jeudi 7 octobre 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 7 octobre 2010


Jeudi 7 Octobre 2010

Prier, faire ce que l’on peut pour le monde, pour qui l’on aime, espérer la conversion ou le retour au réalisme de ceux dont, à tort ou à raison, on croit qu’ils gouvernent mal, espérer dans le ressort entier de la création et d’autres accouchements. Notre-Dame du Rosaire, la trame d’une vie, des vies, de nos vies, autant de mystères : dévotion qui a sa profondeur et sa psychologie, un moine aimé et accueillant en fit son testament en coincidence avec l’un des derniers mouvements du pape précédent. D’un seul cœur, ils participaient fidèlement à la prière. [1] La médiatrice par excellence, c’est là qu’ils se tenaient tous… avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus et avec ses frères. Message : il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Nous tous en fait puisque nous nous croyons quelque chose, alors que nous ne sommes que serviteurs et n’accomplissons que notre devoir (évangile d’il y a quelques jours… dimanche dernier) et puisque les puissants et les riches sont indigents et pauvres de leur puissance et de leur richesse. Tous à recevoir. Non du bien, mais une personne car rien n’est impossible à Dieu. … Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Le créateur, sa créature, la création, la réedmption, respiration universelle, espérance prière. Marie ensuite en hâte partira, une jeune fille, une vierge accordée en mariage à un homme de la maison de David, à qui l’on assure : voici que tu vas concevoir et enfanter un fils… il sera grand… le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David. Ainsi advint-il … ainsi sera-t-il pour notre espérance, notre attente, notre prière. Marie part, non pour vérifier que sa cousine est effectivement enceinte, signe donné par l’ange, mais pour aider celle-ci, tellement elle a cru Gabriel sur parole. En tout.

matin

Admirable communicante qu’est Sylvie Pierre-Brossolette du Point. Dans le « duel » quotidien avec Laurent Joffrin de Libération, elle dit exactement ce que pense et ce qu’est le prince régnant. L’affaire des retraites est bouclée, cela sera votée, la gauche parlementaire en sera enchantée car si elle vient d’aventure au pouvoir, le « sale boulot » sera fait, dont elle n’aura pas à supporter l’impopularité (le recul sans cesse de Lionel Jospin sur le sujet dans la perspective de se ménager l’élection présidentielle de 2002…) et elle ne brodera qu’en bordure. Le cynique ne voit les autres que cyniques comme lui, et en plus hypocrites parce que ne s’admettant pas cyniques – eux au contraire de lui qui s’affiche. Les manifestations s’essouffleront, une fois le texte acquis. Les grèves ne dureront pas : les salariés trop au tapis pour bouger encore. Tout va bien, Le Point titre : « Comment il prépare sa revanche ! ». Revanche sur qui ou quoi, sur la tentative d’un défi pas relevé finalement ? et quel outil de revanche ? le changement de Premier ministre, faute majeure si elle est commise, tous les peureux de la majorité que tout de même l’extrême droite au pouvoir inquiète, iront à François Fillon, comme naguère ceux qui craignaient « une politique PSU » de la part de l’homme du 18-Juin, affluèrent chez Pompidou. Crainte, l’anicroche en manifestations, d’où les recommandations à Hortefeux en conseil des ministres : tout faire pour éviter l’incident, mais Murice Grimaud n’est plus là. Crainte aussi que les étudiants se mettent de la partie, les syndicats ne les contrôlent pas (les syndicats : certitude du gouvernement qu’ils maintiendront l’ordre, et se contenteront d’une concession symbolique pour tout conclure, vg. la situation des femmes… chaque mot chez Sylvie Pierre-Brossolette, compte… la situation des femmes ne mérite qu’une concession à la marge !). C’est exactement l’inverse de la situation de 1968 et des hantises du préfet de police que la France eut la chance d’avoir alors à Paris… on redoutait que le mouvement social et la grève générale ne rejoignent et n’appuient le mouvement étudiant. Maintenant, ce serait aux étudiants d’appuyer les salariés. – Tout cela est sidérant d’autisme et de cynisme. Je ne crois pas que l’année se termine dans ce calme de la résignation.

Déni des faits et deux tentatives : mimiser ce qui est indéniable, la lettre de démission de Bernard Kouchner… reporter l’attention à plus tard… le site de l’Elysée titre déjà sur l’accélération des débats, contacts et préparatifs internationaux dans la perspective de la présidence française des G 20 et G 8 comme si tout avait été au point mort depuis le second semestre de 2008, présidence française de l’Union.

midi

Révision constitutionnelle non écrite : le Président de la République, et lui seul aux lieux et places des parlementaires, a l’initiative des propositions de loi, en priorité sur les projets de loi qui restent d’initiative gouvernementale. Lui seul a droit d’amendement aux projets de loi déposés par le gouvernement, et cela à tout moment du débat. Addendum au règlement intérieur des assemblées : la présidence des groupes parlementaires constituant la majorité est assurée exclusivement par le Président de la République, tenant séance dans ses propres locaux.

En effet, « nouvelles » de midi : « Sarkozy demande un amendement », le sort des femmes, etc… réclamations de la HALDE, des associations et du président du Sénat. Cent trente mille familles concernées. Jusqu’où ira la démagogie ? nous le saurons à la clôture de la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle, nul doute que ce sera monumental. Dialectique : 1° le Président refuse ; 2° 3° 4° il re-refuse et persiste dans son refus ; 5° un sous-fifre, quoique de rang ministériel, voire le Premier ministre, laisse entendre que des accommodements, peut-être… ; 6° bombances et carillon dirait Clappique (versus Malraux), le Président gratifie, accède, entend les supplications qui correspondent si bien et rencontrent tellement le dessein de son cœur depuis l’origine, quoique demeuré inconnu à l’instar de Dieu selon saint Paul. Bravo, l’artiste !


début d’après-midi

Se poiler… je n’ai pas entendu la locution depuis des années, elle m’était familière d’oreille et de parler quand j’avais quinze ans. Après ? Donc, cela date une génération… Jean-Michel Ribes, actuel directeur du théâtre du Rond-Point, à France-Infos. en début d’après-midi. Eloge de deux de ses livres et d’une vie menée avec humour. Je n’en avais jamais entendu parler, mais je ne suis pas un bon exemple et je ne suis pas parisien et je n’ai plus dû entrer (et demeurer) dans un théâtre depuis une dizaine d’années : genre de vie et de finances. Il prêche avec agrément la résistance, on la lui fait définir par rapport à celle qui s’écrit avec une majuscule (celle-ci définie par son objet indirect grammaticalement, direct dans les faits, résistance à l’occupation nazie – ce qui au passage me fait rectifier, assez facile de dire les nazis, comme censément il n’y en a plus, en tout cas pas avec les étiquettes, grades, costumes et surtout possession d’état, on ne risque rien. Je crois qu’il faut dire les Allemands. Nous étions occupés par la Wehrmacht, des soldats d’arrmée régulière, en service commandé mais dont la présence et la pression a tout permis et à beaucoup. On ne dit pas les napoléoniens pour les Français ravageant l’Espagne ou se couvrant de gloire ailleurs, on dit les Français, disons les Allemands, d’autant qu’il faut se réconcilier et que nous l’avons, chacun en tant que tels). Résistance à la société qui dicte le réalisme. Regarder la réalité en face. Il cite un auteur que je ne retiens pas : regarder la réalité en farce. Moi, sans jeu de mots, j’ai tendance à la regarder de profil, c’est souvent déjà beaucoup moins, j’en sais personnellement que chose (autodérision et amour de soi, vraie responsabilité). Résister comment ? l’humour précisément. Ne pas confondre (c’est ainsi que Ribes devient intéressant) créateurs et ricaneurs. Censure aujourd’hui ? notamment dans les médias. Non : auto-censure. Il ne développe, c’est pour moi du même ordre (lamentable) que la tolérance des politiques envers le dévoiement voulu, conduit, orchestré par Sarkozy, dévoiement des morales individuelles et collectives, appropriation de tout l’Etat, cumul de toutes les prérogatives publiques (y compris législatives et judiciaires), et de beaucoup de privées (par les réseaux, les nominations, les échanges de services). Il relève évidemment la susceptibilité extrême à la tête de l’Etat. – Ma chère femme, à l’énième rediffusion du « Paris martyrisé mais Paris libéré », remarque l’évidence : l’homme du 18-Juin dépasse chacun d’une tête (de son vivant), l’autre est dépassé d’au moins une tête par tous. Ni l’un ni l’autre n’y peut rien, mais ce semi-handicap (dont Michel Jobert fit sa stature et notre redressement en 1973-1974) oblige…


[1] - Actes des Apôtres I 12 à 14 ; Magnificat Luc I 46 à 55 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38

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