Le parcours historique de la présence chrétienne bimillénaire au Moyen -Orient :
1ère partie
L’essence
de la culture chrétienne consiste en la promotion de la paix, basée sur quatre
piliers : la vérité, la justice, l’amour et la liberté.
Conférence à l’UNESCO du Patriarche Card. Béchara
Boutros RAI Paris, le 25 avril 2015
Introduction
1. Je voudrais tout d’abord saluer et remercier Mme Irina Bokova,
Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la
Science et la Culture et le Conseil Exécutif, ainsi que Dr Khalil Karam,
Ambassadeur, Délégué permanent du Liban auprès de l’UNESCO, de m’avoir invité à
donner cette conférence à l’occasion du 70ème anniversaire de cette
Organisation, autour du thème : "La présence chrétienne au Moyen - Orient
et son rôle dans la promotion de la culture de la paix".
I. Parcours historique de la présence bimillénaire des chrétiens au
Moyen–Orient première partie
2. C’est dans la région du Proche-Orient que Dieu a envoyé son Fils,
il y a deux mille ans, afin d’accomplir le plan de salut de tout le genre
humain, et où, pour la première fois, les disciples du Christ reçurent le nom
de "Chrétiens" (cf. Ac 11, 19-26). Aussi, le christianisme devint
rapidement un élément essentiel de la culture de la région grâce à ses grandes
écoles d’Alexandrie et d’Antioche. L’essence de la culture chrétienne était et
reste toujours la promotion de la paix, basée sur quatre piliers : la vérité, la
justice, l’amour et la liberté (Pacem in Terris, 88).
3. La paix constantinienne avec l’Edit de Milan (315), qui a clôturé trois siècles de
persécution chrétienne, a fait apparaître une Eglise complètement acculturée,
se faisant araméenne avec les araméens, copte avec les coptes, grecque ou
latine avec les ethnies dominantes de l’Empire romain. Elle apparaît organisée
en patriarcats : Rome, Alexandrie, Constantinople, Antioche et Jérusalem.
Chaque Eglise patriarcale avait son organisation en diocèses, se gouvernait par
ses propres lois et tenait la communion avec les autres Eglises et celle de
Rome.
4. En franchissant les frontières de Jérusalem et du peuple juif, l’Eglise a fait son premier
champ d’expansion en milieu païen de la région syrienne de l’Empire Romain, où
elle s’est mise au contact des cultures grecque et araméenne - syriaque. À
Antioche, capitale de la province romaine d’Orient et foyer vivant
d’hellénisme, s’est constituée la première communauté significative de
chrétiens d’origine païenne autour de l’année 37. Alexandrie aussi était
devenue, à la fin du Ier siècle le haut lieu de l’hellénisme
chrétien. Ces deux villes culturelles, jusqu’au VIème siècle, rivalisaient avec
Rome et Byzance. Au IIIème siècle le christianisme a gagné l’essentiel de
l’Egypte, de la Palestine, de la Syrie, de la côte phénicienne (aujourd’hui
littoral libanais) et de l’Asie Mineure ; il s’est étendu loin vers l’Est, au
cœur de la Mésopotamie.
5. Les chrétiens du Moyen-Orient ne sont pas donc des individus épars, ni des
groupes de minorités ethniques ou religieuses. Ils sont plutôt les membres de
l’Eglise Universelle, appartenant à des Eglises qui ont chacune son rite
propre, c’est-à-dire son patrimoine liturgique, théologique, spirituel et
disciplinaire, représentant sa propre manière de vivre la foi selon sa culture,
histoire et situation géopolitique.
La
situation des chrétiens au Moyen-Orient est plus que problématique, aussi il
nous a paru avisé de vous proposer de lire la conférence du Cardinal Béchara
Boutros Rai, le patriarche maronite. Voilà une manière modeste mais réelle de
s’unir à eux, de les comprendre, de nous comprendre, de mesurer aussi la dérive
que produisent les media en usant souvent de termes inappropriés.
Dans
un discours posé, le Patriarche redit quelques points essentiels aussi bien de
l’histoire de la présence chrétienne au Moyen-Orient que du style de leur
présence ainsi que des conditions pour que cette riche et belle histoire puisse
se poursuivre. A travers cela nous pouvons y lire le mystère de l’Eglise et son
incroyable capacité à s’insérer dans les peuples qui la reçoivent et
bénéficient souvent par là d’une extraordinaire revitalisation…
Nous
sentons, en lisant la conférence du Patriarche Rai, combien cette
présence est une richesse pour ces pays mais aussi pour nous. Par eux, nous
nous éprouvons « latins » et nous nous ouvrons à une manière
renouvelée d’être chrétiens, catholiques.
En
lisant la première partie, nous relisons en fait notre propre histoire…
mesurons ce que la barbarie actuelle risque d’anéantir. Les propos du
patriarche prennent des appuis dans d’autres considérations que nos média.
Ainsi, il n’y a pas de « groupes de minorités ethniques » [modèle
aberrant ainsi posé] mais une Eglise universelle qui a rencontré et respecté
tous les peuples… et ainsi permis une extraordinaire floraison culturelle dans
l’amour, la vérité, la justice, la paix chez ceux-ci…
Père Jean-Luc Fabre
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