samedi 21 février 2009

crise : signes des temps & analyse - approche bibliographique I


J. Robert OPPENHEIMER – L’esprit libéral
(Gallimard . Janvier 1957 . 228 pages)
Un éloge vibrant de l’université, assimilant art et sciences, deux versions de la créativité, p. 216

Ivan ILLICH – Le chômage créateur . Postface à La Convivialité
(Seuil . 4ème trim. 1977 . 89 pages)
Un réoutillage de la société contemporaine au moyen d’outils conviviaux et non plus industriels implique cependant un déplacement de l’intérêt dans notre lutte pour la justice sociale ; il implique un nouveau genre de subordination de la justice distributive à la justice participative. (…) La primauté donnée au droit d’avoir des besoins imputés réduit les libertés d’apprendre, ou de guérir, ou de se déplacer par soi-même, à l’état de fragiles luxes (…)Une société fondée sur l’emploi moderne et efficace des libertés productives ne peut exister si l’exercice de ces libertés-là n’est pas limité de façon égale pour tous. p. 88.89

Georges BALANDIER – Civilisés, dit-on
(PUF . Avril 2003 . 397 pages)
Contradiction entre masques des conflits : les sondages montrent que le mythe du gagneur a une force indéniable dns notre société ; les médias eux-mêmes peuvent d’ailleurs contribuer à faire de celui-ci un expert en modernité – et désamorçage des conflits : notre société s’est développée depuis une trentaine comme une société de prise en charge des personnes. p. 308 . j’y vois quant à moi l’opposition – lumineusement explicative entre un président gagneur et ayant donc toute raison d’exhiber qu’il gagne, sans aucune crainte de choquer ceux qui, à ses yeux comptent – et les perdants, c’est-à-dire les pris en charge, lesquels, livre précédent, ont perdu toute capacité d’exercer leur liberté, notamment critique

conçu par Jean LIBERMANN, coll. & questionnement Jean-Claude GUILLEBAUD – Démythifier l’universalité des valeurs américaines
(Parangon . Juin 2004 . 204 pages)
Pendant la période maccartyste, les initiatives attentatoires aux libertés venaient de l’opposition au président Trunam – machine de guerre républicaine – depuis 2001 leur origine se situe au cœur du pouvoir présidentiel – la leçon s’applique exactement à la France : affaires notoires et vie quotidienne


François PARTANT – La guerilla économique . Les conditions du développement
(Seuil . 1er trim. 1976 . 220 pages)

Dominique SCHNAPPER – La démocratie providentielle . Essai sur l’égalité contemporaine
(Gallimard . Février 2002 . 325 pages)
Les hommes politiques répondent aux attentes de leus électeurs en invouqant leur action quotidienne pour améliorer les conditions de vie. Ils ne formulent guère de grands projets qui donneraient un sens au destin de la collectivité par delà les réactions immédiates de l’opinion publique, parce qu’ils ont le seniment que leurs électeurs ne sont pas disposés à les entendre , p. 246
Les grandes institutions religieuses et politiques tentent de s’adapter à une évolution qu’on peut observer avec optimisme ou inquiétude. Il n’y a plus de conflits majeurs ou idéologiques sur la conception du « bien » à l’intérieur des démocraties providentielles, qui font de la tolérance leur vertu cardinale, p. 266 – cela a changé, le slogan : tolérance zéro

Samuel P. HUTINGTON – Le choc des civilisations
(Odile Jacob . Novembre 2001 . 402 pages)
Un monde où les identités culturelles – ethnique, nationale, religieuse – sont fondamentales et où les affinités et les différences culurelles décident des alliances, des antagonismes et de l’orientation politique des Etats = la France ne peut se construire comme identité mais comme projet, fausse route qui identifie, c’est le cas de l’écrire, le projet Sarkozy, le miunistère de l’Identité nationale
… les hommes d’Etat peuvent agir de façon constructive, à condition d’être conscients de la réalité et de la comprendretout le problème de la France actuelle : qui est conscient, qui comprend la réalité ? Sarkozy .

dir. Pierre BOURDIEU – La misère du monde
(Seuil. Février 1998 . 1461 pages)
technique de l’entretien et de sa transcription
un monde qui, comme le cosmos social, a la particularité de produire d’innombrables représentations de soi

Fondation COPERNIC – Un social-libéralisme à la française ? regards critiques sur la politique économique et sociale de Lionel Jospin
(La Découverte. Novembre 2001 . 210 pages)
Le social-libéralisme est une stratégie cohérente qui vise à accompagner socialement l’adaptation des sociétés aux besoins du capitalisme financier globalisé. Le capital gère l’économie à sa guise, l’Etat se contentant de prendre en charge certains coûts sociaux du système (4ème de couverture)
Dans le champ de la maladie, la politique de déremboursment et l’instauration destickets moxdérateurs, en créant une sorte de « barrière à l’entrée »…, ont aussi institué une sélection de fait en limitant l’accès aux soins d’une proportion croissante de la population. Aujourd’hui, la France se situe parmi les pays de l’Union européenne où les taux de remboursement sont parmi les plus faibles. Pour les dépenses les plus courantes (médecine de ville, biens médicaux), le taux de remboursementne dépasse pas 60% et il chute à moins de 35% pour les oins dentaires. Dans ces conditions, l’accès à une couverture complémentaire est devenu indispensable pour pouvoir se soigner. Or le taux de couverture complémentaire, qui avait continué de progresser dans les années quatre-vingt, n’a gure augmenté dans les années quatre-vingt-dix, sans doute parce que les nouveaux emplois créés le sont dans des secteurs où les salariés n’ont pas la possibilité de souscrire un contrat d’entreprise. p. 120
Le temps partiel est une des causes de l’appauvrissement d’une partie du salariat . p. 94

Immanuel WALLERSTEIN – L’après libéralisme . Essai sur un système-monde à réinventer
(éd. de l’Aube . Janvier 1999 . 218 pages)
Pourquoi, peut-on se demander, ce beau bouclier idéologique a-t-il volé en éclats après cent cinquante ans de fonctionnement efficace ? La réponse réside non pas dans quelque soudaine illumination du côté des opprimés leur révélant la fausseté de ses affirmations idéologiques. La conscience de la nature douteuse du libéralisme a été répandue depuis ses débuts et aura été dénoncée fréquemment avec vigeur tout au long des XIXème et XXème siècles. Néammoins, les mouvements de tradition socialiste n’ont pas agi en accord avec leurs dénonciations critiques, à grand renfort de rhétorique, du libéralisme. Loin de la, c’est le contraire qui a été vrai, dans la plupart des cas. p. 113
A l’intérieur du cadre général de l’idéologie libérale triomphante, que représentent lesDroits de l’homme et d’où sont-ils supposés tirer leur origine ? p. 169

Pierre THUILLIER – La gande implosion . Rapport sur l’effondrement de l’Occident 1999-2002
(Fayard . Juillet 1996 . 479 pages)
Rapport fictivement écrit en 2081 … Si la « direction » assignée à la société n’était pas choisie par les ciotyens, par qui l’était-elle donc ? Nous avons fini par comprendre. Même les élites dirigeantes, à proprement parler, ne choisissaient pas. Elles se contentaient, grâce à leurs méthodes scientifiques, de découvrir les tactiques et les statégies « objectivement » exigées par les circonstances historiques. p. 356
Au cœur même de la Méthode scientifique, c’était la passion occidentale de la puissance qui s’exprimait. Les poètes, eux, s’en étaient rendu compte. Toute image de l’univers, comme l’expliquait Amiel, est « une fantasmagorie que nous créons sans nous en douter ». Incontestablement, la « fratamsagorie » construite avec patuence par les scientifiques donnait de profondes satisfactions aux modernes. Et il n’y avait là rien de mystérieux puisque, dès le départ, elle avait été conçue en fonction de leurs mœurs et de leurs attentes. p. 422


Philippe ENGELHARD – L’homme mondial . Les sociétés humaines peuvent-elles survivre ?
(Arléa . Septembre 1996 . 568 pages)
« Seul un dieu peut nous sauver », dit le philosophe. La vérité, c’est que chacun de nous détient le fil ténu d’un autre possible. La vraie modernité commence et nous devons nous aventurer à vivre ensemble. Si nous ne pouvons nous y résoudre, mieux vaudrait nous préparerr à traverser ce que Bernard Hieglich appelle « un roncier parcouru de tragédies et d’épisodes carnassiers » . p. 568 (dernières lignes)
… la contradiction des politiques macro-économiques et du développement p. 404
La production d’un nouveau sens ne peut alors émerger, non comme on l’a affirmé avec quelque naïveté, de cultures anciennes, mais seulement de nouvelles configurations sociale, politiques et culturelles. Il est cependant probable que l’apparition de ce nouveau sens renvoie comme en écho à des socles culturels anciens, oubliés, qui, revivifiés et recomopsés, viendront donner un apprfondissement aux valeurs nouvelles. Si nous croyons aux archétypes primordiaux de l’humanité – l’inconscient abyssal –, il se pourrait que les recompositions culturelles et sociales ne se soustraient jamais tout à fait de leur prégnance. Nous ferions alors du neuf, mais sur la base d’un modèle primordial. Il ne s’agit là, évidemment, que d’une hypothèse, mais si le premier acte pour sortir de la tragédie est politique, il est aussi, d’une certaine façon, moral : c’est celui de la dissidence. (…) Au contraire de ce que beaucoup d’économistes contempirains prétendent, la thèse selon laquelle l’ensemble des comportements humains serait réductible à l’analyse économique paraît donc bien réfutée. (…) Personne ne nie le caractère relativement rationnel des conduites. Mais ce qu’on peut et ce qu’on doit mettre en doute, c’est le refus de prendre en compte la contextualité culturelle, sociale, voire historique de ces conduites et, bien davantage, la prétention assez extravagante de l’analyse économique – dont on ne nie pas les mérites – à rendre compte totalement de ces dernières. Certes, l’analyse économique y parvient en postulant la séparabilité absolue des fonctions de préférence des agents et, donc, en gommant l’essentiel du fait social et culturel qu’il s’agit justement d’ expliquer. Rien d’étonnant, ensuite, à ce qu’elle prétende que le fait social ou culturel n’existe pas, et que touts les comportements humains relèvent du champ de sa compétence. p.
Bref, la consensualité – qui n’exclut pas les conflits – implique une remise en cause du conformisme qui érige en règle absolue le mimétisme et la routine sociale. Tout est lié : la vision lucide de soi-même – l’effet miroir –, la remise en cause du confiormisme, qui résulte de l’exercice de la responsabilité critique, et l’établissement de règles réflexives, qui sont le fondement du bien commun. La loi transférée sans précaution d’un système étranger aussi que la dictature de la coutume sont destructives de la société et de la politique. La première parce qu’elle est subie comme une oppression néocoloniale ou parce qu’inappliquée elle remet en cause la légitimité de la loi et de l’Etat ; la seconde parce qu’elle fait naître des contradictions de plus en plus intenables entre les contraintes qu’elle suscite et le nouveau contexte où elle s’exerce. L’une et l’autre sont finalement mimétiques. La première subit le mimétisme de l’extérieur, la seconde le mimétisme de l’intérieur. Dans les deux cas, elles sont oppressives et renforcent la paralysie de la société et celle de la classe politique.
(Règles réflexives ou règles consensuelles – en fait quasi-équivalentes – s’opposent à l’oppression du mimétisme et du conformisme, l’un et l’autre étant eux-mêmes très proches : le mimétisme revient à subir la dictature de l’opinion commune ; le conformisme à subir celle de la coutume. La coutume peut être issue d’une règle consensuelle qui, au fil du temps et dans d’autres contextes, finit par perdre sa raison d’être. Elle n’est observée que grâce à la routine, qui acquiert force de loi. C’est cette routine non réflexive que remet en cause la responsabilité critique).
p. 507

Denis ROBERT – La justice ou le chaos . L’appel de Genève
(Stock . Septembre 1996 . 348 pages)
Je n’ai pas d’avis tranché sur la question du système judiciaire idéal. Je pense que les faiblesses et les inconséquences du nôtre jouent un rôle dans le marasme ambiant. Je pense aussi qu’une justice saine et impartiale rend une démocratie plus belle et plus solide. (…) Au fil de ce voyage au pays des juges et des affaires, je suis devenu une sorte de lien entre des magistrats engagés indépendamment les uns des autres dans un combat souvent vêcu comme perdu d’avance. Après le voyage, le combat me semble un peu moins perdu. p. 12.14

Benjamin R. BARBER – Djihad versus McWorld . Mondialisation et intégrisme contre la démocratie
(Desclée de Brouwer . Mai 1997 . 303 pages)
Ils semblent rendre active la participation à cette sorte de sport virtuel qui consiste à être spectateur, mais transmuent ce qui est censé être une active curiosité en une simple consommation passive. p. 89
Si la démocratie n’est pas nécessairement désignée comme un adversaire, elle est rarement considérée comme une alliée. Même pour ceux des nouveaux nationalisres qui nn’affichent pas d’hostilité à son encontre, l’affaire est entendue : si pour surmonter la modernité, il faut renoncer à l’Etat-nation moderne libéral et à ses institutions démocratiques, e sera là le juste prix à payer de la guerre menée pour faire revivre la communauté et lisoler de McWorld. Le langage le plus couramment utilisé pour désigner les objectifs des tribus réinventées qui se livrent à Djihad – qu’il s’agisse de chrétiens intégristes, de rebelles au Rwanda, ou encore de moudjahidin – rste celui du nationalisme. La religion est peut-être une force plus profonde dans le psychisme humain, mais en tout état de cause, son vecteur politique est le nationalisme. Toutefois celui-ci est passablement indéfinissable et ses partisans l’ont utilisé pour des buts si divers que l’on voit mal s’il s’agit bien toujours du même concept. p. 163-164
La question cruciale est de avoir si le « nouveau » nationalisme postmoderne qui a pour cible l’Etat-nation peut être assimilé au nationalisme traditionnel qui fondait l’Etat-nation. p. 164
Quant à ces instances encore plus faibles, qui se font passer pour des institutions internationales mais ne sont souvent guère plus que des agents des intérêts particuliers du commerce, peut-on vraiment s’attendre à ce qu’elles comblent le vide béant créé par le retrait d’Etats souveraines pusillanimes ? Le problème vient de ce que le concept d’institutions internationales repose sur la coopération d’Etats souverains dont la souveraineté-même limite forcément la capacité d’action et de ce que, lorsque ces Etats abandonnent leur souveraineté, cette capacité se trouve radicalement sapée, parce que l’institution n’aucune autre source de légitmité politiqie et, de ce fait, se trouve privée de tout moyen d’agir. Les organisations internationales ne peuvent donc vivre ni avec ni sans leurs bruyants membres souverains… p. 230-231

Guy SORMAN – La solution libérale
(Fayard . Septembre 1984 . 285 pages)
Nous sommes alors au cœur de la crise des années 30. Les libéraux – comme Jacques Rueff en France – estiment que la seule façon de réduire le chômage consiste à baisser les salaires. Mais Keynes refuse cette nature des choses et soutient au contraire qu’il faut les auglenter pour relancer la production. De sa part, ce n’est qu’un « coup » idéologique, qu’il habille par la suite en théorie scientifique. La théorie est indémontrable, probablement fausse et, de surcroît, elle échoue autant dans les années 30 que dans les années 70. mais Keynes a ainsi apporté une formidable caution aux aspirations naturellement mégalomanes des bureaucraties politiques. p. 78


Jean-Marcel JEANNENEY – Pour un nouveau protectionnisme
(Seuil . 4ème trimestre 1978 . 155 pages)
Les Etats dont l’industrie est actuellement très développée, qui se laissent envahir de biens de consommation importés, en croyant qu’ils pourront toujours les payer à bon compte par des exportations d »’équipements, s’exposent à de mauvaises surprises à tout moment et se préparent de sombres déconvenues à échéance de quelques décennies . p. 70
S’interdire de relever les tarifs douaniers, c’est risquer d’être conduit, par la force des événements, à instituer des limitations quantitatives d’importation, qui sont la pire forme du protectionnisme
. p. 97
Le fonctionnement régulier et le progrès des économies modernes exigent que l’avenir ne soit pas trop aléatoire … En raison de la lourdeur de beaucoup d’investissements, les horizons de temps à considérer seront de plus en plus lointains et les conséquences des erreurs commises de plus en plus graves. L’incertitude inhibe ou incite à des paris dangereux. On ne peut jamais la dissiper totalement, mais il est indispensable de la réduire. On ne le pourra sans un protectionnisme actif, une bonne monnaie et un aménagement clairvoyant des conditions de concurrence à l’intérieur d’espaces douaniers assez vastes.
Ces trois innovations politiques devraient etre voulues tout autant par les partisans du maintien d’un capitalisme donnnat aux détenteurs du capital ou à leurs mandataires le pouvoir de décider seuls de la marche des entreprises que par des hommes mettant leur espoir dans un socialisme où les travailleurs auraient la responsabilité principale des décisions dont la vie de leur entreprise dépend.
p. 121

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