vendredi 21 janvier 2011

Inquiétude & Certitudes - vendredi 21 janvier 2011


Vendredi 21 Janvier 2011



Prier…
[1] il appela ceux qu’il voulait. Le salut universel, les vocations particulières, les rôles, une hiérarchie… à certains moments de son histoire et selon ses hiérarques, précisément, l’Eglise y tient beaucoup, à d’autres … ils vinrent auprès de lui, et il en institua douze pour qu’ils soient avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les esprits mauvais. Donc, il institua les Douze… ce qu’ils firent chacun, y compris Judas, a été décisif. Ce qu’ils furent plutôt. Des témoins. Fondèrent-ils ? non, car tout a été fondé et ne continue que par le Christ. Vocation particulière, appel, sans doute mais universalité du destin d’intimité avec Dieu… car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. Je serai indulgent pour leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. Et depuis nous marchons, comme naguère avant nous, on avait attendu. Et nous sommes aussi de la race spirituelle de l’attente. Et de l’alliance. Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les inscrirai dans leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus besoin d’instruire chacun son concitoyen ni chacun son frère, en disant : ‘Apprends à connaître le Seigneur’. Car tous me connaîtront… Ainsi soit-il !

début d’après-midi

Un connaisseur de la Tunisie et du « monde arabe », au téléphone. compte-rendu bientôt

soir

Télévision… nous ! la France de maintenant dont je ne veux pas qu’elle soit la France. Deux visages également horribles.

Sur LCP, la chaîne parlementaire, un documentaire ou une enquête hallucinante sur les intérimaires des sous-traits d’Arcelor à Dunkerque. Le travail comme avant le rapport Villermé (1846, sous Louis-Philippe). L’horreur. A rapprocher du propos, juste avant son lapsus, de Sarkozy, les délocalisations, je peux les admettre en Chine et en Inde, justement : Arcelor, mais pas en Allemagne. De ces dernières, forcément sujettes au droit et aux usages européens, les exemples sont à fournir. Nous avons les camps de rétention, nous avons le racisme d’Etat, je découvre les négriers modernes, une médecine du travail concluant à la mort naturelle d’ouvriers travaillant parfois plus de vingt heures d’affilée, convoqués de jour et de nuit, sans préavis : mourir de travail et à titre intérimaire.

Sur la 5, l’autre horreur, notre pusillanimité, notre égocentrisme, notre superficialité. Les mémoires de Jeambar, passé de l’Express au Seuil, dont le style, les phrases ou portraits sont loués, alors qu’ils sont banaux ou nuls, sans trouvaille de mots et surtout sans perspicacité. Le sketche d’Alexandre Jardin qui a fait de sa famille son fonds de commerce en la crachant. Du coup, même un apôtre comme le Père Gilbert, est ennuyeux à entendre. Le seul décor de studios de télévision tandis qu’on meurt dans la sidérurgie des bords de l’eau à Dunkerque ou qu’en Haïti, un an après, on est toujours sous tente à pleurer deux cent mille morts et à crever de choléra comme au temps du Hussard sur le toit… ce seul décor de l’artifice de notre classe dirigeante micro-céphale et autiste, fait « gerber ».

De Gaulle, le mythe… la voix, bien sûr, les images, bien sûr. Mais de même que Sarkozy n’existerait pas s’il n’y avait notre tolérance et d’abord l’avilissement de ce que l’on appelle communément les élites, de même de Gaulle n’aurait pas existé s’il n’avait correspondu à une attente et à une aspiration des Français. Le 18 Juin n’est pas un appel aux Français, il est une réponse apaportée à – d’emblée – beaucoup plus de Français qu’on ne le croyait sur le moment, qu’on ne l’a cru d’abord, qu’on ne le pense maintenant. En revanche, faire de qui que ce soit un génie – Dieu s’est fait homme – c’est le priver de toute postérité et l’enfermer au musée. Ce premier point, ce sont les Français qui font leurs grands hommes et leurs petits hommes, je le découvre ces temps-ci, grâce à Sarkozy. Quant au second, le génie qu’on encense est l’alibi pour le trahir, cf. 1968-1969, les « gaullistes » allant à Pompidou, il m’a conduit dès 1969 à une pensée autonome sur notre époque : j’avais alors 25 ans, la fidélité est la clé de l’imagination. En amour et en… politique, mais – idéaliste et refusant l’inféodation, toujours très vite soupçonné de vouloir un rang ou de dominer – je n’ai pu le démontrer.Jeambar écrivant ses rencontres, j’écrirai mes fidélités, elles sont toutes la même, sur pratiquement tous les sujets et ma vie a voulu que ce soit dans deux pays et dans deux histoires : la France, et la Mauritanie. Les circonstances historiques d’une banale jeunesse y ont été pour beaucoup, mais peut-être pas pour tout, il y a eu l’attraction pour cette forme de beauté qu’est la sobriété, et seule la grandeur est sobre : elle sait accueillir, écouter, s’effacer. De Gaulle, Moktar Ould Daddah, par exemple. Ce qui à moi, et à beaucoup, a suffi.
compléter par un commentaire sur les commentateurs



[1] - lettre aux Hébreux VIII 6 à 13 ; psaume LXXXV ; évangile selon saint Marc III 13 à 19

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