Vendredi 27 Février 2009
Tandis que … j’essaie de prier…[1] L’exact contraire du fonctionnement de notre monde et de nos sociétés… Quel est le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec lui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? On n’est pas loin d’une évaluation de notre fameuse crise mondiale, économique et financière avec son remède : alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira :’Me voici’. Pour une fois, l’Ancien Testament répond par avance aux questions du Nouveau : Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? Réponse, parce que notre jeûne est et doit être autre. Et pourquoi les choses et notre jeûne sont-ils autres ou doivent-ils être autres ? parce que l’Epoux est avec eux. Ne l’est-il plus ? c’est toute la question de la foi, toute la dialectique historique et concrète de la rédemption, acquise éternellement depuis un événement pourtant inséré dans l’histoire humaine et daté dans cette histoire. Là ? pas là ? un temps viendra où l’Epoux leur sera retiré. … Ils voudraient que Dieu se rapproche. Génie d’Isaïe, génie littéraire à première lecture évidente, au point qu’à juste titre on parle pour ses derniers chapitres – d’une anticipation sidérante – d’évangile selon Isaïe, mais génie spirituel, un Dieu immanent et qui pourtant dialogue et a des réflexes si humains.
matin
Le sarkozysme en système. La nomination de François Pérol, à la tête du nouveau groupe, faite ce matin. La commission de déonotologie ne se réunit que le 11 Mars. Salves en rafale pour la propagande (« papier » sur France-Infos. très bien fait de Gérgory Philips). Un Stéphane Richard, directeur du cabinet de Christine Lagarde, et dont je n’avais jamais entendu parler (tout se passe à l’Inspection où certains travaillent et d’autres gravissent et gravitent, et au Trésor ou à l’ex-Trésor, selon des carrières et des filières qui ont cent cinquante ans), donne toutes les qualités humaines de l’impétrant, son humour, leurs imitations au téléphone du « chef de l’Etat, en toute révérence pour la personne et pour la fonction ». Le passage chez Rothschild est court : 2005-2007 à croire qu’il ne fait qu’un apport de clientèle, celle de l’Etat pour précisément la fusion des deux banques. Mais le pompon est que ce serait lui qui, chez Francis Mer, dont il est l’enfant et la découverte, en s’incrustant ensuite jusqu’au moment de Nicolas Sarkozy à Bercy, où il outille celui-ci pour Alstom, aurait fait le montage de Natixis, Natixis par qui les pertes sont venues autant aux Banques populaires qu’à la caisse d’épargne. Le crac qui opère le krach… Michel Sapin, avec son calme coûtumier, relève l’ensemble et le condamne. Jean-François Copé loue ces allées et venues des meilleurs entre le public et le privé pour le plus grand bien commun. Un anonyme – à l’Elysée ! – a le mot de la fin : s’il est si bien et si au fait des solutions de crise, pourquoi le président s’en sépare-t-il pour le confiner dans une banque.
Nos banques, les meilleures etc… qui, etc…. pour éviter tout risque, etc… Avant-hier, par erreur, la B N P débite 586.000 clients, on ne sait de quel montant, c’est réparé incessamment, mais pendant quarante-huit heures, quelle trésorerie pour la banque, et pour les clients dont les chèques se présentent ? un contentieux de plusieurs années.
Une réforme – une des dix ou quinze qui changeraient en un instant la vie des Français. Prêt immobilier, payer d’abord les intérêts fait qu’à mi-course on reste redevable de l’intégralité du capital, et que mécaniquement tout est organisé pour que l’emprunteur ne puisse pas se dégager avant la date de dénouement contractuel, sauf pénalités. On pénalise un débiteur qui s’acquitte de sa dette plus tôt que promis ! En réalité, les banques vivent de frais et non de rémunération d’une activité productive… et de spéculation sur fonds propres, eux-mêmes abondés en cas de besoin par le contribuable, décidément leur débiteur en permanence. Changer ce système et rembourser majoritairement le capital dès le début pour, en sus, obtenir des intérêts dégressifs ne portant que sur le restant dû.
Antilles… le brouillard. A la Guadeloupe, huit heures de négociations, le MEDEF, le patronat du tourisme et celui du bâtiment ne participent pas ou refusent de signer, les deux cent euros de primes, dont on ne sait si ce sera pérenne, ne concerneront pas 40 ou 45.000 des salariés les moins bien payés, mais seulement 15.000. La grève n’est pas encore levée. A la Martinique, la nuit aurait été calme (à cette heure métropolitaine, le jour n’est pas encore levé) et les négociations sont sur le point d’aboutir.
Décisif ? gouvernement d’union nationale entre Palestiniens, Hamas compris.
Pas de jour sans dépêche A F P pour dire le bonheur des soldats français en Afghanistan : les missions, l’environnement et surtout figurer enfin sous le commandement américain qui ne tarit pas d’éloge tant nous lui sommes indispensables.
Tandis que … j’essaie de prier…[1] L’exact contraire du fonctionnement de notre monde et de nos sociétés… Quel est le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec lui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? On n’est pas loin d’une évaluation de notre fameuse crise mondiale, économique et financière avec son remède : alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira :’Me voici’. Pour une fois, l’Ancien Testament répond par avance aux questions du Nouveau : Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? Réponse, parce que notre jeûne est et doit être autre. Et pourquoi les choses et notre jeûne sont-ils autres ou doivent-ils être autres ? parce que l’Epoux est avec eux. Ne l’est-il plus ? c’est toute la question de la foi, toute la dialectique historique et concrète de la rédemption, acquise éternellement depuis un événement pourtant inséré dans l’histoire humaine et daté dans cette histoire. Là ? pas là ? un temps viendra où l’Epoux leur sera retiré. … Ils voudraient que Dieu se rapproche. Génie d’Isaïe, génie littéraire à première lecture évidente, au point qu’à juste titre on parle pour ses derniers chapitres – d’une anticipation sidérante – d’évangile selon Isaïe, mais génie spirituel, un Dieu immanent et qui pourtant dialogue et a des réflexes si humains.
matin
Le sarkozysme en système. La nomination de François Pérol, à la tête du nouveau groupe, faite ce matin. La commission de déonotologie ne se réunit que le 11 Mars. Salves en rafale pour la propagande (« papier » sur France-Infos. très bien fait de Gérgory Philips). Un Stéphane Richard, directeur du cabinet de Christine Lagarde, et dont je n’avais jamais entendu parler (tout se passe à l’Inspection où certains travaillent et d’autres gravissent et gravitent, et au Trésor ou à l’ex-Trésor, selon des carrières et des filières qui ont cent cinquante ans), donne toutes les qualités humaines de l’impétrant, son humour, leurs imitations au téléphone du « chef de l’Etat, en toute révérence pour la personne et pour la fonction ». Le passage chez Rothschild est court : 2005-2007 à croire qu’il ne fait qu’un apport de clientèle, celle de l’Etat pour précisément la fusion des deux banques. Mais le pompon est que ce serait lui qui, chez Francis Mer, dont il est l’enfant et la découverte, en s’incrustant ensuite jusqu’au moment de Nicolas Sarkozy à Bercy, où il outille celui-ci pour Alstom, aurait fait le montage de Natixis, Natixis par qui les pertes sont venues autant aux Banques populaires qu’à la caisse d’épargne. Le crac qui opère le krach… Michel Sapin, avec son calme coûtumier, relève l’ensemble et le condamne. Jean-François Copé loue ces allées et venues des meilleurs entre le public et le privé pour le plus grand bien commun. Un anonyme – à l’Elysée ! – a le mot de la fin : s’il est si bien et si au fait des solutions de crise, pourquoi le président s’en sépare-t-il pour le confiner dans une banque.
Nos banques, les meilleures etc… qui, etc…. pour éviter tout risque, etc… Avant-hier, par erreur, la B N P débite 586.000 clients, on ne sait de quel montant, c’est réparé incessamment, mais pendant quarante-huit heures, quelle trésorerie pour la banque, et pour les clients dont les chèques se présentent ? un contentieux de plusieurs années.
Une réforme – une des dix ou quinze qui changeraient en un instant la vie des Français. Prêt immobilier, payer d’abord les intérêts fait qu’à mi-course on reste redevable de l’intégralité du capital, et que mécaniquement tout est organisé pour que l’emprunteur ne puisse pas se dégager avant la date de dénouement contractuel, sauf pénalités. On pénalise un débiteur qui s’acquitte de sa dette plus tôt que promis ! En réalité, les banques vivent de frais et non de rémunération d’une activité productive… et de spéculation sur fonds propres, eux-mêmes abondés en cas de besoin par le contribuable, décidément leur débiteur en permanence. Changer ce système et rembourser majoritairement le capital dès le début pour, en sus, obtenir des intérêts dégressifs ne portant que sur le restant dû.
Antilles… le brouillard. A la Guadeloupe, huit heures de négociations, le MEDEF, le patronat du tourisme et celui du bâtiment ne participent pas ou refusent de signer, les deux cent euros de primes, dont on ne sait si ce sera pérenne, ne concerneront pas 40 ou 45.000 des salariés les moins bien payés, mais seulement 15.000. La grève n’est pas encore levée. A la Martinique, la nuit aurait été calme (à cette heure métropolitaine, le jour n’est pas encore levé) et les négociations sont sur le point d’aboutir.
Décisif ? gouvernement d’union nationale entre Palestiniens, Hamas compris.
Pas de jour sans dépêche A F P pour dire le bonheur des soldats français en Afghanistan : les missions, l’environnement et surtout figurer enfin sous le commandement américain qui ne tarit pas d’éloge tant nous lui sommes indispensables.
soir
Je ne lis Le Canard enchaîné que maintenant… ainsi François Pérol était déjà passé devant la commission de déontologie sur les pantouflages… quand il est allé du cabinet de Francis Mer chez Rothschild. A l’époque, l’avis lui avait été favorable à condition qu’il ne s’occupe pas d’affaires bancaires. Or, il n’a fait que cela et principalement le rapprochement-fusion Banques populaires/Caisses d’épargne. Ces dernières, le 19 encore refusaient toute intervention de l’Etat. En extrapolant, cette expertise dans les organigrammes de banque indique un sérieux tropisme pour une carrière la plus lucrative et confortable à notre époque, et pourquoi en France plus qu’ailleurs les plans de relance et de renflouement ont servi en priorité les banques.
Notre réintégration dans l’ O T A N ; je n’ai pas lu, puisque je n’ai Le Figaro qu’épisodiquement sous les yeux… mais Michèle Alliot-Marie est fidèle à elle-même c'est-à-dire à la logorrhée R P R plus encore qu’U M P : les comportements ou les décisions « responsables ». De quoi ? et devant qui ? Le Premier ministre, réticent lui aussi, déclare à des proches qu’il a été, à la longue, convaincu par les arguments du président de la République. Lesquels donc ?
J’avoue être perplexe sur les raisons de cette passion ? quel mobile a donc Nicolas Sarkozy, plastronner ? nous engager davantage en Afghanistan, voire en Irak si après le retrait américain, il fallait relayer les Etats-Unis pour gérer la guerre civile qui suivra ? mais alors en quoi l’O T A N est-il l’indispensable structure à rallier ? Dans l’état actuel de ce que je sais ou comprends, ne trouvant aucune explication rationnelle, je vois deux choses, d’une part la pente qu’avait commencé de suivre Jacques Chirac, dès que François Mitterrand – paradoxalement converti au gaullisme sur ce point – eût été quitté par le pouvoir, pente savonnée par une grande partie des militaires. Les muscles, l’armement, la puissance des Etats-Unis fascinent les professionnels sachant notre dénuement relatif, surtout en armes conventionnelles : un « voyage aux armées » quand j’étais élève à l’E N A fut contemporain en 1967, à quelques semaines, de la « guerre des Six Jours ». Il n’y avait guère que les forces stratégiques qui résistaient à l’admiration exaltée de nos officiers pour Israël. D’autre part, à la racine de toute réforme, depuis son élection, il y a chez Nicolas Sarkozy le goût de prendre le contre-pied et de démonter tout ce qu’ont d’illogiques et de peu approfondis les tenants des causes qu’il déboulonne. En quoi, il est – je dois l’admettre – salubre. Notre retrait de l’O T A N ouvrait une série d’émancipations successives vis-à-vis des Etats-Unis : le discours de Phnom-Penh sur la guerre du Vietnam suivit dans les six mois, puis il y eut le Québec libre, au cœur de l’Amérique anglo-saxonne, et surtout la langue et les mains libres au sujet du conflit israëlo-arabe. De Gaulle parti, nous avons avec constance suivi la thèse américaine : Charte transatlantique en 1974, soutien à l’installation des euro-missiles en Allemagne en 1982, imbrication des traités atlantiques dans les traités européens depuis Maastricht en 1992, après que la guerre du Golfe nous eût remis sous commandement américain et pour une cause qui n’était ni celle de l’Europe ni la nôtre. Enfin, en 1995 même, le transfert de nos essais nucléaires dans les laboratoires et simulateurs américains.
Je dois reconnaître aussi le « parallélisme des formes » . De Gaulle eut à convaincre jusqu’à Pierre Messmer, son ministre des Armées… il y eut une motion de censure, déjà déposée par la gauche… il y aura la même chose dans quelques semaines. Et Le Figaro prendra pour une joie officielle délirante, déferlante dans toute l’Amérique, notre chef-lieu, un vague communiqué de deux lignes d’un porte-parole adjoint à Washington-Pentagone prenant acte des bonnes paroles du président de la République française… Revanches posthumes de Pierre Brisson et d’André François-Poncet, éditorialistes…, le premier de toujours, le second sur le tard. Et il y aura au Monde, un autre Jacques Isnard pour prouver que ceux qui critiqueront – à l’époque, il s’agissait de Michel Jobert réfutant notre signature d’une Charte proposée à l’été de 1973 par Henry Kissinger et que Jean Sauvagnargues signa l’été de 1974 – n’y connaissent rien, car d’ailleurs l’O T A N l’avons-nous jamais réellement quitté…
Il faut donc supposer que dans une France, jusques-là réputée anti-américaine et indépendantiste, il ne s’est trouvé personne – pas un officier, par un politique, pas un journaliste, pas quelque expert ou auteur d’un livre ou d’études soit sur les choses militaires, soit sur les mécanismes intellectuels et industriels de l’hégémonie américaine dans le monde, et très particulièrement en Europe, le continent de très loin le moins contestataire des Etats-Unis – il ne s’est trouvé personne pour « travailler » un quinquagénaire sans grande expérience du sujet et le ramener à la thèse et au legs du général de Gaulle – dont l’élément principal m’a toujours paru être le bon sens.
Enfin, ce qui me frappe, c’est que la volonté d’un seul homme s’impose à tous, que les décisions et façons de voir ou de raisonner de Nicolas Sarkozy sont aussi inexorables, donc intouchables et indiscutables au simple nom du réalisme – accepter ce à quoi on ne peut résister – que la crise, elle-même présentée comme surgie du néant ou tombée du ciel sans que personne ait pu, soi-disant la prévoir, et sans que personne, plus encore, y soit pour quoi que ce soit dans le vaste monde et en France. Je ne me sens pas pour autant sur une dîle minuscule et déserte. Je suis convaincu, qu’in petto les gens les plus proches du pouvoir, surtout les plus proches, sont d’accord avec moi, mais chacun dit : qu’y puis-je ?
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