mardi 28 avril 2015

journée pour la mémoire des déportés - 26 avril - allocution de Jacques Myard, député-maire de Maisons-Laffitte


Un bruit de bottes martèle le pavé en cadence.
D’étranges pancartes blanches écrites en lettres gothiques apparaissent dans les villes pour guider l’occupant.
L’ennemi orgueilleux et arrogant impose sa loi.
Le couvre-feu vide les rues.
Une ligne de démarcation de mille deux cents kilomètres traverse 13 départements des Pyrénées atlantiques au Jura et à l’Ain et coupe la France en deux.
Comble de la lâcheté, un gouvernement aux ordres du troisième Reich s’abaisse jusqu’à nommer un ambassadeur à Paris même, ville occupée.
La France est à genoux et touche le fond de l’abîme, mais plus fort que son glaive brisé, son esprit, sa pensée rebelle appellent à poursuivre son combat multiséculaire pour la Liberté.
La résistance commence.
Le 3 juillet 1940, le Capitaine NOUTARY commandant le 1er bataillon du 7ème régiment d’infanterie coloniale écrit aux commandants de compagnie une note confidentielle.
« Après la démobilisation, nous devons nous tenir prêts à reprendre les armes... Nous devons développer notre sens de la discipline et notre esprit de sacrifice à la plus noble des causes, celle d’une France forte et libre »Le 11 Novembre 1940, plusieurs milliers d’étudiants et de lycéens bravent les ordres des nazis et défilent sur les Champs Elysées, se rassemblent à l’Arc de Triomphe et fleurissent la statue de Clemenceau.
Quelques mois après se forment les premiers maquis.
Tom MOREL et le Capitaine ANJOT tiendront avec héroïsme le plateau des Glières.
La résistance commence et s’organise, la répression aussi.
Le Professeur Paul LANGEVIN est arrêté et incarcéré à la Santé.
Le 22 octobre 1941, 50 otages du camp de Choisel à Chateaubriant sont fusillés en représailles de la mort du Feldkommandant abattu par des résistants à Nantes deux jours plus tôt.

« Mon pays, mon pays a des mares et les larmes le jour, le soir les fait sang. »
Louis Aragon
Camarades, compagnons de combat, mourir fusillé le sourire aux lèvres, bravant le peloton d’exécution à Chateaubriant ou dans la clairière sacrée du Mont Valérien, est-ce un supplice plus doux que l’enfer qui commence dans les wagons qui t’emportent vers des terres de détresse ?

« Je t’ai vue la dernière fois dans le wagon encore ouvert,
parmi le troupeau effaré, les visages des enfants juifs,
je n’ai pu te tendre la main même pour le dernier voyage. »
Spiegel Ishayahou à Rebecca

Alors commence la foire à l’Homme, la honte à jamais du genre humain.
Vos noms sonnent comme un glas terrible, lugubre et glaçant :

Belzec
Sobibor
Treblinka
Ravensbrück
Dora
Buchenwald
Le Struthof
Auschwitz

Vos noms sont à jamais maudits.

La faim y torture
« Six jours sans pain,
La mort chevauche à travers les rangs,
Les cadavres sont notre pitance ».
Edler Von Boris Georg
Les assassins font disparaître leurs crimes dans les crématoires.
« La fumée du crématoire
charrie les larmes d’enfants
dont les avenirs sanglants
accusent devant l’Histoire »
Feigelson Ralph
« C’est moi la mère brûlée qui cogne à vos cœurs languissants,
Vous ne pouvez pas me voir ; on ne peut pas voir les brûlés,
Le gaz m’a consommé les yeux,
les cheveux ont commencé en premier,
Je suis devenue de la cendre menue »
Kulisiewiez Aleksander
Je vous aime mes frères déportés, amants sublimes de la France, terre de liberté.
Vous avez porté la flamme de la résistance au-delà de la mort.
Vous incarnez à jamais le visage mourant du premier preux.
Vous êtes à jamais les frères d’Antigone et de Jeanne.

Le printemps est revenu, les lilas refleurissent, la vie est plus forte que la mort mais ;

« Le sang ne sèche pas
aujourd’hui ni demain,
Ravensbrück ou Dora
ne sont pas si loin »
Chiroux Francine
Le fanatisme est de retour et le monde demeure une fête sanglante
« où le meurtre fourmille » Victor Hugo
Alors enfant de France, lève-toi et dit NON aux terroristes, barbares renaissants.
L’esclave dit toujours oui !

Vive nos Alliés
Vive la République
Vive la France.

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