Vendredi
9 Août 2013
Hier
Lecture
du Monde sur plusieurs jours. La situation du monde actuel me paraît assez
claire mais personne n’en fait la synthèse, du moins à ma connaissance.
Partout, la réaction sécuritaire, soit celle des Etats-Unis avec leur
espionnage et leurs drones, quel qu’encadré que reste exemplairement leur
exécutif par X commissions parlementaires et les réelles compétences qui
s’exercent au Congrès, soit celle de la plupart des dirigeants obsédés par les
élections et réélections, leur éloignement de l’opinion publique : Afrique
et Europe paradoxalement au même étiage avec des modalités apparemment très
différentes, mais la démocratie n’est plus que formelle : vieillie en
France, importée en Afrique, nos institutions vidées de leur esprit et sans
pratique populaire, les révisions constitutionnelles à l’arraché de ces
dictateurs. La « menace terroriste » a maintenant deux
caractéristiques évidentes, en dehors de celle que depuis le 11-Septembre il
n’y a plus rien eu de vraiment spectaculaire : elle a ses sanctuaires au
désert du Yémen à l’Azawad, elle recrute de plus en plus en Europe. Immigrés récents ?
ou bien une attirance logique et dogmatique comme purent l’être les mouvements
en Allemagne, en Italie et en France du genre Rote armee, Brigades rouges ou Action directe. La
contestation islamiste étant ce qui fait le plus peur au bouregois aujourd’hui
qu’il n’y a plus de communisme. – Le pouvoir en France est absent, aucun
diagnostic propre à nous n’a été posé et donc aucun remède véritable n’est
administré, la crédibilité de FH et de son équipe est la plus faible qu’ait connue
la Cinquième
République. Nos dirigeants se trompent du tout au tout en
pensant que MERKEL réélue va s’assouplir puisqu’elle aura gagné en
« volant » au SPD son programme. Le FMI encourage au contraire
l’Allemagne, sans le dire, mais toute l’argumentation y est, à quitter la zone
euro. pour réduire sa dépendance commerciale vis-à-vis de son environnement
géographique. La différence franco-allemande depuis une décennie n’est pas
économique mais politique : la chancelière est populaire, NS et FH
successivement sont impopulaires, leur politique inefficace et donc rejetée,
incomprise, celle de MERKEL fonctionne. BERLUSCONI termine sa carrière aussi
spectaculairement qu’il l’avait commencé : il cumule les personnages de
DSK et de NS. – Les islamistes partout en recul parce qu’ils n’ont pas su
comprendre la révolution qui avait mis fin aux régimes précédents : une
soif de démocratie plus encore que d’identité. – On va vers des
surprises : les pollutions au pétrole ou au bitume en Thaïlande, en
Alberta, au nucléaire avec la chronique de Fessenheim chez nous et l’opacité de
TEPCO au Japon, l’EDF en pareille circonstance serait probablement pire. Les
PEPY, les PROGLIO, les proconsuls… les débuts de forage au gaz de schistes en
Grande-Bretagne semblent mouvementés. Surprises aussi dans les économies
spéculatives : la vente du Printemps à des intérêts quataris pas bien identifiés, la fusion de Publicis avec son principal concurrent américain… En
feuilleton, le récit de la corruption d’une élection présidentielle américaine
(celle de HARDING en 1921) par des groupes pétroliers. En revanche, santé
institutionnelle au Vatican : François aussi bon pasteur qu’administrateur,
son motu proprio pour les finances pontiifcales, leurs organes et leurs
satellites.
Ce matin
J’ai
été éveillé brusquement d’un cauchemar. Vacances, villégiature, petits villages
je ne sais où ? je suis « avec » G. (son anniversaire
aujourd’hui et ma volonté depuis quelques jours de le lui sohaiter par écrit et
de lui dire mon souhait de la revoir…), mais la quitte pour me retrouver dans
une chapelle sans grâce où par hasard ! je retrouve un à un les membres de
ma famille, notamment deux de mes frèrest, mais surtout tantes et oncles
décédés au premier rang, quoiqu’il n’y ait pas d’autel, chapelle qui semble
sans fenêtre, plafond d’une salle ordinaire, mais seconde salle dans laquelle
se trouve une partie des miens. Je me crois devant un choix, devenir prêtre, ou
me marier avec telle : est-ce S. ? en abandonnant G. ? je me
sens surtout incapable de fidélité et de tenir un choix. – Impression sinistre,
ce rêve, la non-communication avec mes aimées pendat ces trois jours d'Autriche
que Bernard dépose à la gare de Kehl. Revenues lundi soir vers vingt heures
trente, elles attendront tranquillement que celui-ci vienne les chercher.
Temps maussade et peut-être pluvieux. Me
ressaisir enfin aujourd’hui ? rangements et traitement de mes deux
« questions » : Megève, notre co-propriété et le Père VESIN, ce
dernier ainsi que son évêque, restant silencieux à ma proposition. Prier… Je
sens surtout l’hiver déjà revenir, et j’ai peur de l’avenir aussi bien lointain
avec un temps désormais aussi limité, la dizaine d’années sauf accident, et la
perspective d’avoir à déménagé-emménagé, soit des mois d’efforts et de fatigue.
– Oui, prier… [1] la foi, la vie de foi, la prière, le rappel intime que
Dieu m’accompagne, me soutient, protège les miens, le monde… me sont de plus en plus nécessaires,
indispensables. Remarque : les saints sont dans l’histoire humaine, dans
leur époque et beaucoup ont agi avec une influence considérable, ainsi Edith
STEIN et ses mises en garde de Rome sur le nazisme dès avant 1933. Et d’autre
part, simple remarque sans « jugement de valeur », ces saints qui
écrivent et beaucoup et dont la sainteté est évaluée, aussi, sinon surtout, par
leurs travaux ou « épanchements ». Evidemment pour qu’une
personnalité nous soit perceptibe, humainement, il faut de la trace… un mystère et un paradoxe de plus. Celui du
Christ est le plus récurrent. Jésus
parlait à ses disciples de sa venue… or,
tandis qu’il leur parle, il est « évidemment » parmi eux. Parabole de
mise en garde : veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Toutes les jeunes filles, les invitées et
demoiselles d’honneur pour la noce, se sont également endormies, la noce est de
nuit, que faisaient les époux, d’où venaient-ils, d’où arrivent-ils ? une
autre cérémonie ou ailleurs, pourquoi ne les accompagnaient-elles pas dès le
début des rites et réjouissances ? elles dorment, elles sont éveillées, le
crible entre la prévoyance et la distraction ne se fait pas sur le temps
d’attente et de sommeil, mais sur l’équipement, les lampes. Elles prirent
leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux… celles qui étaient
prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noces, et l’on ferma la porte. On se passe
donc de la moitié des lampes ? ou celles-ci étaient-elles
superfétatoires ? Beaucoup de décousu et d’incohérence dans la parabole,
sinon ce dialogue, terrible : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! –
Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. Or, sommes-nous ? serons-nous jamais prêts ? Je n’ai pas peur
de la mort, j’ai confiance dans l’accompagnement décisif, quoique ce soit
sûrement un moment de solitude, mais j’ai peur de ce que je puis être dans ce
moment. Digne, « à la hauteur », reconnu de Dieu. Seule attitude,
tandis que je lis, prie, médite, supplie : la confiance, la demande,
l’abandon. Le psaume et le prophète promettent au contraire cet accueil de
l’époux : le roi sera séduit par ta beauté, prosterne-toi devant lui…
On la conduit, toute parée vers le roi, des jeunes filles, ses compagnes, lui
font cortège… Tu seras ma fiancée, et ce sera pour toujours. Tu seras ma
fiancée, et je t’apporterai la justice, le droit, l’amour et la
tendresse ; tu seras ma fiancée et je t’apporterai la fidélité, et tu
connaîtras le Seigneur. Amen. Réponse
directe à mon cauchemar, ses dilemmes et mes peurs et doutes, alors que les
réponses : notre mariage et la foi dans laquelle je suis maintenu par la
grâce, me sont quotidiennement prodigués. C’est Dieu qui cherche le cœur à cœur
bien davantage et plus constamment, sincèrement, totalement que nous ne saurons
jamais nous y livrer par nous-mêmes. L’infidèle, c’est moi, nous. Mon
épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l’entrainer jusqu’au désert, et je
lui parlerai cœur à cœur. Là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse,
au jour où elle est sortie du pays d’Egypte. C’est une femme âgée, une âme fourbue et pécheresse que cherche à
reprendre l’époux… une authenticité et
une disponibilité initiales qui se sont perdues, et qui vont se retrouver. Prier,
demander, certitude d'obtenir. Mais cela se passe au désert.
fin de
matinée
Je
continue de réfléchir à notre déclin national sinon même à notre élimination de
l’histoire et des grandes décisions humaines pour notre temps. Avec de Gaulle,
l’Etat se faisait et se recomposait : Londres, Alger, 1958. L’Etat se
mettait au diapason d’un homme de génie, lui-même porté par l’âme nationale
encore plus que par des suffrages qui parfois lui manquèrent. Ces derniers
temps, ce sont les politiques qui s’efforcent vainement d’être à la hauteur de
l’Etat qui leur a été confié.
Lecture
du Monde. Tout confirme qu’avec Poutine se rétablit
un Etat stalinien qui tendait déjà à disparaître à la mort de Brejnev. Ambivalence
de l’affaire Snowden, et révélations au second degré bien plus importantes pour
l’avenir que le fait-même des espionnages américains. Ceux-ci auraient été mis
en place avec l’accord des gouvernements, sous prétexte de terrorisme et dans l’ambiance
compasionnelle et sécuritaire du 11-Septembre : c’est la défense du S.P.D.
qui aurait explicitement traité avec les services américains et la base
américaine des lacs bavarois a été le centre de ce travail. Question alors :
les gouvernements ne donnaient pas au « grand allié » la permission
de les espionner, c’eût été absurde, ils étaient censés n’avoir rien à lui
cacher, mais ils permettaient l’espionnage de leurrs concitoyens. Il est
probable que cela s’est fait dans toute l’Europe « occidentale » et
notamment chez nous. On attendra peu pour le voir confirmer.
Egypte,
on va vers un néo-nassérisme avec une élection présidentielle triomphale de ce
général Sissi, mais la différence majeure sera que ce nouveau régime est
pro-américain et de fait pro-israëlien. Il est à l’unisson des monarchies
pétrolières. Les Egyptiens se sentiront assez vite une deuxième fois trompés ;
Les Frères musulmans, puis la chère armée. Cela ne durera pas, mais ensuite ?
la clé est donc dans la négociation iranienne, seule de nature à priver Israël
de ses meilleurs arguments belligènes.
Débat
sur l’embryon, la recherche sur l’embryon, et en fait la concurrence
scientifique de deux voies, l’une sans débat éthique, les cellules-souches
reprogrammables, et l’autre posant des questions de principe grave, les
cellules d’embryon. Deux papiers dans le Monde daté d’aujourd’hui (page
18): l’un du professeur Arnold Munnich qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy
pour les sujets de santé, l’autre de la ministre Geneviève
Fioraso. J’attendais du chef de service à Necker des
arguments de fond, scientifiques, médicaux et aussi, tout bonnement, l’exposé
de ce en quoi consiste la recherche sur l’embryon : le tue-t-elle, y
a-t-il des prélèvements in utero, etc… je ne lis que la dénonciation d’ « une
régression de taille dans notre niveau de conscience et de vigilance collective…
une victoire idéologique à courte vue pour des associations militantes et des lobbys
scientifiques » et quoique le praticien se défende de tout pré-supposé
religieux, il évoque « les dix commandements, fondement judéo-chrétien de
nos valeurs républicaines partagées… de nombreux Français, pour qui on ne joue
pas avec le respect de la dignité de la vie ». Monsieur tout-le-monde peut
en écrire autant… j’apprends seulement que le système de dérogation, selon la
loi de 2011, a fonctionné d’une manière telle que « pas un seul projet de
recherche n’a été interdit ». mais je ne sais toujours pas sur quoi porte
la recherche et comment elle se pratique, et s’il y a blessure et mort de l’embryon.
Quant à la ministre, c’est l’habituelle stigmatisation des « fins politiciennes »,
la protestation que les débats ont bien eu lieu et depuis années et la
couverture d’experts, du Conseil constitutionnel et du prix nobel japonais sur
le sujet. Les débats à la française portent sur l’adversaire non sur leur
thème. Ils sont en illustration de soi et en dénigrement de l’autre, le tiers n’y
apprend rien
Chiffres
du foot-ball : endettement français limité à 100 millions, celui de l’Agleterre
est de 3 milliards et celui de l’Espagne de 4. Une révolution majeure sera la
réduction des salaires des joueurs à leurs frais professionnels et à des
rémunérations du genre de celles des enseignants de sports ou des animateurs de
quartiers (ceux-ci étant à augmenter non pour le maintien du niveau des
foot-balleurs mais à raison de leur utilité socio-pédagogique très nettement
supérieure) et d’autre part l’interdiction (comme une candidature à des
municipales) de jouer dans un club qui n’est pas celui de sa résidence
habituelle, a fortiori d’importer des mercenaires. Je crois que l’investissement
et la « starisation » en faveur de ce sport, devenu une entreprise à
la fois de démagogie (panem et circenses) et d’un lucre insensé, caractérisent
le fond de notre époque, son abaissement à tous égards. Banalité que de le dire
et répéter.
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