Inquiétude & Certitudes - samedi 14 février 2009

Samedi 14 Février 2009

Prier… s’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Les relations humaines, excellemment résumées quand l’un cherche à apporter à l’autre le meilleur de soi, ses convictions, ce qu’il a lui-même expérimenté, et que cet autre refuse, se refuse ou bien accueille. Dialogue aussi que je viens de vivre, l’éveil-réveil de la nature, le grésil, du gris et de l’orange aux horizons au-delà de l’eau, des traînées orange horizontales et bas dans le ciel : sillages d’avion, la demi-lune éclairant avec violence la nuit et persistant encore à cette heure, les oiseaux faisant chacun successivement le point de ce qui va commencer et qu’ils appellent. Dites aux habitants : ‘’Le règne de Dieu est tout proche’’. Et pourtant je suis cerné, submergé par l’insoluble, et plus encore par ma propre faiblesse, multiforme. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. La hâte divine vers l’ailleurs. Cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu. … faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Et nous, muets, de nous-mêmes jusqu’à Dieu, le rapport existe mais dans le brouillard si dense de nos peines comme il est ténu à percevoir et combien il nous paraît sans effet que de nous faire nous agenouiller d’espérance. Et de demandes. [1]

matin

Antilles… Yves Jégo prétend résoudre les problèmes – la cherté de la vie notamment, car la question de gouvernement et de sa propre compétence dans l’organigramme ministériel a été tranchée dimanche dernier – à la manière de Luc Châte, mettant en œuvre les improvisations de Nicolas Sarkozy en entretien radiotélévisé censé tirer la leçon des grèves de Novembre 2007 : la concurrence. Plus il y a de monde et de supermarché, et d’intervenants pour la distribution du carburant, plus vite et profondément baisseront les prix. – Un million de nos compatriotes nés et revenant se retraiter outre-mer travaillent en métropole, dont six-cent-mille en région parisienne. La question de la contagion des événements guadeloupéens en métropole est pertinente.

Etats-Unis… Barack Obama itinère dans les Etats de l’Amérique profonde pour forcer la main du Congrès. France … Nicolas Sarkozy intervient quotidiennement sur un sujet pas encore évoqué, soit à l’Elysée, soit en province, pour y imposer ce que la discipline de vote fera avaliser par la majorité parlementaire. – Du discours sur la politique de la famille à refondre, Ouest France retient le plus populaire et le plus adapté à un marché dépressif de l’emploi : l’abrègement de la durée du congé parental.

Procès en appel d’Yvan Colonna. Je suis convaincu de son innocence. Seuls éléments à charge, l’intime conviction des enquêteurs, les aveux – aujourd’hui rétractés – de ses complices. Sensation hier, un officier de police qui était auprès du préfet Erignac au tragique moment assure depuis des années, sans qu’il en soit tenu compte, que deux probables comparses ou complices courent toujours et n’ont jamais été interpellés. – Pour moi, l’énigme a sa solution dans le caractère-même du préfet assassiné. Il a été supprimé pour des raisons personnelles, en tout cas pas liées à l’exercice de ses fonctions. Il a dû mettre le nez ou la main – intuitu personae et sans être davantage couvert à Matignon que son successeur Bernard Bonnet – dans quelque chose qu’il a dérangé. Du coup, sa veuve qui le sait et les autorités politiques qui suivent celle-ci ou en savent aussi un peu plus qu’il n’est consigné au dossier, veulent un coupable tout fait, celui qu’on n’arrivait pas à coincer, le berger…

soir

Les avocats des parties civiles soutiennent – avec aplomb – que les dires de ce commissaire de police, qui fut le secrétaire général de la préfecture de région, ne sont pas à considérer : témoignage indirect, discours au conditionnel. Il est troublant que soit cherchée la punition, et non la vérité.

G 7 (ministres de l’Economie et des Finances) à Rome. Le langage du président français, les mensonges à la française sont contagieux. Il est proclamé que l’on fait bloc contre toutes tentations protectionnistes, comme si elles n’étaient pas le propre des gouvernements, et il est entendu que les différents plans nationaux de sauvetage de certains secteurs de l’industrie : l’acier aux Etats-Unis, l’automobile en Italie et en France ne sont que des méthodes de sauvegarde de l’emploi, rien à voir avec des clauses d’approvisionnement ou d’achat nationaux. De même que nos constructeurs automobiles ne licencient pas, mais suppriment seulement des emplois. Toujours aucune coordination entre ces plans, aucune projection de négociation entre zones respectivement protectionnistes, et évidemment pas de plan unique pour certains domaines. La réforme financière internationale sera examinée en Avril au G 20 de Londres, et décidée – éventuellement – en Juillet au G 8 (niveau des chefs d’Etat ou de gouvernement). Rien sur les matières premières. Il ne semble pas que le représentant des Etats-Unis, c’est-à-dire de Barack Obama ait fait de particulières étincelles : médiocrité ? attentisme prudent et examen des lieux ? repli sur soi et présence seulement formelle ?

Victorin Lurel est en train de devenir le « grand homme » aux Antilles. La Guadeloupe a donné le ton et le branle, la modulation des manifestations et des grèves : c’est lui, l’initiative d’une prime de cent euros par mois pendant trois mois pour les plus à plaindre (40.000 environ), c’est aussi lui. Côté gouvernement, on ne sait qui décide, ni qui représente qui ? Taubira, il y a quatre jours a été aussi bonne qu’en campagne présidentielle de 2002. Mais nous ne sommes plus un régime où l’excellence paye. Et fait les promotions. Au mieux, c’est « collatéral ».

Mauritanie… il est acquis que le chef de la junte se présente à l’élection présidentielle qu’organisent les putschistes pour le 6 Juin. Il est prévu également un referendum à tenir le 20 Juin, sujet la Constitution, sans qu’aucun membre du gouvernement ne sache en quoi consistera cette réforme.

Aucune nouvelle des pourparlers en Israël pour former un gouvernement à la suite d’élections indécises.

nuit

Tout indique que dans le monde, on ne veut pas changer le système. Les courtiers resteront recherchés et courtisés tout simplement pour qu’ils n’aillent pas ailleurs, chez les autres et en pénalisant donc ceux qui les ont formés. Et tout indique que la France s’enfonce dans l’autisme en ne structurant en rien dans les entreprises bénéficiaires – banques et constructeurs automobiles – ce que l’Etat apporte en trésorerie ou en prêts bonifiés ou en garanties.

Les Américains ne craignent pas de nationaliser leurs banques, l’Etat fédéral organise une structure rassemblant les participations et apports de la puissance publique dans la banque et dans l’industrie : les bons instruments au bon moment. Chez nous qui avions inventé en 1936 et à la Libération la technique des nationalisations – pour être moins ingénieux et surtout bien moins consensuels en 1982 – nous déversons de l’argent là où les engagements, sollicités mais non imposés, ne sont d’emblée manifestement pas tenus et ne le seront pas, sauf contrainte institutionnelle. Les banques renflouées ou garanties ne prêtent pas mieux ni davantage aux particuliers ni aux entreprises, à preuve les besoins de l’industrie automobile. Celle-ci – au moins Peugeot – joue dans les trois jours sur les mots : pas de licenciements certes, mais des suppresions d’emploi par départs « volontaires ». – J’ai déjà vérifié – comme tout le monde peut le faire – ce volontariat aux caisses de supermarchés pour le travail dominical. La droite la plus bête du monde – jusqu’à Nicolas Sarkozy, rendons-lui cette justice – et le patronat le pire du monde développé…

[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens IV 1 à 7 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc X 1 à 9