lundi 1 décembre 2008

Inquiétude & Certitudes - lundi 1er décembre 2008

Lundi 1er Décembre 2008


Prière… le centurion reprit. Des supplications d’Abraham pour Sodome et Gomorrhe, ses objections aussi, comme celle de la Vierge Marie, devant les promesses qu’il reçoit, aux interruptions du centurion… Dieu se laisse apostropher, discuter. Jésus fut dans l’admiration. Dans le procès qu’il récrit de Jeanne d’Arc, Péguy décrit ces étonnements de Dieu, et Claudel (que sa conduite envers sa sœur Camille condamne, à mes yeux – trop d’écart, de disparité entre l’écrit et le coeur) a ce conseil au Seigneur : à ceux qui vous refusent la foi, demandez la vie… Notre solidarité, il paraît que « la crise » l’induirait : à cause de mes frères et de mes proches, je dirai : » Paix sur toi ! ». Début d’une attente universelle, selon la liturgie chrétienne, tandis que les musulmans à grands frais et sacrifices personnels s’embarquent ou s’envolent pour le Pèlerinage : beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux... mais pourtant un repère unique : c’est de Sion que vient la Loi, de Jérusalem la parole du Seigneur… toutes les nations afflueront vers elle. Comment ne comprenons-nous pas notre temps où presque tout du terrorisme à la démagogie ou à l’obscurantisme des dirigeants politiques, a un tréfonds religieux ? Jérusalem n’est pas au figuré comme Ninive aujourd’hui… c’est là que montent les tribus… là, Israël doit rendre grâce… Issue ? le centurion, homme de bien, homme social, dans sa hiérarchie, bien vu des gens qu’il est censé encadrer et occuper en étranger, recourt à tout autre que ses dieux et pratiques habituelles, et pas pour lui. Tout y est : altruisme, courage face au qu’en-dira-t-on et au risque d’être rebuté, humilité profonde. Sa foi n’est pas tant dans les pouvoirs du thaumaturge, que dans la personnalité de Celui-ci. Le centurion a pressenti Dieu. Le Dieu de tous, des païens « en particulier », aujourd’hui, c’est tellement évident, le salut de l’Eglise, y compris au temporel, lui vient, lui viendra de ceux qui n’y sont pas encore. Aussi, je vous le dis… [1] Toute réflexion-méditation n’est qu’un seuil, Dieu, notre vérité ne s’approchent que dans la prière. Dieu ne s’atteint pas (démarche concentrée d’intelligence), Il nous vient. C’est Lui qui est au seuil et qui nous emmène. M’emmène avec tous.


Modèle américain… Nicolas Sarkozy nommant d’entrée de jeu Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères comme Barack Obama nomme Hillary Clinton secrétaire d’Etat, dont aussitôt Condoleeza Rice fait l’éloge. Il est vrai que chez nous, Hubert Védrine a refusé le portefeuille des Affaires étrangères – dit-on, à moins que ce ne soit celui de la Justice, mais alors c’est à ne plus rien comprendre d’aucune des nominations dans le cercle actuel du pouvoir. Et Robert Gates reçoit de nouveau le portefeuille de la Défense, que lui avait précédemment confié Bush junior. Ce qui – cependant – corrobore l’intuition que j’ai depuis le début de l’année qu’il n’y aura pas de changement significatif dans le surengagement militaire des Etats-Unis au Moyen-Orient et aux marches de l’Inde (et sans doute de la Chine)… ou alors, si l’on tient compte du ralliement de Colin Powell à Barack Obama et du fait que Gates avait démissionné, c’est une relecture par les acteurs d’origine des erreurs de l’époque et de ce qui fut élaboré en début du premier mandat de Bush junior dans l’ambiance – toute à la vengeance et à la démonstration de force – qu’avait créée le 11-septembre. Art consommé, certes du président élu, mais plus encore de ce peuple composite par tant d’éléments mais dont le moule intrégrateur fonctionne toujours, semble-t-il : le consensus surtout quand le moment est difficile. Nous en sommes incapables. Jacques Chirac devait faire un gouvernement d’union nationale correspondant à la quasi-unanimité du deuxième tour de l’élection présidentielle, une unanimité qui n’avait de propos que l’état d’âme du pays, et pas du tout sa propre réélection : il ne l’a pas fait, le gouvernement Raffarin n’était pas même celui de la majorité du parti majoritaire. Et Nicolas Sarkozy, contrairement aux apparences (petites) de l’ouverture à gauche pour certains portefeuilles ou la participation à certaines commissions, n’a pas non plus saisi le sens de sa propre élection : elle n’était pas sur un programme sans cohérence autre que de conserver les troupes chiraquiennes et capter les lepénistes, elle était sur une personnalité dont les failles égotistes et psychotiques étaient peu connues. Ce qui signifiait un entourage et un exercice de la fonction, actif mais tempéré. Aujourd’hui, la crise étant avérée, le remaniement gouvernemental ne devrait pas attendre des convenances professionnelles (et notamment la promulgation des lois organiques faisant application de la révision constitutionnelle sur les allers-retours du Parlement au gouvernement, qu’avait interdite la rédaction du général de Gaulle et de Michel Debré), il devrait avoir déjà deux mois de date. Le consensus en France passe par la diffusion du pouvoir et non par sa concentration, quitte à ce que le président de la République veille à la cohérence et au tempo. A tout faire – et surtout tout dire – par lui-même, Nicolas Sarkozy prive les Français de toute instance d’appel, d’arbitrage. La démocratie sans contrôle ? version avancée de celle-ci ?

Commentaire fondé d’un journaliste de France-Infos. Dominique de Villepin criant au loup ! parce qu’il passe devant des juges pour l’affaire Clearstream, ne commente pas pour autant ce qu’il arrive à l’ancien directeur de la publication de Libération et à l’inverse, la presse unanime pour dénoncer – Figaro en tête – l’ambiance politique du fonctionnement de la justice, n’évoque pas Clearstream. Je ne comprends pas Dominique de Villepin : élu à Montargis en 2002 ou à Evreux en 2007, sa mise en examen et ses diverses comparutions auraient donné lieu à un débat à l’Assemblée nationale sur la levée de son immunité parlementaire. L’affaire qui n’est que politique et qui est celle de la succession à un « roi » déjà mort, aurait été traitée au grand jour, déballonnée et on en aurait terminé. Nicolas Sarkozy montre le vrai de son caractère, la rancune et la mémoire, alors qu’ayant gagné, il ne lui coûterait rien d’oublier (il paraît qu’il s’ingénie à ce que l’ancien Premier ministre n’ait pas droit es qualités à la décoration suprême dans l’ordre national du Mérite). Et Jacques Chirac, ayant laissé tomber Alain Juppé, fait de même avec celui qui n’était qu’exécutant, bien maladroit, de cette piteuse tentative contre « la résistible ascension d’Arturo Ui ». L'honneur du chef ! Nicolas Sarkozy Premier ministre au printemps de 2005, les Français auraient voté en connaissance de cause en 2007, c’est-à-dire à temps. Napoléon : « à la guerre, peu de principes, tout est dans l’exécution », Dominique de Villepin n’a pas compris son héros. Il est vrai qu’étant à Matignon pour le deuxième centenaire d’Austerlitz, il n’a pas eu la moindre idée pour que l’événement soit salué, en revanche le Charles de Gaulle était à la commémoration britannique de Trafalgar.

Inexorable. Les lois et les budgets sur la presse, sur l’audiovisuel, comme l’ont été les réformes judiciaire et militaire, comme va l’être le remodelage aussi bien des circonscriptions territoriales qu’électorales. Le jeu des achats, complaisances et promesses remonte à la cuisine constitutionnelle de l’été. Dégradation de tout ce qui structurait la France et qu’avait conforté la Cinquième République.

Une des sources de revenus des pays dits pauvres et une des économies des classes moyennes des pays dits riches : le tourisme. L’affaire de Thaïlande, voire les massacres dans les palaces de Bombay vont refroidir les partants, autant que la baisse du pouvoir d’achat.

Elections prudhommales mercredi. Deux tiers d’abstentions habituellement. Vingt millions d’inscrits dont dix-huit de salariés du secteur privé. Instance décisive, démocratique, gratuite pour les victimes : on ne parle pas encore de la réformer.

Carla Bruni-Sarkozy, « ambassadrice » de l’organisation ou du fonds mondial de lutte contre le sida. L’épouse actuelle de Nicolas Sarkozy n’a pas la timidité et la réserve de celle qui la précédait dans le rôle. Elle est à fond coéquipière et se répand dans les médias, en fond télévisuel de chacun des déplacements présidentiels : sa cour n’est pas encore connue mais un livre-charge contre le Canard (dont il est sidérant que l’un des signataires ne soit pas moins que le rédacteur en chef de Paris-Match) fait connaître déjà son conseiller. Elle a également ses têtes, bien entendu Rachida Dati, surtout si le secret sur l’enfant à naître se maintient. Tout est exemplaire chez nous.

A l’annonce du « grand plan de relance » - avec suspense depuis trois jours – et qui sera du même genre que le « plan banlieues » récapitulant des crédits déjà en place mais en ordre dispersé – s’ajoute un pré-discours sur la pauvreté qui sera donné la veille. De Gaulle rarissemement tenait des discours-annonces de « bienfaits » : il ne le faisait qu’a posteriori en façon de bilan et en constat d’une étape ; jamais, il ne s’en faisait gloire, ce n’était que le génie français qui l’avait produit. Son leit-motiv était de raviver la flamme, son devoir, selon lui, était la mise en perspective et sa fonction était d’animer, soutenir, garantir l’action gouvernementale.




Le spectacle en début de nuit, comme je ne l’avais jamais vu, d’une lune entourée de deux planètes, l’une dans son voisinage habituel et l’autre si proche d’elle à l’instant de notre observation qu’elle semblait la toucher : extraordinaire. Plus basse sur l’horizon et désormais dorée, la lune avait peu ensuite écarté ses satellites optiques.

[1] - Isaïe II 1 à 5 ; psaume CXXII ; évangile selon saint Matthieu VIII 5 à 11

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