mercredi 12 mai 2010

la burqa - débat à l'Assemblée nationale et réaction personnelle

Assemblée nationale
XIIIe législature
Session ordinaire de 2009-2010
Compte rendu intégral
Séance du 11 mai 2010

Respect des valeurs républicaines


M. Jacques Myard.

Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, c’était une belle journée de printemps dans un parc animalier des Yvelines, une journée paisible. Enfants, parents savouraient nonchalamment en famille la beauté du site et de la nature. Soudain, mon regard fut attiré par un spectre noir méconnaissable, entouré de quelques bambins qui virevoltaient. Devant, marchait fièrement un homme à la barbe abondante et au regard sévère. À cet instant, pétri d’étonnement devant cette vision, deux images me vinrent à l’esprit. La première est celle que je garde d’une visite à Riyad où, dans la salle de l’aéroport, soudain, des choses noires, immobiles, posées à même le sol, se mirent à bouger. C’étaient des femmes.

(Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Mais, en parallèle, et en réponse, me vint avec force en mémoire les portraits des femmes qui dans notre pays, depuis des siècles et des siècles, ont concouru à instruire les hommes et leur ont transmis les principes et les valeurs qu’ils portent à leur tour. Chacun sait identifier, dans sa propre histoire familiale, ces femmes courageuses : la grand-mère, paysanne, ouvrière, qui garde les petits-enfants aux grandes vacances, la mère, l’institutrice, qui veille au jour le jour sur les enfants pour qu’ils deviennent des hommes. Alors, oui, je vous l’avoue, dans ce parc animalier, je me suis senti offensé, insulté même, par cette pratique vestimentaire, véritable prison pour les femmes, offensé et blessé, car c’est tout le monde de mon enfance qui était nié, bouleversé, violenté. Que serais-je devenu sans ces femmes, la mère de mon père et celle qui a remplacé ma mère, hussard de la République, qui toutes deux m’ont fait grandir et m’ont transmis l’esprit de résistance pour devenir un citoyen ? Oui, c’est au nom de cet esprit de résistance que m’ont inculqué les femmes qui m’ont élevé que je me suis fait le serment de tout mettre en œuvre pour bannir cette pratique, négation même de notre être politique et culturel. J’ai alors décidé de déposer une proposition de loi pour interdire cette pratique. C’était en 2006. Comme toujours, le temps législatif est long, pour que l’évidence de la vérité puisse prévaloir. Ce temps prévaut aujourd’hui, car le voile intégral n’est pas une simple pratique vestimentaire : il est la partie noire et visible d’une volonté politique d’imposer une vision communautariste et religieuse, intégriste, comme norme de vie au mépris des lois de la République. Le voile intégral est l’expression même d’une démarche politique dangereuse, qui porte en elle tous les ingrédients d’un affrontement inéluctable car elle correspond à un processus de rejet de l’autre.

M. Jean-Michel Boucheron. Absolument !

M. Jacques Myard.
Je cache mon visage pour que les hommes ne voient pas ma beauté. Je refuse d’être examinée par un médecin homme. Je ne me baigne pas à la piscine avec les hommes. Je ne mange pas à côté de celui qui mange du porc. Voilà la vérité ! Voilà la logique politique inadmissible que nous ne pouvons pas admettre, au risque d’aller tout droit à des affrontements, voire demain à la guerre civile. Il faut y mettre un terme avec fermeté. Ayant en mémoire toutes ces femmes de notre histoire qui ont fait ce pays ; avec la femme du Galate, notre ancêtre, qui combat à la mort avec son compagnon et qui est immortalisée dans la statuaire de Pergame dont une copie préside, ici, à l’Assemblée nationale ; avec Jeanne Hachette, défendant Paris contre les Vikings ; avec Jeanne la Lorraine boutant l’ennemi hors de France ; avec les munitionnettes de la guerre de 14-18 ; avec les femmes de la résistance et les Françaises décharnées de Ravensbrück, je voterai avec conviction le bannissement de cette pratique dégradante.
(Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)

M. Jean Glavany. Quel talent !

M. Éric Raoult. C’était du grand Myard !

----- Original Message -----
From: Bertrand Fessard de Foucault
To: Myard Jacques
Sent: Thursday, May 13, 2010 8:10 AM
Subject: Re: Séance du 11 mai 2010 : Respect des valeurs républicaines
remarquez l'obligation de pratique anglophone sur le territoire de la République française

Sans doute du grand Myard, mais après deux ou trois contraventions ou verbalisations, que ferez-vous ? il vaudrait mieux pour des cas très isolés laisser faire le ridicule. En fait, ces pauvres femmes - dont certaines doivent être fières cependant de cette "fidélité" - sont surtout cloîtrées chez elles, du moins je le suppose, car je n'en ai encore vu aucune dans nos rues à Paris ou en province. Et nous avons sans doute aussi quelques femmes, de naissance non musulmane, mais converties à l'occasion ou à cause de leur mariage, qui doivent s'enorgueillir de leur solidarité nouvelle avec des exclus, avec une religion que nous nous obstinons à ne voir que d'un côté et que de seconde main, avec des incompris et des incomprises. ce sont nos manières et celles d'autres qui ont créé ces soifs identitaires ; je l'ai vêcu avec plus ou moins de proximité aussi bien pour des compatriotes de nos territoires et départements d'outre-mer que pour des musulmans maghrébins, installés chez nous depuis longtemps. Il faut beaucoup de patience et d'intelligence pour que ceux-ci et ceux-là ne se sentent pas méprisés, de seconde zone, sinon implicitement insultés. D'où ces réflexes identitaires, d'où les haines que nous avons provoqués et que le "succès" du 11-Septembre a attisées comme une révolution mentale enfin possible.

C'est doublement-triplement dangereux parce que nous n'éduquons personne à la tolérance, parce que nous nous parlons entre nous d'une façon facilement unanimitaire, parce que nous n'allons pas au fond des choses. Que de questions touchant à nos équilibres d'âme nationale (et humaine) sont traitées de plus en plus approximativement, alors que ce fond est connaissable et étudié - qualité du rapport sur le voile, par exemple.

Valeurs républicaines. On en parle tellement depuis quinze ans, cela date de Chirac 1995... ce sont des valeurs mal définies et en fait tout simplement des valeurs humaines, des convictions humanistes. La République est - dans les emplois de Mars servant la République écrivait La Fontaine sous Louis XIV - pour moi soit le nom le plus général possible pour un régime de bien commun, soit un type de démocratie dans lequel le chef de l'Etat, quelles que soient ses prérogatives, n'est pas héréditaire et n'y prétend pas. A force de ne pas définir ou d'être très loin des sens premiers de beaucoup de nos mots en discours public, on est dans la langue de bois. Pardonnez ce paragraphe, j'aurais pu l'adresser à la quasi-totalité de ce qui est devenu la classe politique (appellation apparue après de Gaulle : la République des camarades, vg. Jouvenel, semblait plus enjouée).

Pour moi la priorité sinon l'obsession est que cesse l'insulte à notre pays, le gaspillage de nos forces, l'attentat à notre image, que constitue l'eexercice des fonctions présidentielles par NS. Et bien entendu, enlevée la burka de la propagande doublée d'une tolérance de plus en plus apeurée des médias continuant de gloser sur le pouvoir actuel comme s'il n'était pas pathologiquement tenu, aucune des gestions et des réformes, et aucune des présences sur la "scène" internationale, de NS n'est conséquente ni efficace.

En somme ce débat sous un autre mandat présidentiel n'aurait pas eu lieu.

Chaleureusement (quand même et avec constance) avec vous. En improvisant et sans trop me relire, mais vous couriellant ma réaction ab irato.

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