Dimanche 4 Octobre 2009
Prier… une femme remarquable et que nous aimions tant, son accueil quelques mois auparavant, une intelligence hors de pair qui avait la qualité suprême de ne pas s’imposer, d’être disponible à celle de l’autre, de considérer autrui et de dialoguer posément, une créatrice d’ambiance et de sérénité sans la moindre mièvrerie. Soudainement enlevée : Elie, Elisé, il y aura dans quelques heures, un an. Il n’est pas bon que l’homme soit seul, mais le célibat sacerdotal dans la version latine de l’Eglise catholique… C’étaient des êtres vivants et l’homme donna un nom à chacun. La destinée et la conscience de l’univers : nous, une responsabilité que nous ne vivons pas, des politiques de démagogie qui n’ont de lucidité que rétrospective ou adventiste. Nos politiques ne sont jamais au présent. La prière est toujours au présent. A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. La Genèse le dit au futur et le Christ dans l’évangile le commente autant au présent que selon un passé antérieur : que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni. L’homme que je suis, l’homme que nous sommes les uns vis-à-vis des autres, l’environnement et les circonstances, notre propre parcours en responsabilité insigne de nous-mêmes. Il y a peu de jours où je ne me fasse la réflexion que si j’étais un autre et me rencontrais, je ne m’aimerais, je m’insupporterais et surtout je ne voudrais pas vivre avec cette personne que je suis. Qu’est-ce que cela veut dire ? sinon que quelque chose, quelqu’un en moi a reçu une responsabilité de moi, mais n’en est pas l’identité. Cette identité, et à terme – peut-être ? – une réconciliation sont à faire, à longueur de vie. La sainteté n’est pas la perfection, elle est une acceptation et un grand travail, Dieu nous pourvoit, notamment cette aide conjugale, ou ces aides fraternelles. Probablement le mariage parce que l’autre nous attire et nous subjugue, puis quotidiennement nous oblige à l’amélioration sinon à l’idéal, est cette matrice de la vie, et surtout le chemin de la réconciliation : nous aimer nous-mêmes, ou pas, nous détester bien davantage – ce n’est vraiment ni l’enjeu ni la question, l’autre se charge de nous aimer ou de nous détester, ce qui est à faire, c’est la fidélité mutuelle, et l’aide à autrui sur ses propres chemins de fidélité. Je n’ai jamais volé une femme à son mari, sauf cette certaine pente à laquelle voulait m’amener une des âmes les plus maléfiques, la plus maléfique qu’il m’ait jamais été donné de ressentir. L’excitation du refus, chez elle, doublait tout, puisqu’en cherchant à tromper son mari tout en refusant l’amant qu’elle ne cherchait que n’étant plus disponible, alors qu’elle avait éludé toutes mes déclarations d’amour. Il y a quelques dix ans, je la vis en photo. elle faisait du « people », chargée d’une rubrique dans un des magazines de son richissime beau-père, quant au mari on n’en parlait plus depuis longtemps du moins à ma connaissance. Le Christ, magnifiquement, coupe court, lui qui préside à la création de tout le vivant et au premier mariage, tandis que sur les eaux plane l’Esprit. Les eaux du baptême et de la mort. Des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient… les tentations au désert, les mises à l’épreuve pendant la vie publique, l’ultime probation au jardin des Oliviers et sur la croix. Mais la parole décisive sur le couple est adressée à la Vierge au pied de la croix, et au disciple que Jésus aimait… femme, voici… fils, voici… car l’enseignement sur le mariage, sacrement et union de la chair, c’est-à-dire de notre mutuelle présence en finitude, se conclut, selon le Christ, par l’enfant. L’enfant modèle spirituel, bien davantage que parangon de la morale sexuelle. Mais je reconnais que modèle et morale sont la même exigence : cette sanctification dont traite la lettre aux Hébreux. Avec la même difficulté de texte : il était normal qu’il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l’origine du salut de tous. Difficulté qui se réduit d’intuition dans la prière : la chair, notre existence terrestre si limitée et cependant tellement suscitée par l’appel divin, la lumière de l’idéal proposé dont le reflet en nous est constant et insistant, ont pour sens de nous exposer à l’épreuve, donc à l’affirmation de notre liberté, de nos tropismes et de notre participation à notre achèvement. Le Christ le premier ouvre ce chemin : si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, pour le salut de tous. Chair, existence, identité de l’union au mariage et à la mort, ce chemin ultime. Car Jésus, qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères. [1] Un Christ qui n’est pas dans l’éther ni figé comme l’icône – quoique l’icône vraiment réussie (inspirée) capte l’instant et donc le frémissement … On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher, mais les disciples les écartaient vivemen. Voyant cela, Jésus se fâcha… il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. Devant toi, Dieu éternel, Dieu de tous, j’incline mon corps, ma vie, mon âme et te présente la tête et le front et les épaules pour que ta main vienne sur moi, me garde et protège les miens. Que ta bénédiction vienne sur le monde entier, sur notre époque sans repères que la vanité autiste, et qu’elle inonde toutes les générations, emporte toute la création vers son achèvement, l’achèvement de toute chair, de toute vie, de toute mortalité dans l’éternité, qui n’est que toi et en toi. Ainsi soit-il.
Maintenant que l’Irlande est acquise au prix de marchandages qui vont faire école – sans doute en Tchéquie où Vaclav Klaus, initialement entré en politique à la chute du communisme comme ultra-libéral, se refuse à signer, et peut-être en Pologne où le président disait attendre la réponse irlandaise – on irait vers la consolidation de la médiocrité institutionnelle existante : je tiens plus que jamais que l’Europe ne sera pas proche des opinions nationales et entendue dans le monde tant que son président – quel qu’il soit – ne sera pas élu au suffrage universel direct et n’aura pas la possibilité de saisir le « peuple » européen tant que tel, et non plus dans ses diversités constitutiuives, par referendum. Triomphe du grotesque – spécialement pour la France, réelle fondatrice (autrefois de 1950 à 1969) de la Communauté européenne – le premier président du Conseil européen sera un britannique et le ministre des Affaires étrangères un slovène ou un Balte.
Tout dans le camouflage. Et les solutions dans les discours d’antan d’Arlette Laguiller, émanciper les « travailleurs » (les salariés) d’une entreprise de leur devoir de discrétion et de non-communication de ce qu’ils savent fonctionnellement. Les pilotes d’Air France font leur propre enquête sur la catastrophe de l’AF 447 Rio-Paris et mettent en cause la politique de la direction, réduction des coûts, et la dogmatique d’Airbus. On va avoir la même chose à propos du Rafale. Je n’ai pas cru aux contrats brésiliens, j’ai toujours cru depuis que j’ai été en poste à Brasilia (1984-1986) que nos adversaires pour le spatial et l’aéronautique feraient tout jusqu’au crime de sang pour nous battre : cela n’a pas manqué il y a trois jours. Bien entendu, Sarkozy continue : en première ligne sur des projets de loi anti-récidive, en première ligne pour dire les causes de l’accident de nos deux avions de combat, engager ainsi dès le début de quoi que ce soit la parole présidentielle qui devrait n’être que le dernier recours.
Un budget fou, l’endettement public augmenté de plus de vingt points en trente-deux mois du (premier) mandat présidentiel de Sarkozy, des fiscalités folles et injustes – et ce sera voté. Le début des révoltes départementales contre les « fusions » de mandats électoraux. La « votation citoyenne », plus d’un million et demi de signatures. Constiututionnellement depuis la révision de Juillet 2008, c’est l’ouverture du processus référendaire, mais le gouvernement et l’Elysée moins encore n’en ont pas pris acte. A vrai dire, cette révision passe-passe prévoit que le referendum est « évité » si le Parlement se saisit du sujet : on va donc accélérer la votation parlementaire de la privatisation de La Poste. On jure que cela reste public, serments de gouvernement qui ne sera pas là dans deux ans, on a vu comment se tient une parole publique à propos de France-Télécom. ou de Marina Petrella…
Le Portugal s’ancre à gauche avec la reconduite du tombeur national de Barroso, celui-ci maintenu à la présidence de la Commission uniquement parce qu’il ne fait d’ombre à personne ! La Grèce repasse à gauche avec ces cocasses hérédités dans les deux cas : Papandréou III en quarante ans et Caramanlis II pour la même période.
L’Iran, je persiste à demander au nom de quoi cet Etat serait interdit d’arme nucléaire ? parce qu’il considère Israël, archi doté de cet arme, et de surcroît garanti en tout, financièrement et militairement par les Etats-Unis, comme son ennemi ? et un Etat agresseur ? quelle guerre d’annexion ou d’occupation a donc mené l’Iran dans son histoire trimillénaire ? Un arrangement semble cependant en vue pour l’enrichissement qui sera délocalisé. Reste la question de fond pour la plupart des Etats : quelle garantie ont-ils de n’être pas soumis à un chantage nucléaire de la part des quelques dix ou quinze Etats ayant cette arme ? celle uniquement de l’équilibre des puissances, la Russie couvrant éventuellement contre les Etats-Unis Téhéran, et probablement secondée par la Chine, pour la circonstance, une fois ne sera pas coûtume, puisqu’il y a la Tchétchénie et la Géorgie en pomme de discorde.
[1] - Genèse II 18 à 24 ; psaume CXXVIII ; lettre aux Hébreux II 9 à 11 ; évangile selon saint Marc X 2 à 16
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