mercredi 31 mars 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 1er avril 2010


Jeudi Saint 1er Avril 2010

Prier : notre religion chrétienne n’est pas un savoir-vivre ni une conception du monde, pas non plus fondamentalement une prescription, elle n’est qu’accessoirement une révélation de Dieu (le cartésianisme et la « philosophie des lumières » montrent que nous pouvons nous en passer pour discerner Dieu par nous-mêmes, selon nos schèmes mentaux ou selon une réflexion assez simpliste que contestent les agnostiques, dont la force est plutôt dans leur démonstration que psychiquement ils ne se portent pas plus mal sans idée de Dieu, que dans leurs raisonnements vraiment brèves de comptoir). Elle est l’affirmation – et la démonstration par l’exemple, l’itinéraire et la vie du Christ – que nous sommes appelés à participer à la vie-même de Dieu. [1] Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Jean, le mystique, Jean le favorisé, sinon le favori (mais aimer est-il favoriser ? ou distinguer, discriminer ? je crois que c’est plutôt de la part de celui/celle qui aime : approfondir, élargir), Jean insiste sur cet appel à l’intelligence que si souvent Jésus adresse à ses disciples qui le regarde, l’écoute, le voit faire et vivre. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. . . Ce jour-là sera pour vous un mémorial . Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est une loi perpétuelle : d’âge en âge vous la fêterez. . . . Faites cela en mémoire de moi. L’éternité dans la tête, donc descendant au cœur : la mémoire du passé, le comportement au présent, l’attente de la venue du Christ, et ces jours-ci la récapitulation des prétentions de Jésus à être le rédempteur et Fils de Dieu, sa mise à mort par nous contre toute équité et contre toute procédure même humaines, sa résurrection avec le souffle coupé et donc le corps tranquille de tout le Samedi-Saint pour la contemplation. Madeleine au tombeau. Le cri de Pierre : participation et humilité, spontanéité et vulnérabilité, nous… alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. La croix, les pieds, les mains clouées, la tête qui penche après l’interrogation, l’imploration, le cri. Plus tard, tu comprendras. Car nous comprendrons ! et d’abord cet exceptionnel sacrement de l’Eucharistie, banalisé par ceux qui persistent à « aller à la messe » (les talas. de l’université parisienne en 1900) et totalement ignoré par le « commun des mortels ». Ceci est mon corps, qui est pour vous. . . Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang . Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. Or, il s’agit de pain, rompu et distribué – en fin d’un repas festif mais « normal » et d’une coupe de vin, la énième sans doute de la soirée. Le contexte dramatique ne sera perçu que rétrospectivement. Quelle soirée cependant : Judas qui s’éclipse après un dialogue codé avec le Seigneur, le lavement des pieds rappelant une admonestation fréquente du Christ à ses disciples, mais ces petits faits avaient leurs précédents. Tout est là – dans nos vies – mais nous ne comprenons pas. La liturgie chrétienne, vêcue comme un temps d’arrêt et d’entrée … et aussi comme une épreuve proposée, moins distinctement que nos malheurs et épreuves petits ou grands, mais avec le sens à portée de nos cœurs, de nos intelligences, de nos mains. Ces jours-ci sont clé. En déduire pour moi, nous, nos aimés l’espérance sereine, et l‘urgence d’une révolte contre nos inerties, mon inertie, et contre le monde et nos sociétés tels qu’ils vont, inertes dans leur mensonge et leur cynisme : chaque jour, chaque heure en rajoutent. Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Nos routes.

matin

Un autobus caillassé et incendié à Tremblay, pas de victimes, un autre agressé, tout cela hier. On apprend à cette occasion qu’un autre avait failli l’être la semaine dernière. Lien avec une opération de police dans le quartier dit du « grand ensemeble » : recherche de drogue, un million d’euros en liquide trouvés dans un appartement. Dires d’un des chauffeurs de bus, d’origine maghrébine : il s’agit sans aucun doute d’une réplique à l’émission de TF 1 rapportant les actions de police. Unique réaction : l’exercice du droit de retrait par les employés de la compagnie d’autocars ou autobus qui ne semble pas la RATP (organisation des transports franciliens, censément au cœur de la campagne des élections régionales).

Je constate que la politique et les législations répressives et sécuritaires depuis huit ans ne produisent rien, en tout cas ni calme ni sécurité. Que les plans grandiloquents sur la ville et autres « plans Marshall » des banlieues n’ont aucune prise sur les réalités locales. Je dis que c’est une politique d’ensemble ne disvcriminant en rien, ni positivement ni négativement, la géographie française, et à fortiori urbaine ou péri-urbaine, qu’il convient de mettre en œuvre. A entendre l’urgentiste Patrick Pelloux, militant s’il en est, on a l’analyse du mal : la société par le chômage, par le cynisme des dirigants politiques et d’entreprises qui ont cause commune et se soutiennent mutuellement sans pour autant s’interpénétrer (car les affaires Pérol, Proglio et auparavant les parcours de Messier et de Mestrallet entre autres montrent que les défroqués ne viennent pas de la politique mais de la haute fonction publique), par l’absence de souci du bien commun et de la réelle amélioration du sort des Français sécrètent d’horribles violences psychiques, un déni de la dignité humaine, un racisme qui n’a rien à voir avec l’ethnie mais qui est le mépris des cooptés pour ceux que l’on considère comme feignants ou malchanceux. Une société de mépris et de violence, une société de non-droit appelle la violence individuelle et en groupe, dont une majorité de Français ne sont pas capables ce qui laisse au pouvoir en place toute la titude de continuer – avec des étiquettes : réforme, adaptation – un saccage ultra-rapide et sans précédent de l’héritage institutionnel, législatif et spirituel de deux siècles français. Puisqu’il n’y a plus de révolution politique, de marche vers les palais, il y a la banlieue qui prend date et en tout cas a le mérite, en notre nom à tous, de montrer que la politique sarkozyste – revendiquée comme argument électoral majeur avant 2007, depuis 2007 et encore pour 2012. La violence que subit le pays, se vit quotidiennement. Tous les demandeurs d’emploi le savent, toutes les études montrent que le « sauvetage » des banques n’a fait qu’aggraver leur politique répressive sur les « petits » comptes, sauf cas particuliers, et ne les a pas réengager dans le financement de l’économie. Toutes les études américaines – publiées – en France guère ébruitées, montrent que la reprise profitera sans doute à quelques secteurs, mais nullement au marché de l’emploi et que la tendance « lourde » continuera d’une économie de plus en plus virtuelle et indépendante du salariat, quoiqu’elle recherche forcément le consommateur, mais qu’elle a trouvé le susbtitut : la spéculation, actuellement et magnifiquement la spéculation contre les Etats … La France dont l’étranger se demande manifestement comment elle a pu élire celui qui nous incarne et représente si mal, donne désormais l’exemple d’un total déni de soi et d’une magnifique tradition. La discrimination ethnique pour les contrôles d’identité, les tentatives de légiférer en dehors de toutes les traditions humanistes d’une France censément co-inventeur avec les Etats-Unis des droits de l’homme, et rédactrice reconnue des grands textes universels depuis la Seconde guerre, la plainte en chœur pour les victimes de la Shoah mais le silence sur les camps de rétention, les reconduites violentes à la frontière, les massacres de Gaza et la politique sécuritaire d’Israël montrent notre cécité – pas de cris, pas de manifeste des intellectuels, pas de Sartre ni d’Abbé Pierre – que le travesti des politiques d’ouverture, énième degré du mépris puisque l’on achète les soi-disants parcours de conviction avec un portefeuille petit ou grand, Claude Evin pour appliquer en Ile-de-France les politiques de Bachelot …

Les attentats en Russie, dans le métro, clairement revendiqués par les Tchétchènes. Ambassadeur au Kazakshtan, fondateur de nos relations diplomatiques là-bas, j’ai vu que la pression populaire en Asie centrale, malgré la pression et le prestige de la Russie, est entièrement du côté des Tchétchènes, l’Islam n’est qu’un motif second de solidarité. C’est affaire d’indépendance et d’identité nationale, de décolonisation. L’ « Occident » qui consacre des milliards et des vies humaines, en pure perte, en Afghanistan où l’armée soviétique et le système communiste s’étaient essayés sans succès aucun, et qui le fait soi-disant pour sa propre sécurité et pour des idéaux libertaires : la burka ni à Kaboul ni à Paris … continue de courtiser, bouche cousue Pékin et Moscou. Notre guerre d’Algérie ne nous a-t-elle pas montré qu’on ne vainc pas un peuple, ne nous a-t-elle pas montré que la pression diplomatique et les condamnations explicites ou implicites peuvent être telles que nous avons abandonné la victoire militaire sur le terrain et même un million de nos ressortissants plus des dizaines ou des centaines de milliers de partisans pour tout simplement retrouver notre liberté d’action dans le monde et notre visage vis-à-vis de nous-mêmes. Une condamnation sans fard de la guerre tchétchène ou des génocides tibétain et ouïgour, notre retrait d’Afghanistan et d’Irak – sans doute avant nous la dictature, mais le désordre et la guerre civile sont de nous – changeront à terme quelques endroits de la planète et feront réfléchir des dirigeants qui ne s’appuient que sur le nationalisme de leurs peuples respectifs, ce qui n’est pas très rassurant pour nous. Sans compter les folies que nous commettons en vendant des biens d’équipements à ceux qui prenennt le monopole de nos approvisionnements en biens de consommation, les folies que nous commettons en ne concentrant pas nos mariages industriels dans la seule Europe : Arcelor, Péchiney ou les appels d’offre pour les avions ravitailleurs américains ne nous suffisent pas … il nous faut HSBC, Volvo ou un ancien ministre français du commerce extérieur représentant de Boeing …

Heuliez … cinq ou six milliards pour les banques, soixante-quinze en plan de relance (à l’investissement, alors que ce devrait être à la consommation), un fonds stratégique compris ou pas dans le plan de rlance, l’Etat et la région d’accord, et l’on n’est pas f … de trouver quelques dizaines de millions d’euros tandis qu’une bonne moitié de la pub. télévisée est pour des voitures, toutes fabriquées hors de l’hexagone…

L’augmentation du prix du gaz, pour sans doute financer de la « croissance externe » c’est-à-dire la libido des deux géants – de statut privé aujourd’hui ou tout comme – de l’eau et de l’énergie : Mestrallet et Proglio, avec le gateau de marchés entièrement captifs des collectivités locales aux consommateurs obligés … les comparaisons sont éloquentes. Pour un ménage avec enfants cuisinant au gaz, l’augmentation équivaut à deux mois de cantine, selon les communes, pour les enfants, et s’il se chaufe au gaz, au budget alimentaire de quinze jours à trois semaines.

Heuliez et le gaz. La gauche et la droite ne gagneront que par défaut l’une de l’autre. Elles ne répondent ni l’une ni l’autre aux Français. On débat depuis dix jours sur la politique écologique ou pas du gouvernement, selon la « leçon » des régionales. Alors que les questions simples seraient : où sont les milliards de la relance et des plans automobiles pour Heuliez ? comment augmente-t-on le gaz de 10% et les différents minima sociaux ou autre évaluation du point de retraite de moins de 1%. Et j’en reste à l’étalon que je me suis donné à l’automne : le Air Force One de Sarkozy (480 millions d’euros) équivaut à cinq fois le capital nécessaire pour Heuliez. La Quatrième République était une chambre close, mais à l’intérieur de cette chambre du moins y avait-il débat et démocratie. On n’entend rien au Parlement, que les échos de la pantalonnade : Sarkoy père peu digne et Sarkozy épouse n° 3 démarrent la rumeur que le président règnera ne se représentera pas de manière à ce que dans les huit jours le rameutage se fasse pour sa réélection en 2012, moyennant « pacte » majoritaire entre l’U.M.P. et on ne sait trop qui.

La révolte et le mépris pour ceux qui nous méprisent et nous prennent pour des c … est un début de joie. Il faut renverser toute une façon de penser, et pour cela renverser ceux qui la servent et qui se targuent de l’incarner au pouvoir, dans les entreprises, dans les médias, et il faut discerner l’alternative de fond qui est d’ordre mental des soi-disant candidatures de forme. Seule certitude, ces jours-ci : l’arbnitre de l’élection présidentielle est Marine Le Pen. On avance donc… car notre situation lamentable intellectuellement autant que socialement et économiquement remonte à la politique de Lionel Jospin non engagée et seulement gestionnaire (privatisation d’Airbus et affaire Vilvorde d’entrée de jeu, tolérance des « licenciements boursiers » chez Michelin) et à la réélection – déjà par défaut – de Jacques Chirac en 2002 : quinquennat de non-gauche, président soliveau ont produit Nicolas Sarkozy et un total désarmement idéologique.


[1] - Exode XII 1 à 14 passim ; psaume CXVI ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XI 23 à 26 ; évangile selon saint Jean XIII 1 à 15

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