lundi 28 février 2011

Inquiétude & Certitudes - lundi 28 février 2011


Lundi 28 Février 2011

Qu’est-ce que l’homme laissé à lui-même ? pas même une personne. Aimer et travailler, créer dépendent-ils de lui ? même les moyens et les façons de son accomplissement, il ne les possède pas en propre.
Prier…[1] qu’elle est grande, la miséricorde du Seigneur, qu’il est grand, son pardon pour ceux qui se convertissent à lui ! … Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse ; de chants de délivrance, tu m’as entouré. … Ainsi chacun des tiens te priera aux heures décsives ; même les eaux qui débordent ne peuvent l’atteindre. L’évangile, dit celui du « jeune homme riche » (dont les commentateurs répètent que l’on ne sait s’il était jeune, car ce n’est pas dit, mais cette analyse commune montre qu’a été saisie la parabole, la disponibilité qu’incarne la jeunesse parce qu’elle est, par situation biologique et mentale, commençante, consciemment commençante), cet évangile est décisif pour resituer la « perfection », objet de recherche fréquent ou recommandé en éducation… ou objet d’estime de soi, s’il se peut, et pour la démontrer comme radicalement insuffisante, stérile et au fond attristante, non contagieuse et non gratifiante. Non contagieuse vis-à-vis des autres, non gratifiante pour soi. Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse. Peut-être, au contraire de l’habitude que nous avons de le considérer (et au fond de ne pas l’aimer… au contraire du Christ ! – posant alors son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer), cet homme n’est pas si jeune, peut-être même est-il au soir de sa vie, resent-il qu’il a des « comptes à rendre », en tout cas qu’il lui faut faire plus, aller plus loin : Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? Vocation unique dans les évangiles, il est choisi par dilection, selon ses réponses, selon même – peut-être – son apparence de corps, son apparence d’âme, selon une certaine perfection. Il est appelé pour lui-même, pour être pleinement accompli selon son propre vœu, pour avoir cet héritage qu’il demande, qu’il est venu demander. Sa faute ou son manque n’est son attachement à ses biens : une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres… elle est son manque de discernement : tu auras un trésor au ciel, elle est surtout qu’il ne se situe que relativement à des commandements et à un Dieu non personnel, administrant des préceptes, sans doute maître de cette fameuse vie éternelle (qu’était-elle conceptuellement pour les contemporains du Christ, qu’est-elle d’ailleurs pour moi ?). Il ne voit pas Dieu dans le Christ, il n’obéit ni à son appel ni à son attraction. Je comprends – intensément – qu’il devint sombre et s’en alla tout triste. Suite évidente de l’évangile d’hier : le monde ne tourne pas « rond » parce qu’il reste, y compris dans un enseignement trop tolérant de l’Eglise en matière économique et sociale, partagé entre Dieu et Mammon, les personne se perdent à cause de leurs biens. De tous ordres. Moi, le premier, je sais qui – de tout son amour – sait me le rappeler et qui me vaincra peut-être pour notre salut et notre bonheur, quoiqu’aussitôt se débattent les moyens, et je retombe… la louange est enlevée aux morts, puisqu’il n’existe plus ; c’est le vivant, le bien-portant qui célèbrera le Seigneur. Le christianisme ne dit rien sur la mort, l’au-delà ? tout simplement parce qu’il nous invite à ne pas y croire et à ne considérer que le réel, que ce qui nous est promis et garanti, la vie éternelle sur demande. Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? C’est parce qu’il a « tout bon » en réponse aux questions du Christ, qu’il est appelé et aimé. Il est docile : pourquoi m’appelles-tu bon ? A sa seconde demande, il ne donne plus le qualificatif. Il est face à face, il est face à Dieu. Tout est possible à Dieu. En somme, le défaillant de la « dernière ligne droite », lui aussi, lui surtout, est sauvé. Dans sa tristesse et ses larmes, il ne le voit pas. Jésus l’a suivi, et pas seulement de ce regard d’amour.

début de matinée

Courriels… le remaniement ministériel, la tentative d’un homme – certes élu mais qui s’est montré « impulsif et amateur » pour les grands sujets (et sans doute les petits) cf. tribune des diplomates dans Le Monde de mardi dernier (que je n’ai pas encore lue directement… échos et passages seulement : honnêteté intellectuelle). Je n’ai pas relevé – évanbgile du jeune homme riche – la compulsion des gens de gouvernement et de politique : Alliot-Marie qui en démissionnant il y a six semaines, restait grande et retrouvait toutes possibilités pour une nouvelle suite selon un autre cours, Gérard Longuet qui bavait d’attente et n’apportera rien au ministère de la Défense sinon de nous maintenir en Afghanistan jusqu’à ce que mort s’ensuive : cinquante deux ou cinquante-trois des nôtres, déjà…

----- Original Message -----
From:
Olivier Brisson
To:
Undisclosed-Recipient:;
Sent: Monday, February 28, 2011 7:52 AM
Subject:
POM( suite) billets Olivier

Elle part. Lui reste.
MAM et POM frités?

Le 27/02/2011

Sarko marque un point contre la délinquance:
Il vire un récidiviste du gouvernement.

Le 28/02/2011



----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Olivier Brisson
Sent: Monday, February 28, 2011 8:43 AM
Subject:
Re: POM( suite) billets Olivier

Remaniement très mystérieux. Car s'il s'imposait pour MAM, POM est nul et à charge dans une fonction relationnelle qui sera de plus en plus délicate. Guéant était décisif pour la quotidienneté et l'effectivité de NS, pour le fonctionnement. Là où il sera, il sera loin. On ne fait plus des élections par le ministère de l'Intérieur, alors ? Hortefeux si l'on court après l'Islam et les immigrés et il le faut pour arriver devant Marine, est bien mieux : en sarkozysme, on ne pouvait faire davantage. Il rejoint les fidèles frustrés : Estrosi, Devedjian, etc... son départ n'est pas logique. Juppé, certes, n'est pas un malade comme NS et a un poids propre, est-ce lui qui opère une révolution de palais et fait abdiquer NS en le forçant à se séparer d'Hortefeux et de Guéant ? il est évidemment pour les entourages et pour les médias le rival de Fillon, ce qui va compliquer s'il était besoin la relation président/Premier ministre. Lequel a une nouvelle affaire sur les bras, faisant l'affiche des journaux locaux à Sablé, où j'étais vendredi. Je connais un peu Xavier Muscat, chaleureux et attentif humainement, a priori pas un interventionniste ni un homme ayant la libido du pouvoir. S'il devait avoir le même comportement que Guéant, c'est qu'il aurait été poussé à adopter ce comportement, révélant donc NS encore davantage dans une détestable conception de la présidence.

Ou bien tout cela prépare-t-il une abdication en forme : ne pas se présenter pour une partie perdue, et avoir mis en piste Juppé, ce qui ferait renouer avec un scenario... de 1995.

Rien de tout cela ne dégage ni une capacité de perspective, sinon de prohétisme, en tout cas de grand angle pour regarder le monde et y revenir de façon constructive, attrayante et efficace (à la de Gaulle par exemple), ni une probabilité de révolution intérieure avec une reprise de ce qu'attendent les Français, le service public, la réduction spectaculaire des ingéalités, l'emploi : c'est-à-dire non plus de la pédagogie-mensonge-contrainte morale mais des égards et de l'écoûte.

Si l'on avait voulu faire, sinon du vrai, du moins du très visible pour les semaines à venir, réduire de moitié le nombre des ministres et sous-ministres, il y avait quantité de personnages dont j'ai cessé d'apprendre les noms à faire partir et un certain nombre - surtout parmi les femmes - qui n'apportent que du commentaire et de la prétention, et aussi de l'éparpillement des organigrammes et des intitulés ministériels, dont l'économie peut être faite. Vg. Michel Mercier, transparent au mauvais sens du terme, ou Nathalie Kosciusko-Morizet qui n'est qu'ambition et à qui, des années après, j'en veux d'avoir volé "sa" circonscription à l'excellent Wiltzer (que je ne connais que d'estime, ne l'ayant jamais rencontré).

Chaleureusement.

----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Christian Frémont, directeur du cabinet du président de la République
Cc:
M° Olivier Brisson
Sent: Monday, February 28, 2011 9:01 AM
Subject:
remaniement - un commentaire non engagé en réponse à un billetiste

Cher Préfet, je suis arrivé en retard devant "l'étrange lucarne" pour suivre le Président. Le remaniement, sauf le départ de Michèle Alliot-Marie, m'est difficile à comprendre.

J'ai pensé que ce que je viens de courieller à un ami avocat - chef d'entreprise, très courageusement et ingénieusement reconverti à la robe noire où il est particulièrement vigilant pour la misère humaine - pourrait, quoique critique selon le ton que vous me connaissez, vous intéresser. - Je laisse en clair les coordonnées de cet ami car recevoir son billet tous les jours ou tous les deux jours, est particulièrement savoureux. Je compte sur votre fair-play pour qu'il ne soit pas ennuyé par des plombiers de l'électronique ou autres, comme je l'ai été au printemps de 2009.

En fait, le seul électrochoc - qui surprendrait en très bien les Français et qui serait vraiment en vue du bien commun - serait l'anticipation de l'élection présidentielle, un an avant le terme. Le Président serait libre de se représenter, mais l'intérim déterminerait un "gouvernement de service" à la grecque, peut-être de consensus, avec un Premier ministre de simple administration. La France gagnerait un an, nous allons nous trainer en tentatives électorales sans plus et manquer au monde et à nous-mêmes, piur arriver tous "crevés" à Mai 2012, et le Président retrouverait sa seule chance de montrer, qu'en dépit des apparences, il n'a pas la libido du pouvoir (ce que je crois d'ailleurs et qui est paradoxal chez lui, au regard si souvent pathétique de tristesse, comme quelqu'un sans repères) mais qu'à armes égales, sur la cendrée de la course à l'Elysée, il peut être bon.

Voilà, pour la bonne cause, qui est celle de notre pays.

P S Pour l'avoir rencontré un peu au début de 2007, j'ai de l'estime pour Xavier Muscat. Je vais lui adresser le papier tiré de Burin des Roziers, sans doute le modèle pour un secrétaire général de la présidence de la République.


soir

Pas de radio dans la voiture de ma femme et je n’ai pas regardé la télévision, je ne sais donc rien de ce qu’il se passe. Mais, généralité et détails.

J’ai conscience depuis une quinzaine de jours que ma génération est en train de vivre – après 1968 et pour la France, le départ du général de Gaulle – des événements changeant le monde comme la fin de la Seconde guerre mondiale ou la chute de l’Union soviétique. Changements géosgtratégiques dont les pays arabes ont donné le signal, et surtout la tonalité : la pétition démocratique de gens affamés de justice sociale et de pain quotidien, les trois éléments vont ensemble et se commandent les uns les autres. La « crise » rend les pays à la périphérie occidentale ou méridionale de l’Union européenne vulnérables : agitation et émeutes surtout en Grèce, mais il semble que la Chine frémit malgré les couvercles vissés et la révérence des « Occidentaux » envers la dictature de ce communisme d’argent, et il y a des phénomènes étranges aux Etats-Unis : car la crise foinancière outre-Atlantique est également sociale, les gens à la rue parce qu’ils ne peuvent plus payer les traites de leur leur habitation. L’ensemble de cette propagation et de cet ébranlement, les thématiques qui se cherchent, les événements proprement dits m’ont accaparé ces semaines-ci et me pasionnent : 1789-1815, 1830, 1848, les deux guerres mondiales, 1968, 1989 et maintenant.

Evidence que ma génération qui n’est pas encore quittée par le pouvoir : Claude Guéant a soixante-six ans, à peine un an de moins que moi… ne comprend pas ces événements. D’abord parce qu’elle les voit peu et mal, qu’elle ne les regarde que un par un, sans les mettre ensemble, sans discerner leur dialectique. Ensuite, parce qu’elle ne se sent pas vcraiment concernée quoiqu’elle en ait peur. Les dirigés et les gouvernés depuis des années redoutent les conséquences de ce cours qu’ils n’ont pas choisi : la « mondialisation », les dirigeants et les gouvernants depuis le début de la crise tunisienne ont peur, non du tout (en quoi ils ont tort) de subir le sort des chefs d’Etat arabes qu’on déboulonne, mais d’être dépassés et périmés dans leur qualité de dirigeants, d’être mis à nu dans leur incompétence, leur imprévoyance, leur défaut de prévision et plus encore précisément leur faiblesse d’analyse.

Détails… je ne m’explique toujours pas la chute de Hortefeux. Un scandale, le mettant en cause personnellement, allait-il survenir ? Et comment Sarkozy va-t-il fonctionner sans Guéant ?

Je classe mes journaux – Le Monde principalement – et ce sont quelques photos qui me frappent : Obama et Hu Jin Tao, chacun sur leur chaise d’estrade et de majesté, le Chinois est détendu certes mais surtout hiératique, impénétrable tandis que l’Américain, le métis, le parvenu est hilare, non à la Nixon (précisément reçu par Mao Tse Toung en 1972 ou 1973 ?), mais comme le parvenu : c’est lui qui au nom des Etats-Unis, au nom du monde, accueille la grande Chine. Une sorte de rêve du rôle pour carton-pâte. Du Télégramme, une autre photo. : Villepin sort de son entretien avec Sarkozy, il serre longuement la main d’un huissier, sans doute un familier de son temps (n’est-il pas resté en maître de ce palais sept ans ? durée que peut ne pas atteindre l’actuel président). Sarkozy l’a quitté, est passé derrière une colonne, et très penché, solitude manifeste, va vers l’escalier menant à l’étage et à son bureau. Guéant figure derrière le couple Villepin-huissier et regarde Sarkozy, donc de dos, comme s’il l’évaluait sans perdre cependant des yeux ce que fait Villepin…

nuit


Commencé de lire Stéphane Hessel (Indignez-vous !). Pour se faire entendre, quel que soit le contenu, ce n’est pas d’abord ce contenu – aujourd’hui – qui compte (il en était tout autrement quand j’envoyai mes premiers papiers au journal Le Monde, initiant un procès en fidélité à Georges Pompidou, devenu président de la République), mais l’auteur ou la fonction. Stéphane Hessel avait tout, a tout : le passé multiforme, l’engagement à répétition, le courtage physique et le courage moral, toujours de grandes causes, de la Résistance aux sans-papiers. Je l’ai rencontré il y a quinze ans pour « l’affaire Garaudy » ; entre autres points, qui n’étaient qu’adjacents, il analysait très négativement l’abstention du Parti socialiste et notamment de Lionel Jospin à propos des sans-papiers et des évacuations d’églises – musclées – en Avril précédent. L’Abbé Pierre s’était exposé alors, pas tant en soutenant son collègue communiste des assemblées de la Libération et des débuts de la Quatrième République, qu’en affirmant, carrément, que le Premier ministre, à propos des sans-papiers et des mal-logés, lui avait menti lors d’un entretien qu’il venait d’avoir à l’hôtel de Matignon : Premier ministre, Alain Juppé… Donc le texte de Stéphane Hessel. Je suis aussitôt surpris par une référence – pour moi décisive (Edgard Pisani dans ses livres récents commence aussi par ces époques-creuset qui n’auraient jamais dû cesser de façonner la France contemporaine et notre esprit public) – référence au programme du Conseil national de la résistance. J’ai continué, bien entendu la déclaration de Décembre 1948, mais surtout les citations et le compagnonnage de Jean-Paul Sartre. Notre chute ne tient pas qu’aux politiques, et notamment à Jacques Chirac enfantant Nicolas Sarkozy, elle tient à nos écrivains et soi-disant intellectuels… ce ne sont plus des autorités morales.

Si le président avant-hier soir s’était interrogé sur les deux personnes qui actuellement, en tour de France, font salle comble et suscitent les vivats de la jeunesse : Hessel et Lonsdale, et si, s’interrogeant donc publiquement, il avait répondu en termes d’échelle de valeurs, de retour aux sources de ce qui fait notre pays depuis des siècles et qu’avait actualisée la Résistance du général de Gaulle, de Jean Moulin et de tant d’autres illustres ou non, alors il aurait commencé de traiter le problème de son impopularité qui devient son illégitimité, au regard de ce que notre situation nationale requiert matériellement et spirituellement.


[1] - Ben Sirac XVII 24 à 29 ; psaume XXXII ; éangile selon saint Marc X 17 à 27

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