jeudi 4 mars 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 4 mars 2010


Jeudi 4 Mars 2010


Prier…
[1] la parabole de l’homme riche et de Lazare. Le même prénom que le frère de Marthe et de Marie, hasard ? images du séjour des morts, bien proche de celle de la mythologie grecque. Exposé des arguments de la foi qui n’attachent aucun incroyant. Justice distributive par changement des rôles et des sorts. Tu as reçu le bonheur dans ta vie et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c’est ton tour de souffrir. … Quelqu’un pourrait bien ressusciter d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. Surmontée sa sécheresse, le texte dit beaucoup : il anonce la résurrection du Christ et son peu de prise sur les contemporains comme, aujourd’hui, sur notre époque. On admet la morale évangélique, pas celle des souverains pontifes de l’Eglise pourtant fondée par ce Christ. L’événement : résurrection, n’ébranle pas. Soit que nous en ayons la routine, soit que cela passe pour une supercherie qu’à chaque génération on établit en critique interne des évangiles, le Coran ne fut sans doute pas le premier à le faire, les évangiles eux-mêmes énoncent la thèse des Juifs sur la susbtitution ou la disparition du corps. Le texte montre aussi l’altruisme relatif du riche tombé en enfer, il souhaite que les siens ne l’imite pas. Tout semble figé et même Abraham est dominé par la disposition des lieux, si l’on peut écrire : un grand abîme a été mis entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient aller vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne vienne pas vers nous. La place de l’espérance, rien ne peut bouger… ni les hommes, ni les arrangements de « l’au-delà »… qui ne sont pourtant présentés comme ceux de Dieu, un « fatum » inexorable engendré par nos façons de vivre ici-bas… au jugement, les méchants ne se lèveront pas, ni les pécheurs, au rassemblement des justes. Le Coran reprend souvent ce mot de rassemblement …La comparaison salvifique et positve nous est donnée par Jérémie complétant le psaume et lui donnant redondance : maudit soit l’homme qui met sa confiance dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buissons sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur… Béni soit l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur, dont le Seigneur est l’espoir. Il sera comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant. Je lis le texte comme l’exhortation de notre liberté. L’espérance et la foi sont reçues, mais librement. Reste le mystère de nos désespoirs, même pour ceux qui « croient », sur cette terre où nous sommes imparfaits et finis, les guillemets s’imposent, et reste le mystère que tant semblent n’avoir rien à entendre ou à voir, et ne paraissent pas même manquer de cette dimension de l’existence humaine : être appelé à croire, à espérer. La condition humaine nous met tous à égalité, en toute société et à toutes époques. Ni supérieur aux autres (ce qu’entre croyants et incroyants, nous avons tellement tendance à vivre), ni inférieur aux autres (ce qu’en période troublée, socialement, financièrement, nous vivons aussi, ceux qui subissent la pédagogie et l’assurance des cooptés, des dirigeants, des « seigneurs »). Tout n’est pas statique, selon les textes de ce jour : le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. Une direction, une orientation, les errances… la paille balayée par le vent.

C’est donc commencé, sondages sur le meilleur candidat de la majorité présidentielle au cas où Sarkozy… François Fillon évidemment et qui battrait aussi bien Martine Aubry que Ségolène Royal. Récit de la visite du Premier ministre au salon de l’Agriculture, qui ne peut qu’imiter le rite lancé par Jacques Chirac : les deux bases de la laborieuse trajectoire présidentielle de ce dernier, l’Hôtel-de-Ville de Paris et les agriculteurs. Conclusion des commentaires : le silence obligé des gens du gouvernement et de l’UMP jusqu’à ce que Sarkozy y vienne, car à lui, les annonces !

9,26% de chômeurs. Qui le commente, qui le reproche au gouvernement, au président de la République puisque ce dernier est compétent sur tout et responsable de tout ? commentaire de l’O.F.C.E., c’est très inquiétant, temps de latence entre la reprise et l’impact de celle-ci sur le marché du travail. On a régulé l’économie et la finance, mais toujours pas le marché du travail. L’ensemble du vocabulaire est révélateur : on régule, on ne traite pas, on ne remédie, on fait croire que la crise économique et que la crise financière sont déjà du passé, bref que docilité et patience suffiront pour le travail finisse par suivre… Alors que l’exemple grec voit qu’après les banques et les entreprises l’an dernier, ce sont les Etats qui sont traités comme de simples sociétés de service à noter, décoter et amender. Le cynisme des gouvernants, des commentateurs, des obserateurs, pas une de ces « catégories » ne souffre.La réalité semble bien un durcissement du climat social, le gouvernement, l’Etat ne sont plus crédibles ni pour sauver quelque chose, ni pour arbitrer, on va forcément vers de la violence.

La Vendée et les Charentes, le Cotentin, le Chili et maintenant Formose. Et évidemment, l’ouverture de la série : Haïti. Cela prend moins de place que les chances de la France en coupe du monde de foot-ball après l’échec face à l’Espagne, qui semble avoir été particulièrement pitoyable, du jeu donné par des milliardaires… à égalité avec le salon de l’agriculture et le discours présidentiel, la messe de Requiem dans la cathédrale de Luçon. Singulier édifice de ce barique français, très dépouillé sans vitraux ni couleurs ni sculptures, la cathédrale de Richelieu. François Fillon encore.

Discours de Marignane, la novation et la contradiction chaque semaine avec les textes de la première année de mandat, comme Sarkopzy parle chaque semaine de façon fondamentale, plus rien n’est retenu ni ne choque. En revanche, la continuité – avec Jacques Chirac – est totale pour expliquer l’échec industriel français, le pays vidé de son équipement, de ses marchés à l’exportation, de sa capacité de desservir son propre marché ? la faute aux trente-cinq heures, la faute à Martine Aubry probable candidate de la gauche à la prochaine élection présidentielle.

L’Irak ne sert pas de leçon pour l’Afghanistan, d’ailleurs on ne traite pas les deux pays d’un même souffle. L’Irak, sujet dominant depuis vingt ans, est maintenant au énième rang puisque ce n’est pas une guerre à soutenir comme ceux que les talibans livrent en Afghanistan… dans les deux cas, les élections parlementaires sont un fiasco, les dirigeants sont sans crédit non seulement parmi leurs compatriotes mais plus encore aux yeux de ceux qui les intronisent et les protègent.

soir

Sondages sur les régionales, indifférence dominante, probable record d’abstentions pour ce genre de scrutin. L’U.M.P. mènerait au premier tour cinq ou six points de plus que le P.S. à 28%, les écologistes à 12% et le Front national à 8%. Effondrement du Modem, qui a décidé semble-t-il d’ignorer ce champ de bataille…

Une obscure commission du Congrès adopte une résolution par 23 contre 22 priant Barack Obama de reconnaître le génocide armémenien. Ankara rappelle son ambassadeur.

Paradoxe français : les Français entendent Sarkozy répéter qu’il prend ses responsabilités sur tout et que les décisions, c’est lui qui les prend. Et pour autant ils considèrent que leurs malheurs, notamment le chômage, sont le fait de « la » crise et que ce n’est donc pas la faute de leur président… Autre paradoxe : les 35 ou 38% d’opinions favorables pour Sarkozy sont un excellent score, car à la différence de ses prédécesseurs, les intentions de vote coincident strictement avec ces opinions. Sarkozy est très minoritaire mais il a la majorité relative, et à un niveau tel qu’il aura dix points d’avance sur le candidat de la gauche. Il est donc réélu à coup sûr, sa fin ne peut être qu’accidentelle : la santé ou la rue, mais pas du fait des urnes.

[1] - Jérémie XVII 5 à 10 ; psaume I ;évangile selon saint Luc XVI 19 à 31

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