samedi 1 mai 2010

Inquiétude & Certitudes - samedi 1er mai 2010


Samedi 1er Mai 2010

Prier… rétrospectivement les textes d’hier
[1] et maintenant ceux d’aujourd’hui [2]. J’y entre tout chargé du souvenir de vingt-quatre heures de poésie et de drames d’intelligence et d’interrogations, deux routes nord-sud puis sud-nord à travers notre pays que les autoroutes mettent à notre disposition comme jamais mais en le schématisant, passage devant des vitrines rapidement et sensation que le pays tel qu’il est n’est pas présent à l’esprit et au cœur de tous, et d’abord de ceux qui en ont la charge, nos éphémérides saccadés et meosongers sont pantins et hors sujets au regard de nos paysages et de ce qu’ils disent de vies, de certitudes et d’espérance millénaires… puis en stop le joli couple de néerlandais de vingt ans et le bilan d’une Europe où nous ne vivons toujours pas ensemble et où nous nous connaissons les uns les autres moins que jamais… enfin à destination pour ces trois jours de deuil et de famille, la couverture de Match, plus que scandaleuse quand la « crise », belle exonération pour toute idéologie, institution et coroporation de dirigeants en tous domaines, quand la crise continue de tuer : une actrice de talent certes s’exhibe en couleur de pureté sous les titres « avec Thomas, j’ai eu envie de faire un enfant » et explication « des photos sensuelles prises par son compagnon ». Je suis scandalisé par le mot « faire », par « envie », par l’égotisme, par l’apologie régnante de l’union de fait et implicite depuis plusieurs années de l’argent. Seule page de vérité : Delors, je suis meurtri par l’intervention du FMI en Grèce. Evidence de l’échec de l’Europe, il n’y a plus même de solidarité, une sorte de Munich financier (les Etats face aux banques, courbés devant ce qu’ils savent leur bourreau et ne gagnant pas même le temps de s’armer), tandis qu’un de mes « camarades » de l’ENA passéchez Goldman Sachs ! après avoir présidé à la vente du CCF aux intérêts chinois emmenés, croient-ils, par les Britanniques, explique devant le parterre de SciencesPo. son parcours… qui est tout sauf l’honneur et le pays, qui n’est que « réussite » selon les cooptés et complices des réussites individuelles autant que de l’échec d’une époque et de plusieurs générations.

Je m’agenouille ce matin dans l’espérance pour nous, mes aimées et moi, et qui elles aiment, et pour moi, et pour notre pays, et pour notre époque. Je prie pour ceux qui viennent de mourir et qui nous précèdent en pleine lumière, et me remets en Dieu de miséricorde qui nous connaît, nous attend et plus encore que nous-mêmes, espère… en notre liberté et en nos talents, bien plus que dans les engrenages de la sottise et de l’égoisme. Là où je suis, vous y serez. Question de Thomas, dit l’incrédule : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? Le disciple, si précis, ne se préoccupe que de suivre, pas du tout du point d’arrivée, mais il déduit putativement le chemin de ce point. Jésus n’assure-t-il pas : pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin… car, selon le Christ, le chemin c’est lui-même. Les notions de lieu, de personne, de salut, de route et d’aboutissement fusionnent totalement : moi, je suis la voie, la vérité et la vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Expérience conjugale banale ( ?), celle de tout amour tant soit peu vêcu, nos lieux essentiels sont des personnes. Encore faut-il qu’elles soient présentes, solides dans leur existence : la promesse que Dieu avait faite à nos pères, il l’a entièrement accomplie pour nous en ressuscitant Jésus. Lien possible, celui d’un Joseph, homme de foi : quel que soit votre travail, faites-le de bon cœur, pour le Seigneur, et non pour plaire aux hommes ; vous savez bien qu’en retour le Seigneur fera de vous ses héritiers. Certainement pas de l’échangisme, nous ne sommes pas de taille ni de valeur intrinsèques, mais le fait – décisif – notre relation à Dieu antérieure à nos chutes, aux destinées apparentes de tout être vivant et de toute la création qui va avec : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Promesses de notre nature, identité profonde de chacun de nous et structure de nos présences mutuelles et au monde : la responsabilité, la fécondité. Il est vrai que la Genèse est inépuisable, pour tout lecteur attentif, la vie à son origine y est totalement dite, expliquée mais le mode d’emploi vient avec le Christ : dans votre vie, mettez l'amour au-dessus de tout ; c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former un seul corps. Ainsi soit-il ! viatique de tant de réponses, à mes douloureuses questions. Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Prier, espérer, marcher pour nous-mêmes avec à nos mains et sur nos épaules ceux qui n’en peuvent plus et étaient proches du ravin et de l’immobilité du désespoir et de la perte de toutes forces. Et ils étaient profondément choqués à cause de lui… et il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi. Vrai homme pour que ses camarades et compagnons de jeu et de « catéchisme » avant la lettre le sachent fils du charpentier. Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes de chez nous ? et vrai Dieu, seule réponse intuitive mais commandant tout à l’interrogation : d’où lui vient tout cela ? Plutôt que de questionner sur moi, sur nous, sur l’époque, questionner sur Dieu, questionner Dieu, c’est-à-dire Le prier.

Agitation frénétique de Sarkozy. S’afficher en tête du combat pour la Grèce, donner déjà des instructions au G 20 Finances, stigmatiser les agences de notation faisant pluie et beau temps, préparer de Chine sa propre présidence du G 20. Aucune culture et aucune réflexion lui permettant une certaine anticipation, car ce dont il s’aperçoit ou se scandalise dans l’évolution de la crise financière était prévisible et est mécanique depuis le début : le transfert des dettes bancaires et autres sur les Etats ne faisait que transférer la charge de rester solvable et crédible des banques aux Etats. L’ultime étape étant la pression fiscale et donc lza révolte sociale d’autant que cette augmentation générale des imôts coincide avec les recherches et plans divers pour le financement des retraites. A la clé, évidemment, les chutes de popularité de chacun : Sarkozy aux abysses mais Obama en dégringolade constante depuis sa prise de fonctions.

Le succès de librairie : Kerviel, son livre avec passage aux télévisions de vingt heures.

Incident franco-africain : André Parant aurait tenu des propos et donné un entretien selon lesquels plusieurs chefs d’Etat africains ne sont pas ce qu’ils devraient être… l’ambassade de France à Dakar dément et tout cela me semble plutôtlié à la guerre de succession au Sénégal et à la tentative du clan Wade d’y instaurer l’hérédité. L’actuel « Monsieur Afrique » à l’Elysée n’a pas du tout ni le maintien ni surtout la mentalité de ses prédécesseurs, de surcroît il est tout à fait « carrière », certainement pas subordonné à quelque camarilla ou système de pensée et d’expression quels qu’ils soient. – En revanche, que Sarkozey ne soit pas allé à Dakar, il y a quelques quinze jours pour participer avec dix-neuf de ses homologues africains à l’inauguration d’un monument, à ce que j’ai compris, commémoratif des indépendances en 1960, a été une faute et de goût et de politique.

[1] - Actes des Apôtres XIII 26 à 33 ; psaume II ; évangile selon saint Jean XIV 1 à 6

[2] - Genèse I 26 à II 3 ou Paul aux Colossiens III 14-15 & XVII 23-24 ; psaume XC ; évangile selon saint Matthieu XIII 54 à 58

Aucun commentaire: