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Sent: Monday, January 14, 2013 8:22 AM
Subject: faux parallèle entre 2013 et 1984
Monsieur le Secrétaire général, cher Préfet,
quelques réflexions-observations si vous le voulez bien.
Il existe sur la plupart des sujets nous concernant, et souvent travaillés par le gouvernement, des consensus. C'est à les discerner, les rejoindre et en faire le socle de la relation gouvernants(orésudent)-gouvernés que nous devons travailler, tous ensemble dès lors que nous sommes convaincus que le pays a grand besoin d'être mouvementé selon lui-même et qu'il est en crise profonde d'orientation de lui-même et d'interprétation des circonstances. 416.000 emplois créés en Allemagne en 2012... 60% d'opinions favorables pour Angela Merkel après six ans d'exercice du pouvoir. Nous et la disparition de notre appareil de production, et les 35% d'opinions favorables à Nicolas Sarkozy pendant tout son règne et au Président depuis l'automne.
La manifestation prévue par les "partisans" du mariage pour tous ne réunira certainement pas autant que celles d'hier et de Novembre.
Mais il y a des parallèles - factices - qu'il faut dénoncer.
1° ce n'est pas à ceux qui organisent et inspirent ces manifestations hier de donner au Président en modèle son prédécesseur François Mitterrand. Il n'y a ni filiation, puisque le Président au total a très peu travaillé avec François Mitterrand et n'est pas du tout de la même génération, ni parenté des circonstances, du fond ou du contexte. Contrairement à Nicolas Sarkozy, le Président n'est pas en manque d'hérédité, de mentor et n'a nul besoin de le pallier en improvisations psychotiques d'affirmation d'une bonne volonté ou d'un génie créatif. En tant que son collaborateur intime, quotidien et ancien, vous le savez mieux que moi. La droite de haine de François Mitterrand depuis une quarantaine d'années, ne peut invoquer ce dernier à charge contre François Hollande.
2° la rue, le pays légal, la loi, les profondeurs du sentiment collectif... François Mitterrand a retiré le projet devant la rue... celle-ci a manifesté hier comme jamais depuis 1984... donc le retrait du projet gouvernemental de texte. Non ! il y a eu depuis Octobre-Novembre 1995 et pendant deux mois sans discontinuer... il y a eu tout l'été de 2010, plus de deux millions de personnes dans la rue contre les projets de réforme des retraites... il y a eu près de trois millions de signatures contre la privatisation de La Poste et pour le service public. Alors, ni bataille de chiffres, ni précédents de retrait. La droite n'en a pas donné l'exemple.
3° le referendum. C'est la droite sénatoriale (le RPR, les soi-disant gaullistes) qui a refusé en Septembre 1984 le projet de révision constitutionnelle annoncé en Juillet pour qu'entre dans le domaine de l'article 11 de la Constitution les sujets de liberté, sinon de société comme aujourd'hui. Par élégance autant que par conviction et fidélité personnelles à ses propres thèses de 1962, François Mitterrand n'a pas passé outre, alors qu'il le pouvait, fort des précédents gaulliens opposables aux épigones. Il voulut, dans une affaire politiquement difficile et emblématique : le service public de l'éducation, faire trancher le peuple certes, mais pour la révision préalablement nécessaire à la consultation, "passer" par l'article 89 de la Constitution. Il eût pu aller directement à ce qu'il voulait faire trancher au peuple en usant de l'article 11, avec deux questions au referendum, sur la compétence puis sur le fond comme de Gaulle à l'automne de 1945. Il ne l'a pas fait. C'est la droite qui a empêché l'exploitation du legs gaullien et de donner la parole au peuple. C'est elle qui s'est arcbouté en profitant de François Mitterrand contre François Mitterrand. Robert Badinter le rappellerait excellemment.
Sur le fond, le débat mené depuis un an a ses qualités. Il démontre que les Français peuvent délibérer entre eux et sans mettre en cause directement les gouvernants, et qu'ils respectent la liberté d'autrui, et savent examiner un sujet selon tous ses aspects. Les dogmatiques et les simplistes ne sont suivis ni en majorité populaire ni même par les tenants des religions révélées, porte-paroles reconnus ou fidèles pratiquants. Qu'il y ait de nombreuses difficultés de rédaction des textes, chacun peut en convenir. Le débat au Parlement et en commissions peut et doit être mené en souci de clarté et en respect de ceux qui sont concernés, c'est-à-dire les homosexuels. Ceux qui sont "contre" se mêlent de ce qu'ils ne pratiquent pas, et beaucoup manifestent des ignorances en bien des domaines qui stupéfient. Les dérives sur les recompositions familiales, la monoparentalité sont les vrais malaises sociaux. Et bien entendu tout ce qui dans le fonctionnement de l'économie abîme notre société.
Très chaleureusement et en confiance.
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