jeudi 11 décembre 2008

Inquiétude & Certitudes - jeudi 11 décembre 2008

Jeudi 11 Décembre 2008

Prier…[1] Je suis le Seigneur ton Dieu. Je te prends la main droite, et je te dis : ‘Ne crains pas, je viens à ton secours’. A notre secours et à celui de tous : les petits et les pauvres cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif… je ne les abandonnerai pas. Sur les hauteurs dénudées je ferai jaillir des fleuves, et des sources dans les ravins. Je changerai le désert en lac, et la terre aride en fontaines. Je mettrai dans le désert le cède et l’accacia, le myrte et l’olivier ; je mettrai dans les terres incultes le cyprès, le pin et le mélèze, afin que tous regardent et reconnaissent, afin que tous considèrent et découvrent que la main du Seigneur a fait tout cela. Un Dieu s’identifiant dans l’histoire de tous et dans la vie de chacun, un artiste recomposant les paysages, un écologiste bien avant la lettre, une présence et une puissance dont la sollicitude transforme tout. Et un suspense dans notre vie spirituelle et dans l’annonce évangélique, le temps prophétique, Jean-Baptiste. Les textes d’aujourd’hui sont comme des pièces à assembler, deux tableaux à contempler, ce qui est promis, et ce personnage pas encore décrit et que Jésus situe dans les lignées prophétiques. Langage que les contemporains saisissent, nous : moins bien, puisque notre culture n’est plus ni biblique ni d’attente. Quelle est d’ailleurs notre culture, quelle est ma prière ? Dieu nous donne un rôle, celui du Baptiste : j’ai fait de toi une herse à broyer la paille, toute neuve, hérissée de pointes… mais toi, tu mettras ta joie dans le Seigneur, ta fierté dans le Dieu d’Israël. Et quelles sont nos joies ?

Dernier « sommet » européen pour Nicolas Sarkozy, président en exercice du Conseil européen. Tout est dans les signes, puisqu’il n’y a plus de contenu. On ne prebnd toujours pas ces rencontres pour le fonctionnement normal des institutions, session de l’une d’elles, le Conseil européen. Ce qui signfiie que les instsitutions ne sont toujours pas perçues en tant que telles, ce qui n’est pas une manière de légitimer aux yeux divers des opinions nationales. Habituelle attitude française qu’aura redoublée depuis son accession à la présidence de la République, Nciolas Sarkozy : prendre tout et tous de haut, rodomontade avant l’exercice, touche-à-tout et accaparement-confusion des fonctions pendant l’exercice, probable silence piteux après l’exercice (notre précédente présidence, celle qui a abouti au traité de Nice avait été calamiteuse – l’actuelle aura tout simplement été coincidente d’une manifestation du quant-à-soi générale dans une situation où enfin l’évidence était de tout faire ensemble). Pour l’heure, le président français tance par avance ses homologues : pas de division, promet du rabiot, un sommet après Noël pour encore se faire valoir. Les présidences de « petits » Etats quand ceux-ci sont expérimentés : cas d’école, le Luxembourg depuis le début de l’entreprise, sont bien plus efficaces. Thème : le climat et le réchauffement de la planète. Les trois 20% de Jacques Chirac en Mars 2007 : diminuer d’autant les émissions, amener à cette proportion les énergies renouvelables, et un troisième engagement que je n’ai plus en mémoire, cela d’ici 2020. La Pologne et les Etats baltes ne peuvent suivre, l’Allmagne et l’Italie sont contre : en temps de crise, priorité à l’industrie et à ses emplois. Le bon sens. D’autant que la réalité a été dite : on ne va nullement vers des diminutions de pollution mais au contraire vers une augmentation de quelques 45% d’ici 2050. le climat se déréglant à partir d’une augmentation de seulement 2° de la moyenne des températures, on est dans un scenario où il est trop tard et où la planète se sauvera d’elle-même mais en bougeant beaucoup sa biosphère, et là on ne sait plus rien. Cela nous dépasse.

Eric Woerth et Christine Lagarde sont censés préparer un en cadrement du crédit à la consommation pour prendre effet dans deux mois : hallucinant puisque la composition du gouvernement aura changé et qu’au moins la seconde ne sera certainement plus là où elle est.

Dans une semaine, rapport au président de la République sur La Poste, on fait semblant de ne pas aller vers la privatisation mais on éprouve le besoin de faire entrer des institutions financières décentralisées dans le capital de l’établissement. On a pour argument le déclin de cet outil sans reconnaître que ce sont ces marches à la privatisation depuis vingt ans qui ont fait ce dépérissement. La faute initiale, selon moi, c’est d’avoir disjoint les télécommunications de la poste aux lettres et au petit fret. Un dbat à France Infos rappelle utilement la définition du service public – égal pour tous dans ses prestations et ses prix, fonctionnant même s’il n’est pas, à soi seul, rentable. Il montre aussi le vice de raisonnement de nos « réformateurs » (pas dans l’acception de maintenant) : la méthode comparative, comparaison avec la Bundespost, chiffre d’affaires triple et propriété acquise de D H L, ce qui n’était pas d’origine.

Deux énigmes relatives aux partenaires-adversaires de Nicolas Sarkozy : deux Premier Ministres. Dominique de Villepin, sur lequel je me répète. Elu à Montargis ou à Evreux, il forçait son ennemi au débat parlementaire sur l’affaire Cleastream. Bruno Julliard, président de l’UNEF au moment du CPE, aurait reçu un appel téléphonique du ministre de l’Intérieur lui conseillant de s’opposer au projet du Premier ministre en place. Mais surtout François Fillon, qu’il claque la porte, raconte son calvaire en un succès médiatique et avec un livre dévoré à plus de cent mille exemplaires, et il affaiblit singulièrement notre monocrate en lui enlevant l’initiative de le renvoyer. Pourtant, l’actuel Premier ministre n’a pas la capacité de nuisance que démontra Jacques Chirac en démissionnant, avec exposé des motifs, en Juillet-Août 1976 : il n’a pas le contrôle du principal parti de la majorité. Il n’y en a plus qu’un et ce parti reste contrôlé par Nicolas Sarkozy. Que celui-ci chute, et il y aura de la concurrence pour prendre la tête de l’UMP. François Fillon, député de la Sarthe sans plus, ou courant le risque de ne pas se faire admettre dans la course à la mairie de Paris, l’emporterait-il sur Jean-François Copé ? j’en doute. Le voici silencieux depuis quinze jours et acceptant même qu’un ministre fasse de la coordination interministérielle pour un plan présenté comme uniquement celui du président de la République.

Gestion de la crise… en France, encore aucun débat parlementaire, des institutions et des fonds, un portefeuille ministériel ad hoc en gestation mais sans contrôle ni discussion. Pas de contradiction au choix fait d’une relance soi-disant de l’investissement mais qui n’est que consolidation de l’existant en banques et en industries lourdes par garanties d’Etat ou par renflouement des trésoreries – la relance au contraire par la consommation, le pouvoir d’achat, le niveau de vie n’est pas évoquée au gouvernement et au Parlement comme l’autre voie possible (et à mon sens comme la seule ouvrant une issue, et justifiant d’ailleurs les investissements en entreprises – celles-ci mettent au chômage technique sous prétexte de mévente – investir augmentera encore les stocks – élever le pouvoir d’achat des particuliers les dégonflera au contraire). Pas de contradiction non aux absences de contrôle pour l’utilisation des sommes données aux banques : elles sont encore plus restrictives vis-à-vis des particuliers demandeurs de crédit. Ces sommes colossales sauveraient des milliers de petites et moyennes entreprises qui vont faire faillite à un mois près. Des enquêtes sommaires synthétisées par les préfets et les trésoriers payeurs généraux le montreraient si on les demandait à l’Elysée et surtout à Matignon.

Aux Etats-Unis… il y a débat. Laisser les industriles faire faillite ou pas. Il y a débat sur le système et les doctrines qui s’effondrent et sur ce qu’il y a de sauver ou de reconsidérer. Chacune des chambres au Capitole doit être convaincue, presque élu par élu. Chez nous, les votes sont courus d’avance. Les propositions (Accoyer, Marini) ne sont pas même soumises au débat, encore moins au vote. "Démocratie irréprochable" a-t-on titré la révision constitutionnelle de Juillet dernier. Le pape de l’Eglise catholique est bien plus discuté que le président de la République française ; or, l’atavisme et la compétence, sinon les choix, du cardinal Ratzinger sont incontestables, sa culture des sujets en cause aussi ; quels sont les indices d’un atavisme, d’une compétence, d’une culture chez le président régnant qui justifient sa solitude et son exclusivité pour conduire notre économie ?


[1] - Isaïe XLI 13 à 20 ; psaume CXLV ; évangile selon saint Matthieu XI 11 à 15



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