Jeudi 22 Octobre 2009
Eveillé depuis une heure et nous avons été rejoints par notre trésor. Je laisse maintenant mes aimées dormir, nuit encore noire, silencieuse, ni pluie ni oiseaux à chanter et donne à mes co-communiants du matin le texte, lu hier soir, de ces entretiens de Lahore qui relativise toute foi monothéiste quand elle n’est que superficielle. Prier ainsi… [1] tandis qu’en tous monastères les Matines ont déjà été vêcues, que la journée a largement commencé, que l’on est pour beaucoup de travailleurs à se véhiculer, encore ensommeillés, dans les transports en commun et les embouteillages, cette humanité qui subit l’urbanisation et n’a pas su faire de la technologie des communications la clé de l’aménagement des territoires et des solidarités entre tous les territoires. Le christianisme aussi belligène que l’Islam ou le communisme soviétique, à leurs premières expansions historiques ? je suis venu apporter un feu sur la terre. Mais cette guerre n’est qu’intestine, elle est celle d’une conversion. Le monde c’est nous, et le démon s’est toujours appelé Légion. Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais, cinq de la même famille seront divisés. Il est vrai que nos civilisations qui ont perdu les repères familiaux ne se prêtent plus à la parabole, on se déteste plus efficacement dans la souffrance qu’on s’inflige mutuellement, entre frères et sœurs, et parfois entre enfants et parents, qu’entre inconnus ou collègues de travail. La vie associative et la vie politique montrent bien ce qu’est la haine fraternelle et la rivalité implacable pour toute parcelle de pouvoir, puisque le pouvoir n’est plus l’œuvre du bien commun, mais la domination pour elle-même, la libido du pouvoir. Jésus se distingue par cette prétention étonnante : il n’apprend pas à ses disciples des comportements et des relations a priori, elles ne sont que déductibles et accessoires, que des cohérences de son message. Il vit et raisonne universellement, et pourtant se meut dans le petit cercle de ses adhérents et dans la petite géographie palestinienne : marche à pied du Dieu vivant… et ce qu’il apporte est la vie-même, synonyme de relation à Dieu, de gratuité de Sa part. Nous vivons un évangile assurant que la création est continue (ce qui est d’ailleurs corroboré par toutes nos avancées et certitudes scientifiques). Ce n’est pas philosophie. Qu’avez-vous récolté alors, à commettre des actes que vous regrettez maintenant ? En effet, ces actes mènent à la mort… Le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur. Division ? laquelle entre nous ? Heureux est l’homme qui n’entre pas au conseil des méchants, qui ne suit pas le chemin des pécheurs, ne siège pas avec ceux qui ricanent, mais se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit ! Il est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps et jamais son feuillage ne meurt. Amen
matin
Voulant donner davantage à lire à un éminent ami, l’un de mes mentors, je suis dans mes archives. J’écris en politique – édité ou pas – depuis quarante ans tout juste, premier essai (recalé chez les éditeurs, notamment au Seuil, quoique recommandé par Louis Vallon qui venait d’y faire vendre quelques cent mille exemplaires par L’anti-de Gaulle : charge contre Georges Pompidou, usurpateur…) La démission : celle du Général ou celle des Français ? Je retrouve un long papier : Valéry Giscard d’Estaing ou les lendemains d’une carrière, je tiens que chacun des mandats présidentiels est tributaire de son origine. En 1958, l’origine du fondateur, c’est le 18 Juin, mais en 1965 c’est la mise en ballotage pour sa réélection. Georges Pompidou, la brigue, Valéry Giscard d’Estaing aussi mais surtout une élection trop étroite et imposée au « parti dominant », les gaullistes d’appellation. Jacques Chirac, quarante ans de marche et l’inauguration de la machine pour parvenir de justesse car il est de tous les présidents de la Cinquième République, le moins bien voté au premier tour, jamais plus de 20%. Et Nicolas Sarkozy marchant sur son prédécesseur et sur son compétiteur : clé du système en ce moment. Seul François Mitterrand, régnant, est en rupture avec son passé : il fait donc totalement exception. – Ce que je vois des papiers que j’adresse à mon ami, fait synthèse : tout a commencé, de ce qui nous entrave et peut-être nous fera frôler la mort en tant que nation et en tant qu’adepte d’un régime démocratique et républicain, avec Jacques Chirac, tuer l’autre (cf. son attitude envers Valéry Giscard d’Estaing), n’avoir pas démissionné à la dissolution manquée en 1995, avoir accepté le quinquennat dans la pensée que sa réélection (à l’instar du calcul de Georges Pompidou dont je ne crois pas qu’il ait été le dauphin) serait plus facile vu son âge, n’avoir pas démissionné le soir du referendum européen, et bien entendu « les affaires » jusqu’à celle d’aujourd’hui, qu’il a certainement couverte.
Un des destinataires de ma circulaire-courriel d’hier se dit peu enclin à suivre mon raisonnement et ne partage pas mes craintes. Je lui réponds dans cet esprit.
Je comprends tout à fait, cher …, que vous ayez un regard très différent. La manière dont NS notamment se conduit vis-à-vis de l'Union européenne en président semestriel et en Etat-membre non lambda et il y a aussi les apparences de la concertation franco-allemande. De Gaulle le premier avait le discours réformiste et d'adaptation à la modernité. Il y a même dans la préparation du projet de loi référendaire de 1969 la redite de réflexions de 1958 sur les circonscriptions territoriales, grandes ou petites régions, nombreuses ou pas, départements, etc... Je pourrais tout à fait même écrire un livre entier sur le courage du fils d'immigré qui relève la France par sa seule énergie, nonobstant tous les obstacles, l'hostilité générale et n'ayant en face de lui que des opposants indignes, divisés, etc... et l'on peut argumenter sur le refus du referendum en Constitution et en Europe, ou sur l'empêchement pratique au referendum d'initiative populaire faute de loi organique.
Vous avez dû suivre l'organisation d'un club de partage et de remontrances, que monte une soixantaine de préfets, excédés sinon apeurés. J'ai des échos que des officiers généraux vont probablement faire de même. Cela, les magistrats, et évidemment les enseignants, ce qui n'est pas nouveau. - En regard, les dialogues du Général avec les corps constitués.
Passons sur l'image de la France avec Clearstream et Jean Sarkozy. Quant à la politique africaine, je l'ai vêcue douloureusement mais dans le détail à propos de la Mauritanie.
Excuse presque absolutoire : le manque de père et le manque de culture, donc l'impossibilité de références, de repères et de socle, donc la solitude - en fait Jacques Chirac, pour lequel je suppose que vos plumes s'affûtent chaque jour davantage - toute la naissance - toute la course de 1967 à 1995 - puis le déni de démocratie en 1997 et en 2005 - enfin les inconséquences qui ont permis à Nicolas Sarkozy d'arriver d'une part, et d'avoir rétrospectivement un repoussoir ou un faire-valoir. Dans les écrits posthumes de Georges Pompidou, sinon les papiers que je n'ai pas encore regardés et dont je ne sais s'ils sont vraiment accessibles (je vais le tester pour une analyse par Olivier Philip de la circonscription de Maurice Couve de Murville en 1967... analyse de Matignon pour Matignon de l'époque...), Jacques Chirac n'existe pas, ou comme collecteur de fonds.
La carrière de Jean Sarkozy, Le Monde est seul à rappeler l’année de théâtre et que l’impétrant faillit jouer en donnant la réplique à une héritière aussi, mais seulement en art dramatique. Il faut rappeler que la fille de Dominique de Villepin a fait ou fait le mannequin à New-York, et que son fils a défilé pour un exercice du même genre. – L’élection à l’EPAD se joue, si les représentants de l’Etat ne votent pas, à quatre contre cinq. Si le président de la chambre de commerce des Hauts-de-Seine ne vient pas, le partage des voix se dénoue en faveur du plus âgé, donc du maire de Nanterre, communiste. Frayeur du Figaro. Aujourd’hui, chacun est sûr de l’élection du fils. Pour ma part, je crois encore à des rebondissements. Lesquels ne peuvent avoir de conséquences que s’ils ont lieu à l’intérieur de la majorité dite présidentielle.
après-midi
Le « grand retour dans le Golfe », mégalomanie mal informée et sans moyens ? ou obsession de coller à l’Amérique et d’en être le « brillant second » ? le commentaire d’Hervé Morin…
soir
La décision de Jean Sarkozy de ne pas se faire élire à la présidence de l’EPAD est habile et raisonnable, habile parce que c’est une renonciation à ce qu’il possédait déjà putativement, raisonnable parce que cette désignation aurait gravement nui à l’image de notre pays et de son père. Bon point, donc. Mauvais point aux lâches qui toléraient le processus jusqu’il y a peu d’heures, et qui maintenant vont piétiner surtout si ce recul en amène d’autres. Notre régime si personnalisé est rigide, il ne peut survivre à l’effondrement du dogme de la volonté inébranlable, des projets inexorablement menés à bout.
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