrant avec eux dans le Temple, il marchait, bondissait et louait
Dieu…. Jésus, lui-même s’approcha et il
marchait avec eux… Il entra donc pour
rester avec eux… Le don décisif et proportionné. Un homme, infirrme de naissance…
alors, le prenant par la main droite, il le releva et, à l’instant même, ses
ieds et ses chevilles s’affermirent… Et, partant de Moïse et de tous les
Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Ecriture, ce qui le
concernait. Les deux disciples, du rang, du nombre pas privilégiés mais
participant, ni au Thabor ni au Golgotha mais en espérance de tout, même à
faux, comme tout le monde, le tout venant chrétien et des croyants de tous
bords, attachés… nous.
Les
disciples d’Emmaüs, très factuels mais les faits n’empêchent pas la perpelexité
ils parlaient entre eux de tout ce qu’il
s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus
lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés
de le reconnaître. Notre sensibilité, mon
adolescence se sont régalés de ce récit, la proximité, la prévenance du Christ.
Il y a des leçons qui vont au-delà de ce réconfort. Si le Christ de la
Résurrection est méconnaissable pour les disciples, pour les Apôtres, pour
Marie-Madeleine, c’est que leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître…
Alors, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent … et comment le Seigneur
s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Depuis Sa mort à notre vie et à notre mode actuel d’existence et par
Sa résurrection (retour à l’éternité), le Christ ne peut être connu,
« vu » de nous que selon Sa propre initiative. En pratique
quotidienne, par les sacrements : cette fraction du pain, et par la
lecture de Sa parole. Ce commentaire que Jésus fait à ses deux disciples :
dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait. Luc lie, par les « saintes femmes » l’ensemble de son récit
des événements et enseignements suivant la Résurrection : les mêmes qui
étaient avec Joseph d’Arimathie pour la descente de croix, la mise au tombeau,
sont les premières à constater… déjà les deux anges leur rappellent les propres
prédictions du Christ, ce qui échappe à Pierre… les disciples en route vers
Emmaüs eux aussi sont mis au rappel de ces paroles du Christ, puis tous à la
grande apparition collective : alors il leur ouvrit l’esprit à
l’intelligence des Ecritures [4].
Notre foi se conclut par notre
étonnement, notre émerveillement mais que tout se tienne ainsi dans notre vie
comme dans l’ensemble de ce que nous recevons est un don. Il y a parfois la
grâce – aujourd’hui mystique – du toucher et de la vue : voyez mes
mains et et mes pieds ; c’est bien moi ! Touchez-moi et rendez-vous
compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai… Avez-vous
ici quelque chose à manger ? [5]mais le fond de notre psychologie, notre
condition humaine par elle-même, entrave et chemin, restent réticents devant le
miraacle, devant la vie, devant la réalité vraie et totale (nous ne vivons
quotidiennement qu’à demi ou au dixiè-me, ce que d’ailleurs les sciences
médicales attestent de plus en plus, atrophiés, n’usant pas de tous nos sens,
nous réduisant même au plus élémentaires de nos outils de perception et de
réflexion) : il s’en retourna chez lui, tout surpris de ce qui était
arrivé… [6]
dans leur joie, ils se refusaient à croire et demeuraient ébahis… [7]
enfin la grâce, le dénouement de
l’Ascension et la clarté, la consolidation, la force de la Pentecôte :
paradoxe, après que leur Maître et Seigneur, tant qu’il les bénissait, se
sépara d’eux et fut emporté au ciel, les
voici pas du tout orphelins, qui revinrent à Jérusalem en grande joie [8].
Marine
Le Pen, la famille Le Pen, le Front national incapables de drainer, rallier ou
susciter une élite de gouvernement et d’administration font jeu égal avec les
partis dits de gouvernements (PS et UMP) pour se servir mutuellement de cible
et se dispenser de programme. Jean-Pierre Raffarin dénonçant la fascination des
médias et des politiques a consacré presque tout son temps de parole ce matin à
Marine Le Pen, François Bayrou hier : même déploration et même remplissage
du vide. La patronne du Front n’est pas en reste qui réplique à son père et
veut faire vendre Rivarol
sans qu’on sache trop ce qu’a publié l’hebdomadaire
pas encore centenaire, mais déjà aussi ancien que Témoignage chrétien et d’autres commentateurs de la Libération.
Les
duettistes de 2012 ont chacun leur plan : « son plan contre Le Pen »
donne la couverture du Figaro-Magazine à Nicolas Sarkozy, et « sa stratégie »
donne à Hollande l’espace équivalent pour Aujourd’hui en France. Le premier veut s’assurer encore plus le
contrôle de la machine à élire, le second parviendra à museler le congrès socialiste
par solidarité grégaire aussi bien que les institutions (mal comprises et mal
pratiquées) de la Cinquième République empêchent tout débat de fond au
Parlement sur la politique économique et sociale décidée par lui seul et
maintenu par lui seul. Le Premier ministre a disparu puisqu’il s’est consacré pendant
toute la campagne des élections municipales à fustiger le Front national.
La
mort de Crémieux-Brilhac, Compagnon de la Libération, grand évadé, grand
résistant, grand témoin, devenu grand vieillard symbolise bien ce qu’il nous
manque.
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