samedi 28 février 2009

Inquiétude & Certitudes - textes du jour

Samedi 28 Février 2009

Prier… le Seigneur sera toujours ton guide. En plein désert, il te comblera et te rendra vigueur. Ton obscurité sera comme la lumière de midi. [1] Paroles si adaptées à ce que nous vivons, à ce que je vis, mais quand la force même d’y croire sérieusement manque… ? Non seulement le salut, la restauration, mais le rayonnement, du bonheur presque en trop ! Tu seras comme un jardin bien irrigué, comme une source où les eaux ne manquent jamais. Tu rebâtiras les ruines anciennes… combien je le souhaite, et donc le demande puisque c’est possible, puisque c’est dans le registre de Dieu… toi que j’appelle chaque, vers toi, j’élève mon âme. Et Jésus de répondre : ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Acception : malade du péché… quoique le malheureux n’ait pas tant péché et je tourne depuis des années autour et dans la question du péché personnel, sans y voir grand-chose. Mes erreurs ou mes égoismes, mes cécités sont payées par moi comptant et me suivent des décennies, tout ce pour quoi j’ai été imprudent, pas assz vigilant au sens des carrières et des comportements d’aujourd’hui, me suit, poursuit et me maintient en apnée, sous l’eau. Dieu n’en rajoute pas… quant aux professions censées pécheresses par nature : les publicains, collecteurs d’impôt pour les Romains ou simplement parce qu’ils lèvent les impôts, les prostituées à l’époque et dans nos ambivalences d’aujourd’hui, je ne vois pas en quoi les exercer, faute d’autre chose, serait manquer à Dieu. Au contraire, pas plus docile que ce Matthieu – dont Luc, son concurrent en littérature et en tirage de ses œuvres – retient le nom et la fête qu’il donne : la joie partagée d’une délivrance exemplaire ? Guère de dialogue que rapportent les évangélistes entre Matthieu et le Christ. Est-ce sa prière : réponds-moi, car je suis pauvre et malheureux. Veille sur moi qui suis fidèle, ô mon Dieu, sauve ton serviteur qui s’appuie sur toi. Entends ma prière, Seigneur, entends ma voix qui te supplie. Et je rentre lentement dans ma prière, poussé par Celui que je prie, mais à bout. Je suis venu appeler…

Rien ne montre mieux la professionnalisation de la vie politique – non en savoir faire, savoir exprimer, savoir travailler, mais en nécessaires assurances du pain quotidien et des projections d’avenir y compris de la retraite – que les confections de listes quand le scrutin est proportionnel : les élections au Parlement européen. Les listes socialistes, censément soumises aux « adhérents », font ainsi passer Peillon, porte-parole jusqu’au congrès de Reims, du nord, désormais contrôlé par la nouvelle premer secrétaire, au sud-est, tandis que Benoît Hamon, pourtant demi-finaliste dans les votes militants, n’a pas la tête de liste en Ile-de-France : il est vrai qu’il est censément breton, mais ne peut se faire élire au scrutin uninominal… Député européen est une belle situation réclamant peu d’assiduité, les partis payent ainsi leurs cadres, mais ces cadres se conduisent comme des élus à titre personnel.

Qu’il puisse y avoir une querelle sur le protectionnisme d’un Etat membre vis-à-vis d’un autre, ou des autres – les garanties de non-délocalisations demandées ou pas par l’Etat français aux constructeurs automobiles nationaux qu’il soutient financièrement depuis le début de ce mois – montre le recul de l’entreprise européenne. Toute celle-ci s’est montée sur la suppression des obstacles de toute nature à la circulation des produits et des capitaux. Montre aussi l’absence d’imagination puisque le vrai sujet est d’édifier un certain protectionnisme européen, notamment contre les pays ou les zones pratiquant le dumping. C’est de notre côté une multitude de langages, l’un vis-à-vis des salariés de l’automobile : ni licenciements, ni délocalisations, et entraîné par son indignation et sa spontanéité coûtumière, Nicolas Sarkozy avait même suggéré des rapatriements d’investissements et de chaînes de production, celles montées en Tchéquie. Un autre vis-à-vis de Bruxelles, qui a opportunément porté ses fruits pour que le « sommet » de demain ne soit pas « gâché » : presqu’autant de sommets qu’il y a en France de discours fondateurs du président de la République. Un troisième, tenu celui-là par les bénéficiaires qui ne tiennent aucun engagement, notamment celui de ne pas licencier. Qui croire ? Question secondaire. La filière automobile dans le monde entier est mourante : General Motors – qui est abonné au Trésor américain pour la quinzaine de milliards tous les deux mois – laisse racheter Opel par qui veut, Volkswagen est en faillite.

Livret A : 140 milliards d’encours après une collecte record en 2008 – 18 milliards. Les Français font leur devoir, ils épargnent, mais les autres agents et « décideurs » économiques ?

Je ne crois pas à un retour au calme aux Antilles. Les accords salariaux concernent trop peu de monde, il y a trop de problèmes structurels pour l’économie, et trop de racisme dans la société. La crise a au moins montré qu’il n’y a pas non plus de « leader » île par île ni a fortiori pour l’ensemble de notre présence dans les Caraïbes. Faut-il s’en réjouir ? les choses, à mon sens, ne font que commencer. – L’intervention de Xavier Bertrand, président nommé par l’Elysée pour tenir l’appareil du parti majoritaire, est à côté : « l’ordre républicain »…


[1] - Isaïe LVIII 9 à 14 ; psaume LXXXVI ; évangile selon saint Luc V 27 à 32

jeudi 26 février 2009

Inquiétude & Certitudes - vendredi 27 février 2009



Vendredi 27 Février 2009

Tandis que … j’essaie de prier…[1] L’exact contraire du fonctionnement de notre monde et de nos sociétés… Quel est le jeûne qui me plaît ? N’est-ce pas faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec lui qui a faim, recueillir chez toi le malheureux sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? On n’est pas loin d’une évaluation de notre fameuse crise mondiale, économique et financière avec son remède : alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront rapidement. Ta justice marchera devant toi, et la gloire du Seigneur t’accompagnera. Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra : si tu cries, il dira :’Me voici’. Pour une fois, l’Ancien Testament répond par avance aux questions du Nouveau : Pourquoi tes disciples ne jeûnent-ils pas, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons ? Réponse, parce que notre jeûne est et doit être autre. Et pourquoi les choses et notre jeûne sont-ils autres ou doivent-ils être autres ? parce que l’Epoux est avec eux. Ne l’est-il plus ? c’est toute la question de la foi, toute la dialectique historique et concrète de la rédemption, acquise éternellement depuis un événement pourtant inséré dans l’histoire humaine et daté dans cette histoire. Là ? pas là ? un temps viendra où l’Epoux leur sera retiré. … Ils voudraient que Dieu se rapproche. Génie d’Isaïe, génie littéraire à première lecture évidente, au point qu’à juste titre on parle pour ses derniers chapitres – d’une anticipation sidérante – d’évangile selon Isaïe, mais génie spirituel, un Dieu immanent et qui pourtant dialogue et a des réflexes si humains.

matin

Le sarkozysme en système. La nomination de François Pérol, à la tête du nouveau groupe, faite ce matin. La commission de déonotologie ne se réunit que le 11 Mars. Salves en rafale pour la propagande (« papier » sur France-Infos. très bien fait de Gérgory Philips). Un Stéphane Richard, directeur du cabinet de Christine Lagarde, et dont je n’avais jamais entendu parler (tout se passe à l’Inspection où certains travaillent et d’autres gravissent et gravitent, et au Trésor ou à l’ex-Trésor, selon des carrières et des filières qui ont cent cinquante ans), donne toutes les qualités humaines de l’impétrant, son humour, leurs imitations au téléphone du « chef de l’Etat, en toute révérence pour la personne et pour la fonction ». Le passage chez Rothschild est court : 2005-2007 à croire qu’il ne fait qu’un apport de clientèle, celle de l’Etat pour précisément la fusion des deux banques. Mais le pompon est que ce serait lui qui, chez Francis Mer, dont il est l’enfant et la découverte, en s’incrustant ensuite jusqu’au moment de Nicolas Sarkozy à Bercy, où il outille celui-ci pour Alstom, aurait fait le montage de Natixis, Natixis par qui les pertes sont venues autant aux Banques populaires qu’à la caisse d’épargne. Le crac qui opère le krach… Michel Sapin, avec son calme coûtumier, relève l’ensemble et le condamne. Jean-François Copé loue ces allées et venues des meilleurs entre le public et le privé pour le plus grand bien commun. Un anonyme – à l’Elysée ! – a le mot de la fin : s’il est si bien et si au fait des solutions de crise, pourquoi le président s’en sépare-t-il pour le confiner dans une banque.

Nos banques, les meilleures etc… qui, etc…. pour éviter tout risque, etc… Avant-hier, par erreur, la B N P débite 586.000 clients, on ne sait de quel montant, c’est réparé incessamment, mais pendant quarante-huit heures, quelle trésorerie pour la banque, et pour les clients dont les chèques se présentent ? un contentieux de plusieurs années.

Une réforme – une des dix ou quinze qui changeraient en un instant la vie des Français. Prêt immobilier, payer d’abord les intérêts fait qu’à mi-course on reste redevable de l’intégralité du capital, et que mécaniquement tout est organisé pour que l’emprunteur ne puisse pas se dégager avant la date de dénouement contractuel, sauf pénalités. On pénalise un débiteur qui s’acquitte de sa dette plus tôt que promis ! En réalité, les banques vivent de frais et non de rémunération d’une activité productive… et de spéculation sur fonds propres, eux-mêmes abondés en cas de besoin par le contribuable, décidément leur débiteur en permanence. Changer ce système et rembourser majoritairement le capital dès le début pour, en sus, obtenir des intérêts dégressifs ne portant que sur le restant dû.

Antilles… le brouillard. A la Guadeloupe, huit heures de négociations, le MEDEF, le patronat du tourisme et celui du bâtiment ne participent pas ou refusent de signer, les deux cent euros de primes, dont on ne sait si ce sera pérenne, ne concerneront pas 40 ou 45.000 des salariés les moins bien payés, mais seulement 15.000. La grève n’est pas encore levée. A la Martinique, la nuit aurait été calme (à cette heure métropolitaine, le jour n’est pas encore levé) et les négociations sont sur le point d’aboutir.

Décisif ? gouvernement d’union nationale entre Palestiniens, Hamas compris.

Pas de jour sans dépêche A F P pour dire le bonheur des soldats français en Afghanistan : les missions, l’environnement et surtout figurer enfin sous le commandement américain qui ne tarit pas d’éloge tant nous lui sommes indispensables.

soir

Je ne lis Le Canard enchaîné que maintenant… ainsi François Pérol était déjà passé devant la commission de déontologie sur les pantouflages… quand il est allé du cabinet de Francis Mer chez Rothschild. A l’époque, l’avis lui avait été favorable à condition qu’il ne s’occupe pas d’affaires bancaires. Or, il n’a fait que cela et principalement le rapprochement-fusion Banques populaires/Caisses d’épargne. Ces dernières, le 19 encore refusaient toute intervention de l’Etat. En extrapolant, cette expertise dans les organigrammes de banque indique un sérieux tropisme pour une carrière la plus lucrative et confortable à notre époque, et pourquoi en France plus qu’ailleurs les plans de relance et de renflouement ont servi en priorité les banques.

Notre réintégration dans l’ O T A N ; je n’ai pas lu, puisque je n’ai Le Figaro qu’épisodiquement sous les yeux… mais Michèle Alliot-Marie est fidèle à elle-même c'est-à-dire à la logorrhée R P R plus encore qu’U M P : les comportements ou les décisions « responsables ». De quoi ? et devant qui ? Le Premier ministre, réticent lui aussi, déclare à des proches qu’il a été, à la longue, convaincu par les arguments du président de la République. Lesquels donc ?

J’avoue être perplexe sur les raisons de cette passion ? quel mobile a donc Nicolas Sarkozy, plastronner ? nous engager davantage en Afghanistan, voire en Irak si après le retrait américain, il fallait relayer les Etats-Unis pour gérer la guerre civile qui suivra ? mais alors en quoi l’O T A N est-il l’indispensable structure à rallier ? Dans l’état actuel de ce que je sais ou comprends, ne trouvant aucune explication rationnelle, je vois deux choses, d’une part la pente qu’avait commencé de suivre Jacques Chirac, dès que François Mitterrand – paradoxalement converti au gaullisme sur ce point – eût été quitté par le pouvoir, pente savonnée par une grande partie des militaires. Les muscles, l’armement, la puissance des Etats-Unis fascinent les professionnels sachant notre dénuement relatif, surtout en armes conventionnelles : un « voyage aux armées » quand j’étais élève à l’E N A fut contemporain en 1967, à quelques semaines, de la « guerre des Six Jours ». Il n’y avait guère que les forces stratégiques qui résistaient à l’admiration exaltée de nos officiers pour Israël. D’autre part, à la racine de toute réforme, depuis son élection, il y a chez Nicolas Sarkozy le goût de prendre le contre-pied et de démonter tout ce qu’ont d’illogiques et de peu approfondis les tenants des causes qu’il déboulonne. En quoi, il est – je dois l’admettre – salubre. Notre retrait de l’O T A N ouvrait une série d’émancipations successives vis-à-vis des Etats-Unis : le discours de Phnom-Penh sur la guerre du Vietnam suivit dans les six mois, puis il y eut le Québec libre, au cœur de l’Amérique anglo-saxonne, et surtout la langue et les mains libres au sujet du conflit israëlo-arabe. De Gaulle parti, nous avons avec constance suivi la thèse américaine : Charte transatlantique en 1974, soutien à l’installation des euro-missiles en Allemagne en 1982, imbrication des traités atlantiques dans les traités européens depuis Maastricht en 1992, après que la guerre du Golfe nous eût remis sous commandement américain et pour une cause qui n’était ni celle de l’Europe ni la nôtre. Enfin, en 1995 même, le transfert de nos essais nucléaires dans les laboratoires et simulateurs américains.

Je dois reconnaître aussi le « parallélisme des formes » . De Gaulle eut à convaincre jusqu’à Pierre Messmer, son ministre des Armées… il y eut une motion de censure, déjà déposée par la gauche… il y aura la même chose dans quelques semaines. Et Le Figaro prendra pour une joie officielle délirante, déferlante dans toute l’Amérique, notre chef-lieu, un vague communiqué de deux lignes d’un porte-parole adjoint à Washington-Pentagone prenant acte des bonnes paroles du président de la République française… Revanches posthumes de Pierre Brisson et d’André François-Poncet, éditorialistes…, le premier de toujours, le second sur le tard. Et il y aura au Monde, un autre Jacques Isnard pour prouver que ceux qui critiqueront – à l’époque, il s’agissait de Michel Jobert réfutant notre signature d’une Charte proposée à l’été de 1973 par Henry Kissinger et que Jean Sauvagnargues signa l’été de 1974 – n’y connaissent rien, car d’ailleurs l’O T A N l’avons-nous jamais réellement quitté…

Il faut donc supposer que dans une France, jusques-là réputée anti-américaine et indépendantiste, il ne s’est trouvé personne – pas un officier, par un politique, pas un journaliste, pas quelque expert ou auteur d’un livre ou d’études soit sur les choses militaires, soit sur les mécanismes intellectuels et industriels de l’hégémonie américaine dans le monde, et très particulièrement en Europe, le continent de très loin le moins contestataire des Etats-Unis – il ne s’est trouvé personne pour « travailler » un quinquagénaire sans grande expérience du sujet et le ramener à la thèse et au legs du général de Gaulle – dont l’élément principal m’a toujours paru être le bon sens.

Enfin, ce qui me frappe, c’est que la volonté d’un seul homme s’impose à tous, que les décisions et façons de voir ou de raisonner de Nicolas Sarkozy sont aussi inexorables, donc intouchables et indiscutables au simple nom du réalisme – accepter ce à quoi on ne peut résister – que la crise, elle-même présentée comme surgie du néant ou tombée du ciel sans que personne ait pu, soi-disant la prévoir, et sans que personne, plus encore, y soit pour quoi que ce soit dans le vaste monde et en France. Je ne me sens pas pour autant sur une dîle minuscule et déserte. Je suis convaincu, qu’in petto les gens les plus proches du pouvoir, surtout les plus proches, sont d’accord avec moi, mais chacun dit : qu’y puis-je ?

[1] - Isaïe LVIII 1 à 9 ; psaume LI ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 15

Inquiétude & Certitudes - jeudi 26 février 2009


Jeudi 26 Février 2009


Des paroles [1] si connues, et que l’on retient parce qu’à première lecture, elles nous ont tant frappés. Je te propose aujourd’hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. … Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. … Tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. … Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Mais la connaissance de quelque chose, fut-ce un texte décisif, comme toute connaissance – sauf celle du vivant, sauf celle d’une personne, entraînant à l’amour – dessèche. L’enseignement est ici, au second degré. Il est l’affirmation de notre liberté. Liberté de choisir pour/contre, bonheur/malheur, vie/mort. C’est manichéen, comme il y a le juste et le méchant. Au pluriel. Notre religion n’est pas seulement l’affirmation d’une réalité, ou plutôt la réalité affirmée n’est pas un état des choses, dans lequel nous nous trouvons, et la religion nous assure qu’à terme cet état est bénéfique et pas aussi mauvais ou solide dans sa mauvaise face (ou sa bonne, si l’on est du bon côté du manche, ce qui arrive à quelques-uns… face de la presse « people »), elle est l’indication qu’une personne est souveraine et qu’elle a souci de nous. Notre liberté vaut parce qu’elle est connue, et appréciée de Dieu. D’une certaine manière, cette connaissance que Dieu a de nous (et non celle que nous avons de Lui, ou que, depuis l’Eden, nous tâchons d’avoir par et pour nous-mêmes), garantit notre liberté. Choisir donc, le bonheur évidemment ? mais comment ? les commandements : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins. Les chemins que connaît Dieu. Au Paradis, Dieu ne sait plus le chemin d’Adam ni d’Eve. Où es-tu ? Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui. Une liberté dont l’exercice a des conséquences au-delà de nous.

matin

Guadeloupe… négociations toute cette nuit (heure parisienne) et reprise demain après-midi (heure caraïbe). On est « proche » des 200 euros. Nicolas Desforges (relation avec Régine ?) attribue les causes de ce mieux dans l’ambiance à ce que « l’Etat a pris toutes ses responsabilités… il a fait bouger les lignes… il a mis sur la table ». Nous périssons par ces tournures idiomatiques, plus personne ne peut trouver ses propres mots – donc bientôt son comportement – tant le pli est pris. Et mentalement, il y a depuis des années, cette référence à des responsabilités que l’on prend, comme l’on passe au niveau supérieure… comme un surcroît de crédibilité ou d’implication… mais qu’est-ce que cela signifie ? responsabilité devant qui ? l’opinion publique ? et à peine de quoi ? pas de sanction possible ni au Parlement ni par referendum, simplement la non-réélection. Voilà sur quoi est fondée notre « démocratie irréprochable »…

Le Figaro publie deux sondages contradictoires. 51% des Français ne seraient pas hostiles à l’indépendance de la Guadeloupe, mais 68% considèrent que les Antilles sont un atout pour la France. A vrai dire, la contradiction n’est qu’apparente et je partage assez l’avis des Français (de « métropole »).

Je ne vois pas de scenario pour la suite de ce quinquennat, qui serait intermédiaire entre les deux extrêmes. Ou la banalisation totale par asphyxie de l’esprit démocratique et donc une réélection triomphale. L’étiage d’impopularité de Nicolas Sarkozy – actuellement à 37% d’opinions positives – est, je l’ai dé jà écrit, très différent des cotes, surtout « négatives », de ses prédécesseurs. De Gaulle à 55% de popularité à la veille du referendum de 1969, peut le perdre en ne dépassant pas 47% de oui. Tandis que les 37% et plus souvent les 43-45% de Nicolas Sarkozy correspondent effectivement à un bloc de voix, assurées dans l’urne. Il n’y a pas – pour lui – ou il n’y a plus de distinction entre l’approbation générale et le vote, ses soutiens sont décidés et extrêmes, très antagonistes des opinions négatives sur lui. Or, avec 37% au premier tour, on l’emporte de dix ou douze points déjà sur le suivant. Pour 2012, la seule menace pour lui n’est pas que Marine Le Pen quel que soit son talent exceptionnel de clarté et de débatteuse, reprenne les voix F N, mais bien que François Bayrou et Ségolène Royal fasse une alliance telle que le report des voix après la triangulaire du premier tour, soit parfait. C’est possible, mais il y a encore du chemin. – Couverture de Paris-Match sur celle-ci, un nouveau compagnon affiché, à Marbella, le 17 : cela fait quand même jet-set ou D S K maire de sarcelles, habitant à Paris XVIème…, du moins est-ce clair, quelques années de moins qu’elle, de la détente et sans doute un certain tabou qu’elle s’était donnée, et qu’elle a vaincue, tandis que François Bayrou est sans doute plombé par sa liaison avec (orthographe) Miss Sarnèze ou de Sarnez ( ?) et surtout par l’influence de celle-ci sur lui, elle semble faire l’unanimité contre elle, chez les amis comme chez les adversaires du champion. – L’autre scenario est que les échecs successifs des manifestations diverses contre les « réformes », celle du statut des enseignants-chercheurs serait en train de se dégonfler avec des promesses qui, évidemment, ne seront cependant pas tenues, suppression de postes certes en 2009 comme budgétées, mais pas en 2010 ni en 2011 (après la réélection présidentielle, en revanche), ces échecs ne seraient qu’un gonflement invisible et tacite du mécontentement dont l’explosion n’en sera que plus forte et irrépressible. Les « événements de Mai » seraient bénins – ils n’ont d’ailleurs causé qu’un ou deux mots, dans des circonstances discutées – à côté de ce qu’il arriverait.

Plus de 90.000 demandeurs d’emploi de plus – compte tenu du traficotage certain des statistiques, des radiations diverses – cela nous fait un million de chômeurs de plus par an. Nous irons aux cinq millions. Le mystère politique actuel est là : un président impopulaire selon les sondages, un chômage comme jamais en France depuis vingt ans, et qui sera sans doute un record absolu d’ici peu de temps (ce l’est déjà pour l’augmentation mensuelle, depuis que la statistique existe) et pas de révolte. Je crois que le paradoxe se résout, aisément. Plus cela empire, plus l’on se convainc qu’il n’y a pas de solution et par conséquent que le gouvernement – le pouvoir revendiqué et incarné par Nicolas Sarkozy – n’est pas directement responsable. Et que « les autres » ne feraient pas mieux. Donc l’inertie, qui vaut consentement.

François Pérol plébiscité hier par les conseils d’administration et directoire des Banques populaires, il en sera prévisiblement de même aux Caisses d’épargne. Le pouvoir aurait berau jeu de dire qu’il ne le nomme pas, il laisse jouer toutes les procédures du droit des sociétés. Tout juste, consent-il à la mise en disponibilité d’un des siens.


après-midi

Du chef d’œuvre à la redite : Nicolas Sarkozy, faisant fonction de Premier ministre.
Chef-d’œuvre, mais dont la mise en scène se déroule sans tenir compte de ce que le texte a été distribué aux spectateurs à l’avance. Le scenario disait : publication des « mauvais chiffres » des Banques populaires : pertes de 400 millions (déjà évoquées en novembre) puis les Caisses d’épargne : pertes de deux milliards et demi, le tout causé par la filiale commune Natixis (fonctionnaire au Commerce extérieur depuis mon entrée dans l’administration, je n’avais jamais compris comment la Banque française du commerce extérieur, gérant des procédures publiques en chaîne avec le Crédit national, pouvait fusionner avec les Banques populaires, deux métiers totalement différents). Donc, tristesse générale et un sauveur, le président de la République donnant les milliards en même temps qu’un redresseur des torts, son meilleur collaborateur, expert en plan de relance et rédacteur du discours de Toulon. Intervention archi-justifiée, salvatrice avec peut-être la démonstration que la nationalisation – option socialiste – est inutile, il suffit de quelqu’un de l’Etat dans la place. Donc, nomination à applaudir : François Pérol, hier élu à l’unanimité à la tête des Banques populaires et aujourd’hui à celle des Caisses d’épargne. Malheureusement, il a été publié depuis huit jours que François Pérol a organisé la fusion, dès avant 2007 comme associé-gérant d’une banque privée emportant un appel d’offres de qui ? au fait ? de l’Etat, déjà, et qu’il a continué de la suivre, étant à l’Elysée. Puis la commission de déontologie – saisie, pas saisie, mensonge du président de la République ? version Bayrou, raccourci ? version Guéant, qui lui aussi cumule de plus en plus de rôles – doit statuer. Radio-Caraïbes qui s’intéresse à la métropole malgré des éphémérides antillais chargés (scenarii guadeloupéens maintenant vêcus à la Martinique) annonce que si cette consultation de la commission de déontologie n’avait pas finalement lieu : cet après-midi, il y avait matière à poursuites pénales. Il va en tout cas y avoir des recours contre cette nomination.

Reste à savoir ce que signifie dans notre vie publique la révision constitutionnelle ayant, par la loi du 23 Juillet 2008 adoptée en Congrès, ajouté à l’article 13, ceci :
L’article 13 de la Constitution est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Une loi organique détermine les emplois ou fonctions, autres que ceux mentionnés au troisième alinéa, pour lesquels, en raison de leur importance pour la garantie des droits et libertés ou la vie économique et sociale de la Nation, le pouvoir de nomination du Président de la République s’exerce après avis public de la commission permanente compétente de chaque assemblée. Le Président de la République ne peut procéder à une nomination lorsque l’addition des votes négatifs dans chaque commission représente au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés au sein des deux commissions. La loi détermine les commissions permanentes compétentes selon les emplois ou fonctions concernés. »

Coup de chance : pas de lois organiques, donc pas d’application.

La redite. Le président dans l’Ain, chez un équipementier automobile. Contrairement à ce qu’il dit, les aides à l’automobile n’ont pas été inventés en France et imités ailleurs. Les Etats-Unis et l’Allemagne l’ont fait avant nous, qui ne nous y sommes pris qu’il y a quinze jours. La crise, présentée comme un imprévu exonérant le pouvoir de toute responsabilité. Non, la France du fait des gouvernants depuis dix ans, socialistes compris, s’est présentée en position de faiblesse aux ides de cet automne, contrairement à d’autres pays qui avaient des réserves budgétaires et d’endettement.

Dénouement du quinquennat ? pour raisons de santé. J’ai déjà remarqué ce communiqué de Claude Guéant en Mai 2008 assurant qu’aucun examen médical périodique n’était nécessaire puisque le président est en bonne santé et laissant entendre qu’il n’y aurait plus à l’avenir ce genre de bulletin, il est vrai généralement mensonger : Georges Pompidou, François Mitterrand. Ce matin, dans son discours, Nicolas Sarkozy parle comme s’il avait un ratelier ou cette bouche emplie de liquide qu’ont souvent les vieillards…

Paris-Match… son directeur général viré sur demande de Nicolas Sarkozy, place Beauvau, quand la couverture est donnée à Cécilia au bras de celui qu’elle a finalement épousé : été 2005. L’actuel sera-t-il viré pour photos volées exactement de la même manière et pour le même impact, à Ségolène Royal ? qui va porter plainte.

Le « pôle-emploi », l’A N P E anciennement, la multiplication des chômeurs impossible à « gérer » sans augmenter le personnel : un retard de 50.000 dossiers il y a quinze jours, plus de 70.000 en ce moment. Dossier pas instruit : « liquidé », pas de droits versés au compte de l’intéressé qui attend un mois, deux mois, trois mois. Les entretiens désormais bâclés, chaque agent ayant la tutelle en ce moment de plus de 200 inscrits.

[1] - Deutéronome XXX 15 à 20 ; psaume I ; évangile selon saint Luc IX 22 à 25

mercredi 25 février 2009

Inquiétude & Certitudes - mercredi 25 février 2009


Mercredi 25 Février 2009



Oui, que de cendres sur chacun et autour de nous tous. [1] il te le revaudra…ils ont touché leur récompense… autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père, qui est aux cieux. Jamais, je n’ai accepté cette logique du propter retributionem, d’un amour échangiste, même de l’attente du bonheur. Non, « ma » prière – qui n’a certainement rien de particulier ni d’exceptionnel – n’est pas de l’avoir mais de l’être, pas une demande d’avoir mais une demande d’être, et que Dieu me soit sensible en ce qu’il est infiniment aimable, infiniment bon et que tout péché lui déplaît. Ne L’aimer que pour Lui et parce que c’est Lui. L’amour humain, l’amitié (La Boétie et Malherbe) sans raison que l’autre-même, pour lui-même. Dieu à infiniment plus forte raison et par la grâce qu’Il nous attire et se fait aimer de nous. Restent les conseils de la discrétion et du cœur à cœur … quand tu fais l’aumône… quand vous priez… quand vous jeûnez… mais toi quand tu fais l’aumône, quand tu pries, quand tu jeûnes … ton Père voit ce que tu fais en secret… la leçon de discrétion, de silence, de vie intérieure, mais tout autant de l’action : aumône, prière, jeûne. Vivre comme des justes… la définition contemporaine d’Israël, certes : la miséricorde et la solidarité actives, notamment dans les circonstances de violence qui ne sont pas, hélas ! pour l’Etat hébreu, que la shoah, mais tout autant Gaza, Cana, Ramallah, Bethléem… que de Français juifs en souffrent et en rougissent et sur lesquels doit se fonder la réprobation et la reprise internationales des choses et des comportements… mais la définition de la Genèse. Dieu trouve tel des siens juste. D’une certaine manière, le jugement « dernier » avant la lettre. Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Redevenir justes, le devenir, l’être non pour nous-mêmes mais pour complaire à notre Créateur et rejoindre tous ceux qui nous précèdent sur ce chemin et attirer ceux qui hésitent à l’emprunter. Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple. Mon cher JL disait que dans l’Ecriture il y a tout et son contraire. De fait, Joël prône le contraire de Jésus : annoncez une solennité, réunissez le peuple… que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre … mais ce semble déjà les assemblées de l’Apocalypse et le dialogue avec Dieu qui répond.

midi

L’affaire François Pérol s’envenime ou plutôt se précise. François Bayrou accuse Nicolas Sarkozy de mensonge. Celui-ci aurait assuré hier qu’il n’y a aucun problème et que la commission de déontologie a donné son feu vert. Claude Guéant – qui incidemment annonce comme si c’était exonérer le pouvoir, que les chiffres du chômage seront ce soir bien plus mauvais que la satistique précédente – assure que « le président, évidemment, n’a pas menti mais a fait un raccourci ». La commission de déontologie a estimé en effet, en renvoyant à sa jurisprudence, qu’il n’y avait pas lieu de la consulter. Hasard que me signale une de mes sœurs, à l’écoûte et que je n’avais pas encore relevé, c’est Olivier Fouquet, conseiller d’Etat, un camarade de collège jésuite et de l’E N A, qui préside cette commission. Il préside – avec une prudence qui est bien la sienne, mais qui en l’occurrence est perfide – qu’à son avis tout personnel, qui n’engage pas la commission, il convient de se reporter à la jurisprudence de celle-ci. Il n’y a donc pas d’avis.


Mais quelles sont les exigences dont la commission entoure son accord, si elle avait à le donner. Ce sont des réserves. Ce n’est plus mon ami qui parle mais un commentateur, manifestement informé par la commission. Le précédent est celui d’Augustin de Ramonet, ami d’ami, secrétaire général adjoint de l’Elysée à la fin de la présidence de Jacques Chirac, il est depuis directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. Ce n’est pas rien, le lot de consolation pour qui n’ « a » pas la Banque de France…. Accord en Septembre 2006 pour que ce poste lui soit confié mais à condition que l’intéressé coupe les ponts avec le pouvoir et n’ait aucun contact avec le secrétariat général de la présidence de la République ni avec le cabinet du ministre de l’Economie et des Finances. Dans le cas de la banque en train de se constituer par fusion des Banques populaires et de la Caisse d’épargne, l’implication de l’Etat est telle : octroi de fonds à chacune des deux banques puis à l’ensemble résultant de la fusion, la fusion elle-même qui reste assez compliquée à opérer, on voit mal comment le nouveau président de cette banque pourrait ne pas être en relations étroites, intimes et stratégiques, au moins au démarrage.


Comme souvent – sous ce règne – je trouve que les argumentations critiques sont insuffisantes. D’une part, parce que la Caisse des dépôts ayant une mission régalienne (depuis sa fondation par Louis XVIII), il est tout à fait normal que l’Etat en fixe l’orientation et la contrôle par des nominations adéquates. La politique de financement des collectivités locales ou des politiques nouvelles, type développement durable, passe par elle. En revanche, une banque qui va rester privée même si l’Etat doit en posséder 15 à 20% du capital, n’a pas de mission régalienne. Les Caisses d’épargne en avaient, ce qui fit leur réseau de confiance. En conséquence, cette nomination est typique de Nicolas Sarkozy : pas de nationalisation pour qu’il n’y ait pas de règles d’administration publique voire de contrôle démocratique, celui de l’Etat, mais en revanche des amis partout, faisant réseau à la disposition personnelle du président régnant par reconnaissance ou pour suite de carrière. D’autre part, il a été entendu, par la révision constitutionnelle, que les grandes nominations sont désormais soumise à approbation parlementaire ? si celle-ci ne l’est pas, lesquelles vont l’être ?

Pour rester dans la banque, le pouvoir n’est pas le seul à passer les bornes. L’Observateur de l’autre mois, lu avec retard, explique qu’un courtier à peine moins performant que Kerviel a bien été viré de la Société générale, et est « passé » au Crédit agricole d’où il s’est fait « virer » sur insistance des caisses régionales après avoir fait perdre plus de trois milliards à ce bel ensemble. Mais depuis… (peu), Société générale et Crédit agricole se sont entendus pour une salle des marchés commune, et notre homme s’en est vu confier la direction.

Banques toujours, moyenne des salaires sans bonus ni prime ni autres accessoires… pour les hauts dirigeants : de deux à quatre millions d’euros par an.

Ne pas changer ces moeurs prolonge la crise d’autant, et montre bien que l’on ne rêve – sauf chez les victimes : contribuables, épargnants, salariés – que de renouer avec le passé, moyennant renflouement par compte de tiers que sont précisément les victimes.

Imperturbable Amérique. Barack Obama présente son projet de budget fédéral. Diviser par deux en dix ans le déficit. Un budget de deux mille milliards. La crise actuelle… l’Amérique en sortira plus forte. Les économies ? tout ce qui n’est pas directement utile, et notamment les dépenses militaires dans les deux guerres (Afghanistan donc, compris ?) et publication des comptes exacts de ce qu’a déjà coûté celles-ci. Mais… chômage oblige, embauche à tout va dans l’armée…

Guadeloupe : qui est en face des syndicalistes ? Les négociations ont repris depuis une demi-heure.


soir

Cynisme incroyable qui confirme que nous sommes en dictature. Il est dit qu’Olivier Fouquet et sa commission – consultative cependant et ne liant donc pas le pouvoir par un avis que d’ailleurs elle ne donne pas – auraient dit ‘oui’ à la nomination de François Pérol. Le Canard enchaîné « révèle » que celui-ci étant associé-gérant de Rothschild avait reçu le marché – on ne peut plus lucratif pour la banque d’affaires – de préparer la fusion des deux Banques populaires et Caisses d’épargne. Claude Guéant aurait ciblé la bonne date pour la nomination de François Pérol, demain l’annonce de chiffres catastrophiques pour les Caisses d’épargne publiant leur bilan : pour la première fois de leur histoire en pertes… montrer que l’Etat prend les choses en main et l’argent prêté à un taux quasi-usuraire, plus de 10%. Confirmation de ce système sur lequel il a été finalement peu insisté : les intérêts versés par les banques en échange de leur renflouement ou de la garantie de leurs flux inter se, pairaient un plan social à l’échelon national. On peut aussi présenter les choses autrement. L’Etat – détournement sans précédent – place sa trésorerie, le produit des impôts, non en remboursement de la dette publique, mais dans des produits qu’autrement et ailleurs on dirait toxiques : nos banques.

Rapport Balladur sur une réorganisation territoriale. Dans la quantité de critiques qui peuvent être opposées au projet-même, plus encore qu’au détail des propositions, deux ne sont guère faites – à mon sens.
La première est que dans la période où nous sommes entrés une réforme administrative de plus – après celles de la justice, de l’armée, de l’université, des écoles de formation pour al fonction publique, etc… - c’est vraiment gaspiller son énergie et détourner (ou tenter de détourner) l’attention du grand nombre sur un hors sujet. Les pouvoirs publics, le pouvoir devraient se consacrer sur la crise en cours, proposer aux niveaux mondial et européen, gérer au mieux pour ce qui ressortit de la seule possibilité ou compétence nationale. Les réformes portées depuis vingt mois par Nicolas Sarkozy désarment la France, éloignent les Français – physiquement autant que mentalement – de leur Etat et des institutions qui leur sont nécessaires. Elles sont toutes d’ordre administratif alors que l’heure est au social et à l’économie, et que Nicolas Sarkozy n’a de connaissance vêcue (et intéressée) que celle des réseaux mais pas du fonctionnement – à certains points de vue, et c’est fort bien – immémorial de l’Etat et de sa culture du bien commun et de la continuité.
La seconde, bien plus importante, est que ces propositions se font sous l’angle des économies budgétaires, et pas du tout sous celui qui les a fait être érigées : la démocratie locale. Peu importe que ces collectivités aient un coût, du moment qu’elles sont un lieu, un échelon, une étape de la démocratie. Et le mode-même d’application fait encore plus fi de la démocratie : que des régions qui veulent s’unir ou se réunir, le fassent très bien : mais pas celles qui s’y refusent. Entre Nevers et Mulhouse-Bâle, fait remarquer justement le président de la région Bourgogne, il y a près de 500 kilomètres.
A cela, peuvent s’ajouter d’autres critiques d’évidence.
Décréter sur un mode uniforme les étendues et les compétences est une erreur pratique grossière : l’important est que la collectivité soit consentie et qu’elle corresponde à la nature. Ainsi le Pays basque, de la taille d’un arrondissement, mériterait des compétences régionales et même de relations extérieures pour les nouer avec Pampelune, Bilbao et Santander.
Enfin, l'aménagement du territoire est chaque année davantage oublié. Toute la réforme de la carte judiciaire pénalise les espaces ruraux et renforce les agglomérations. Le droit territorial envisagé donnerait la prime en tout aux grandes villes, alors que celles-ci produisent chômage et violences bien davantage que les campagnes. De celles-ci on veut donc faire le désert, déjà déploré il y a cinquante ans.
Le projet Balladur – auquel participent Pierre Mauroy et le député Vallini : il sera intéressant de lire leurs éventuelles opinions dissidentes… - sonne aussi, dans l’ambiance de méfiance qui s’épaissit de semaine en semaine, et de procès d’intention du pouvoir (de plus en plus fondé factuellement), comme une tentative de Nicolas Sarkozy de diminuer ou même ruiner le quasi-monopole socialiste des présidences de région et de conseils généraux. Il est paradoxal que ce soient probablement les élus U M P qui vont s’opposer le plus à cette « énième réforme ».

Une U M P qui – dans l’affaire Pérol comme dans le premier accueil du rapport Balladur – marche évidemment au canon, avec de plus en plus une seule manière d’applaudir qui est de siffler l’opposition, systématiquement considérée comme nulle. Démocratie : respect de l’autre ?

Guadeloupe… le « petit » patronat et les syndicalistes semblent s’accorder, mais les élus et le MEDEF peuvent tout rallumer, et la grève continue. Erratum, les négociations reprenaient aujourd’hui à seize heures locales, et non parisiennes. L’accord pour 200 euros… mais à la Martinique, on veut maintenant 300 ou 350 et le patronat propose 60. Yves Jégo commente, d’on ne sait où, mais n’est pas au cœur de la négociation.


[1] - Joël II 12 à 18 ;psaume LI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens V 20 à VI 2 ; évangile selon saint Matthieu VI 1 à 18


mardi 24 février 2009

Inquiétude & Certitudes - mardi 24 février 2009


Mardi 24 Février 2009

Mes craquages sont en profondeur. Seule surrection possible, la prière et le travail, une forme de noyade, ou l’entrée dans un autre élément, mais celui que nous vivons nous cramponne. L’espérance quand il n’y a plus d’espoir, l’espoir quand il n’y a aucune raison, la raison quand on cherche encore les fétus d’une réalité différente de ce qui nous est imposée. Imposée par qui ? les multiples engrenages de décisions et de circonstances auxquelles, quelque part, très loin – ailleurs ? ou dans le passé ? nous avons pu quelque chose, nous entre autres, dans la multiplicité innombrables de facteurs mystérieux, et aussi l’action, plus involontaire que volontaire de nos semblables. Les plus actifs dans nos chutes n’en sont cependant jamais pénalisés, ce qui est rassurant pour nous, car sans doute nous avons été ou sommes nous-mêmes la cause infime mais réelle, peut-être, de déboires ou de malformations ou de malheurs pour autrui… Marguerite retrouve ses lunettes qui ne lui sont plus prescrites, et les mets. A l’école, commencé de confectionner un masque, un loup noir, carnaval…
Prier…
[1] celui qui a mis sa confiance dans le Seigneur, a-t-il été déçu ? celui qui a persévéré dans la crainte du Seigneur, a-t-il été abandonné ? Celui qui l’a invoqué, a-t-il été méprisé ? Honnêtement, je dois répondre que non, et même – états d’âme ? – j’ai toujours été secouru à temps, des secours minuscules mais qui changent les instants et font reprendre et continuer. Car le Seigneur est tendre et miséricordieux, il pardonne les péchés, et il sauve au moment de la détresse. Ce qui arrive à Jésus, lui-même : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes : ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. Au regard de la condition humaine et du « tragique » de l’existence, la dispute sur la grandeur, les carrières, la réussite est plus puérile que la netteté et la sagesse d’un enfant : les réparties de notre fille. C’est quoi : des choses pareilles ? ou bien son évocation grave : c’est la vie des choses, pour les choses de la vie, et elle dit : j’ai besoin de … au lieu de : je dois faire ceci ou cela. Le centre est autre, et elle est dans le vrai. Il est doux d’être enseigné. … le creuset de la pauvreté… Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta vie pauvre, sois patient ; car l’or est vérifié par Dieu, par le creuset de la pauvreté. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; suis une route droite, et mets en lui ton espérance. Et voilà que j’ai reçu, que je reçois et vais repartir. Vous qui craignez le Seigneur, espérez le bonheur, la joie éternelle et la miséricorde. Le Seigneur est le salut pour les justes, leur abri au temps de la détresse. Et la place de l’enfant dans nos vies, chacun pouvant d’ailleurs à tout moment, dans sa propre détresse, son dénuement, ses demandes, être pour l’autre auprès de qui il arrive ou se déverse, un enfant : celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’esr moi qu’il accueille. Jésus l’avait choisi, embrassé, certainement l’avait rassuré et attiré avant de le placer au milieu des adultes, des disciples. Naissance… de ceux-ci grâce à l’enfant.


Quelque chose de malsain… la manière dont les Français se laissent gouverner et dont les élites se sont laissées dévoyer par l’amour de l’argent et le souci des carrières, de l’hérédité et du groupe, tout autant de fermeture à la réalité et aux autres.

Ainsi la nomination de François Pérol pour diriger le nouveau groupe bancaire français, archi-pourvu par le contribuable, alors que c’est lui qui a agencé les choses et semble-t-il menacé les dirigeants en place (bien piètres), et qu’il est le secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Une révision constitutionnelle soumettant au contrôle a posteriori du Parlement les nominations d’importance. Ou cela ne passera pas devant les parlementaires, ou si cela passe, cela sera avalisé, alors que pour ces connaisseurs du sérail et qui, pour certains qui ont trente, quarante de vie parlementaire et ont donc vu naître Nicolas Sarkozy – ainsi Didier Julia, qui s’illustra à juste titre, par ses démarches auprès de Sadam Hussein, mais aussi pour faire passer le « gaullisme » au « giscardisme », a plus de quarante ans de députation, première élection en Juin 1968 – l’évidence est que cette nomination est pire qu’illégale, elle est immorale…

Ainsi, ce témoin – un ripoux des renseignements généraux, semble-t-il – qui dans l’affaire Colonna ne voulait donner initialement des noms que moyennant la très forte somme… signe s’il en est que l’on est dans un procès pour la montre, que le coupable est pour la montre et que la vérité est ailleurs, telle qu’elle blessera certainement les grands mécanismes du pouvoir de l’Etat. Et qu’Erignac, tremblant d’accepter cette affectation, savait ce qui était en jeu : lâcheté des terroristes et lâcheté de responsables de l’Etat (on n’entend toujours pas les responsables de cette époque… et ils intervinrent peu au moment du procès Bonnet).

Ainsi, ce policier – un ripoux, aussi ? – descendu à La Courneuve. Pourquoi, par qui ?

Guadeloupe. Les syndicalistes devenus les seuls interlocuteurs, mais de qui ? du patronat local ? de l’Etat ?

Courage de Nicolas Sarkozy qui n’y va qu’en Avril, quand ce sera calme… de Gaulle allant aux porteurs de pancarte, Dakar 1958, Djibouti 1966. Règne actuel : l’affaire de Saint Lô, pas assez de troupes pour éloigner les manifestants dont il entndit les cris… ne recevoir le Dalaï Lama qu’à l’étranger et qu’une demi-heure, traduction comprise… (lâcheté il est vrai du saint homme qui aurait pu signifier que trop est trop, et de Benoît XVI allant à l’Elysée alors que cela avait été refusé à un autre chef spirituel de même envergure et de même rayonnement)… aller à l’ouverture des Jeux Olympiques…



[1] - Ben Sirac II 1 à 11 ; psaume XXXVII ; évangile selon saint Marc IX 30 à 37


lundi 23 février 2009

Inquiétude & Certitudes - lundi 23 février 2009

Lundi 23 Février 2009

Prier [1] l’énigmatique éloge de la sagesse, avec un S majuscule, personnifiée dans le livre qui porte son nom au point de pouvoir la porter comme une personne divine, ici comme la fille de Dieu, l’Eglise, la Vierge ? comme le Christ, avant toute chose et pré-existante. Mais tout simplement une créature, un attribut, cependant distinct de Dieu. Avant toute chose fut créée la sagesse ; et depuis toujours la profondeur de l’intelligence. Il faudrait sans doute avoir l’hébreu ou le grec sous les yeux et le comprendre : sagesse, intelligence, profondeur. Les âmes – thèse de la psychothérapie – comme les peuples se comprennent et s’expriment par leur langue propre. L’intense déviation du monde moderne : la suprématie d’une unique langue, baragouinée par les autres, susbtituion forcée d’esprit et d’échelle de valeurs, déracinement-enracinement ailleurs, tous des métèques par rapport à l’originel que sont les Etats-Unis eux-mêmes enfants prodigues des Anglais, schizophrénie de ceux-ci par rapport aux Américains et qui constitue un des empêchements de l’Europe. Digression, mais la Bible apprend tout, puisqu’elle libère et en même temps nous enracine. La racine de la sagesse, qui en a eu la révélation ? et ses subtilités, qui en a eu la connaissance ? Il n’y a qu’un seul être et très redoutable, celui qui siège sur son trône. C’est le Seigneur, lui qui acréé la sagesse ; il l’a vue et mesurée, et il l’a répandue sur toutes ses œuvres, parmi tous les vivants, dans la diversité de ses dons. Toujours cette solidarité du vivant, les nimaux, les végétaux, les minéraux, le cosmis autant que l’homme, bénis et appelés à la rédemption. Faculté universelle. Non pas acquise, apprise, exercée mais reçue. Mais ceux qui aiment Dieu en ont été comblés. … Si tu y peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous ! Chemin de la réponse au don de la sagesse, la foi, avec de petits moyens et de faibles considérations. La dialectique du Christ éveille donc ce qui n’était que latent et encore, chez ce malheureux père d’un fils « possédé ». Pourquoi dire : ‘Si tu peux’ … ? Tout est possible en faveur de qui croit. La foi alors et aux disciples, le secret : la prière. Renvoi au don de la sagesse. Ces moments dans l’évangile où Jésus intervient dans une discussion générale : celle de la foule, celle des disciples en chemin, et toujours à l’occasion, en conséquence d’un miracle, le mouvement, ce qui était muet et paralysé, revit, bouge : va… mais Jésus, lui saisissant la main, le releva et il se mit debout. Les mains du Christ, celles qui prennent pain et vin à la Cène, la main qu’il tend à Pierre sur les eaux, sa main et ceux qu’Il miracule.


midi

Portrait-photo. d’Hillary Clinton dans le Monde. L’ambition, la soif de vengeance (Monica Lewinsky et son mari, Bill le camarade d'enfance) ont raison du sourire et de l’allure quadra. aimant la vie, qu’avait encore la candidate. Madeleine Albright sera bientôt la féminité-même comparée à sa successeure.

Guadeloupe… résultat d’une philosophie de gouvernement. L’Etat introduit au débat entre les partenaires sociaux mais pas plus. le patronat et les syndicats face à face. Personne ne veut lâcher. Discours habituel du MEDEF, si la grève continue – déjà deux mois – ce sont 12.000 emplois qui vont sauter. On continue de discuter sur les 200 euros d’augmentation pour 40.000 demi-salariés. Le patronat avance 60 ou 70 euros. Ambiance tendue, donc, et sujets de négociations, comme si Sarkozy n’avait rien dit ni promis, jeudi. L’Etat absent, Yves Jégo : ambassadeur de la Guadeloupe, ce serait à rire si ce n’était autant dangereux et attristant pour les victimes : nos compatriotes d’outre-mer, pour les dirigeants que nous tolérons à notre tête.

Les sept centrales syndicales maintiennent le mot d’ordre de grèves et de manifestations pour le 19 Mars.

après-midi

Le portail Orange – ouverture des dépêxches A F P – pose la question : « le conflit aux Antilles est-il un pas vers l’inbdépendance ? ». je ne le crois pas. Il y a plus d’Antillais en « métropole » qu’en Caraïbes. L’indépendance serait un surcoût de frais généraux et de souveraineté, avec de moindres subventions de Paris, et pour les familles ce seraient des complications inextricables. – En revanche, certitude de difficultés pour le gouvernement actuel surtout si le président régnant s’en mêle. Le point intéressant – sinon préoccupant – est que les politiques et les élus, Victorin Lurel en tête, sont débordés désormais par les syndicalistes, en donnant la sensation rien qu’à lire les dépêches – donc, dans l’île-même ! quelle impression-certitude doit-on avoir – qu’ils sont pour l’accalmie et satisfaits en gros des concessions gouvernementales. Or, la réalité est que ces concessions ne sont rien puisque le débat est sur les salaires, en première ligne, et sur les abus de « position dominante » tant économiquement que socialement des « Blancs ». On entre donc dans un cycle où les élites traditionnelles vont être basculées à terme et où va apparaître une nouvelle génération de dirigeants.

Pour moi, la solution institutionnelle est une autonomie interne totale, donc une responsabilisation complète des élites locales, avec une enveloppe budgétaire – fonctionnement et investissements distingués – telle que sauf extraordinaire accident et moyennant négociation entre les deux entités : métropole/communauté autonome, on ne reverra pas les chiffres en cours d’année. Plus de préfet, mais un représentant du président de la République ne relevant que de celui-ci, République dont chaque département continue de faire partie intégrante. Pourquoi pas la Corse, aussi ? J’écris cela de chic.

[1] - Ben Sirac I 1 à 10 ; psaume XCIII ; évangile selon saint Marc IX 14 à 29


dimanche 22 février 2009

Inquiétude & Certitudes - dimanche 22 février 2009

Dimanche 22 Février 2009


Prier…[1] saisissant aussitôt dans son esprit les raisonnements qu’ils faisaient, Jésus correspond surtout au vœu du paralytique et de ceux dont la foi l’ont fait amener à Lui, mais il confirme surtout son principal conseil pour la prière. Pas de parole, l’offrande de la totalité de soi, la foi. Lui-même parce que toutes les promesses de Dieu ont trouvé leur ‘oui’ dans sa personne, est notre modèle de prière. Ce ‘oui’ qui fut le mot de vie d’Amédée de Bricquebec avec cent illustrations au sens littéral et selon des circonstances dont il a laissé quelques traces par ses idéogrammes. Et dans Isaïe, cette affirmation du Seigneur : voici que je fais un monde nouveau… oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides… oui, moi, je pardonne tes révoltes. … Aussi, est-ce par le Christ que nous disons ‘amen’, notre ‘oui’ pour la gloire de Dieu. La devise d’Ignace de Loyola, tant de chemins vers un seul but, et probablement avec pour seul moyen et compagnon : l’Esprit qui habite nos cœurs. Simple ? Qu’est-ce qui est le plus facile ? et de guérir, à la vue de tous, le paralytique, pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de… toute vie a son modeste sens des gestes et paroles de chaque jour, et son sens décisif, éternel : signifier Dieu, sa gloire et sa puissance. Ce n’est pas affaire de foi. Dieu est premier, notre foi est seconde. C’est son don et sa marque : il a mis sa marque sur nous.

matin

L’erreur et le grotesque.

L’erreur. Les Européens, qui n’ont pas profité de la prise de conscience soudaine de la crise – grâce aux faillites puis aux mesures américaines, que n’ont-ils d’abord dit, leur seul unisson, qu’en Europe, c’était différent, notamment quant aux fonds propres de nos banques – et n’ont donc pas adopté un plan de relance unique pour toute l’Union, vont donc vers le protectionnisme, du fait du chacun pour soi et de mesures seulement nationales. Les criailleries que Nicolas Sarkozy a au moins le mérite d’avouer et de provoquer, regardez chez les autres, et moi je ne fais que pour me protéger des autres. Deuxième erreur, qui n’était pas écrite d’avance : ils sont incapables de s’entendre sur une exigence et des solutions à proposer d’une seule voix (les Tchèques puisque ce sont eux qui ont cette lamentable présidence tournante) pour le G 20 de Londres, en Avril. Division évidente des approches, des intérêts et donc des solutions, à Berlin hier.

Bien entendu, moins d’entente franco-allemande que jamais. La boîte à idées certes, les troupes à Illkirch, avec frais de séjour faisant vivre toute une population. La balance commerciale française en déséquilibre s’aggravant chaque mois et devenu structurel, se tempère par le tourisme…

Grotesque : refonder le capitalisme. Au mieux, on l’encadre et c’est tout l’effort des législateurs et des gouvernements depuis des siècles… le capitalisme est un mouvement de la nature humaine, sinon de tout le vivant. On accumule, on accapare et parfois on finance. Le marxisme a été le premier encadrement,à fondements philsophiques (Marx bien avant de penser la révolution ou de faire de la sociologie, est un philosophe) du capitalisme, mais le capital demeure, ô combien dans la pensée marxiste et il est une propriété : collective. Discours de Toulon : refonder le capitalisme, et enjamber les millénaires et éduquer toute la nature humaine, en quelques semaines, si possible pendant le semestre de présidence française. Quant aux propositions des trois tiers : le partage des bénéfices… de Gaulle le voyait tout autrement avec Capoitant. C’était le partage du pouvoir, ou son exercice en commun, c’est cela qui est viable, et qui est l’avenir : que les salariés pèsent autant que le capital dans la stratégie de l’entreprise, et aient autant que les actionnaires le droit de lourder (ou de désigner) les dirigeants Combien de syndicats locaux et de comités d’entreprise étaient, ces années-ci, bien plus avisés que le patronat et la direction dans la conscience prise des erreurs stratégiques – surtout commerciales – commises par des dirigeants, peu en prise avec même leurs ateliers (les retards de fabrication d’Airbus et le décrochage des commerciaux par rapport aux ingénieurs…).

soir

Nicolas Sarkozy n’a qu’un seul adversaire de son envergure et en ce sens le débat électoral de 2006-2007 a eu un sens : Ségolène Royal a autant que lui le sens de la communication et de la manière de s’imposer. Elle a en plus le don des « petites phrases » qu’elle partage avec son rival dans la fonction d’opposant irréductible, François Bayrou. Donc, en présence de l’ancienne et future candidate à l’élection présidentielle, les obsèques à la Guadeloupe du malheureux syndicaliste abattu dans des circonstances à éclaircir : y avait-il un quelconque motif ? Ce qui marque d’autant plus que le gouvernement a perdu toute emprise, sinon sur les événements, du moins sur les esprits et peut-être les cœurs, puisqu’il n’avait délégué aucun de ses membres. Quant au président régnant, il fait remarquer à ses pairs à Berlin que la fusion de deux banques mineures et calamiteuses est de son ressort. Il est vrai aussi que ces réunions « au sommet » désormais presque chaque mois diluent les décisions, les calendriers, attisent les mésententes et « questions de peau », qu’elles sont très imprudentes. L’Europe ne sait qu’ajouter pour s’empêcher elle-même de se construire, de s’instituer et d’émerger en tant que telle. Un sujet de plus pour rester tristes.

Fou… l’Indochine, la Corée, l’Algérie, le Vietnam, l’Irak et voici l’Afghanistan, toujours plus de troupes, à l’endroit le plus névralgique actuellement de la planète, tout s’y rencontre de la drogue à Oussama Ben Laden, de l’empire anciennement soviétique mais qui se reconstitue, de la Chine qui est décidée à tout pour détruire tout « séparatisme » tibétain, en fait toute identité, jusqu’à un Pakistan qui n’aura jamais été stable depuis la partition bengali et l’exécution d’Ali Bhutto, et donc à l’Inde. Cette guerre est absurde, sans but, occasionnée par un mouvement de compassion – désastreux entraînement en politique – que l’Amérique a su déclencher le 11 Septembre 2001, et qui était tellement son intérêt objectif qu’au négationnisme des chambres à gaz s’est ajouté le négationnisme de l’authenticité des attentats de ce jour-là… donc on continue et l’on redouble – signé Barack Obama, déjà, dans sa tournée européenne du printemps dernier – et la France veut s’y associer. Quotidiennement maintenant une dépêche de l’A F P vantant le pays et son confort : nos chasseurs alpins s’y sentent comme chez eux… pour les parents et les familles, c’est le ticket d’entrée à l’Elysée, pour une audience spéciale, chaque fois qu’un Français tombe là-bas. En psy. dans nos hôpitaux militaires, des rencontres avec de quasi-déserteurs, cherchant à rompre leur engagement ou ne voulant pas y retourner, pas d’armes, pas de commandement… Et cela en même temps que nous réintégrons l’O T A N, l’un entraînant ou justifiant l’autre.

La suite dans les idées – ou plutôt dans les intentions – est un des traits de caractère les plus patents chez Nicolas Sarkozy. La disparition des départements… avancée non sans habileté (ou démagogie) comme pouvant se faire à l’essai en Alsace : un livre à paraître qu’il préface, est de la plume d’un des sénateurs de notre province emblématique, qui pourtant ne tarit pas de sarcasmes et de critiques à son endroit. Nantes réintégrant la Bretagne et plus de Loire-Atlantique, donc. Depuis trois jours, aux Antilles fusionner la départementisation et la régionalisation.

Une telle persévérance à accrocher le sujet à n’importe quelle circonstance, comme à l’affût, fait craindre l’énoncé évasif : réfléchir au coût exhorbitant des formations et écoles de fonctionnaires ou agents publics, il y en aurait cent soixante cinq. Le mouvement de cette réflexion n’est pas dit, mais comment ne pas le deviner : diminution du nombre de ces écoles, puis rabat des survivantes à l’universitén et raison de plus que celle-ci dépend des financements d’entreprise. Encore un des arguments en moins pour que subsiste un Etat en France, puisque l’initiative privée et quelques-uns de la jet set peuvent y suppléer…

Le torrent de critique contre la nomination de François Pérol à la tête du « second groupe bancaire français », résultant de la fusion Banques populaires-Caisses d’épargne, justifie que Nicolas Sarkozy en revendique la matière dans une enceinte où il ne devrait pas l’exprimer : à l’étranger et en commentaire d’un « sommet » européen.

[1] - Isaïe XLIII 18 à 25 ; psaume XLI ; 2ème lettre de Paul aux Corinthiens I 18 à 22 ; évangile selon saint Marc II 1 à 12

samedi 21 février 2009

crise : signes des temps & analyse - approche bibliographique I


J. Robert OPPENHEIMER – L’esprit libéral
(Gallimard . Janvier 1957 . 228 pages)
Un éloge vibrant de l’université, assimilant art et sciences, deux versions de la créativité, p. 216

Ivan ILLICH – Le chômage créateur . Postface à La Convivialité
(Seuil . 4ème trim. 1977 . 89 pages)
Un réoutillage de la société contemporaine au moyen d’outils conviviaux et non plus industriels implique cependant un déplacement de l’intérêt dans notre lutte pour la justice sociale ; il implique un nouveau genre de subordination de la justice distributive à la justice participative. (…) La primauté donnée au droit d’avoir des besoins imputés réduit les libertés d’apprendre, ou de guérir, ou de se déplacer par soi-même, à l’état de fragiles luxes (…)Une société fondée sur l’emploi moderne et efficace des libertés productives ne peut exister si l’exercice de ces libertés-là n’est pas limité de façon égale pour tous. p. 88.89

Georges BALANDIER – Civilisés, dit-on
(PUF . Avril 2003 . 397 pages)
Contradiction entre masques des conflits : les sondages montrent que le mythe du gagneur a une force indéniable dns notre société ; les médias eux-mêmes peuvent d’ailleurs contribuer à faire de celui-ci un expert en modernité – et désamorçage des conflits : notre société s’est développée depuis une trentaine comme une société de prise en charge des personnes. p. 308 . j’y vois quant à moi l’opposition – lumineusement explicative entre un président gagneur et ayant donc toute raison d’exhiber qu’il gagne, sans aucune crainte de choquer ceux qui, à ses yeux comptent – et les perdants, c’est-à-dire les pris en charge, lesquels, livre précédent, ont perdu toute capacité d’exercer leur liberté, notamment critique

conçu par Jean LIBERMANN, coll. & questionnement Jean-Claude GUILLEBAUD – Démythifier l’universalité des valeurs américaines
(Parangon . Juin 2004 . 204 pages)
Pendant la période maccartyste, les initiatives attentatoires aux libertés venaient de l’opposition au président Trunam – machine de guerre républicaine – depuis 2001 leur origine se situe au cœur du pouvoir présidentiel – la leçon s’applique exactement à la France : affaires notoires et vie quotidienne


François PARTANT – La guerilla économique . Les conditions du développement
(Seuil . 1er trim. 1976 . 220 pages)

Dominique SCHNAPPER – La démocratie providentielle . Essai sur l’égalité contemporaine
(Gallimard . Février 2002 . 325 pages)
Les hommes politiques répondent aux attentes de leus électeurs en invouqant leur action quotidienne pour améliorer les conditions de vie. Ils ne formulent guère de grands projets qui donneraient un sens au destin de la collectivité par delà les réactions immédiates de l’opinion publique, parce qu’ils ont le seniment que leurs électeurs ne sont pas disposés à les entendre , p. 246
Les grandes institutions religieuses et politiques tentent de s’adapter à une évolution qu’on peut observer avec optimisme ou inquiétude. Il n’y a plus de conflits majeurs ou idéologiques sur la conception du « bien » à l’intérieur des démocraties providentielles, qui font de la tolérance leur vertu cardinale, p. 266 – cela a changé, le slogan : tolérance zéro

Samuel P. HUTINGTON – Le choc des civilisations
(Odile Jacob . Novembre 2001 . 402 pages)
Un monde où les identités culturelles – ethnique, nationale, religieuse – sont fondamentales et où les affinités et les différences culurelles décident des alliances, des antagonismes et de l’orientation politique des Etats = la France ne peut se construire comme identité mais comme projet, fausse route qui identifie, c’est le cas de l’écrire, le projet Sarkozy, le miunistère de l’Identité nationale
… les hommes d’Etat peuvent agir de façon constructive, à condition d’être conscients de la réalité et de la comprendretout le problème de la France actuelle : qui est conscient, qui comprend la réalité ? Sarkozy .

dir. Pierre BOURDIEU – La misère du monde
(Seuil. Février 1998 . 1461 pages)
technique de l’entretien et de sa transcription
un monde qui, comme le cosmos social, a la particularité de produire d’innombrables représentations de soi

Fondation COPERNIC – Un social-libéralisme à la française ? regards critiques sur la politique économique et sociale de Lionel Jospin
(La Découverte. Novembre 2001 . 210 pages)
Le social-libéralisme est une stratégie cohérente qui vise à accompagner socialement l’adaptation des sociétés aux besoins du capitalisme financier globalisé. Le capital gère l’économie à sa guise, l’Etat se contentant de prendre en charge certains coûts sociaux du système (4ème de couverture)
Dans le champ de la maladie, la politique de déremboursment et l’instauration destickets moxdérateurs, en créant une sorte de « barrière à l’entrée »…, ont aussi institué une sélection de fait en limitant l’accès aux soins d’une proportion croissante de la population. Aujourd’hui, la France se situe parmi les pays de l’Union européenne où les taux de remboursement sont parmi les plus faibles. Pour les dépenses les plus courantes (médecine de ville, biens médicaux), le taux de remboursementne dépasse pas 60% et il chute à moins de 35% pour les oins dentaires. Dans ces conditions, l’accès à une couverture complémentaire est devenu indispensable pour pouvoir se soigner. Or le taux de couverture complémentaire, qui avait continué de progresser dans les années quatre-vingt, n’a gure augmenté dans les années quatre-vingt-dix, sans doute parce que les nouveaux emplois créés le sont dans des secteurs où les salariés n’ont pas la possibilité de souscrire un contrat d’entreprise. p. 120
Le temps partiel est une des causes de l’appauvrissement d’une partie du salariat . p. 94

Immanuel WALLERSTEIN – L’après libéralisme . Essai sur un système-monde à réinventer
(éd. de l’Aube . Janvier 1999 . 218 pages)
Pourquoi, peut-on se demander, ce beau bouclier idéologique a-t-il volé en éclats après cent cinquante ans de fonctionnement efficace ? La réponse réside non pas dans quelque soudaine illumination du côté des opprimés leur révélant la fausseté de ses affirmations idéologiques. La conscience de la nature douteuse du libéralisme a été répandue depuis ses débuts et aura été dénoncée fréquemment avec vigeur tout au long des XIXème et XXème siècles. Néammoins, les mouvements de tradition socialiste n’ont pas agi en accord avec leurs dénonciations critiques, à grand renfort de rhétorique, du libéralisme. Loin de la, c’est le contraire qui a été vrai, dans la plupart des cas. p. 113
A l’intérieur du cadre général de l’idéologie libérale triomphante, que représentent lesDroits de l’homme et d’où sont-ils supposés tirer leur origine ? p. 169

Pierre THUILLIER – La gande implosion . Rapport sur l’effondrement de l’Occident 1999-2002
(Fayard . Juillet 1996 . 479 pages)
Rapport fictivement écrit en 2081 … Si la « direction » assignée à la société n’était pas choisie par les ciotyens, par qui l’était-elle donc ? Nous avons fini par comprendre. Même les élites dirigeantes, à proprement parler, ne choisissaient pas. Elles se contentaient, grâce à leurs méthodes scientifiques, de découvrir les tactiques et les statégies « objectivement » exigées par les circonstances historiques. p. 356
Au cœur même de la Méthode scientifique, c’était la passion occidentale de la puissance qui s’exprimait. Les poètes, eux, s’en étaient rendu compte. Toute image de l’univers, comme l’expliquait Amiel, est « une fantasmagorie que nous créons sans nous en douter ». Incontestablement, la « fratamsagorie » construite avec patuence par les scientifiques donnait de profondes satisfactions aux modernes. Et il n’y avait là rien de mystérieux puisque, dès le départ, elle avait été conçue en fonction de leurs mœurs et de leurs attentes. p. 422


Philippe ENGELHARD – L’homme mondial . Les sociétés humaines peuvent-elles survivre ?
(Arléa . Septembre 1996 . 568 pages)
« Seul un dieu peut nous sauver », dit le philosophe. La vérité, c’est que chacun de nous détient le fil ténu d’un autre possible. La vraie modernité commence et nous devons nous aventurer à vivre ensemble. Si nous ne pouvons nous y résoudre, mieux vaudrait nous préparerr à traverser ce que Bernard Hieglich appelle « un roncier parcouru de tragédies et d’épisodes carnassiers » . p. 568 (dernières lignes)
… la contradiction des politiques macro-économiques et du développement p. 404
La production d’un nouveau sens ne peut alors émerger, non comme on l’a affirmé avec quelque naïveté, de cultures anciennes, mais seulement de nouvelles configurations sociale, politiques et culturelles. Il est cependant probable que l’apparition de ce nouveau sens renvoie comme en écho à des socles culturels anciens, oubliés, qui, revivifiés et recomopsés, viendront donner un apprfondissement aux valeurs nouvelles. Si nous croyons aux archétypes primordiaux de l’humanité – l’inconscient abyssal –, il se pourrait que les recompositions culturelles et sociales ne se soustraient jamais tout à fait de leur prégnance. Nous ferions alors du neuf, mais sur la base d’un modèle primordial. Il ne s’agit là, évidemment, que d’une hypothèse, mais si le premier acte pour sortir de la tragédie est politique, il est aussi, d’une certaine façon, moral : c’est celui de la dissidence. (…) Au contraire de ce que beaucoup d’économistes contempirains prétendent, la thèse selon laquelle l’ensemble des comportements humains serait réductible à l’analyse économique paraît donc bien réfutée. (…) Personne ne nie le caractère relativement rationnel des conduites. Mais ce qu’on peut et ce qu’on doit mettre en doute, c’est le refus de prendre en compte la contextualité culturelle, sociale, voire historique de ces conduites et, bien davantage, la prétention assez extravagante de l’analyse économique – dont on ne nie pas les mérites – à rendre compte totalement de ces dernières. Certes, l’analyse économique y parvient en postulant la séparabilité absolue des fonctions de préférence des agents et, donc, en gommant l’essentiel du fait social et culturel qu’il s’agit justement d’ expliquer. Rien d’étonnant, ensuite, à ce qu’elle prétende que le fait social ou culturel n’existe pas, et que touts les comportements humains relèvent du champ de sa compétence. p.
Bref, la consensualité – qui n’exclut pas les conflits – implique une remise en cause du conformisme qui érige en règle absolue le mimétisme et la routine sociale. Tout est lié : la vision lucide de soi-même – l’effet miroir –, la remise en cause du confiormisme, qui résulte de l’exercice de la responsabilité critique, et l’établissement de règles réflexives, qui sont le fondement du bien commun. La loi transférée sans précaution d’un système étranger aussi que la dictature de la coutume sont destructives de la société et de la politique. La première parce qu’elle est subie comme une oppression néocoloniale ou parce qu’inappliquée elle remet en cause la légitimité de la loi et de l’Etat ; la seconde parce qu’elle fait naître des contradictions de plus en plus intenables entre les contraintes qu’elle suscite et le nouveau contexte où elle s’exerce. L’une et l’autre sont finalement mimétiques. La première subit le mimétisme de l’extérieur, la seconde le mimétisme de l’intérieur. Dans les deux cas, elles sont oppressives et renforcent la paralysie de la société et celle de la classe politique.
(Règles réflexives ou règles consensuelles – en fait quasi-équivalentes – s’opposent à l’oppression du mimétisme et du conformisme, l’un et l’autre étant eux-mêmes très proches : le mimétisme revient à subir la dictature de l’opinion commune ; le conformisme à subir celle de la coutume. La coutume peut être issue d’une règle consensuelle qui, au fil du temps et dans d’autres contextes, finit par perdre sa raison d’être. Elle n’est observée que grâce à la routine, qui acquiert force de loi. C’est cette routine non réflexive que remet en cause la responsabilité critique).
p. 507

Denis ROBERT – La justice ou le chaos . L’appel de Genève
(Stock . Septembre 1996 . 348 pages)
Je n’ai pas d’avis tranché sur la question du système judiciaire idéal. Je pense que les faiblesses et les inconséquences du nôtre jouent un rôle dans le marasme ambiant. Je pense aussi qu’une justice saine et impartiale rend une démocratie plus belle et plus solide. (…) Au fil de ce voyage au pays des juges et des affaires, je suis devenu une sorte de lien entre des magistrats engagés indépendamment les uns des autres dans un combat souvent vêcu comme perdu d’avance. Après le voyage, le combat me semble un peu moins perdu. p. 12.14

Benjamin R. BARBER – Djihad versus McWorld . Mondialisation et intégrisme contre la démocratie
(Desclée de Brouwer . Mai 1997 . 303 pages)
Ils semblent rendre active la participation à cette sorte de sport virtuel qui consiste à être spectateur, mais transmuent ce qui est censé être une active curiosité en une simple consommation passive. p. 89
Si la démocratie n’est pas nécessairement désignée comme un adversaire, elle est rarement considérée comme une alliée. Même pour ceux des nouveaux nationalisres qui nn’affichent pas d’hostilité à son encontre, l’affaire est entendue : si pour surmonter la modernité, il faut renoncer à l’Etat-nation moderne libéral et à ses institutions démocratiques, e sera là le juste prix à payer de la guerre menée pour faire revivre la communauté et lisoler de McWorld. Le langage le plus couramment utilisé pour désigner les objectifs des tribus réinventées qui se livrent à Djihad – qu’il s’agisse de chrétiens intégristes, de rebelles au Rwanda, ou encore de moudjahidin – rste celui du nationalisme. La religion est peut-être une force plus profonde dans le psychisme humain, mais en tout état de cause, son vecteur politique est le nationalisme. Toutefois celui-ci est passablement indéfinissable et ses partisans l’ont utilisé pour des buts si divers que l’on voit mal s’il s’agit bien toujours du même concept. p. 163-164
La question cruciale est de avoir si le « nouveau » nationalisme postmoderne qui a pour cible l’Etat-nation peut être assimilé au nationalisme traditionnel qui fondait l’Etat-nation. p. 164
Quant à ces instances encore plus faibles, qui se font passer pour des institutions internationales mais ne sont souvent guère plus que des agents des intérêts particuliers du commerce, peut-on vraiment s’attendre à ce qu’elles comblent le vide béant créé par le retrait d’Etats souveraines pusillanimes ? Le problème vient de ce que le concept d’institutions internationales repose sur la coopération d’Etats souverains dont la souveraineté-même limite forcément la capacité d’action et de ce que, lorsque ces Etats abandonnent leur souveraineté, cette capacité se trouve radicalement sapée, parce que l’institution n’aucune autre source de légitmité politiqie et, de ce fait, se trouve privée de tout moyen d’agir. Les organisations internationales ne peuvent donc vivre ni avec ni sans leurs bruyants membres souverains… p. 230-231

Guy SORMAN – La solution libérale
(Fayard . Septembre 1984 . 285 pages)
Nous sommes alors au cœur de la crise des années 30. Les libéraux – comme Jacques Rueff en France – estiment que la seule façon de réduire le chômage consiste à baisser les salaires. Mais Keynes refuse cette nature des choses et soutient au contraire qu’il faut les auglenter pour relancer la production. De sa part, ce n’est qu’un « coup » idéologique, qu’il habille par la suite en théorie scientifique. La théorie est indémontrable, probablement fausse et, de surcroît, elle échoue autant dans les années 30 que dans les années 70. mais Keynes a ainsi apporté une formidable caution aux aspirations naturellement mégalomanes des bureaucraties politiques. p. 78


Jean-Marcel JEANNENEY – Pour un nouveau protectionnisme
(Seuil . 4ème trimestre 1978 . 155 pages)
Les Etats dont l’industrie est actuellement très développée, qui se laissent envahir de biens de consommation importés, en croyant qu’ils pourront toujours les payer à bon compte par des exportations d »’équipements, s’exposent à de mauvaises surprises à tout moment et se préparent de sombres déconvenues à échéance de quelques décennies . p. 70
S’interdire de relever les tarifs douaniers, c’est risquer d’être conduit, par la force des événements, à instituer des limitations quantitatives d’importation, qui sont la pire forme du protectionnisme
. p. 97
Le fonctionnement régulier et le progrès des économies modernes exigent que l’avenir ne soit pas trop aléatoire … En raison de la lourdeur de beaucoup d’investissements, les horizons de temps à considérer seront de plus en plus lointains et les conséquences des erreurs commises de plus en plus graves. L’incertitude inhibe ou incite à des paris dangereux. On ne peut jamais la dissiper totalement, mais il est indispensable de la réduire. On ne le pourra sans un protectionnisme actif, une bonne monnaie et un aménagement clairvoyant des conditions de concurrence à l’intérieur d’espaces douaniers assez vastes.
Ces trois innovations politiques devraient etre voulues tout autant par les partisans du maintien d’un capitalisme donnnat aux détenteurs du capital ou à leurs mandataires le pouvoir de décider seuls de la marche des entreprises que par des hommes mettant leur espoir dans un socialisme où les travailleurs auraient la responsabilité principale des décisions dont la vie de leur entreprise dépend.
p. 121

Inquiétude & Certitudes - samedi 21 février 2009


Samedi 21 Février 2009

Prier… de fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Il me semble qu’alors les disciples devant la transfiguration du Christ sont enfin à prier. Tout leur est donné en même temps : ils voient Dieu face à face, ils en éprouvent plus que du bonheur ou de la joie, ils souhaitent l’éternité (à leur manière) et la vivent par prétérition. [1] Le destin d’Enoch (que d’apocryphes, dont un livre portant son nom) : grâce à la foi, Hénoch fut enlevé de ce monde, et il ne connut pas la mort ; personne ne le retrouva, parce que Dieu l’avait enlevé. L’Ecriture témoigne en effet qu’avant d’être enlevé il était agréable à Dieu. Or sans la foi,, c’est impossible d’être agréable à Dieu. Abel dont le sacrifice est agréé, pourquoi ? Noé jugé juste, pourquoi ? comment ? Abraham, appelé, sans même que son portrait nous soit initialement donné. Père de notre foi et de toutes vertus, et pourtant homme accompli, richissime, guerrier valeureux mais mari un peu trouillard tant Sara, dans sa jeunesse, attire regards et convoitises : la foi cependant le résume. Mais elle est donnée, les disciples nous le montrent et l’avouent. La Transfiguration leur est donnée, sans qu’ils l’aient sollicitée, ils n’ont répondu qu’à demi à la question du Christ sur l’identité qu’ils lui croient. Jésus alimente leur foi, de Lui-même. Il leur donne même de pénétrer, un peu, sa vie : ses entretiens avec Moïse et Elie, en fait tout l’Ancien Testament, les voici témoins. Pas de texte, mais cette blancheur que reprend l’Apocalypse, et que donne le sang de l’Agneau… Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Initiative et dessein du Christ, un choix, toujours les trois mêmes, le chef, les deux frères, l’ancien déjà, marié, professionnel, et les deux jeunes, encore à vivre chez leur père. Et il fut transfiguré devant eux. Jésus le fait, manifestement pour eux…. Ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. Dans nos vies, l’éternité ne « perce » que par instant, mais nous l’éprouvons, chacun. Si nous avons de la mémoire ou de l’attention. La résurrection, moyennant passion et mort. La transfiguration, d’une certaine manière, ne les étonne pas, elle les effraie parce qu’elle est fantastique en elle-même, mais du Christ on pouvait l’attendre, ils sont confirmés dans la sensation qu’ils ont de leur maître, tandis que la passion, la mort, la résurrection ? Ils obéissent et ils restèrent fermement attachés à cette consigne… de ne rien dire. La foi et le témoignage sont un tout. La Transfiguration est l’aboutissement, mais elle n’est transmissible que si l’ensemble a été vêcu, il ne l’est pas encore, à l’époque, pour Pierre Jacques et Jean, il ne l’est toujours pas pour nous, aujourd’hui. Dialogue avec Jésus et instruction des disciples, en descendant de la montagne, déjà la route vers Emmaüs. Alleluia… nous en sommes, aussi, là. Lecture de ces matins, route, descente de la montagne, dialogues. Chaque jour, je te bénirai… je redirai le récit de tes merveilles, ton éclat, ta gloire et ta splendeur. Me revient le visage et la douceur, non dépourvue d’humour, de ce moine, décédé en début de mois, que j’appelais Frère Sourire. Je ne devais pas être le seul. Nos transfigurations quand notre regard, notre visage sont d’amour. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Sourire et regard d’amour, contemplation sont tout simplement l’expression de cet acquis par la foi : nous voyons une totalité. L’amour et la foi totalisent, notre vue est d’ensemble, l’éternité n’est pas loin…

milieu de journée

Une bibliothèque – quand elle est personnelle et donc physiquement disponible à tout moment – est l’histoire de sa composition et une foule de dialoguants et d’incitateurs possibles. Je viens de relever dans chacun des livres que j’en ai sortis et qui peuvent traiter de la crise dans laquelle nous reconnaissons enfin être entrés, quelques-uns des arguments le structurant. Ces livres ont dix ou parfois trente ans, je vais en mobiliser d’autres, soit à thèse, soit conservant un état des lieux ou l’exposé des structures, lieux et structures aujourd’hui de pérennité, et même d’identification douteuses. Le livre le plus simple et le plus technique parce que rédigés en termes de gouvernement et d’expérience du gouvernement, est celui de mon vénérable ami Jean-Marcel Jeanneney (Pour un nouveau protectionnisme . Seuil . 4ème trimestre 1978 . 155 pages) et il m’est dédicacé – redoublement du prophétisme ! A …, fervent des hétérodoxies, ces idées sans avenir au moins immédiat. En 1978, nous y voici en 2008-2009…

Quelques suggestions déjà me sont données. Quelel est la liberté des agents économiques, des décideurs politiques ? et quel est le rapport entre liberté comme ressort et expression en démocratie, et la contestation de l’état actuel du monde. La dissidence et la contestation sont-elles un mouvement unique ? sont-elles une imagination ? Le principal dogme mis à mal par les faits semble l’univocité des évolutions et donc le caractère absolument utopique de toute proposition alternative à des politiques accompagnant le déterminisme. La modernité change de sens, la démocratie et le débat redeviennent licites.

Il apparaît aussi, tant depuis trente ans le débat n’est resté qu’idéologique et ne s’est jamais déveloopé entre thèes alternatives de gouvernement – notamment en France, et pour la politique économique et sociale – que les observations, propositions et critiques formulées dans ces quelques livres, notoires à leur époque respective, n’ont pas atteint les partis et encore moins les gouvernants. L’opinion publique a été éclairée mais pas les dirigeants. La pratique de la citoyenneté n’est plus reconnue par les gouvernants et n’est pas un des éléments de leur décision, depuis sans doute une vingtaine d’années. Les cavaliers seuls auxquels quelques politiques se résolvent : Jean-Luc Mélenchon à gauche et Nicolas Dupont-Aignan à droite, se font certainement par une conscience qu’un corps de pensée et de projets de décision est possible et que le P S et l’U M P n’ont plus cette conscience – racine de la foi dans la politique, si elle n’est pas carrière ou profession – mais leur démarche n’est pas informée sur la plupart des grandes questions. Ils sont forcément absorbés par la bataille électorale et des échéances qui ne sont que politiques et professionnelles, nullement celles de la société.


soir


Olivier Besancenot modélise, pour la métropole, le conflit outre-mer. Je ne vois qu’un point commun entre la « métropole » – mot que je n’aime pas, mais quel autre trouver ? « la France proprement dite », serait pire – et ces départements lointains, l’implication en première et dernière ligne, pour ne pas changer, quoique ce fut moins réactif que d’habitude, de Nicolas Sarkozy. Force Ouvrière n’entre pas dans ces raisonnement et calcul.

Donc, Besancenot et Ségolène – ensemble ? – aux Antilles. Le président de la République : quand ce sera calme, mais qu’il y aille, et ce sera forcément les manifestations et revendications, même si les choses se tassent et si les « négociations » aboutissent.

Je suis très inquiet. L’Afghanistan est devenu – mais je m’y attendais depuis ma lecture il y a quinze mois du livre d’Obama – le sujet dominant la politique extérieure américaine, en tout cas la stratégie. L’OTAN est l’instrument de cette guerre d’Afghanistan, consommatrice d’hommes, de matériel et d’argent, très malaisée en logistique puisque le pays est enclavé, que les voisins sont de soutien évanescent : Bichkek a fait fermer la base américaine (gros sous, disent les uns, reprise de la relation soviétique, croient les autres, dont je suis). Les Ouzbeks et les Tadjiks laissent passer mais une province pakistanaise ferme aussi « sa » base américaine. Ce sera le thème principal du cinquantenaire de l’Alliance atlantique en Avril. Une vingtaine de pays ont accepté – selon Robert Gates – de renforcer leurs contingents, la France n’en serait pas encore. Sarkozy se rend certainement compte que le doublon réintégration de l’OTAN-renforcement en Afghanistan est carrément impopulaire, et que la barque est très chargée. Mais je le crois résolu à ce doublon. La censure que proposera à l’Assemblée nationale le groupe socialiste sera une fois de plus repoussée. Décision historique non seulement d’être dominé par les Etats-Unis et de persister à ne pas en distinguer la défense européenne, à aucun égard – mais engagement sur un théâtre extérieur particulièrement malaisé, et sans intérêt pour l’Europe. Obama en rajoute en disant que tout est déjà calé pour jusqu’en 2011 (il s’envolait pour Ottawa) et en refusant aux prisonniers de la base de Bagram les mêmes droits qu’il est en train de faire reconnaître pour ceux de Guantanamo. Il est donc exactement dans la ligne de Bush junior.

[1] - lettre aux Hébreux XI 1 à 7 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Marc IX 2 à 13

vendredi 20 février 2009

Inquiétude & Certitudes - vendredi 20 février 2009



Vendredi 20 Février 2009

Prier… curieux de Dieu, de sa parole. Maintenant. [1] L’histoire de Babel, mon idée depuis longtemps, pas du tout la division des langues, mais leur apparition, on passe de la télépathie à laquelle excellent les animaux, mais nous aussi dans le langage amoureux ou la prière, et ce n’est pas forcément une projection de soliloque, on passe d’une communication innée et efficace, aboutissant à la communion et aux actions ensemble, à une séparation des genres, aux différents modes de communication, et probablement – vieil enjeu des premiers chapitres de la Genèse, à la culture, à la conservation et à l’acquisition des connaissances. Curieusement, la naissance de l’écriture n’est pas évoquée dans la Bible, sinon que le premier à écrire, c’est Dieu, les tables de la loi, première version donnée à Moïse. Rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront. Thème biblique ambivalent de la jalousie de Dieu. La jalousie – l’exclusive – amoureuses de Dieu pour son peuple, ses créatures. Mais aussi son rang, qui serait mis en question, si l’homme et la femme touchent à l’arbre de la connaissance, si les hommes – c’est la lettre d’aujourd’hui – restent un seul peuple : Nous travaillons à notre renommée, pour n’être pas dispersés sur toute la terre… Ils sont un seul peuple, ils ont tous le même langage : s’ils commencent ainsi, rien ne les empêchera… Cette hantise de l’unité, le Christ à la dernière Cène, l’encyclique de Jean Paul II. Quelle unité ? place de Babylone dans l’histoire, Bagdad aujourd’hui pas loin. Une religion si l’on en reste aux textes et à la lettre, évidemment très située, donc à première vue incommunicable hors contexte – comme le serait l’Islam, monument arabique – mais la religion n’est que le seuil du spirituel. Dispersion, la diaspora juive… mais notre propre vie quotidienne, dispersée, y compris chez les plus rigoureux… Jésus rappelle la référence : Lui-même, et le prix : qu’il prenne sa croix… celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera. Là commence la foi, là se termine le projet humain… Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui. Le moment du choix, construire jusqu’aux cieux ou suivre Celui qui les ouvre ? Ce regard (terrible…) de Dieu : le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties…Du haut des cieux, le Seigneur regarde : il voit la race des hommes. Du lieu qu’il habite, il obseve tous les habitants de la terre, lui qui forme le cœur de chacun, qui pénètre toutes leurs actions. Le chemin est étroit, notre nature, notre folie et nos dispersions latentes, nos vulnérabilités au vertige et à tous les manques, l’exigence première de Dieu, et pourtant… amour, alliance et rédemption. Quel débat ! quel combat ! Réponse finalement à Babel, notre mort et notre salut : quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ?

matin

Grenelle, au pluriel, pour aboutir à l’inocuité du maïs Monsanto. Etats-généraux à l’exponentiel. Sommets à tout va, hérissant la planète et suscitant le « mouvement social », techtonique des plaques sur l’on complète l’image. Istes en tous genre depuis que Nicolas Sarkozy a inventé cette défausse quand un texte butte contre trop d’hostilités de la part de ceux qu’il concerne. – Crise mondiale à qualifier, pluie de mesures de plus en plus fine puisque les caisses sont vides et qu’à susbtituer le crédit des particuliers, des entreprises et des banques par celui de la puissance publique – générant plus de 58 milliards de déficit budgétaire en prévision seulement – On ne voit plus ce qu’il peut arriver sauf émeute généralisée dans certains pays comme le nôtre : la situation modèle constituée par le Zimbabwe, 96% des chômeurs, rapporte-t-on… assassinat du président régnant : il y aurait des menaces de mort, paraît-il… accélération du changement climatique, glacière et déluge au désert, palmiers au pôle Nord. Je ne vois plus rien, sinon le bout du rouleau, l’an 1000… qu’on a su vivre finalement : on était allé jusqu’à Jérusalem.

après-midi

Cherchant un livre que souhaitait lire ma femme autrement qu’en édition de poche – Une vie bouleversée de Etty Hillesum – j’en ai fait passer des centaines de livres dans mes mains… puissance de ma bibliothèque spirituelle, pas seulement chrétienne, ésotérique, psychanalytique : des successions d’engouement ou des continuités ravivées par à coup, quand je ne comptais pas la dépense pour acheter en librairie. Retrouvé, qu’il faudra que je regroupe ces livres-fétiches de ma seconde adolescence, celle qui précèda mon départ au Portugal, et en fait ma vie de poste à l’étranger. Littérature que je suis loin d’avoir lue entièrement. Je retrouve aussi, à grouper, tous les livres bilan-avertissement depuis quinze ans en économie, en crise éthique et stratégique : la caractéristique de ces dernières années a été la surdité, par une sorte de surcharge telle d’éphémérides que plus personne n’a saisi le sens général et ne voyait où nous allions. Une bonne dizaine de titres.

Il me semble que la qualification de ce que nous vivons depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République relève de la psychanalyse – de lui, qui n’a pas encore été diagnostiqué publiquement par un clinicien, mais tout autant du peuple français, dans le genre de réponse-tolérance-appel qui est l’attitude d’ensemble de la population et de la plupart des personnes. Je crois – puisque je le vis moi-même – que le président régnant est le premier depuis de Gaulle à autant occuper la psyché des Français. Pour de Gaulle, cela tenait au personnage et aux problèmes à résoudre en début et en fin de règne. Pour Nicolas Sarkozy, c’est l’engrenage d’une stratégie de communication, que je crois bien plus spontanée (étalement et contagion de sa personnalité et de ses manques à la totalité du paysage que peut occuper celui qui incarne le pouvoir et une capacité illimitée d’initiatives) que calculée ou conseillée, et de circonstances échappant à toute prévision et à toute stratégie, précisément, mais renforçant le besoin d’un sauveur, actuellement, d’un bouc émissaire peut-être, un jour lointain ? ou prochain ?

Dialogue peuple/président assez résumé par l’éditorial d’un « audit » publié par Le Figaro le 20 Mars 2007 et par une réponse donnée à l’élection de l’impétrant par Elle, le 21 Mai 2007…

Commencement de l’éditorial du Figaro : Nicolas Beytout, par ailleurs patron-propriétaire des Echos.
La France va mal. Non pas tant parce qu’elle serait en déclin, mais parce qu’elle doute d’elle-même. Elle doute de sa place dans le monde et de sa capacité à conserver son rang. Elle doute de son modèle de société, convaincue qu’il est le meilleur (on le lui a tellement ressassé !) mais inquiète de voir qu’il pourrait nous isoler. Elle doute de sa capacité à intégrer les étrangers ou même à les accueillir, y compris ceux qui viennent de notre nouvel « hinterland », l’Europe des Vingt-Sept. Cette Europe qu’elle ne comprend plus et dont la construction chaotique, là encore, la fait douter. La France va mal parce qu’elle se sent assiégée. Menacée par la puissance en marche des Etats-Unis, par le dynamisme retrouvé du Japon, par l’ambition démesurée de la Chine. Déstabilisée dans ses zones d’influence dipolomatique traditionnelles, bousculée sur ses marchés protégés. Elle va mal parce que les feux de son rayonnement s’éteignent, le français est de moins en moins et notre culture a peine à s’exporter. (…)
Voilà la réalité. Voilà ce qu’est l'audit de la France, ce n’est pas un bilan, pas davantage celui d’un gouvernement que celui d’un homme. Comment pourrait-il l’être tant les décisions et réformes des majorités successives se sont depuis vingt-cinq ans mêlées les unes aux autres ?

On ne peut être plus original… mais il n’est pas besoin d’actualiser. Le mal a empiré parce que le mal-être pré-électoral n’a pas été guéri et que s’en ajoute un autre : celui d’être piteusement gouverné, les réformes étant à côté du sujet, et les besoins n’étant pas traités, et à peine perçus selon une réactivité mal informée et toujours hâtive.

De Dorothée Werner pour Elle, donc…

C’est CASH.
Il est des vidéo-clips branchés dans lesquels des rappeurs bardés de chaînes en or se vautrent sur des capots de berline
en vociférant qu’ils veulent se faire de la caillasse, de la maille, de la grosse thune qui déchire sa mère, du flouze de sa race, du cash, quoi. On appelle cette musique décomplexée, assumant sa part de beaufferie et d’avidité, le rap « bling-bling », du bruit que font les nombreux bijoux griffés des chanteurs en s’entrechoquant.
Il est un président de la République fraîchement élu, roi incontesté de la communication, qui s’affiche dans le luxe dès les premières heures qui suivent son élection. Banquet au Fouquet’s avec ses amis milliardaires et VIP, séjour au luxe XXL à Malte, en limousine, jet privé et yacht. La République bling-bling . Quelques intellos de la gauche caviar, qui préfèrent profiter de leur argent discrètement – c’est tellement plus choc –, ont crié à l’arrogance. Pourtant : six Français sur dix ne trouvent pas choquantes ces vacances clinquantes, puisque, financées par un industriel, elles ne leur ont pas coûté un centime (sondage par dans Le Figaro du 10 Mai 2007). L’argent n’est pas une valeur en soi. Ce n’est ni bien ni mal. « L’argent n’est que la récompense d’un surcroît de travail ou d’une prise de risque », écrivait Sarkozy à juste titre avant son élection (in Témoignage, sorti en 2006) . mais n’importe quel psy relèvera que c’est aussi un symbole puissant, viril, qui signifie la force et le pouvoir sur les autres.
Un Président bling-bling, décontracté de l’euro, à l’anglo-saxonne, voilà qui inspire le respect. Booba, ce rappeur adulé dans les cités, meilleur vendeur français de CD, roulant en Hummer et aimant « claquer du biff’ », chante : « C’est la maille, notre espoir ». Le Prséident et les rappeurs célébrant le même dieu, celui de l’argent-roi, c’est la première révélation du quinquennat nouveau. La France qui se lève tôt doit s’y faire. Désormais, la politique sera comme çà, sans complexe : cash.


Opportunément, Séguéla actualise : celui qui ne peut se payer une rolex à cinquante ans, a raté sa vie.

Hillary Clinton termine sa tournée en Asie – l’épouse de l’ancien chef d’Etat, je ne parviens pas très bien à me faire à ce mélange des genres, les partenaires de la nouvelle secrétaire d’Etat ont-ils davantage de facilités ? ou de cynisme ? Celle-ci paye d’exemple en jugeant publiquement à Pékin que les pressions en faveur des droits de l’homme ne doivent pas gêner les autres domaines. Visage d’Obama, pour l’heure intact. La réalité : engagement accru en Afghanistan, pas d’ardeur dans la question des droits de l’homme. Tout le visage que le monde croyait oublier…

[1] - Genèse XI 1 à 9 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Marc VIII 34 à IX 1