samedi 19 février 2011

Inquiétude & Certitudes - samedi 19 février 2011


Samedi 19 Février 2011

Le bonheur est de désirer ce que l’on a : Vauban l’inscrit sur la paroi du petit couloir allant de la sacristie à sa petite chapelle privée, château non loin de Vézelay. Prier… [1] dressons donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. Pierre, témoin de la transfiguration de son maître, avec Jacques et Jean, ne pense qu’à tout stabiliser, qu’à accueillir, il s’oublie ainsi que ses deux compagnons : il est heureux que nous soyons ici. Pour une fois, il a parfaitement compris ce que tous sont en train de vivre. Bouleversés, ce n’est ni la première ni la dernière fois. Il ne semble pas qu’il était – contrairement à Jacques et à Jean – au baptême du Christ où, déjà, avait retenti cette voix : ‘ Celui-ci est mon Fils bien aimé. Ecoutez-le.’ La conclusion est merveilleuse, cette « solitude » avec le Christ. Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. La voix divine donne-t-elle le signal de la « disparition » des deux principales figures de l’Ancien Testament ? les périme-t-elle ? n’est-il pas suggéré que le Christ à son « état normal », d’homme mortel – ce que Jésus a soin de rappeler à ses trois disciples – , donc non transfiguré, est cependant tout à fait supérieur aux prophètes et se suffit à Lui-même ? D’ailleurs, la figure d’Elie, sans doute assimilée à celle de Jean le Baptiste, est resituée. Enseignement privé du Christ sur les Ecritures le concernant comme aux disciples marchant de Jérusalem à Emmaüs. Sans la foi, c’est impossible d’être agréable à Dieu, car, pour s’avancer vers lui, il faut croire qu’il existe et qu’il assure la récompense à ceux qui le cherchent. La récompense ? elle est « simplement » de rester en présence de Dieu. Le texte dit bien que ce que nous cherchons est Dieu, non la récompense. Ce qui signifie bien que Dieu « trouvé » est cette récompense. Les gloses de la lettre aux Hébreux sur le sacrifice d’Abel ou sur Hénok enlevé de ce monde ne dissipent pas les énigmes posées par le texte, mais elles nous/me rassurent ; il y a deux mille ans on butait autant qu’aujourd’hui, dans la réflexion et la prière. Cet hymne à la foi, cf. l’hymne paulinien à la charité, l’assimile à la justice, la rétribution, la récompense, en fait au cas que Dieu fait de nous. Me semble-t-il. Je referme ces livres, redescends de l’autel intérieur, je redirai le récit de tes merveilles, ton éclat, ta gloire et ta splendeur.

matin

Dépêches AFP hier soir : « DSK affole la presse ». Une demi-page du Monde : « communication d’urgence pour M. Strauss-Kahn ». Sera sur « le plateau de France 2 » dimanche. Effectivement, je serai à regarder-écouter. Sans doute ayant des réunions FMI jusqu’en Mai, DSK ne peut candidater sans démissionner. Il lui est prêté un scenario de non-candidature : une présidence du FMI serait créée, exonérant le directeur général qu’il est des obligations de travailler (s’il travaille personnellement, ce dont je doute), et de là il se ferait élire président du Conseil européen… je ne vois pas ce qu’il a fait comme « homme de gauche pour le monde entier » à la tête du FMI, il aurait inventé des prêts à taux zéro et confirmé la vente du stock d’or (environ 450 tonnes) déjà décidée avant son arrivée. Je ne vois pas non plus une expérience française éblouissante : un ou deux ans ministre délégué à l’Industrie dans les derniers gouvernements de Mitterrand, et un an ministre des Finances de Jospin mettant la gauche entière dans l’embarras avec son histoire de factures ou faux frais à la MNF… Je reste convaincu qu’il ne fera pas, tant s’en faut, le plein des voix de gauche : sa popularité est du genre de celle de Rocard, il est sympathique à la droite, mais celle-ci votera pour l’U.M.P. quel qu’il soit. Et je suis sûr que s’il est élu, ce ne sera nullement la rupture sociale et éonomique, le rétablissement du service public, une imagination européenne : au mieux, ce sera un certain rétablissement de la démocratie, mais il y aura autant d’affaires, et d’abord les siennes, quand il sera à l’Elysée. Les Américains ont dû accumuler leurs créances (et leurs écoutes et autres documentations) depuis qu’il est à New-York. En attendant, il a les moyens : trois biographies revues par ses communicants, et ses communicants : Gilles Finchelstein, un ancien collaborateur de Bercy, délégué général de la Fondation Jean Jaurès et un des responsables d’une officine ad hoc Euro RSCG. Ses relais au PS sont déclarés, Peillon, Cambadélis, Moscovici ; il aurait reçu l’appui de Fabius (contre quelle promesse ? Matignon ?), Gérard Collomb a formé un comité de soutien à Lyon. Reste à approcher Hollande. Le carré de la résistance sera les deux femmes, qui ont tout intérêt à s’allier et qui ont ma sympathie : Aubry et Ségolène. Pour l’image appâtant les fans du Fouquet’s, il a plus de fond que Sarkozy : son « riad » de Marrakech (au nom de sa femme) et le « pavillon de la reine » place des Vosges… C’est ce dernier trait qui différencie le plus nettement la candidature messianique de DSK de celle de Delors à l’automne de 1994 : Delors qui eût gagné. Reste que ce dernier avait un bilan et que son influence dans l’opinion, sa caution pèseront très favorablement, je crois, en faveur de sa fille.

Les deux points par lesquels la partie du changement sera irréversible dans le monde arabe : l’Algérie et l’Arabie séoudite, se jouent ces jours-ci. L’Algérie, cet après-midi : manifestation interdite mais organisée par face-book et autres.


[1] - lettre aux Hébreux XI 1 à 7 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Marc IX 2 à 13

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