La fin de la gauche est proche
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mercredi 6 mai 2015
Auteur : par
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Rédigé fin mars 2015, après le 2e tour des élections
départementales, le texte de Denis Collin en appelle à « Un programme pour
un nouveau bloc de classes. Un programme national et populaire au sens où
Gramsci employait cette expression. » Le M’PEP se retrouve dans son
analyse et ses conclusions. Depuis son congrès de décembre 2014, en effet, le
M’PEP ne se place plus dans le clivage gauche-droite désormais obsolète, mais
autour de la défense structurelle des intérêts des classes dominées, contre les
classes dominantes.
LA FIN DE LA GAUCHE EST PROCHE
Rédigé fin mars
2015, après le 2e tour des élections départementales, le texte de Denis Collin
en appelle à « Un programme pour un nouveau bloc de classes. Un programme
national et populaire au sens où Gramsci employait cette expression. » Le
M’PEP se retrouve dans son analyse et ses conclusions. Depuis son congrès de
décembre 2014, en effet, le M’PEP ne se place plus dans le clivage
gauche-droite désormais obsolète, mais autour de la défense structurelle des
intérêts des classes dominées, contre les classes dominantes.
LA FIN DE LA GAUCHE EST PROCHE
Texte de Denis Collin,
philosophe, animateur du blog « La Sociale », publié par le MPEP avec
l’accord de l’auteur.
Le 6 mai 2015.
Ainsi, la déroute annoncée
s’est produite. Et comme le PS n’a pas disparu purement et simplement de la
circulation, évitant le sort de ses coreligionnaires du PASOK grec, on va
répétant que tout bien pesé, il a résisté. À tout seigneur tout honneur !
Cambadélis déclare : « La gauche s’est bien rassemblée, dans un
contexte économique difficile, alors que notre politique n’a pas encore produit
tous ses effets. » Décidément, Jupiter rend fous ceux qu’il veut
perdre. Le Front de Gauche se console de n’avoir pas tout perdu... Dans le
naufrage chacun se raccroche à un bout du radeau.
Le scrutin uninominal à deux
tours amplifie les victoires et les défaites électorales. Le plus important, ce
n’est pas le nombre de départements gagnés par la droite - même si c’est
important pour la suite. Le plus important est le résultat catastrophique en
voix obtenues par la « gauche » au premier tour et la
non-mobilisation de son électorat traditionnel au second tour. Les plus
militants, les plus prêts à y aller en dépit de tout, n’ont eu besoin que
d’écouter Macron dire à la BBC que Thatcher avait été une chance pour le
Royaume-Uni : ils savaient qu’on votant « socialiste », c’est en
fait le soutien au thatchérisme à la française, incarné par Macron, Pellerin,
Rebsamen et tutti quanti, qu’ils apporteraient. Le vieux coup « tous unis
contre la droite et l’extrême droite » ne marche plus.
Mais il n’y a rien, pas
d’alternative, rien qui ressemble à l’émergence d’une nouvelle force politique.
Il y a bien quelque chose qui s’est affaissé dans notre pays. Sous les coups de
l’austérité européenne, de la trahison des élites dirigeantes inféodées à l’UE
(et ça vaut évidemment autant pour la droite que pour la gauche), le désespoir
a saisi le peuple des ouvriers, des employés, de tous ceux qui tirent le diable
par la queue. Le désespoir engendre le repli sur soi, l’égoïsme social,
l’espoir fou qu’on va passer entre les gouttes de l’orage qui s’abat. Voire
pire : plutôt une fin effroyable qu’un effroi sans fin, voilà un des ressorts
du vote FN. Notre pays s’est déjà effondré sur lui-même : c’était en 1940.
Cette « étrange défaite », comme le titre l’excellent livre de
Marc Bloch, n’était pas due à la puissance de l’armée allemande, mais bien à
des causes internes qu’il a tenté d’analyser.
Il faudrait pour tous ceux qui
ont partagé les espoirs et les illusions sous le drapeau incertain de la
« gauche », que les leçons de cette défaite soient tirées dans toute
leur ampleur. Et il faut commencer par cette question que posait déjà Orwell et
qui s’adresse à la « gauche radicale », à la « gauche de
gauche » : alors que les mauvais coups portés par le tout-puissant
capital financier sont clairement perçus par la grande masse de nos
concitoyens, pourquoi désertent-ils les partis de gauche, tous les partis de
gauche et laissent-ils à la droite le soin de gouverner ? Pourquoi
finalement ont-ils plus peur du « socialisme » que du
capitalisme ? Un socialisme pourtant inexistant. Il suffit de voir le
programme rose tiède de la gauche de gauche pour s’en rendre compte. Les causes
de cette situation ne sont pas à chercher dans la « droitisation des
esprits » voire leur « lepénisation » comme l’expliquent les
beaux parleurs des beaux quartiers. Qu’on interroge les Français sur la sécurité
sociale, l’enseignement ou tous les thèmes classiques de la
« gauche », on trouvera souvent une large approbation. Que
Mme Le Pen ait cru bon de prendre la défense des retraites, des salaires
ou de la laïcité, cela prouve simplement qu’elle ne peut gagner qu’en reprenant
pour les pervertir d’abord et les piétiner ensuite les revendications du
programme minimum des partis ouvriers... du temps où de tels partis existaient
encore ! Non, cet affaissement de notre pays, qui semble se laisser
prendre par la droite et l’extrême droite vient tout simplement de que
« l’on y croit plus ». On ne croit plus à la parole de ces pitres qui
battent les estrades sous le slogan « mon ennemi, c’est la finance »
et qui ensuite installent les banquiers à tous les postes de commandement. On
ne plus croit ces professeurs de morale qui piquent dans la caisse, qui
fraudent le fisc, qui magouillent avec leurs copains et coquins de la
spéculation, ces « défenseurs de la patrie » devenus les caniches de
Mme Merkel et de M. Obama. On a trop sous-estimé les ravages qu’a
fait la profonde immoralité de cette caste dirigeante. On a également trop
sous-estimé le mépris populaire à l’encontre de l’idéologie semi-libertaire des
partisans des « réformes sociétales » à tout crin. L’électorat CSP++
du PS s’est retrouvé dedans, mais pas les travailleurs pauvres, pas les
employés, pas la vieille base électorale du PS et du PCF. Il y a aussi les
particularités de personnalités les plus en vue. Un président « à la
dérive » comme le titre Marianne et un premier secrétaire du PS qui n’a
jamais été qu’un roi de la manœuvre de basse-cour. De Harlem Désir à
Cambadélis : le PS est tombé de Charybde en Scylla. Sans parler de ces
branches entièrement mafieuses du PS qui parfois finissent par vivre leur
propre vie comme le clan Guérini à Marseille ou pourrissent complètement le
parti de l’intérieur, comme dans le Pas-de-Calais.
Face au désastre, Jean-Luc
Mélenchon appelle à une « nouvelle alliance populaire » pour les
régionales. Pourquoi pas ? Mais il réserve la primeur de ses projets aux
partis auxquels il va s’adresser dans la semaine. En fait, la tambouille
continue, avec des partis en plein déclin, des groupuscules qui peuvent tenir
leur congrès dans une cabine téléphonique... et encore avec le portable, il n’y
a presque plus de cabines téléphoniques ! Une nouvelle alliance populaire,
il faudrait tout simplement en dessiner les grandes lignes au moins, et pas
essayer de rafistoler « la gauche ». Et les grandes lignes
s’appellent souveraineté de la nation (article III de la déclaration de 1789),
rupture avec l’UE et l’ordo-libéralisme allemand, renationalisation des
services publics privatisés au cours des dernières décennies, augmentation des
salaires et défense de la protection sociale et des retraites, taxation
impitoyable des dividendes et des « salaires » de nabab dans le genre
de celui de Carlos Gohn, retour à une école qui instruit et arrêt immédiat des
expérimentations des Docteurs Folamour de la « pédagogie », bref un
programme capable d’amalgamer les ouvriers, les employés, et une large partie
des petites classes moyennes désespérées qui se sont tournées vers le FN. Un
programme qui dit clairement que nous voulons conserver nos acquis, un
programme qui fait de la protection du citoyen dans tous les domaines sa
priorité, un programme conservateur et révolutionnaire à la fois. Un programme
donc pour un nouveau bloc de classes. Un programme national et populaire au
sens où Gramsci employait cette expression.
Que faire ? Répéter
inlassablement les leçons de l’expérience, en refusant les idées toutes faites
et les schémas classiques et faussement rassurants de l’extrême gauche. Bref
faire un travail d’instruction. Mais aucune régénération politique n’aura lieu
sans un puissant mouvement social. Derrière la passivité apparente, il y a une
colère sourde qui bouillonne ici et là. Des préfets redoutent de nouvelles
jacqueries comme celle des « Bonnets Rouges ». À la base, dans les
entreprises, il y a des mouvements sociaux, des grèves qui gagnent en dépit du
contexte difficile. Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, disait Victor Hugo.
-1 Message
La fin de la gauche est proche
6 mai 23:06, par Norton
Rien sur la sortie de l’union
européenne !...
Avec ou sans clivage droite/gauche, "la
défense structurelle des intérêts des classes dominées, contre les classes
dominantes" n’a pas plus de chance d’être euro-compatible aujourd’hui
qu’hier...
Je trouve assez scandaleux de proposer encore un
tel programme après avoir dennoncé l’incompatibilité des institutions
européennes avec le progrès social. Les mots ont bien été pronnoncés, mais
apparemment, les idées ont du mal à se mettre en place...
Quand on on veut sortir de l’union européenne et
qu’on l’a dit et motivé comme l’a fait le m’pep, on ne peut plus vouloir autre
chose...
Les programmes sociaux dans le contexte de l’UE, c’est du vent !
Les programmes sociaux dans le contexte de l’UE, c’est du vent !
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