sera mis en forme et en présentation plus lisible d'ici le soir du lundi 21
Election présidentielle 2012
observations & réflexions
I V
18 Octobre . 17 Novembre 2011
la première étreinte ? ou l’entrée en liturgie habituelle ?
J’ai une idée qui me pousse comme un boulet : je ne veux pas voir la perte de mon pays
Georges Clemenceau – déclaration gouvernementale . 17 Novembre 1917
Les faits…
14 Octobre – Standard & Poors abaisse de AA à AA- la notation de l’Espagne
18 Octobre – Moody’s met la France sous surveillance pour trois mois, Laurence Parisot et Valérie Pécresse insistent sur le risque politique que représente notre pays dans la perspective d’un retour à 60 ans pour l’âge légal de la retraite. – François Hollande en Espagne pour y rencontrer le président du gouvernement, Jose Luis Zapatero. – Claude Guéant fait l’éloge public de Bernard Squacini, directeur central du renseignement intérieur, mis en examen pour avoir fait surveiller un journaliste du Monde et apparaissant le 8 Novembre dans l’affaire du Wagram – convention de l’U.M.P. sur le malentendu entre François Hollande et les Français, chiffrage du programme socialiste : 250 milliards de dépenses supplémentaires et 126 d’impôts en plus.
16 Octobre – au second tour de « primaires citoyennes », François Hollande est désigné candidat socialiste : 56,6% des suffrages exprimés sur 2,8 millions de votants
18 Octobre – le soldat « franco-israëlien » Gilad Shalit est transféré en Egypte par le Hamas
20 Octobre – élections syndicales dans la fonction publique d’Etat et hospitalière – début des manifestations catholiques intégristes contre la pièce de Romeo Castellucci au théâtre de la Ville (« sur le concept du visage du fils de Dieu ») – à Syrte, mort violente de Mouammar Khadafi – en Espagne, l’ETA (fondée en 1959) renonce à la lutte armée qu’elle avait entamée en 1968
21 Octobre – les ministres des Finances de la zone euro demandent aux banques d’effacer 50% de la dette grecque
23 Octobre – Tunisie, élections législatives : Ennahda, parti islamiste de Tached Ghannouchi, emporte 89 des 217 sièges de la future assemblée constituante
24 Octobre – en Grande-Bretagne, 82 députés conservateurs réclament un referendum sur le maintien du pays dans l’Union européenne ou la renégociation de son appartenance
26-27 Octobre – à Bruxelles, sommet des 17 Etats membres de la zone euro : le Fonds européen de stabilisation financière est abondé à 1.000 milliards d’euros, plan d’aide à la Grèce
28 Octobre 2011 – en écho à l’entretien télévisé de Nicolas Sarkozy insistant la veille sur l’importance de la convergence franco-allemande, Bruno Le Maire annonce que le programme de l’UMP dont il est nommément chargé, sera en partie conçu en liaison avec la CDU
30 Octobre – par 107 voix dont celle de la France, contre 14 et 52 abstentions, la Palestine est admise à l’UNESCO ; les Etats-Unis suspendent aussi leur participation financière
31 Octobre – le Premier ministre grec, Georges Papandreou junior annonce un referendum sur le plan d’aide européen mais il est lâché par son ministre des Finances Evangelos Venizelos et par le vice-Premier ministre Michalis Chryssohoïdis
1er Novembre – Mario Draghi succède à Jean-Claude Trichet à la présidence de la Banque centrale européenne
2 Novembre – coktail- molotov incendiant partiellement les locaux de Charlie-Hebdo. à la suite d’une couverture « Charia hebdo » saluant les élections tunisiennes d’une caricature de Mahomet
3 Novembre – l’UMP organise un « atelier » sur « une Europe forte et protectrice »
3-4 Novembre – sommet à Cannes du G 20, d’abord dominé par le cas grec, puis par celui de l’Italie ; Georges Papandreou renonce à son referendum ; le FMI met l’Italie sous surveillance ; commisération des pays émergents pour l’Union européenne ; la BCE baisse ses taux ; toujours pas de taxe sur les transactions financières
4 Novembre – tentative manquée des indignés sur le parvis de la Grande arche
5 Novembre – Jean-Pierre Chevènement, à nouveau candidat à la présidence de la République
7 Novembre – Alain Lambert, U.M.P., ancien ministre du Budget dans le gouvernement Raffarin, évoque un appel de 40 députés à une candidature d’Alain Juppé, alternative de celle de Nicolas Sarkozy
8 Novembre – fondé sur les investigations de services secrets occidentaux, un rapport de l’AIEA confirme que l’Iran élabore une arme nucléaire
11 Novembre – en Grèce, à la suite d’un accord entre Georges Papandreou et le chef de l’opposiktion Nea Demokratia Antonis Samaras (le 6 Novembre), se met en place un gouvernement de coalition présidé par Lukas Papademos, ancien de Goldman & Sachs et ancien vice-président de la B.C.E., et élections anticipées ; l’extrême-droite en fait partie mais pas l’extrême-gauche
12 Novembre – Nicolas Sarkozy est prié de ne pas venir en Italie
14 Novembre – à Leipzig, congrès de la CDU proposant l’élection au suffrage universel direct du président de la Commission européenne
15 Novembre 2011 : accord PS-écologistes pour une majorité parlementaire en 2012 mais pendant deux jours polémique sur le libellé à propos du nucléaire et une intervention d’Areva dans la rédaction socialiste – Michel Barnier, commissaire européen, propose des mesures pour encadrer les agences de notation – Nicolas Sarkozy discourt à Bordeaux sur le modèle social français, façon C.N.R. et de Gaulle, que, loin de le trahir, il sauve – à New-York, début de l’évacuation du campement Occupy Wall Street, square Zucotti
16 Novembre : Pierre Moscovici présente l’équipe de campagne de François Hollande – Sea-France, à Calais, reçoit du tribunal de commerce de Paris un sursis avec poursuite d’activité jusqu’à la mi-Janvier 2012 pour que se constitue la coopérative des salariés repreneuse, mais les dirigeants empêchent la reprise du service.
17 Novembre : Nicolas Sarkozy réaffirme l’option nucléaire de la France et assure qu’il n’y aura pas de plan social chez Peugeot. Xavier Bertrand, ministre du Travail assure que « sortir du nucléaire » coûtera 220 milliards et 400.000 emplois. – l’Agence nationale de sûreté nucléaire recommande un surcroît de vigilance
17-18 Novembre – en Italie, Mario Monti, ancien de Goldman & Sachs, lui aussi, et ancien commissaire européen à la concurrence, obtient la confiance des deux chambres et succède à Silvio Berlusconi (démissionnaire, le 12 après avoir perdu la majorité le 8) à la tête d’un gouvernement de techniciens, dont il prend aussi le portefeuille de l’Economie
18 Novembre – en visite à Moscou, François Fillon oppose François Mitterrand à François Hollande à propos du nucléaire
Le président sortant, dont la re-candidature pouvait paraître douteuse, au début de l’automne tant les sondages lui paraissaient contraire, et son gouvernement sont minoritaires dans le pays et dans le vœu des Français, mais pas dans leurs pronostics : c’est même une des raisons de l’inertie de ceux-ci. La gauche, sous son nom et selon ses traditions et ses bilans de gouvernement, n’est pas pour autant majoritaire. Le Parti socialiste et son candidat avaient, putativement, ces dernières semaines deux avantages considérables à l’ouverture de leur campagne : la démonstration – unique et sans précédent en France – de démocratie directe qu’ont constituée les « primaires citoyennes » et le ralliement de tous les hiérarques au plus voté, l’évident fiasco de la présidence des G 8 et G 20 que Nicolas Sarkozy avait au contraire regardé comme son tremplin décisif pour sa réélection. Il apparaît maintenant que François Hollande est sur la défensive à propos du nucléaire, thème le plus délicat et parlant qui soit, et que Nicolas Sarkozy n’est toujours pas mis en difficulté sur son bilan, comme s’il n’existait aucune alternative à l’action qu’il a menée depuis quatre ans et demi en exclusivité de mise en scène et de responsabilité personnelle.
Pourtant le régime à abattre et le cours à changer sont en pleine lumière.
L’arrêt de la Cour d’appel de Paris déboutant les contestataires d’un marché de gré à gré signé entre la première directrice du cabinet à l’Elysée et un ami personnel du président régnant, a pour motivation l’immunité pénale mise en place pour Jacques Chirac et ses abus à la mairie de Paris. C’est consacrer l’irresponsabilité d’un omni-intervenant. La plus haute hiérarchie policière ayant ordonné de chercher les sources du journal Le Monde quand celui-ci rendait compte des audiences et de l’instruction dans l’affaire Bettencourt, mettant en cause le président régnant, est maintenu et même mis à l’honneur.
Le cours à changer s’identifie quand un collège restreint de chefs d’Etat ou de gouvernement (le G 20) voue aux gémonies un Premier ministre, décidant hors son sein, de consulter son peuple par referendum sur les conditions posées à l’aide international et quand – sans qu’en trois ans rien n’ait été mis en place contre les dumpings chinois, les spéculations financières et les paradis fiscaux, pas même l’amorce d’une taxe sur les transactions financières ou d’une généralisation de la prohibition des opérations de bourse à découvert – les changements de gouvernement en Grèce et en Italie portent au pouvoir certes d’anciens très hauts responsables européens, mais qui sont en même temps des anciens de Goldman & Sachs.
La compétition présidentielle devrait donc être d’abord éthique, elle devrait dégager des exigences dans l’ordre national et dans l’ordre international, discerner et faire discerner des repères et des références. Elles sont – pour moi – archi-simples. La démocratie chez nous, ce qui suppose la décision populaire fréquemment sollicitée quelle que soit la complexité des matières : l’art politique consistant à éclairer un débat et non à l’empêcher par l’échange d’invectives entre les acteurs sur scène. L’émergence européenne par une novation institutionnelle donnant à un président de l’Union la légitimité et le pouvoir vis-à-vis de nos partenaires et concurrents, et vis-à-vis des classes politiques nationales.
Jamais depuis 1958 et la refondation française par le général de Gaulle – celui-ci fort d’une légitimité le dispensant de toute élection, acquise par sa correspondance le 18 Juin 1940 avec l’appel et le sentiment profond de Français conscients de l’abîme où nous tombions – jamais depuis ces deux dates, notre pays n’a couru le péril de mort où il se trouve actuellement. La chance pour la France veut que ce péril soit commun à tous les pays européens, même si peu évoquent la Grande-Bretagne puisque celle-ci est hors zone euro, et beaucoup croient l’Allemagne invulnérable. On n’est jamais fort – entre peuples et pays, dans une période et une conjoncture données – que de la faiblesse ou de la tolérance des autres : Hitler, la Chine même si ce n’est pas comparable, le démontrent. L’ensemble des Européens des années 30, et pas seulement les Allemands, et les Allemands sans doute moins que les autres, sont responsables de la montée en puissance du nazisme et de ses abominables victoires. Nous avons édifié le cynisme chinois en tolérant par des règles valables seulement entre économies analogues un dumping social sans précédent historique, désindustrialisant l’Europe et particulièrement la France, et en cautionnant par notre commerce avec Pékin en tous registres, du sport à l’investissement technologique, un régime d’asservissement et d’annexion : exodes rural puis urbain, sort du Tibet… Quoique les Etats-Unis soient autant en ruines que nous, leur crédibilité demeure telle et le cours du dollar tellement répandu deouis la Seconde guerre mondiale que leur économie reste une valeur refuge, relativement à toute autre, l’Allemagne en meilleure santé ayant la même rente de situation, borgnes au milieu des aveugles.
Or, la campagne présidentielle qui s’annonce garde les caractères du mandat quinquennal qui s’achève : l’évident fiasco aussi bien du programme triomphaliste de 2007 que de la gestion des crises internationales, y compris stratégiques avec les « printemps arabes », les piteuses évacuations de l’Irak, de l’Afghanistan et la honteuse pérennisation de l’impasse en Palestine, se traduit bien par une impopularité – également sans précédent sous la Cinquième République – de ce qui est appelé déséormais « l’exécutif », mais ne laisse pas présager sa faillite électorale. L’énigme reste complète d’un président omni-présent dans les médias, dans les décisions et les processus de nomination, de législation et qui ne recueille, dès le dixième mois de son exercice du pouvoir, que bien moins de la moitié des opinions favorables chez les sondés. Enigme aussi que son gouvernement reste crédible – à l’intérieur du pays, car il ne l’est manifestement plus au dehors – pour continuer de s’engager à échéance de plusieurs années après une élection présidentielle qui, elle, est à échéance de six mois.
L’opposition de gauche n’est pas parvenue – à ce jour – malgré le succès populaire et médiatique des « primaires citoyennes » en elles-mêmes et par contraste avec l’absence de délibération ouverte sur le candidat le plus souhaité par les électeurs de la droite, à constituer une alternative reconnue comme telle. Flou ou fouillis entretenus autant par cette opposition et ses propres démêlés, plus tellement internes mais avec ses divers flancs extrêmistes ou écologiques, que par les médias. Nicolas Sarkozy avait su faire souhaiter par une majorité de Français dépassant de beaucoup la majorité qui se constitua sur son nom au second tour en 2007, une rupture avec le cours de Jacques Chirac, alors même que – rétrospectivement, c’est criant – le temps était calme, la seule mouvementation politique était la perspective d’une succession ouverte à un vétéran moins ardent à l’Elysée qu’il n’avait été pendant presque trente ans à le briguer. Aujourd’hui, François Hollande rendrait plutôt émollients le goût et l’envie de rompre avec tout ce qu’a détruit ou empêché Nicolas Sarkozy.
La raison en est que l’opposition se laisse imposer un type de programme et un type de personnage présidentiels, alors que la majorité sortante impose pour 2012-2017 une façon d’être et de faire en politique que son champion lui a inculqué depuis 2007 et pour les initiés ou les pratiquants du jeu politique depuis 2002 au moins.
Ces constatations équivalent à reconnaître qu’il n’y a pas de débat, pratiquement pas d’élection mais que pour autant la France n’est plus dirigée – sans que ce soit causé d’ailleurs par l’impopularité de ses gouvernants, mais au contraire par leur peu de capacité – et qu’au moment où l’Europe se constitue autrement qu’elle le faisait (fort mal) depuis les premiers élargissements des Communautés puis de l’Union, notre pays est pour la première fois absent : les apparences ne trompent pas.
I – Partis ou candidats ? programme ou personnalité ? stratégies électorales
Michel Sapin – sur la chaîne parlementaire, le soir du 16 Novembre – a parfaitement caractérisé l’élection présidentielle sous la Cinquième République en la disant à la fois de parti, de programme mais aussi de rencontre directe entre le candidat et les Français. Mais plus que jamais cette acception ne vaut que pour les opposants. Le président sortant n’est réellement exposé qu’à titre personnel. Il dispose d’une supériorité écrasante dans la maîtrise des dossiers parce qu’il les a lui-même constitués pendant son premier mandat.
Stratégiquement pourtant, les principaux protagonistes – à l’heure actuelle – François Hollande, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy sont à égalité, en ce sens qu’ils n’ont pas les handicaps de leurs prédécesseurs aux élections présidentielles récentes.
L’élection présidentielle française est à deux tours mais tout se passe, cette fois-ci, comme en 2002, comme si la place était à prendre par le premier tour, et dans chacun des deux camps prévisionnellement en présence au second, toute l’affaire est d’être reconnu par son propre camp.
Au Parti socialiste, réputé largement en tête de tous les partis de gauche et même d’opposition, la compétition pour l’investiture a été d’autant plus âpre que les sondages promettaient l’élection présidentielle au candidat socialiste quel qu’il soit ; la consultation valait entrée à l’Elysée. Il est miraculeux que les échanges et la compétition n’aient pas par avance discrédité le candidat investi ainsi. Sans doute parce que les débats n’ont pas été occultes mais au contraire tout à fait publics, et principalement des débats de programme. Les médias ont alors joué – ce qui était devenu rare – un rôle positif. Les candidatures autres – délibérées plus ou moins par des instances collectives : Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, ou auto-proclamées : Jean-Pierre Chevènement – ne semblent pas devoir peser comme elles pesèrent dans les élections précédentes. En théorie, François Hollande est donc en bien meilleure situation que Lionel Jospin, surpris par Jean-Pierre Chevènement, et que Ségolène Royal, contestée dans son propre parti. En réalité, il a à faire avec un président sortant qui, bien plus impopulaire que ne l’était relativement Jacques Chirac face à Lionel Jospin, est cependant crédité de bien plus de voix au premier tour que n’en obtint jamais Jacques Chirac, en place ou tentant d’y parvenir : 20% pour celui-ci, 23 à 26% pour Nicolas Sarkozy en intentions de vote.
Le président sortant a réussi – sans que cela soit très commenté – un chef d’œuvre tactique : de Gaulle avait eu à sa droite Jean Lecanuet qui lui prit beaucoup en 1965, Jacques Chaban-Delmas ne put être le candidat unique de la majorité sortante et perdit celle-ci, Valéry Giscard d’Estaing à son tour échoua du fait du compétiteur qu’était devenu son Premier ministre Jacques Chirac, lui-même mis en difficulté par Raymond Barre en 1988 et par Edouard Balladur en 1995. Jacques Chirac saisit, presqu’au dernier moment, le prétexte de son état de santé (pas déficient en 2005-2007 de la même façon que depuis l’ouverture de son procès en correctionnelle) pour ne pas se représenter pour un troisième mandat, alors qu’en réalité c’était bien Nicolas Sarkozy et l’emprise de celui-ci sur le parti présidentiel qui le lui interdisait. François Fillon a été le premier écarté en étant maintenu à Matignon, Alain Juppé, rival putatif, ensuite parce qu’il a accepté d’entrer au gouvernement où que ce soit (la Défense, puis les Affaires étrangères, rôles d’apparence sous Nicolas Sarkozy, sauf quelques mérites de couloir pour obtenir la résolution 1973 au Conseil de sécurité à propos de la Libye), Jean-Louis Borloo a craqué dans des conditions pas dites mais qui se supposent, Hervé Morin ne présente pas le moindre danger. Il s’est agi pour le président sortant de ne pas être éliminé au premier tour, en n’étant que troisième. Claude Guéant, depuis qu’il a été nommé à l’Intérieur le supplée très avantageusement vis-à-vis du Front national et le dispense d’avoir à prononcer à nouveau le discours de Grenoble (30 Juillet 2010) qui choqua l’épiscopat français, et la Commission européenne. Il lui permet même le discours de Bordeaux (15 Novembre 2010) dont le thème aurait prêté à une stigmatisation des ressortissants allogènes, mais qui a visé un adversaire – pas encore vraiment nommé quoiqu’il en soupçonne la grande puissance virtuelle : les « indignés » et leur référence Stéphane Hessel, d’où l’évocation insistante du Conseil national de la Résistance.
Marine Le Pen, succédant sans difficulté à son père, souffre du même handicap que lui : la solitude. Le système électoral pour le Parlement ne lui donne pas d’élus notoires. Elle n’a pas de lieutenants d’audience personnelle, comme si le Front national en excluait jusqu’à la légitimité. Elle souffre, moins que lui, d’une image figée mais sa tentative de manifester, par un voyage aux Etats-Unis, qu’elle peut disposer d’une expérience internationale, a échoué. Elle reprend stratégiquement ce qu’exposa Bruno Mégret au lendemain des élections régionales de 1998 si spectaculairement réussies par le mouvement extrêmiste : la proposition d’alliances et de soutiens faisant intégrer par le Front national le système des partis. François Mitterrand était demandeur de l’alliance communiste, statistiquement, et n’y voyait aucun risque dès lors que le Parti socialiste avait enfin nettement doublé dans les urnes le Parti de Georges Marchais. Nicolas Sarkozy sera certainement demandeur pour le second tour si Marine Le Pen ne l’en a pas écarté. Cette joute, aussi décisive pour le président sortant que son face-à-face public avec François Hollande, ne se déroule que dans l’implicite. A la clé, la réélection du candidat et des parlementaires, voire des portefeuilles pour la candidate. Pour la véracité du fonctionnement des institutions françaises, la « normalisation » du Front national est nécessaire : le Parlement n’est pas pleinement représentatif s’il y manque les soutiens du troisième sinon du second des candidats à l’élection présidentielle dans l’ordre d’arrivée… Ses thèmes, s’ils n’étaient que les siens, auraient peu d’efficience, ils sont devenus ceux de l’actuel gouvernement : autant l’avouer, l’U.M.P. est en comportement, en idéologie plus proche du Front national que des grands thèmes portés par le général de Gaulle. Une alliance, contractée entre les deux tours, par Nicolas Sarkozy ne pouvant explicitement gagner qu’avec les Le Pen, se paiera en participation gouvernementale et en circonscriptions : rien de choquant, puisque la collusion idéologique est évidente : l’U.M.P. l’a acceptée de son champion dès 2007 et l’inscription au programme présidentiel de l’identité nationale. A l’inverse, l’extrême-gauche est sur-représentée dans l’ensemble des institutions nationales et locales : son candidat pour le Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, transfuge du Parti socialiste, n’atteindra certainement pas les scores auxquels Arlette Laguillier pour Lutte ouvrière était parvenue par une prestation si mécanique qu’elle en était devenue très personnelle, inimitable. Quant au successeur d’Olivier Besancenot, il n’a pas réussi. Leurs pétitions et démonstrations sont désormais défendues au Parti socialiste par Arnaud Montebourg, ce qui en périme l’autonomie électorale.
Les différents « centres » qui, jusqu’à la candidature de Jean Lecanuet en 1965, étaient répertoriés : « modérés », semblent avoir moins de chances que jamais. François Bayrou a été le seul de ses champions à ne rallier aucun des deux principaux blocs ni en 2007 pour peser au second tour, ni pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, mais il n’y a rien gagné. Christine Boutin ne revendique pas l’héritage chrétien démocrate ou sociale mais elle a des troupes faute d’élus, Hervé Morin a des élus mais pas de troupes. Les écologistes n’ont de chances qu’à la proportionnelle et au scrutin de liste, donc à l’élection européenne. Daniel Cohn-Bendit a raison de se demander s’il est nécessaire qu’ils aient un candidat à l’Elysée. Le marchandage de sièges qui ne peuvent leur être concédés que par le Parti socialiste est dangereux pour tous, c’est afficher que les électeurs sont à tondre et ne discernent pas les personnalités et les étiquettes, votant sur simple recommandation, c’est rendre artificielle la relation entre un élu et ses électeurs. C’est pratiquer le jeu du parti présidentiel sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy : disposer des circonscriptions sûres comme des positions éligibles en scrutin de liste pour placer des gens d’appareil, Benoît Hamon, ne pouvant se faire élire à Auray, Cécile Duflot habitant en banlieue parisienne sans y rayonner personnellement.
Cette appréciation proche de l’appropriation d’une circonscription et des électeurs qui y votent, est plus voyante quand se « négocient » les places entre partis dominants dans un camp et leurs satellites respectifs, mais la France est elle-même considérée de la même manière quand s’évalue le rapport droite/gauche. Les citoyens ne sont vraiment considérés par les partis qu’électeurs et donc facteurs d’incertitudes pour la tenue de leurs fiefs respectifs. Il est apparu depuis le général de Gaulle qu’une partie de l’électorat – étiquetable en l’absence d’une personnalité forte – est sensible et ductile quand celle-ci apparaît : Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac figent le rapport de forces droite/gauche. Jean-Marie Le Pen au contraire le fait bouger, sa fille peut-être aussi dans six mois : l’élection apparemment aberrante d’un président sortant n’ayant obtenu en nom propre que 20% des suffrages exprimés. En revanche, l’homme du 18-Juin ou François Mitterrand pour le programme commun de gouvernement en 1981, pour la restauration d’une présidence arnitrale en 1988, bouleversent les donnes habituelles. La droite n’a pas la nécessité de se bouleversement pour que son champion l’emporte sauf rivalités de candidatures, la gauche en a absolument besoin. Là est la question pour François Hollande : seule, l’élection au terme des « primaires », puis éventuellement à l’issue du second tour de la présidentielle, lui donne une équation personnelle. Sa fonction de directeur général du Fonds monétaire international donnait à Dominique Strauss-Kahn cet aura d’expertise semblant correspondre à la situation : Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances du général de Gaulle puis de Georges Pompidou, avait bénéficié du même préjugé lors du « premier choc pétrolier ». Martine Aubry présentait au contraire une personnalité déjà très typée, grâce aux attaques constantes de la droite à propos des trente-cinq heures : elle aurait apporté au processus électoral la dominante d’un débat de programme, d’une mise en perspective d’alternatives de politique économique, que ne parvient pas jusqu’à présent à produire le candidat de la gauche et dont est, par hypothèse, dispensé le président sortant. Nicolas Sarkozy – contrairement à 2007 – ne se présente pas en candidat de programme ou d’engagements divers, mais en personnalité, ayant selon ses soutiens et surtout selon lui-même, la capacité d’affronter quelque situation que ce soit, puisque précisément la conjoncture économique et financière a totalement changé et plusieurs fois pendant son premier quinquennat, et surtout que la suite… est imprévisible.
II – Tous les outils manquent pour construire, et surtout le peuple
La plus évidente des caractéristiques de la crise actuelle n’est pas sa « concentricité » : les printemps arabes à notre alentour, la crise de l’euro. à notre périphérie, la mise en cause par des juges extérieurs (agences de notation et Commission européenne) de nos manières de nous gérer, interrogation sur ce que nous sommes devenus économiquement et socialement, extraordinaire itinéraire d’introspection en une dizaine de mois seulement… elle est l’imprévision de chacun de leurs développements. Ni les multiples conseils et expertises dont s’entourent nos gouvernants, à organigramme public ou selon des réseaux ou des influences d’initités, ni les métiers ad hoc d’économistes, d’agents de renseignements, de diplomates, de comptables et sociétés d’audit n’ont prévu – chacun selon son métier – les bouleversements au sud et à l’est de la Méditerranée, n’ont prévu la reprise en théâtre non plus américain mais européen de la crise financière et économique, n’ont prévu la chute de D.S.K., les mûes gouvernementales dont la série a commencé et qui atteindra peut-être la France et l’Allemagne. Il y a une part de dissimulation certes : le rôle de Goldman & Sachs, nouvelle « main invisible qui nous dirige » pour ce dernier trimestre, après que c’ait été les agences de notation en corps au troisième trimestre. Il y a les circonstances de la mort de Khadafi. Mais fondamentalement des phénomènes aussi vastes et puissants qu’un doute sur la solvabilité de la plupart des Etats européens, de leurs système de banques et d’assurance, ou bien la contestation en cause de tous les régimes arabo-musulmans, tous autoritaires et d’une longévité défiant la démocratie, n’ont pas été prévus et, tandis qu’ils continuent de se développer, ne sont pas identifiés. Les gouvernants ont le visage sur leur copie, et de perspectives que la date du renouvellement de leur mandat. La France n’a pas fait exception mais elle est atteinte bien plus que d’autres puisqu’elle passait pour capillaire avec le monde arabe et pour plus que familière avec le Maghreb, puisqu’elle continue de se targuer d’une réputation inentamée de solvabilité. Les tests de solidité du système bancaire dans chacun des Etats membres de l’Union à la fin de Juillet défiaient les avertissements du F.M.I. et le rapport de l’Agence sur les réadio-réactions et la sûreté nucléaire, plus dubitatif que les assertions gouvernementales en France, passe pour un élément du débat électoral et pas du tout pour un avertissement, alors que – contrairement aux simulations pour les banques qui omettaient les conséquences d’une faillite d’Etat (la Grèce) – il envisage nos défaillances en cas de tempêtes ou de séisme. La France a pourtant deux institutions d’analyse et de prévision économiques : I.N.S.E.E. et O.F.C.E. mais elle se défie depuis une quinzaine d’années de ce que peuvent produire les concertations entre expertises et projets sectoriels : plus de Commissariat au Plan, dédain des expériences des centrales syndicales selon les éphémérides des professions et des entreprises. La seule planification qui, en France, demeure est la stratégie de délocamsation de nos industries. Quoique l’Etat donc les contribuables, les citoyens aient renfloué banques et constructeurs automobiles à condition qu’ils aient des égards pour leurs salariés, préservent l’emploi et reviennent à leur vocation première, B.N.P., Société générale et Crédit agricole suppriment des postes (on ne dit plus : licencient) et Peugeot délocalise ouvertement, y compris la recherche.
Le coup par coup du gouvernement, avec comme porte-parole le Président lui-même, et celui des syndicats devant les tribunaux. Action gouvernementale pour propagander sa compassion pour les futurs ou nouveaux chômeurs, mais aucune efficacité car l’effet de réseau – qu’a symbolisé la soirée au Fouquet’s – ne répond pas aux décisions financières. Retour aux inventions, tentatives et probables fiascos que la liquidation de Lip à l’automne de 1973 divisant le gouvernement d’alors (celui de Pierre Messmer où le Premier ministre s’opposa au ministre de l’Industrie, Jean Charbonnel) a inauguré il y a maintenant plus d’une génération.
Le président sortant qui a échoué pour les derniers haut-fourneaux se contente d’annonce nuançant ou annulant, dans les termes mais pas dans les faits, les décisions de Peugeot. Ce qui dès le début de son quinquennat décrédibilisa Lionel Jposin : l’affaire Vilvorde ou la conduite de Renault en Belgique, ne semble pas aussitôt chahuter Nicolas Sarkozy à la fin du sien. L’opposition de gauche, tout à son calendrier de mise en ordre de bataille pour le Partis socialiste, ou de traits d’humour pour Jean-Luc Mélenchon, n’exploite pas et ne prend pas, quotidiennement, à son compte les initiatives des syndicats de base dans les entreprises menacées : une liaison maritime Calais-Douvres, le conditionnement de thé et d’infusions en Provence, et les décisions juridictionnelles qui les permettent, les suscitent. La vie semble dédaignée par la campagne présidentielle qui commence.
Aucune introspection dans la majorité sortante sur l’évident vau-l’eau budgétaire, sur la contradiction entre des économies par dizaines ou centaines de millions seulement et un nouvel emprunt de plusieurs dizaines de milliards dont la rue de Bercy se félicite parce qu’il est encore à tel taux et atteste donc un crédit intact. Alors que la coincidence de la durée des mandats législatif et présidentiel : deux quinquennats se superposant et issus d’une même majorité d’électeurs, permettrait une planification et une concertation à moyen terme, la France vit maintenant des ajustements monétaires à vue, selon les agences de notation ou les admonestations de Bruxelles. L’opposition ne présente pas un plan d’ensemble, mais seulement des mesures. Comme le gouvernement actuel, elle se laisse dépasser par le pessimisme croissant des perspectives d’évolution macro-économique.
L’abstraction de l’une et le cynisme de l’autre ont la même origine. Le peuple se tait, le mouvement social semble ne plus exister, le mondialisme a engendré une perte, à toutes échelles, du sens de la solidarité : entre peuples, entre salariés. Tandis qu’au contraire la collusion entre dirigeants à titre ouvertement personnel, qu’ils soient politiques, économiques et financiers, s’intensifient. Le peuple, notamment en France, où les armes ont été baissées en trois moi seulement de manifestations de rue en 2010 contre la réforme des retraites, ne se lève pas et soutient donc de fait les décisions gouvernementales. Et il est à prévoir qu’il sera beaucoup plus remuant en cas de gouvernement de gauche. La tradition dont hérite celui-ci est d’un découplage constant entre le mouvement social et l’exercice du pouvoir. Cela commença avec la victoire électorale du Front populaire dont les grandes réformes furent imposées au gouvernement de Blum par une grève générale qu’il était le premier à déplorer. Ni en 2003 contre la première réforme Fillon ni en 2010 contre celle de Woerth, dont à aucun moment la mauvaise foi voire l’honnêteté pour d’autres objets, ne furent vraiment relevés à charge par les syndicats, n’a été donné l’ordre de grève générale, seul de nature à faire bouger les lignes, puis les choses : 1936… 1968… La réforme dite Pécresse à l’automne de 2007 n’a pas fait appuyer par le salariat la révolte des universités, étudiants et professeurs protestant ensemble. Voyant plus loin que les contestaires, Nicolas Sarkozy et ses exécutants ont au contraire su redouter l’entrée en lice des lycéens, celle des chauffeurs-routiers, maintenant celle des « indignés » s’ils parvenaient à « squatter » place de la Bastille, ceux de la grande Arche s’étant avéré trop peu nombreux pour inquiéter qui que ce soit. Au contraire, la gauche – aussi bien lors des mouvements et rafles des sans-papiers en 1996 qu’à l’automne de 2007 – ne s’est pas manifestée et persiste à ne pas compter sur le mouvement social pour arriver au pouvoir. Elle le redoute au contraire comme l’épouvantail pour les électeurs hésitants.
1936, 1947, 1953, 1968, 1995 avaient chacun produit une énigme : la dialectique des initiatives gouvernementales et des réactions salariales, étudiants, syndicales, avec en point commun l’abstention des partis de gauche. 2010 inaugura un timide revirement de jurisprudence : les manifestants furent plébiscités, en sondage, par une très forte majorité de Français, mais ce fut sans suite et à droite ce ne fut pas vécu comme le désaveu du président régnant et de ses ministres d’alors, seulement comme une prière qu’ils veuillent bien considérer le souhait de leurs compatriotes. Le quinquennat qui s’achève a multiplié ce qui eut passé naguère, pour une seule de ses « réformes », comme d’inadmissibles reculs ou des défis : âge de la retraite, maillage des sites et guichets des services publics à travers tout le territoire, défausse systématique du budget de l’Etat.
Les médias, par leur commentaire, ou les réseaux d’aujourd’hui en communication virtuelle ne jouent pas encore ou toujours pas… en France le rôle qu’ils ont joué en Tunisie et en Egypte, et surtout dans une Syrie fermée aux échanges avec l’extérieur. Ils mettent plutôt en cause l’opposition de gauche – la réalité de son unité interne, sa responsabilité dans le camouflage des addictions de son champion jusqu’à la mi-Mai 2011, ses programmes, ses alliances, ses capacités, son passé gouvernemental, l’authenticité de comportements de ses têtes d’affiche – et au mieux, pour elle, comme cela s’est vécu pour les trois émissions télévisés marquant les « primaires », ils sont ses examinateurs. Avec très peu d’empathie, une ignorance des dialectiques possibles et l’habituel vernis sur l’instant des dossiers, mais pas sur le fond de ceux-ci. Encore moins que les politiques, ils envisagent un changement des règles du jeu économique et financier. S’il n’y a plus de mouvement social, il y a encore moins de prophétisme dans le journalisme. Alors que les prévisions du Défi américain de Jean-Jacques Servan-Schreiber se réalisent à la lettre, mais par les menées chinoises et non les américaines, aucun livre ne sort qui devienne autorité morale. Le cri de Stéphane Hessel est une révolte pas une explication ou une apocalypse : Indignez-vous.
Il y avait eu, parallèlement à la renaissance nationale du fait du retour du général de Gaulle « aux affaires », le club Jean Moulin, creuset de civisme aux ouvrages marquants (l’Etat et le citoyen) et prodrome d’une conscience d’opposition, alternative à la fondation de la Cinquième République. Il y eut dans les années 1980 le club de l’horloge : la matrice néo-païenne et de prétention plus philosophique que sociologique, plus analytique que propositif. La « droite décomplexée » allait en naître. Depuis deux ou trois décennies, en même temps que s’est imposée la dogmatique nouvelle d’un libéralisme qui n’est plus la liberté d’entreprendre mais celle d’abstraire l’économie du salariat et de confiner le capitalisme dans la spéculation et le chantage, plusieurs découplages se sont opérés, isolant la politique de la vie et lui ôtant sa mission d’expression, d’orientation et de synthèse qu’elle avait toujours joué quels qu’aient été ses acteurs et leurs récitations. La nouveauté est aujourd’hui administrée par les indididus qu’ont produit le chacun pour soi, la recherche de la notoriété et une certaine cupidité sans que rien – ni rémunération ni parcours au culot et à la cooptation – ne se justifie par des performances industrielles ou commerciales et des intuitions stratégiques. La politique, plus professionnelle que jamais, a de plus en plus besoin de mentors et de sous-traitants hors de sa sphère et sans l’éthique que les citoyens lui croient encore.
Les forts sentiments de rejet qu’ont été l’antiparlementarisme ou l’abstentionnisme semblent maintenant relayés par une indifférence quasi-générale à la manière abusive dont Nicolas Sarkozy a exercé une partie de ses fonctions – car la principale, faire du peuple le juge, il l’a constamment éludée : ni le traité de Lisbonne, ni la réintégration de l’O.T.A.N., ni la révision constitutionnelle, ni le statut de La poste et partant la place du service public, chez nous, malgré une pétition rassemblant autant que la primaire socialiste, n’ont été traités par referendum. L’exercice hypertrophié de la fonction présidentielle aurait pu monter une majorité de Français contre le président revendiquant la décision mais n’aboutissant jamais à changer le sort des victimes de leur employeur ou des différentes réformes gouvernementales, quand celles-ci sont trop peu étudiées : ainsi du décalage entre les indemnités d’attente de la retraite et le recul de l’âge de celle-ci. Il semble au contraire que Nicolas Sarkozy, dont la chute dans les sondages avait initialement reflété une désapprobation massive pour l’« étalage » de sa vie privée, n’est plus critiqué que pour les politiques qu’il incarne mais pas pour la responsabilité exclusive et explicite qu’il en revendique. La révision constitutionnelle, par la jurisprudence du quinquennat qui s’achève, est acceptée. Il n’est pas sûr que l’opposition à sa manière d’exercer la présdence de la République, soit un thème gagnant.
III – La catastrophe économique, financière et européenne précèdera l’élection présidentielle française
Le scrutin prochain est décalé de neuf-dix mois par rapport à ce qu’il est convenu d’appeler la crise des dettes souveraines. Il ne sera donc pas curatif, il va au contraire banaliser les programmes puisque les deux principaux dogmes politiques – en France – dont la critique n’était que marginale jusqu’à cet été, sont aujourd’hui mis en question : Nicolas Dupont-Aignan, Jacques Nikonoff et maintenant Jean-Pierre Chevènement s’il persiste dans une candidature sans sa crédibilité de 2002 se distinguaient par un souverainisme prophétique. Celui qui avait suivi la ratification de Maastricht et avait dominé les élections européennes de 1998 – l’alliance Charles Pasqua/Phjilippe de Villiers – était forcément passéiste. Ses deux incarnations n’avaient pas pu s’approprier le succès du non en Mai 2005. Cet automne voit se former un consensus sur deux thèmes contradictoires parce que l’avenir ne va plus de soi : abandonner l’euro. semble moins radical qu’aller à un rebond fédéraliste en Europe pour tenir tête aux agences de notation, aux marchés, aux grands concurrents émergents (spécialement la Chine). Les partis français sont cependant – contrairement à ceux des années 1950 – très en retard sur ceux de l’Allemagne. Notre voisine et partenaire décisive est divisée sur l’euro. et la solidarité avec les surendettés (les « PIGS »), elle ne l’est pas sur une avancée fédéraliste : le congrès C.D.U. de Leipzig a été aussi technique qu’en cohérence avec des thèses jusques-là S.P.D. : accroître les coméptences de la Cour de justice pour sanctionner les mauvaises conduites budgétaires des Etats-membres, élire le président de la Commission européenne au suffrage direct. Nous sommes divisés sur les institutions européennes mais pas sur l’euro. L‘évaluation a seulement commencé chez nous sur les avantages et inconvénients de jouer d’un des deux thèmes sur l’autre. Autant, les principux Etats-membres de l’Union sont déjà fixés : la Grande-Bretagne, qui n’est pas membre de la zone euro., souhaite encore moins de fédéralisme qu’il en existe et l’Allemagne penche pour une zone euro. restreinte.
Ni le président sortant ni l’opposition de gauche ne posent ces questions ni ne mènent le débat. Les tabous de vocabulaire demeurent dans les grands partis – demeurer « crédibles » en tant gouvernants putatifs ou en possession d’état. Ce qui peut faire valoir les néo-souverainistes.
Ce débat de fond ne sera probablement pas mené, même si l’Allemagne y est prête. La catastrophe sera survenue avant, aussi bien parce qu’aucun remède n’aura été en quatre ans vraiment pris qui enraye les mécanismes de faillite et de spéculation : nationalisation générale des banques, recours à l’emprunt populaire direct au moins au niveau des Etats européen et au mieux à la signature unqiue de l’Union (qui a enfin la personnalité morale en tant que telle depuis le traité de Lisbonne), mutualisation des dettes, ce qui de facto mènera les Etats-membres à adopter des mœurs fédérales : les budgets ne leur appartiendront plus en propre… que par valorisation des agresseurs commerciaux, monétaires, spéculatifs.
Le sauvetage de la Grèce, les probables sursis accordés aux trois autres pays du sud au bénéfice de leurs changements respectifs de gouvernement, au moins en Italie et en Espagne, assurent probablement un palier de stabilité jusqu’à la mi-Janvier : fonds de pension, grandes entreprises, investisseurs en général en sont à fixer leurs bilans annuels. En référence aux exercices précédents, celui de 2011 est déjà assez exceptionnel en catastrophe pour les Etats et en bénéfices pour les agents privés pour que ceux-ci n’en rajoutent pas. Tandis que les gouvernements français, allemand et américain sont appelés à changer en 2012 et s’absorbent chacun en politique intérieure, sinon à se faire valoir les uns par les autres, les acteurs économiques et financiers, objectivement alliés aux compétiteurs de l’Occident, devraient mesurer – bien tard – que leur prospérité dépend de la résurrection de leurs victimes : la Chine sans commerce extérieur est en panne pour le seul secteur qui chez elle se soit modernisé, celui de son capitalisme sauvage. Que celui-ci entre en crise, comme beaucoup de signes l’indiquent, et la pression sociale sur un régime politique dont personne ne sait à l’étranger le degré de souplesse ou de rigidité, pourrait dévaster l’économie mondiale bien plus sûrement que la crise des dettes souveraines : déjà la référence au New-York Stock exchange n’est plus exclusive dans notre Europe si suiviste. Quant aux parieurs et investisseurs financiers, le jeu qu’ils mènent n’est pas du tout fondé sur l’évaluation des économies réelles, mais sur la comparaison entre valeurs-refuges, obligations américaines, métaux. Les Etats-Unis sont bien plus souffrants et malades que l’Union européenne – réellement – mais leur signature reste préférée faute de mieux. Barak Obama a eu raison d’affirmer que la décote américaine selon les agences de notation n’a aucune incidence sur la capacité de refinancement du budget fédéral. Le débat sur les finances publiques outre-Atlantique est indépendant de l’étranger et de ses évaluations, il est de politique intérieure et de compétition présidentielle. Au contraire, en France, il est à la discrétion de l’étranger et de notateurs privés.
La dégradation de la France ne mettra pas fin aux emprunts sur le marché mais il augmentera encore davantage notre dette – ce que nous payons ne l’amortit déjà pas.
Le débat électoral est donc de pure forme d’ici le scrutin présidentiel puisque les ajustements budgétaires et l’augmentation de la dette, encore plus vite que pendant les quatre premières années du mandat qui s’achève, hypothèquent au moins les deux prochains quinquennats. La solution – en catastrophe – ne peut être que le moratoire et il faudra le faire proclamer par l’ensemble des Etats de la zone euro. Le bond fédéraliste ne sera pas délibéré mais il s’imposera. La confrontation d’analyses courtes sur le passé économique, fiscal et budgétaire du pays et la mollesse déjà constatée des propositions économiques et financières vont être de plus en plus décalées par rapport à l’acélération des nuisances sur notre système financier. Dans le même temps – les suppressions de postes (qu’on refuse d’appeler des licenciements et des mises au chômage) dans le secteur bancaire et dans celui de l’automobile, les deux secteurs précisément aidés par l’Etat en 2008-2009 – la désindustrialisation va se poursuivre crûment. Les Européens et le gouvernement français actuel sont chaque fois en retard d’une analyse et d’un thème : celui du protectionnisme commence seulement à avoir droit de cité, et il est encore peu décliné dans ses possibles variantes, il eût fallu le choisir il y dix ans, au lieu de signer le traité de Marrakech. La difficulté d’aujourd’hui et le remède sont tout autres : les équilibres budgétaires ou l’ambition de revenir à des équilibres sont-ils compatibles avec la démocratie, et celle-ci se confond-elle avec les simples mécanismes constitutionnels pour adopter les lois et les budgets ? La proposition de referendum en Grèce a montré crûment – ce que laissaient déjà penser les conseils donnés par Valéry Giscard d’Estaing à Jacques Chirac de ne pas soumettre le traité constitutionnel européen au referendum en 2005 et les ratifications du traité de Lisbonne partout selon la voie parlementaire, sauf en Irlande sommée de s’y reprendre jusqu’à alignement ou exclusion – que les gouvernements ne sont plus capables de risquer l’essentiel au suffrage universel. Ce serait acceptable s’il s’en dégageait une instance fédérale européenne, délibérant en tant que telle. Ce n’est pas le cas puisque le dialogue n’existe qu’entre dirigeants politiques et stratégies des investisseurs comme des grands groupes industriels. En France, les entreprises qui ferment et délocalisent sont soit des invesstissements étrangers réalisés pendant les années de croissance mondiale et nationale (des entreprises moyennes dont on a salué avec bonheur le rachat par des étrangers), soit nos derniers éléments d’industrie en propre qui constatent que la croissance et l’avenir sont ailleurs qu’en Europe… et qui ne rencontrent aucun vouloir national ou européen vraiment résolus : comment en serait-il autrement puisque dans leur domaine, juridiquement établi, les Etats ne parviennent pas à résoudre ce qui leur est propre, les problèmes monétaires et institutionnels.
Pour enrayer cette chute tant que nous vivons un bref sursis, il faudrait au moins le prophétisme. Nicolas Sarkzoy en est à envisager de prononcer « un grand discours » donnant ses vues européennes. Le Parti socialiste n’a pas de programme en politique étrangère vraiment saillant ; il ne s’est fait entendre, grâce aux « primaires » appelant des débats radio-télévisés, qu’en politique économique et sociale, c’est-à-dire selon quelques projets supposés concourir à une relance qui a fait déaut depuis 2007, même quand les années n’étaient pas encore trop mauvaises. La France dans huit mois sera donc victime doublement du poids et du succès comparatifs de l’Allemagne, et du démantèlement de l’Union européenne provoqué par celui de la zone euro. Les réponses allemande et française ont chacune été au-dessous des nécessités : Berlin et l’opinion générale du Rhin à l’Oder mettent en cause l’édifice institutionnel et monétaire actuel, la rue de Bercy a quémandé l’entrée de la Chine et des pays émergents dans le Fons de soutien. L’accord entre les deux gouvernements sur quelques éléments de réglementation financière internationale n’a pas d’effet d’entrainement sur une majorité des autres Etats-membres (opposition marquée de la Grande-Bretagne et de la Suède), ni a fortiori sur le reste du monde.
Aussi bien la France officielle que l’opposition de gauche sont donc hors sujet depuis le début de cette année alors que la présidence, nous étant revenue, des G 8 et G 20 devait mettre en grande posture le président sortant, et que les sondages si dévarorables à celui-ci devaient donner l’exclusivité de la parole française à l’opposition par une anticipation générale de son arrivée au pouvoir sous peu. Hors sujet parce que aucun des deux compétiteurs – occupé qu’est chacun à maintenir ou à acquérir la dimension « élyséenne » - n’a vraiment maîtrisé le sujet de l’époque.
Pourquoi ? parce que la question n’est qu’apparemment économique et financière et que l’identification qui a commencé de se faire du combat en cours à propos de la capacité et de la légitimité des Etats en tant que tels pour maintenir et améliorer les équilibres en tous domaines, devrait faire comprendre quel est l’enjeu final : la société. La dégénérescence de la démocratie, réduite à de simples formes ou à des invocations mensongères – la France en est l’exemple depuis 2007, comme le montrent la multiplication des « affaires » et la rigidité en regard d’une majorité parlementaire ne gênant jamais le président ni le gouvernement (alors qu’en Italie, elle a su défaire le « cavaliere » - devrait conduire à la confrontation sociale. Celle-ci ne se produit pas ! Naguère, la question était de savoir combien de temps les déploiements de force intimideraient les velléités contestataires, et même insurrectionnelles : nos régimes au XIXème siècle étaient emportés par la défection des troupes ou par la défaite militaire, 1814-1815 et 1870 ayant même leur réédition en 1940 au lieu de 1934 avortement des schémas de 1830 et de 1848. Aujourd’hui, la question est inverse : comment n’y a-t-il pas révolte collective alors que les détresses individuelles tendent à n’être plus minoritaires, que les sujets de mécontentement grave (fonctionnement de la justice, de l’école, de la police, de la santé) s’additionnent pour une critique globale d’un « dépérissement de l’Etat » que Karl Marx n’avait prévu, mécaniquement, qu’en faveur d’une démocratie directe, celle de la dictature du prolétariat, et qui se réalise bien plus radicalement par le transfert aux intérêts de quelques-uns, pudiquement qualifié de secteur concurrentiel, des prérogatives et devoirs de service public. Des débats apparemment quantitatifs comme celui portant sur les retraites ou sur la carte judiciaire sont en réalité des mûes : la privatisation de fait d’une part de plus en plus grande des régimes sociaux, la dérive possible des procédures d’abord civiles et commerciales, puis pénales vers des systèmes virtuels pour l’instruction et les audiences, et sécuritaires pour le traitement des condamnés au-delà des peines infligées contradictoirement.
La mondialisation n’a pas seulement bouleversé la géographie économique et changé les lieux de croissance et ceux de risque, elle a imposé l’indivualisme. En même temps que dépérir l’Etat se sont acentuées la perte des consciences de classe et l’absence de critique des salariés sur le système d’entreprise ou de collectivité nationale les régissant. Les réveils ne se font qu’à la barre des tribunaux de commerce ou devant les prud’hommes. Significativement, les débats – recommandés par Jacques Chirac aux maires quand fut abrogé le « service militaire » pour les hommes – montraient que la guerre future pour les adolescents de 1995 serait une guerre civile. Le schéma des émeutes en banlieue ou des confrontations communautaires était alors esquissé. Stéphane Hessel semble, aujourd’hui, l’émule d’Ivan Illitch et d’Herbert Marcuse parce qu’il fait revenir à un autre schéma : la mobilisation pour un bien commun au lieu d’une solidarité d’âge ou de communauté. Le bien commun, une certaine éthique faisant occuper la place principale à Madrid puis l’espace le plus voisin de Wall Street outre-Atlantique. Mais il y a déjà une troisième cause au mouvement de masse : l’humiliation nationale, la Grèce est en train de la vivre, plus consciente que le reste de l’Europe car la neutralité américaine et la condescendance chinoise sont à la fin de 2011 une réponse inattendue, stupéfiante aux ambitions du « réarmement moral » et des préambules des traités fondateurs européens de 1951 et de 1957, et bien entendue à la naïve et prétentieuse « stratégie de Lisonne » au début de la décennie et de ce nouveau siècle.
Une explosion sociale en France, comment ? les fermetures d’usine sont dispersées géographiquement, les thèmes nationaux que furent les successives réformes des régimes de retraite n‘ont produit que des contestations discontinues et pacifiques, sans jamais la grève générale en 2003, en 2007 et en 2010. Les combinaisons décisives d’un mouvement de masse par les étudiants et les lycéens, d’un blocage des communications et transports de personnes et de marchandises, de la grève générale n’ont pas eu lieu. Sans doute aucune ne se décrète froidement. Les événements de Clichy et de Villiers-le-Bel montrent cependant que comme au XIXème siècle, la mort d’hommes, surtout de jeunes, est explosive ; mais ils sont restés circonscrits, et massivement contenus par la force et aussi par l’empêchement des médias de répandre le choc dans les esprits. Il est probable que l’approche de l’élection présidentielle fera attendre les uns et les autres. Ceux qui comptent sur une victoire de la gauche pour changer le cours qu’ils critiquent, ne voudront pas risquer la violence au lieu du bulletin de vote. Ceux qui la redoutent n’ont évidemment pas de raison de contester les gouvernants qu’ils veulent maintenir en place.
La confrontation sociale sera donc postérieure à l’élection présidentielle, la faillite financière, l’étranglement budgétaire, l’aggravation du chômage seront antérieurs. Cette séquence probable contredit, fondamentalement, le débat électoral puisque celui-ci se nourrit de la souplesse des échanges de programmes et de critiques tandis qu’est de plus en plus rigide l’évolution statistique du pays. Les dés sont pipés pas tant par la mauvaise foi des uns ou l’infériorité tactique des autres ou encore une apathie générale des Français malgré l’attrait de toute campagne présidentielle pour les médias et une partie – celle qui s’exprime et qui vote – de la population ; ils le sont parce que notre société et notre économie changent sans que nous en décidions collectivement. Automatiquement ? ou du fait de quelques collusions ? et, si oui, lesquelles ?
*
* *
La conclusion s’impose : le projet de refondation doit anticiper l’exclusion du président sortant pour assurer celle-ci et pour énoncer un avenir européen autre que l’effet du poids allemand. Elle s’impose en raison, mais elle a toutes chances de ne s’imposer ni dans le discours des concurrents pour l’Elysée, ni dans les esprits.
Tout semble se passer en ce début de campagne présidentielle, uniquement nationale même si la coincidence sera de plus en plus forte avec des mûes gouvernementales au sud de l’Europe et avec d’autres campagnes électorales en Allemagne et en Amérique, comme une dévotion consensuelle à une machinalité du rite, à date fixée – puisque personne n’a réfléchi à la nécessité d’avancer le scrutin pour nous adapter aux urgences et traiter immédiat en termes d’un avenir conduit par le nouvel élu ou par un président confirmé. Les G 20 et G 8 ont sacrifié à la même liturgie depuis l’été, les ordres du jour ont été bousculés par les événements sans qu’ils soient traités mais les novations n’ont pas pour autant été exploitées ou palliées. Les « dirigeants de ce monde » et les électeurs français ont perdu la sensation – longtemps régnante quand s’institua l’élection du président de la République au suffrage universel direct ou s’inventa, d’initiative française (Valéry Giscard d’Estaing) la réunion des principaux dirigeants de pays dits « occidentaux » - que la décision leur appartient. Se réunir, délibérer pour les uns, voter en connaissance de cause pour les autres est une belle parade mais n’a plus de sens. Qui sauvera la société ? comment se déploiera l’évidence que le cours actuel entre les nations est belligène et morbide ? quand l’immoralité du règne qui ne s’achève qu’en principe, et l’exceptionnalité d’un tel abus de droit, de mœurs et de communication seront-elles détestées comme elles devraient l’être dans un Etat de droit ?
L’écart est si grand entre la conscience générale mais non dite d’une gravité sans précédent de la « crise » que nous traversons tous, sur notre planète bleue, verte et blanche, et l’artifice des bavardages officiels comme du commentaire courant, que – forcément – devrait éclater quelque chose. Certains peuples sont passés en début de cette année d’assoupissements qu’on croyait pérennes et qu’on jugeait bénéfiques aux tiers que nous sommes, la suite est devenue incertaine. Les peuples européens doutent chacun de leur avenir propre mais récusent généralement leur identité commune, la suite devrait être évidente mais elle est manifestement ignorée par ceux qui devraient en décider ou au moins l’opposer à la cécité de ceux dont ils briguent la place.
BFF – 18 X au 17 XI 11
disponibles par courriel sur demande,
les réflexions de même type sur l’élection de 2007 regroupées en un seul volume qui va chercher son éditeur :
Journal d’une élection ratée
et les trois premières d’une nouvelle série pour l’élection de 2012
2 . 3 Octobre 2011
Crise du dedans ou crise du du dehors ? une élection sous-dimensionnée
Une élection à tant d’inconnues, qu’elle n’a pas de précédent
– quel débat ?
– quel candidat ?
– quelle enceinte et quelle scène : temps, lieux et partenaires ?
Une crise dont les éphémérides nationaux et internationaux sont difficiles à lier
- manque de dialectique : la crise, cause ou effet ?
- rôles erronés : la crise d’un gouvernement ou celle de la démocratie ?
- discernement sans objet : la crise de la volonté nationale ou la crise des consciences ?
11 . 12 Octobre 2011
La liberté de pensée en voie de réapparition
Le révélateur des primaires socialistes
– les faits
– les réactions
– l’initiative des thèmes a changé
la politique : deux manières ou deux fonds.
– deux militances se distinguent plus clairement qu’avant
– le décalage entre les opinions et les mouvements politiques
La VIème République ou un retour à la Vème République ?
La politique étrangère absente du débat ?
Conclusions à la suite du débat Aubry/Hollande
15 Octobre 2011
Comme un pays se perd
La culture du chef
La seule voie qui permette des alternatives pratiques et à terme : le choix