mercredi 31 décembre 2008
mardi 30 décembre 2008
lundi 29 décembre 2008
Israël expliqué . note rédigée le 8 octobre 1996
de la signification et du futur
D'ISRAEL
(1996)
D'une assistance - pour des raisons personnelles - au 6ème Congrès de la Fédération internationale des Juifs humanistes et laïques, tenu salle Richelieu, à la Sorbonne les 4, 5 et 6 Octobre derniers, je retiens quelques points pouvant éclairer le comportement d'Israël.
1° L'identité juive à travers le monde, quelle que soit l'option d'intégration ou pas à la communauté nationale de résidence territoriale (l'option est manifestement positive pour les Français juifs, qui en sont reconnaisants à la Révolution comme à la République), se fonde, davantage que sur la culture ou la religion, sur trois événements historiques : le Sinaï, la shoah et l'Etat contemporain d'Israël. On est conscient en France que l'antisémitisme - conséquemment hors-la-loi à la suite de la shoah - peut renaître et renaît du fait des politiques israëliennes.
Les Français juifs ont donc deux soucis primordiaux pour ne craindre ni le passé ni le futur. Que la vie commune en France demeure respectueuse de toutes les identités : plus qu'une tolérance, une laïcité entendue comme le fait de cultiver consciemment et expressément le pluralisme. Qu'Israël ne se laisse pas emporter par l'intégrisme "orthodoxe" qui monte également dans la diaspora et se manifeste aussi dans la communauté juive de France.
2° Une vue optimiste de l'histoire contemporaine d'Israël reste possible, même si les perspectives depuis la rupture de Mai dernier sont très inquiétantes.
Si la colonisation juive, si le sionisme avaient pu être consacrés au moment du projet et de son énoncé à la fin du XIXème siècle, l'Etat d'Israël n'aurait pas existé. Il en eût été de même si cette colonisation - de fait - depuis 1917, avait été acceptée en 1947.1948 par les Arabes.
Le conflit ethnique et religieux - donc inexpiable - de 1948, fondé sur une concurrence de légitimité et de droits historiques sur la même Palestine, s'est trouvé - heureusement ou providentiellement - transmuté en un conflit territorial par suite de la Guerre des Six jours, donc en un conflit susceptible d'être résolu par les moyens traditionels de la diplomatie et par une perception d'intérêts seulement ou d'abord stratégiques. La guerre du Kippour a donc permis la relation avec le plus puisant des Etat de la région : l'Egypte.
La mise en oeuvre des accords d'Oslo permettait de passer à un stade encore plus fécond, celui de l'examen ensemble des questions économiques et sociales. Ces accords n'étaient possibles, du côté israëlien, que parce que la sécurité et la puissance de l'Etat juif sont maintenant hors de discussion.
La nocivité de la politique du nouveau Gouvernement a ceci de possiblement bénéfique que la diaspora, insensible aux évolutions qui viennent d'être décrites, et majoritairement hostile aux accords d'Oslo, pourrait prendre conscience de la nécessité et du bénéfice d'un dialogue égalitaire avec Israël, au lieu d'une solidarité inconditionnelle avec le gouvernement en place, quelle que soit son orientation (solidarité qui s'est précisément défaite, au détriment du Gouvernement PERES et à propos du "processus de paix "). Israël, jusques-là inconditionnellement aidé, devrait désormais des comptes politiques et moraux au reste du peuple juif, et même un certain soutien financier aux quelques 700.000 Juifs considérés comme vivant au-dessous du seuil de pauvreté à travers le monde...
L'avenir d'Israël ne serait plus en relation simpliste avec les Etats-Unis d'une part et les Etats arabes de la région d'autre part, mais bien davantage dans une relation à inventer entre les deux parts du peuple juif, celui vivant en Irsaël, et celui constituant la diaspora, entre une part vivant en situation de majoritaire et sous la coupe possible des "orthodoxes", et une autre, vivant la situation de minorités et de mixité, sinon de multiculturalisme. D'ici quinze ans, Israël sera plus nombreux que la diaspora puisque c'est la seule partie du peuple juif en croisance démographique.
3° L'idéal " humaniste et laïque " peut poser le peuple juif en inventeur de la démocratie libérale (c'est aussi une lecture qui m'avait été donnée par d'anciens membres - non-Juifs - du Gouvernement KREIKSY tandis que tombait le mur de Berlin : l'Autriche-Hongrie pouvait survivre à son pluralisme par la communauté juive importante dans chacune des composantes de la Monarchie). Le droit français, intégrant au contraire du droit anglo-saxon, n'a pas seulement permis aux Français juifs de pouvoir s'intégrer sans se "perdre", mais il place la communauté française, seconde de la diaspora en nombre après celle des Etats-Unis, en situation d'exemple : démontrer qu'on peut être Juif tout en étant national, sans être forcément religieux, et sans avoir le projet d'émigration. Ainsi serait passé le relais entre Israël, principal tenant de l'identité juive après la shoah, et une diaspora très intéressée à ce qu'Israël soit fidèle à un idéal juif de pluralisme, de tolérance, plus culturel que religieux.
4° La défaite de Shimon PERES serait la sienne, plus encore celle de son équipe qu'une réelle ingéniosité du vainqueur. Toutes les fautes en sociologie et en propagande électorales auraient été commises. Mais on paierait aussi la rupture intervenue quand la droite vint au pouvoir avec Isaac SHAMIR ; c'est celle-ci qui sut conquérir la diaspora.
Les débats étaient triangulaires : Juifs d'Amérique, d'Israël et de France, tous sympathisants du parti travailliste, tous inquiets des prétentions des rabinats respectifs à parler au nom de la communauté juive locale, tous convaincus qu'une définition trop rigoriste et religieuse du judaïsme en éteindrait le nomre. En France 50 % serait en couple "mixte".
Un point de crise actuelle serait la mise en cause par la nouvelle Knesset des jurisprudences récentes de la Cour suprême en faveur de la "laïcité". La déclaration liminaire de l'indépendance du nouvel Etat a - faute de Constitution à proprement parler - valeur de loi fondamentale ; c'est sur elle que s'appuient les opposants à une évolution ultra-religieuse. dans le passé, la diaspora surtout dans sa compsante américaine, a su s'imposer à la Knesset.
A aucun moment, l'attitude des Etats de nationalité ou de résidence n'a été évoquée, alors que l'actualité la plus immédiate s'y prêtait. C'est indiquer - là - que la France pourrait s'orienter vers une attitude plus fine et plus enveloppante vis-à-vis de la politique israëlienne.
Cela pourrait s'articuler en trois points :
1° de même qu'elle est la première " puissance musulmane " en Europe, la France est composée de la seconde diaspora juive. Elle a donc une sensibilité culturelle et démographique à faire valoir, même une sorte de sécurité psychologique nationale : la cohésion française dépend en partie de la bonne intégration et du bien-être mental de la communauté juive, ce qui veut dire une politique vis-à-vis d'Irsaël fondée sur des valeurs pratiquées non seulement envers Israël ou l'ensemble de sa région, mais ausi chez elle (lutte contre l'exclusion, le racisme, l'intégrisme). Donc une politique de peuple à peuple plus encore que d'Etat à Etat (ce qui nous aiderait à mieux comprendre que la laïcité n'est pas du tout un factreur de guerre scolaire ou de clivage droite-gauche mais un élément d'une culture pluraliste).
2° l'Etat palestinien est une justice à reconnaître aux Arabes. Ce préalable acquis, toutes les imaginations sont loisibles dont certaines seraient riches d'applications ailleurs. Pourquoi ne pas concevoir deux Etats sur le même territoire ou à peu près, la souveraineté étant de juridiction sur les personnes, mais de coopération économique et stratégique sur les territoires en commun ? D'autant que le " régime personnel ", hérité du droit ottoman consacré par les Anglais, continue de régir et de résoudre les pluralités ethniques et religieuses, de fait en Palestine en général et en Israël en particulier. Il semble qu'un plan sur Jérusalem était presque acquis d'accord parties avant Mai dernier : unicité de la ville, capitale palestinienne dans un faubourg, un peu comme Pankow pour Berlin. Il est certain que l'aspect Lieux Saints devrait pouvoir contribuer à la stabilité et à l'internationalité de la ville. Les convergences avec le Vatican, qui eussent été - dans la région - encore plus manifestes si nous nous étions tenus hors des opérations militaires pendant la " Guerre du Golfe ", devraient trouver une application et des perspectives à Jérusalem.
3° la militance française, comme dans les pays de l'ancien bloc soviétique, devrait porter sur l'état de droit dans la région. Ce qui serait de bonnes gammes pour éprouver comment faire de même en Afrique du nord : là est le moyen terme entre une ingérence malaisée et critiquable, et une relation trop cynique d'Etat à Etat que les populations ne peuvent vivre sans scandale intime./.
(BFF-8.X.96)
samedi 27 décembre 2008
vendredi 26 décembre 2008
Inquiétude & Certitudes - vendredi 26 décembre 2008
Prier… tu me rachètes, Dieu de vérité. Réalité et bonté, responsabilité, la nôtre, générosité, celle de Dieu. Ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. L’essentiel de ce que nous faisons, quand c’est essentiel, c’est-à-dire adéquat, bon (au sens de Dieu vit que cela était bon, la Genèse), est le fait de Dieu. L’Esprit – de Dieu, Dieu-même – est évoqué par Jésus comme celui du Père – son Père – mais surtout le nôtre. Dieu agissant et parlant en nous, Dieu notre père. Sur ton serviteur, que s’illumine ta face. … Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu … la sagesse et l’Esprit saint qui inspiraient ses paroles. Jésus prophète de Lui-même et prophète de notre sort, à chacun, prophète de notre vie, nous donnant notre vocation jusqu’à notre terme en Lui. [1] Devant moi, tu as ouvert un passage … pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis. Lire, réciter, méditer, apprendre par cœur les psaumes, notre reflet et celui de Dieu, âme, cœur et oérégrination. Mais l’Ecriture a aussi ses moments difficiles : vous serez détestés de tous à cause de moi… détestés souvent et chacun, mais à cause de nous-mêmes, non de Dieu. Rare d’être assez transparent à Dieu et à la foi qu’Il nous donne pour que les autres, la société, l’époque ne réagissent qu’en fonction de la foi que nous reflétons. Du moins, dans nos sociétés « occidentales », mais il est vrai que des minorités, chez nous, sont détestées pas tant à titre individuel qu’à raison de leur foi supposée ou pratiquée : Juifs, musulmans… et les adeptes de sectes, aussi. Celui qui aura persévéré jusqu’au bout, celui-là sera sauvé. Tenir, crispés ? comment ? en quoi ? de persévérance, et sur un fond de vérité, que selon Dieu : ne vous tourmentez pas pour savoir ce que vous direz, ni comment vous le direz :ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là.
Les alternatives …
La Guinée et ses putchistes. Lanzana Conté, successeur improvisé par l’armée en 1984 à la mort de Sékou Touré. D’une dictature à une autre, mais des seblants de changement, sur le papier : le multipartisme. Bref, dans la prise de pouvoir d’un capitaine qui subjugue tous les gradés et à qui le gouvernement a fait allégeance, il y a quelque raison, et surtout il y a du soutien populaire. Le légalisme : des élections dans les soixante jours avec un intérim par le président de l’Assemblée nationale, n’est pas la voie applicable. Chacun se rabat sur un processus électoral dont il est avéré qu’en Afrique il est contestable pendant et sera contesté ensuite. La Mauritanie ouvre censément demain ses « états-généraux de la démocratie », je ne sais toujours si le principal parti, parmi les quelques soixante dont pas quatre ou cinq ont une réelle effectivité, y participera : mon cher Ahmed Ould Daddah, manifestement le seul d’envergure. En regard, publication d’un texte ancien de deux mois de Sidi Ould Cheikh Abdallahgi, bilan et exlications qui se tiennent. Propos donnés au Monde la semaine dernière : il n’exclut pas de se rendre au prochain sommet de l’Union africaine. Le simplisme des putschistes et leurs fautes : ne pas aller au bout du cynisme en maintenant au silence et à l’immobilité celui qu’ils ont déposé. On va donc vers d’étranges éphémérides. Là encore des élections à venir, qui seront gagnés par l’usurpateur pour des décennies ou jusqu’au prochain coup militaire… dans les deux cas, la voie légale dont sont incapables nos amis africains. Une « communauté internationale » poussant à la xénophobie si elle s’accroche, quant à elle, aux signes de respectabilité d’un pouvoir local. Que choisir ? laisser passer ? discuter, mais seulement un peu ? Alors ?
L’affaire Wade-Ruffin. Notre ambassadeur à Dakar – un favori de Bernard Kouchner, académicien et écrivain d’abord – recommande selon ses collaborateurs auxquels je fais confiance de conditionner d’éventuels concours de trésorerie au pouvoir du vieil homme à ce qu’il considère davantage les opposants et en somme prépare sa succession, il est plus proche des quatre-vingt-dix ans qu’il dissimule que de quatre-vingt. Je considère quant à moi qu’il porte une part de responsabilité dans le drame mauritano-sénégalais du printemps de 1989. Les télégrammes sont interceptés – à Paris, sans doute, et donnés à la connaissance de Wade qui demande le rappel de Ruffin dès qu’il constate que l’Elysée ( ?) lui donne satisfaction, nonobstant l’ambassadeur. J’avais vêcu cela avec de lmoindres conséquences pour mon pays d’affectation, mais de pire pour mon sort personnel, quand j’avais – moi aussi – un corbeau lisant mes télégrammes à Paris : Alex Moskovitch, Dieu ait son âme complexe… mais pas inintéressante. Alors ? laisser tomber ces présidents corrompus et peu démocrates ? qui les remplacera ? du mieux ? probablement pas : la génération de Moktar Ould Daddah et de Léopold Sedar Senghor est loin dans le temps, sinon dans les esprits. Laisser tomber l’Afrique, mais plus de mille clandestins arrivés depuis hier soir à Lampeduza. Alors ?
L’hyperactivité de Nicolas Sarkozy, son cynisme aussi : le Fouquet’s, le yacht à Malte, le bouclier fiscal, ses émoluments personnels et maintenant des vacances hors de France pour la fête de famille (chez le père naturel de sa troisième épouse avec l’enfant de celle-ci qu’elle a eu du fils de son amant…), un régime présidentiel de fait, toléré par les principaux tenants des pouvoirs publics constitutionnels, sans doute fasciné par le culot. En regard, depuis le 19, la crise belge, exacte réplique de ce que nous avons vêcu de 1879 à 1958, quoiqu’il y ait quelque moralmité, Leterme démissionne pour être intervenu dans des procédures judiciaires, celles concernant Fortis et sa propre gestion de la nationalisation ou du renflouement. Crise qui est politique depuis des années : consistance de la Belgique moderne, mais qui se traite en combinaisons gouvernementales et parlementaires, avec de vieux briscards : Martens et Dehaëne, et sans que l’on s’arrête à l’hypothèse d’anticiper les élections d’ici l’été. Choisir ? ce régime-là, inefficace pour les grands problèmes mais où il y a débat et contrôle ? ou notre régime de fait, qui ne règle aucun problème mais qui aurait les moyens de le régler si notre personnage avait quelque conséquence ? Alors ?
Quasi-homonymie du naufragé dans le Vendée-globe et du malheureux enfant victime d’une erreur de flaconnage à Saint-Vincent-de-Paul. Celle-ci, tout humaine, sans que rien ne soit vraiment à reprocher : le malheur crû. Aucun contrôle, aucune réorganisation, aucune punition exemplaire ne peuvent éradiquer tout risque de confusion, d’un léger désordre, hélas ! calvaire des parents. Notre petite fille.
[1] - Actes VI 8 à 10 & VII 54 à 60 ; psaume XXXI ; évangile selon saint Matthieu X 17 à 22
jeudi 25 décembre 2008
mercredi 24 décembre 2008
mardi 23 décembre 2008
Inquiétude & Certitudes - mardi 23 décembre 2008
Sommet franco-brésilien ou euro-brésilien, en tout cas Brésil pour le couple présidentiel français – puis prolongation dans la famille (naturelle) de la seconde épouse de Nicolas Sarkozy. Visite officielle en Egypte du Premier ministre et prolongation d’une grande semaine. Le président de la République et le Premier ministre absents, en même temps, du territoire national, un précédent au début de l’actuel mandat, mais d’une journée, cette fois-ci c’est la grande semaine. Communiqué-commentaire (de qui ? mais officiel) : avec les moyens de communication d’aujourd’hui, la vacance du pouvoir n’est plus un sujet. C’est-à-dire que le gouvernement peut être virtuel. Que les Français – confirmation – ne sont que virrtuels, statistiques des sondages de satisfaction ou d’impopularité, statistiques de chômage ou de fiscalité. Déjà, Nicolas Sarkozy avait étonné en méconnaissant le décret organisant la sécurité présidentielle et en confiant celle-ci à des équipes formées à l’époque où il était place Beauvau. Il est devenu courant de le voir, lui et les membres du gouvernement, le téléphone portable à la main ou à l’oreille. C’est-à-dire que les communications au plus haut niveau de l’Etat ne sont plus cryptées et sont accessibles à n’importe quel « service » un peu affiné. Au Caire et au Brésil, communiquer en cas d’alerte atomique… avec deux des quatre acteurs de la chaîne de commandement tributaires de l’étranger et écoûtés … sans doute, le jeu des communiqués pour les condoléances au décès d’une notoriété ou pour eng… l’intérimaire tous azimuts qui n’aurait pas fait évacuer à temps les baches lamentables de la rue de la banque, entre le Palais Brongniart et la basilique Notre Dame des Victoires, rue et monuments parisiens emblématiques… peut se faire paisiblement et de loin. Mais gouverner n’est pas communiquer, c’est concerter avant de manifester et de décider. Cela se fait sur place, parmi les Français, surtout quand ceux-ci vivent leur premier Noël de crise et savent que ce n’est pas le dernier.
Il y aurait à exhumer les circulaires et échanges de courrier suscités par le secrétariat général du gouvernement – et à quoi veillait personnellement le général de Gaulle – à l’occasion des vacances ministérielles, à quelque période que ce soit.
Attardé dans une époque qui n’est pas celle de l’honneur et de la conscience, un homme d’affaires français – suite à « l’affaire Madoff » se suicide : il n’a pu supporter de constater qu’il avait menti à ses clients par la seule transmission des documents fournis par le forban. Naguère, on se suicidait si l’on était en faillite. Aujourd’hui, un président d’entreprise qui a mené celle-ci à la faillite saute en parachute doré et retrouve une place : par exemple pour présider le comité des rémunérations d’une autre entreprise, présidence qui n’est évidemment pas gratuite.
Tentative de coup militaire en Guinée. Plus de cinq mois de maintien au pouvoir de militaires refusant, en Mauritanie, d’être changés de fonction. Manifestement, les systèmes constitutionnels venant de chez nous ne fonctionnent pas. Mais ces abus de force physique aujourd’hui – où qu’ils soient – sont-ils pires que la tolérance à l’ « in-démocratie » dans laquelle nous a fait entrer un exercice du pouvoir, hors textes constitutionnels, comme celui que nous vivons depuis dix-huit mois ? Dans les pays dits « en voie de développement », situation de force, mais dans les vieux pays comme le nôtre, est-ce du civisme que des élites de toutes sortes couvrent un état de fait, de leur acquiescement ou de leur habileté à tirer parti de l’absence de contrôle et de contestation du pouvoir en place ? L’absence d’opposition est-elle normale ? que signifie-t-elle ? Nous sommes en voie de mithridatisation. Et nous le savons bien. Julien Dray a mis cinq jours à porter plainte pour violation de domicile. Un parlementaire perquisitionné sans la permission du bureau de la chambre à laquelle il appartient ! Etat de droit… sans doute fonctionnons-nous, sans doute les grands rouages de l’Etat sont-ils intacts, sans doute l’esprit de légalité et de bien commun continuent d’inspirer tous les rangs, mais au premier ? n’est-on pas imprudent en donnant partout, à tous propos, semaine après semaine une explication continue des affaires de la France selon une psychologie unique. Il y avait eu l’idéologie dominante, on ressasse depuis une décennie qu’il y a la pensée unique, mais maintenant ?
[1] - Malachie III 1 à 24 ; psaume XXV ; évangile selon saint Luc I 57 à 66
dimanche 21 décembre 2008
vendredi 19 décembre 2008
Inquiétude & Certitudes - vendredi 19 décembre 2008
Vendredi 19 Décembre 2008
Extraordinaire des pères grecs, et notamment d’Origène, modernité, contemporanéité et autant de capacités novatrices, imaginatives, créatrices que de sûreté d’expression et demobilisation des sources. Nous en sommes loin aujourd’hui, nous ne serrions pas fondateurs si nous avioins à l’être, d’ailleurs nous avons à l’être, les temps sont si nouvedaux, si porteurs puisque tant d’évidences frappent vraiment toute l’humanité, et à travers les hommes, tout le vivant et le créé, que chacun est pénétré de la conviction qu’il faut changer, qu’on e peut, qu’on y est forcé et qu’en même temps peuvent sortir de grands biens de tout ce qui crôûle aujourd’hui, des effoncdrements économiques et financiers aux injustices sociales et aux mépris de la dignité et de la liberté de tant de gens…
Origène (vers 185-253), prêtre et théologien Commentaire sur l'évangile de saint Jean, 2, 193s (trad. cf SC 120, p. 339)
« Tu devras garder le silence...jusqu'au jour où cela se réalisera, parce que tu n'as pas cru à mes paroles »
En nous, la voix et la parole ne sont pas la même chose, car la voix peut se faire entendre sans porter de sens, sans parole, et la parole peut également être transmise à l'esprit sans voix, comme dans le cheminement de notre pensée. De même, puisque le Sauveur est Parole..., Jean diffère de lui en étant la voix, par analogie avec le Christ qui est la Parole. C'est ce que Jean lui-même répond à ceux qui lui demandent qui il est : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : ' Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ' » (Jn 1,23). C'est peut-être pour cette raison, parce qu'il a douté de la naissance de cette voix qui devait révéler la Parole de Dieu, que Zacharie a perdu la voix et qu'il la recouvre lorsqu'est née cette voix qui est le précurseur de la Parole (Lc 1,64). Car pour que l'esprit puisse saisir la parole que désigne la voix, il faut écouter la voix. C'est aussi pourquoi, par la date de sa naissance, Jean est un peu plus âgé que le Christ ; en effet, nous percevons la voix avant la parole. Jean désigne ainsi le Christ, car c'est par une voix que la Parole est manifestée. Le Christ est également baptisé par Jean, qui avoue avoir besoin d'être baptisé par lui (Mt 3,14)... En un mot, lorsque Jean montre le Christ, c'est un homme qui montre Dieu, le Sauveur incorporel ; c'est une voix qui montre la Parole...
Réalité et communication. L’essentiel dans chacun des Etats et pour chaque machine gouvernementale – et pour le monde entier si l’on en avait le souci prioritaire d’une organisation planétaire démocratique et universelle par ses thèmes et compétences – devrait être de remédier dans l’urgence à ce que produit « la crise », en effet de chaîne, et en même temps de réfléchir, d’inventorier, d’imaginer. Examen des structures, des institutions, des procédures qui nous ont amenés jusqu’où nous arrivons, ou qui ne l’ont pas empêché. Imagination concertée de ce qu’il y a à bâtir. Inventaire de ce que l’on va conserver. Conversion mentale et intellectuelle : l’idéologie dominante était injuste par elle-même, elle révèle qu’elle est inefficace, catastrophique, belligène, amoindrissante pour tous. Il faut vouloir positivement une autre ambiance et d’autres idéologies et concepts. Travaux d’Hercule, travaux à forte consonnance morale, mais travaux aussi d’experts pour les inventaires et pour les imaginations. Le conseil des ministres en ce moment – pour la mise en place du plan de relance : un collectif budgétaire serait honnête, un débat parlementaire est-il prévu ? – paraît bien pâle à côté de tout cela. Quant aux montants, les 26 milliards qui sont surtout des additions et peu des nouveautés, l’I N S E E qui est encore indépendante même si l’on manipule la direction comme on faisait antan valser les préfets avant une élection difficile, vient de publier que ce sera insuffisant.
Mort – de mort naturelle, ce qui est assez étonnant aux Etats-Unis quand les enjeux sont « ciblés » - de ‘gorge profonde’, l’informateur du Washington Post pour le Watergate. Une déferlante, un jour, demain ? sur la ‘sarkozie’… Le Point et Rahida Dati, le chantage que pourrait exercer la collaboratrice de confiance du député-maire de Neuilly, de la confidente du couple qui entra à l’Elysée, des marchés publics en Hauts-de-Seine à l’alcôve, les départs, les retours… Il est certain – je n’ai pas lu l’article dont je n’ai que l’écho d’A F P – que l’investigation-supposition de l’hebdomadaire est déplacée. Il est vrai qu’une audience a été demandée à la garde des Sceaux, ou au moins undialogue avec son porte-parole et qu’ils furent refusés. Rama Yade, ses échecs électoraux, le Parlement de Strasbourg où elle serait la star… ainsi se prépare un remaniement gouvernemental. Jusqu’en 2007, le secrétaire général lisait la liste des ministres et autres sur le perron de l’Elysée, aujourd’hui Claude Guéant participe au jeu des commentaires, modérant ou accélérant, datant… en attendant un mieux – Matignon – auquel je ne crois pas…
midi et demi
Michel Sapin commente le plan de relance (France Infos. 12 heures 15). Patrick Devedjian, qui y est préposé, vient d’assurer que 75% des crédits affichés sera dépensée en 2009 et que seront donc créés 150.000 emplois. Pour l’ancien ministre des Finances de Pierre Bérégovoy, Premier ministre et François Mittrerrand, président de la République, c’est de l’habillage. 50% de ces montants ressassés depuis quinze jours sont de la trésorerie remboursable, ce n’est pas de l’argent frais. Selon lui, il n’y en aurait guère que 10%, soit 4 ou 5 milliards que l’on avait déjà au budget pour 2008. ce n’est rien à côté de l’Espagne qui met 24 milliards d’argent frais « sur la table » et la Grande-Bretagne 26. Ce qu’annonce le gouvernement n’est pas à la hauteur de la récession frappe la France. L‘I N S E E gouvernementale, et dont il n’y a aucune raison de mettre en cause l’objectivité, annonce au contraire du ministre 220.000 destructions d’emploi rien que pour le premier trimestre de 2009. Et les effets du « plan » ne se feront vraiment sentir qu’en 2011-2012, alors que la crise frappe en 2009. Le gouvernement aborde la crise sans réserves, l’Espagne était en excédent budgétaire, la France s’est mise dans la quasi-impossibilité de faire face avec le paquet fiscal de 15 milliards accordé en début du mandat présidentiel, 15 milliards sans aucune efficacité économique. Alors que l’on va vers des plans sociaux et du chômage comme jamais vu. Le pouvoir d’achat, rien… qu’une pincée pour les revenus de solidarité, une centaine de millions. Retour de l’Etat dans l’économie ? régulation ? sans doute, selon une idéologie en zig-zag, l’an dernier c’était le tout libéralisme, aujourd’hui c’est le discours contraire. L’Etat et la régulation, c’est avant la crise qu’il en faut, pour précisément la prévenir. Le « bout du tunnel » ? personne ne le sait.
Peu avant, l’un des gestionnaires d’Odot assets management que nous sommes placés pour connaître assure qu’en 2009 la reprise économique sera là, donc le rebond boursier qui est fonction de la confiance dans les entreprises, celles-ci n’ont jamais eu des marges bénéficiaires aussi fortes. Elles seront considérées si elles se désendettent, sont dans des secteurs de relative croissance, forcément inférieure à antan, mais de melleures performances par rapport à la concurrence. Et de prévoir des gains de productivité, donc des licenciements. Pas d’analyse de la chute des marchés réels solvables.
Solution française. L’emprunt national – avec aministie fiscale pour les souscripteurs à hauteur de leur apport. Et gouvernement d’union nationale… au lieu de dauber l’opposition qui met « la pagaille » à l’Assemblée nationale.
[1] - Juges XIII 2 à 7 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Luc I 5 à 25
jeudi 18 décembre 2008
Inquiétude & Certitudes - jeudi 18 décembre 2008
Jeudi 18 Décembre 2008
matin
Cécité, inconscience… l’adolescent qui se suicide selon le mode opératoire découvert sur internet, la tête scotchée dans un sac en plastique. Les commentaires mettent en cause l’internet comme ils avaient mis en cause – et la justice le fera – ce garçon conseillant une jeune fille sur les moyens d’un suicide indolore. L’analyse devrait porter sur ce qui a conduit l’un et l’autre au suicide, et plus subtilement – ou en vérité – sur la tentative de l’un de trouver un dialoguant sur internet et de l’autre ne saisissant la main d’amour que cachait, par une dérisoire et naïve habileté, le conseil en suppression de soi… Le suicide, le parcours qui y amène, la résolution et la rupture. Pas assez remarquée, la révolte de toute la profession psy. à la suite du discours sommaire de Nicolas Sarkozy prétendant répondre au suicide d’un adolescent en milieu hospitalier spécialisé.
Je courielle à Ségolène Royal, François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan qui, forcément, auront à s’unir pour battre Nicolas Sarkozy, candidat à sa réélection. Etablir par la pétition pour le referendum un rapport de forces politique. Précédant ou accompagnant le rapport de forces social.
La révision constitutionnelle de Juillet dernier - outre son fond détestable et surtout les arrière pensées que ses premières esquisses révélaient - a été l'occasion d'un vote de barrage contre un exercice du pouvoir impudent, mais dont l'inefficacité n'a pas encore crevé les yeux du grand nombre, et sdurtout de nos soi-distant élites. Cela a été manqué et a tourné au vote de confiance.
Depuis, et à l'occasion de "la crise", la pratique de nos institutions n'a plus rien à voir ni avec les textes ni avec la tradition de notre République. Nous sommes en régime hyper-présidentiel sans frein ni contrôle, dans la tolérance des élus, des commentateurs (continuant de traiter le régime et les épéhémérides comme s'ils étaient normaux et comparables à ce que nous avons vêcu de 1958 à 2007). Les dérives liberticides se multiplient : nomination gouvernementale pour France-Télévision, gendarmerie à Beauvau dans la même main que la police, renseignements extérieurs et intérieurs commandés de l'Elysée (ce qui avec la vindicte manifestée dans le traitement de l'affaire Clearstream, promet tout), perpétuation des incarcérations même les peines purgées, camps de rétention divers, mise en oeuvre à répétition par le président régnant de procédures en offense au chef de l'Etat ou à son énième épouse... vous savez et suivez cela mieux que moi.
N'attendons pas un conflit social ou une explosion Mai 68 - qui fut tout autre de fondement et il y avait de Gaulle - ou à la grecque... ne regardons pas les lycéens aujourd'hui faire sans soutien ni caution...
Prenons à la lettre l' "irréprochabilisation" et la "modernisation" de nos institutions. Le referendum d'initiative populaire. Déclenchez-le tous trois, ou l'un de vous trois - mais vous serez forcément unis si vous voulez battre NS en 2012 ou avant... - thèmes : le service public, La Poste, l'aménagement du territoire, la concertation avec les élus, la défausse de l'Etat sur les collectivités locales. Mais trouvez au besoin d'autres exemples.
Etablir un autre rapport de forces, montrer une capacité à rassembler un million de signatures sur un thème consensuel - apparemment défensif, mais en réalité attaquant de front la doctrine qui se maintient - grâce à la crise - on ravaude l'ancien système sans contrôle ni débat en faisant couleur l'argent et en creusant encore notre dette publique, au lieu d'une médication intellectuelle et sociale (purge des dirigeants libéralistes et se reproduisant par cooptation à la tête de toute l'économie - relance par la consommation et la hausse des salaires).
Thème service public.
Réunion des signatures.
Mise en demeure du pouvoir de provoquer une consultation selon un mode auquel il répugne (pas de referendum pour le traité de Lisbonne, pas de referendum pour la révision constitutionnelle). Il la refusera, fera légiférer le Parlement sur le sujet, majorité à sa botte.
Mais l'inanité et le trompe-l'oeil de la révision constitutionnelle seront patents et certains députés auront peur des pétitionnaires.
Voeux pour votre courage et votre imagination.
Chers amis, vous avez compris que ce dont il s'agit c'est d'établir un rapport de forces politique précédant ou accompagnant un rapport de forces social, inéluctable que les syndicats sachent ou non le formater dans les mois qui viennent. Les dictatures sont des régimes de peur, surtout quand un système est personnalisé comme l'est le nôtre - tout est dans la psychologie, vous l'avez éprouvé, chère Ségolène, en lui faisant baisser les yeux le 2 Mai - la peur et l'intimidation, la fascination, l'initiative doivent changer de bord. Et changeront. Cf. la panique téléphonée, à la veille du scrutin de Versailles.
Chaleureusement à chacun de vous trois
Comme annoncé, l’OPEP diminue la production de 2,2 millions de barils/jour. A la pompe, le gazole était à 0,95 centimes le litre, d’ici la fin de la semaine il sera revenu à 1 euro.
Le naturel l’emporte toujours. On se masturbe au sommet – mais pas à la base – depuis une grande quinzaine d’années sur les grands moyens d’une moindre pollution et d’un moindre épuisement des ressources de la planète. Diagnostic, on n’y arrivera que s’il y a une régression des consommations et de la civilisation telle que nous la pratiquons, en attendant que d’autres découvertes scientifiques et leurs applications nous fassent aller de nouveau vers des progressions, même exponentielles mais désormais neutres ou inoffensives pour notre radeau cosmique. Qui peut imposer ce recul, ces sacrifices ? personne évidemment. Mais une crise de dix ans que l’absence d’analyse et de cure – manifeste dès le départ : ce trimestre – va l’obtenir de nous, par force.
après-midi
Les lycéens font peur au pouvoir et amorcent la débandade. Forces de police en uniforme et en civil importantes à Vannes, éviter que la mairie ne soit envahie. Scenario semble-t-il identique dans toute la France, l’unité de compte des jeunes manifestants est cinq mille, la revendication était hier le retrait de la réforme, elle est aujourd’hui la démission du ministre. Le débat sur le travail dominical tourne au chahut : report à la mi-Janvier. Critique d’un non-élu, Dominique de Villepin, expert sur le rapport réforme/manifestations de rue, son opinion sur les erreurs du gouvernement à propos du travail dominical mais rien sur les lycéens… A Athènes, des banderoles sur la démocratie au Parthénon, détermination certaine là-bas et chez nous.
J’écoute Nicolas Bavrèze, un de nos oracles, un de plus à rendre hommage à son homonyme de prénom. L’Europe a su peser pour le règlement d’un conflit qui aurait pu être majeur : la Géorgie, et pour les premiers jalons de concertation sur la crise financière. Et quelle œuvre en France ! avoir engagé des réformes relançant productivité et grands équilibres que nos analogues en Europe ont mené à bien depuis dix ou quinze ans, le déclin peut-être enrayé mais la crise,n évidemment, au mauvais moment. – Aucune observation sur ce qui fait la faiblesse ou la force principale d’un peuple : la qualité de son gouvernement. D’efficacité aussi bien dans la réforme ponctuelle que pour toute politique s’inscrivant dans la durée : le consentement. Celui-ci ne suppose pas tant de la pédagogie ou de l’explication, dont la consonnance est toujours paternaliste, mais la participation des intéressés de la conception à l’exécution. La manière dont Nicolas Sarkozy gouverne mais ne préside ni n’anime, devient un facteur de rigidité – et sera ensuite un facteur de laisser-aller quand le pouvoir sera aux prises avec des conflits frontaux et physiques.
L’oracle – plus banal et moins complaisant quand il sort de l’aire d’emprise du pouvoir actuel – dit vrai en revanche sur quelque chose à examiner. La crise va-t-elle diminuer l’hégémonie américaine. Selon lui, les Etats-Unis depuis le 15 Septembre montrent – malgré eux – qu’ils ne sont plus capables comme antan de réguler et d’amortir les crises mondiales, qu’elles soient des récessions ou qu’elles soient monétaires et financières. C’est une première, estime-t-il, depuis un siècle. Peut-être en économie, mais sûrement pas en politique : la Seconde guerre mondiale a montré que les Etats n’avaient su jouer le bon rôle et particulièrement celui de l’assureur de paix, ni à l’origine du conflit (le traité de Versailles qu’ils avaient imposé et qu’ils n’ont pas ratifié) ni au moment décisif de 1938-1939, les deux automnes où l’autisme européen pour raison de nationalisme et de colonialisme, fit le déclin durable de tous ces pays autrefois grandes puissances mondiales : d’un point de vue proprement américain, les Etats-Unis avaient gagné à ne pas jouer ce rôle. A regarder de près les événements et les réactions depuis le 15 Septembre, ils reviennent à la forme originelle de leur hégémonisme : l’isolationnisme, car les différents sommets – dont on fait gloire à Nicolas Sarkozy – n’ont pas abouti à une véritable organisation d’une concertation pérenne entre les Etats-Unis et le reste du monde en matière économique et monétaire. Ce serait le seul bon point que je décernerai au président en exercice du Conseil européen : avoir discerné que Gordon Brown, depuis dix-huit mois, avait trouvé la bonne manière de gérer les déconfitures ou des discrédits bancaires, et avoir donc fait élargir à la Grande-Bretagne l’euro-groupe. Ce fut la stratégie de Georges Pompidou – accueillant Edward Heath dans le Marché Commun – mais elle ne fut finalement pas payante. Le sera-t-elle maintenant ?
L’incertitude – éventuellement belligène – me paraît résider dans les paramètres des prix du pétrole. Je ne crois pas que l’on tienne même le prix de 70 dollars le baril que visent les participants de l’OPEP à la réunion d’Oran. Eux-mêmes et la Russie – le Venezuela aussi – ont un intérêt vital à valoriser au maximum des ressources qui vont vers l’obsolescence plus vite que vers leur tarrissement. En revanche, le protectionnisme que présagent les dévaluations compétitives du yuan, du rouble, du rial peut rendre plus difficiles les relations internationales s’il n’y a pas un accord général entre zones géographiques protectrices vis-à-vis des tiers mais libérales entre leurs membres respectifs. C’est cela qu’il faut négocier ces temps-ci, et non reparler d’un cycle de Doha bis, qui ne serait qu’un paravent du chacun pour soi.
soir
Lycées… je retrouve ce que m’avait transmis en Avril sur le mouvement d’alors, un de mes étudiants me transmet
Date: Thu, 3 Apr 2008 13:46:45 +0200
Subject: FW: Il se passe des choses assez graves pour la jeunesse populaireFrom:
To:
De la part d’un ami enseignant
CatherineJ'essaye de récapituler, en vrac. Je vous demande aussi de balancer au maximum les infos qui suivent autour de vous.
Dans l'Education nationale, Darcos (le ministre) n'a qu'une formule "la réforme, la réforme !"Cela se traduit, dans l'enseignement professionnel, par la préparation du bac pro en 3 ans au lieu de 4 actuellement. Pour faire court, c'est une façon de laisser des élèves sur le carreau et / ou dans la main de patrons qui, eux, complèteront la formation (i.e. formation maison, nécessité du strict bassin d'emploi, précarisation, etc). Il y a eu des grèves chez élèves des lycées pro, on a vu des élèves du pro dans les manifs (enfin, je n'étais pas dans celle d'hier, importante apparemment).
Dans certains bahuts du 9-3, c'est un véritable "plan social" qui est prévu sous le nom (tenez-vous bien...) de "Pôle d'excellence". La réalité, c'est paillettes grises et ternes, puisqu'il y aura des heures de cours en moins (remplacés par des aussi vides que pompeux projets - mot phare du consensus UMPS sur la question de l'instruction), des classes surchargées et, donc, plus de 600 postes supprimés sur l'Académie (à Utrillo, 160 heures annuelles sautent ; à Henri Wallon, à Aubervilliers, plus de 170, enfin vous voyez le tableau). Pôle d'excellence, comme label, est donc de l'ordre de l'antiphrase orwellienne.Il y a eu contre ces projets des grèves (je pense, personnellement, avoir fait plus d'une semaine en jours accumulés - et je serai à nouveau en grève demain pour des raisons que j'expliquerai plus bas). Des grèves de profs, pas énormément suivies sauf, parfois, en des bahuts très localisés (le mien, par ex.) mais surtout des mouvements d'élèves qui, selon la télé d'hier, criaient dans leur dernière manif "Rendez-nous nos profs !"Jeudi dernier, la manif était, en plus de profs, composée massivement d'élèves enfants d'ouvriers, de gens de toutes provenance, de gens de partout, mais du peuple et, spécifiquement, de Seine-Saint-Denis et de la Seine et Marne "pauvre" (Meaux par ex.). C'était une belle manif, volontaire et déterminée avec, passez-moi l'expression, des gens réels.
Le mouvement côté profs a connu ensuite un coup de mou. 1 semaine de grève, je le reconnais, ça calme les ardeurs d'autant qu'à mon avis, la seule chose qui est en jeu, c'est notre honneur et l'honneur des lycées des banlieues populaires. En plus, il y a le souvenir de 2003 (un trimestre de grève et des retraits de salaire conséquents comme vous pouvez l'imaginer).
Côté élèves, la fortune du mouvement a été différente selon les bahuts. Gros blocages au lycée Paul Eluard à St-Denis, par ex. tandis qu'à Utrillo, l'administration a menacé les élèves, un CPE à la botte a même molesté un (ou des) élève(s) pour les forcer à rentrer et, enfin, la BAC (oui, la Brigade Anti Criminalité !) est venue mercredi il y a deux semaines pour aider l'administration !
Aussitôt, nous nous sommes remis en grève (nous, des profs) et ce, au lendemain de la grève "nationale" du 18 mars et jusqu'au vendredi inclus. C'est lors de ces 4 jours consécutifs qu'eut lieu la belle manif du 20 mars.Ensuite, et de façon consécutive à la pression de l'administration (appel aux parents, menaces de sanctions graves contre les élèves bloqueurs et / ou grévistes), il y a eu un reflux du mouvement avec occupation(s) du lycée hyper minoritaire(s) laissant penser à un pourrissement.
Malgré tout, les élèves ont manifesté dans Saint-Denis (ils étaient fiers d'être passés à la télé !) puis, une dépêche Reuters parlant du caractère crescendo du mouvement a relancé l'énergie des élèves. Mardi (avant-hier, donc), le lycée était bloqué comme à la veille des vacances et lors de la rentrée. Là aussi, grosse violence (aussi réelle que symbolique) du proviseur (ex-PS) et de ses sbires (un P"C", président de l'ANACR (!!!) et un conseiller municipal PS de Stains) mais les élèves se sentant plus forts ont assez bien tenu le coup
En AG des profs, la grève n'a a pas été votée et les élèves sont allés manifestés...Hier soir, deux élèves du lycées étaient en garde à vue pour "outrage à agent", en vérité parce qu'elles ont été témoins de violences de la BAC dans le métro contre des lycéens manifestant, que l'une d'entre elles a filmé la scène avec son portable et que l'autre a appelé les types de la BAC a cessé leurs violences (ci-joint, l'extrait du mail d'une collègue – je suis allée au commissariat de gare du nord puis de gare de lyon avec Amélie et Rébecca (quand j'ai dit à Colas que je partais voir les élèves enfermées,il m'a dit: vous avez des élèves?); elles nous ont vues, on afait plein d'interventions, etc...finalement elles sont sorties; demain, il faudrait faire un communiqué rien que sur ce qui leur est arrivé pour protester contre la répression).
Je précise du reste que la semaine dernière, déjà, des élèves ont passé plusieurs heures au commissariat.
Les deux élèves arrêtées comparaîtront bientôt et nous (profs) avons décidé d'être en grève ce jour-là mais également demain 1/ pour aller manifester avec les élèves et 2/ pour marquer notre ras-le-bol, au sein du bahut, contre l'administration qui se sert des pions du bahut pour fliquer les profs et vérifier s'ils prennent bien leurs élèves.Deux choses essentielles
IL Y A UN VERITABLE MOUVEMENT LYCEEN POPULAIRE CONTRE DARCOS (ET SARKOZY) ET IL EST LARGEMENT TU MEDIATIQUEMENTIL Y A EN CE MOMENT ET CONTRE UNE PARTIE DE LA JEUNESSE POPULAIRE UNE VIOLENCE DE L'ETAT VIA SA POLICE (des gaz lacrymo et des flashballs auraient été utilisés devant un lycée à Gagny (93), à vérifier).Complément : A la station Vanneau, vers 16h30 environ, les policiers en civil ont soudainement stoppé la rame, saisi des manifestants qui étaient sagement en train de rentrer chez eux, les ontfrappés, traînés hors du wagon, puis menottés, mis à terre et tabassés copieusement. Un des garçons ainsi frappés vomissait et perdait du sang. Plusieurs autres passagers se sontindignés de ces pratiques. Une de nos élèves a eu le réflexe de filmer avec un téléphone mobile. Une autre est sortie en demandant aux agresseurs de cesser, fussent-ils policiers,puis en demandant aux passagers de sortir avec elle pour s'interposer. Alors que les portes se refermaient, cette élève ainsi qu'une de ses camarades qui la tenait par le bras ontété tirées hors du wagon par les policiers, tandis qu'un autre était repoussé dans le wagon, qui a démarré.
Les deux jeunes filles, dont une seule est majeure, ont été placées en garde à vue au commissariat de la gare du Nord.
------ Fin du message transféré
[1] - Jérémie XXIII 5 à 8 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Matthieu I 18 à 24
mercredi 17 décembre 2008
Inquiétude & Certitudes - mercredi 17 décembre 2008
matin
Jean-François Copé avant le vote cet après-midi – dit « solennel » - de la loi sur l’audiovisuel. Quatre vingt heures de débat. Il a le culot de dire que les socialistes faute d’avoir des idées nouvelles – pas d’idées donc, si elles ne sont pas nouvelles – s’opposent et bloquent (ils n’ont pas bloqué, la preuve, la loi passe) alors qu’il y a tant d’autres moyens intelligents, démocratiques et modernes de s’opposer : lesquels ? et depuis vingt ans, pour dire que quelque chose est bon ou bien, on dit que c’est moderne, et que quelque chose ne va pas ou est inadéquat, on dit que c’est ringard.
Je lui courielle :
Cher Président,
je vous entends sur France-Infos. conclure les quatre-vingt heures de débat sur l'audiovisuel avant le vote dit solennel de cet après-midi.
Vous y évoquez une télévision publique splendide ou magnifique. Les faits trancheront (mais d'ailleurs lesquels ? l'audimat ? l'appréciation de quelle autorité ou de quel "chef" ?). Vous dites surtout que les socialistes - faute d'idées nouvelles, les bonnes ne seraient donc que les nouvelles, cf. saint Paul et la démangeaison de ses ouailles - s'opposent et bloquent, alors qu'il y a - assurez-vous - bien d'autres manières "intelligentes, modernes" et démocratiques, avez-vous ajouté, je crois me souvenir, pour s'opposer.
Soit, mais quelles sont ces autres manières ? Merci de m'éclairer, en, procédure parlementaire.
Car je suppose que vous n'évoquez ni la rue ni les couloirs ni la corruption, et de qui d'ailleurs ?
Comme d'habitude, je me suis étonné de l'absentéisme, et qu'une réforme - décisive - ne soit jamais à l'ordre du jour constitutionnel ou d'une repasse du règlement intérieur de votre assemblée : l'article 5 sur la publicité adopté par 38 voix contre 5. Un quorum de présence physique pour qu'un vote soit valide.
Ne voyez pas d'impertinence dans ma question, mais de l'angoisse.
Le propre des dictatures est d'une part qu'elles sont personnelles, d'autre part qu'on ne s'aperçoit qu'on y est qu'une fois enfermés, mais surtout elles se fondent sur la tolérance, qui a autant de motifs qu'il y a d'individus dans un pays en passe d'y consentir. Ce qui m'inquiète n'est pas l'activisme du président de la République - c'est son tempérament - c'est que tous ou presque y consentent (je suppose d'ailleurs qu'il a un profond mépris pour les consentants et il a depuis longtemps affiché son mépris pour Jacques Chirac qui avait tout pour l'empêcher de parvenir ou le mettre en situation de faire ses preuves et donc d'édifier les Français, bien avant l'élection présidentielle). Tout cela vous le savez. Vous-même.
En revanche, merci pour m'éclairer sur les manières "intelligentes, modernes".
Sentiments déférents.
Il n’y a de majorité à l’Assemblée nationale que contrainte : 50 voix d’écart seulement sur l’audiovisuel cet après-midi.
Communication… le président de la République à Palaiseau – nous devons à Edgard Pisani et à Paul Delouvrier, à Louis Armand aussi le rassemblement d’une bonne partie de nos écoles scientifiques de prerstige sur ce plateau, qui est aussi celui du C E A à Saclay – pour renoncer à la discrimination positive qui avait été l’un de chevaux de bataille depuis 2005 sinon 2002 à la place Beauvau. La commission Simone Veil l’y avait incité le matin même, la Constitution, rien que la Constitution. Reprise du vocabulaire de Jacques Chirac sur les fractures, politisue des bourses pour élargir le recrutement des élites : thème, s’il en est, de Georges Pompidou. Chez nous, les matamore – et Jacques Chirac jusqu’en 1988 jouait ainsi de sa jeunesse relative – commencent en brise-tout et terminent en rad.-soc. pour des poliiques rondouillards et éprouvées. Un enseignant à Sciences-Po. de la sociologie politique et de la communication opinait hjier soir – je n’ai pas retenu son nom – que comme ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy commence de songer à sa réélection. Il y a une exception, le général de Gaulle. Yazid Sabeg dont le livre prônait au début de l’automne la discrimination positive est nommé cet après-midi commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, on commente son parcours d’entrepreneur (dans la communication) et d’homme de réseau (son livre appuyé par Carla Bruni-Sarkozy) et même de co-équipier de Claude Bébéar, fondateur d’AXA et successeur – en pratique, mais, à mon sens, pas en vérité d’homme – d’Ambroise Roux comme parrain du patronat français. Le nouveau commissaire se présente sur France-Infos. : pas une phrase qui ne louange le président de la République, lettre de mission précise mais offrant plusieurs pistes, action dans la longue durée mais résultats avant Mars, aucune concurrence avec Fadela Amara mais aller plus vite et plus loin dans le plan banlieue. Au total, politique des quotas : d’ici 2011, 30% de la population des classes préparatoires aux grandes écoles devront être des boursiers enfants d’ouvriers ou d’immigrés (j’ai cru entendre d’ailleurs, fils de… ce qui était oublier les filles…), et exclusion pratique des classes moyennes sans couverture familiale et sans aide de l’Etat.
Conseillés par leurs banques respectives, les épargnants et investisseurs particuliers français perdent plusieurs centaines de millions par la fin de la fraude Madoff. Jean-Pierre Jouyet, à peine à la tête de l’Autorité des marchés financiers, critique celle des Etats-Unis…
Les sondages.
La rente de situation : 61% d’opinions favorables à Martine Aubry et 32% à Ségolène Royal.
L’effrayant est que les Français approuvent ce dont ils ont peu connaissance informée ou directe et qui n’est qu’effet d’image et de commentaire, de propagande : Nicolas Sarkozy en tant que président de l’Union européenne (le terme exact est : du Conseil européen). Mais quand ils sont en situation personnelle d’appréhender ou de juger, ils apprécient très négativement la politique conduite par le même Nicolas Sarkozy. On devrait d’ailleurs être très vite fixé puisque chacun – le pouvoir et la majorité des Français – appréhende un conflit social grave en 2009. Je note que depuis le début de ce mandat présidentiel, la politique économique suivie est jugée négativement à au moins 60%.
PARIS (AFP) - 16/12/08 08:14
Sarkozy approuvé comme président de l'UE, pas comme président français
Le bilan de Nicolas Sarkozy en tant que président de l'Union européenne est largement approuvé par les Français (56%) mais le président français ne suscite pas la même confiance, puisqu'un Français sur deux (50%) s'attend à un conflit social majeur en 2009, selon un sondage BVA.
nMaxPhoto = 1;
Ce sondage, publié mardi dans Les Echos et sur France Inter, montre également que la politique économique menée actuellement par le gouvernement est jugée mauvaise par 61% des personnes interrogées (contre 34% qui la jugent bonne).
Les sympathisants de droite sont 61% à la juger bonne, 38% mauvaise (16% contre 80% pour les sympathisants de gauche).
Alors que la présidence française de l'UE prend fin le 31 décembre, 56% des personnes interrogées ont une bonne opinion de Nicolas Sarkozy en tant que président en exercice du Conseil européen.
Les sympathisants de droite approuvent son action à la tête de l'UE à 73% (contre 20%, le reste sans opinion), les sympathisants de gauche à 44% (contre 47% qui ont une mauvaise opinion).
66% des Français pensent notamment que M. Sarkozy sait faire preuve de diplomatie envers ses partenaires européens (contre 28%), et 60% (contre 32%) qu'il a un projet ambitieux pour l'Europe.
49% des sondés pensent qu'il a su fédérer la réponse européenne face à la crise financière (contre 44%), et 58% (contre 33%) qu'il a également su fédérer l'UE sur les questions de climat et d'environnement.
Sur le plan intérieur en revanche, 50% des Français pensent qu'il y aura en France dans les mois qui viennent un conflit social majeur avec risque de paralysie du pays comme en 1995.
Sondage réalisé les 12 et 13 décembre auprès d'un échantillon de 1.017 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.
[1] - Gn XLIX 2 à 10 ; psaume LXXII ; évangile selon saint Matthieu I 1 à 7
mardi 16 décembre 2008
Droits de l’homme
politique étrangère . organisation du gouvernement . effectivité
réflexions proposées au Président de la République,
au Premier Ministre
et au ministre des Affaires étrangères et européennes
Il est dommage que le sujet fasse polémique.
Les débats sur le courage ou pas du président de la République dans sa relation personnelle avec les dirigeants chinois à propos des égards qu’il a ou qu’il n’a pas envers le Dalaï-Lama. La question de l’arche de Zoé et de ses activités – de qualification controversée – au Tchad ou au Darfour. La réception du colonel Mouammar Khadaffi. Sont des questions politiques et d’opportunité, elles ne sont pas de principe. Les situations sont possibles à connaître. Les attitudes françaises choquent davantage l’opinion nationale qu’étrangère. L’image de notre pays avait souffert des guerres coloniales et de la très tardive raification de la Convention européenne des droits de l’homme. Elle est actuellement floue du fait d’affichages ambivalents de nos politiques d’immigration et d’insertion des nouveaux venus, et plus encore des clandestins.
Les grands Etats comparables aux nôtres – Etats-Unis, Grande-Bretagne, République fédérale d’Allemagne – ont autant de titres que nous à prétendre avoir fondé les droits de l’homme, soit par des textes (la Constitution américaine de 1787), soit par une pratique l’habeas corpus britannique, soit par une reconnaissance implicite de culpabilité produisant un discours militant (la relation germano-israëlienne, la protestation d’Angela Merkel, unique en Europe contre Guantanamo, dès sa prise de fonction).
Nous sommes dans un mélange des genres et des sujets.
Nos prises de position – le général de Gaulle – à propos de la guerre du Vietnam, de celle du Biafra et en général pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes valent pour des conflits de libération collective : nous sommes moins au clair pour le Kurdistan, nous avons été confus et perplexes dans les guerres de Yougoslavie. La question – en diplomatie – n’est donc pas nouvelle. Les camps de rétention ou de concentration n’ont pas seulement existé sous l’occupation allemande, mais aussi sous le général de Gaulle du fait de la guerre d’Algérie, et en métropole-même (l’ « internement administratif »…). Les différents lieux réservés aux immigrants et aux sans-papiers, voire l’état général de nos prisons (mis en évidence ces jours-ci par un déplacement nocturne de la cour d’assises dans l’affaire Ferrara), paraissent peu conformes à la dignité humaine, chez nous.
Bernard Kouchner et Nicolas Sarkozy portent chacun un étendard.
Celui du ministre des Affaires étrangères et européennes est chronologiquement éclatant et fondateur : le droit d’ingérence pour des raisons humanitaires. Depuis le Biafra et en coincidence avec une politique de l’Etat français – osée mais qui ne put s’affirmer. La gestion de la crise kosovar pour les Nations unies et l’Union européenne a sensiblement ajouté au titre du futur ministre, qui avait déjà eu – dans un gouvernement de gauche – un demi-portefeuille pour ces questions.
Le président de la République a tenu à ce qu’il y ait un secrétariat d’Etat aux droits de l’homme. Rama Yade, par une liberté de parole – aventurée au Tchad, courageuse envers la Libye et la Chine – femme à l’origine ethnique et au parcours très illustratifs, a une grande présence médiatique mais peu d’effectivité gouvernementale et diplomatique. Le rôle d’être montrée ou oubliée, n’est pas décent et c’est à son corps défendant. Le président de la République tient – sur ce sujet comme sur tout, depuis son élection et conformément à sa campagne pour celle-ci – à être cohérent. Le secrétariat d’Etat n’ajoute rien à une politique conséquente et brouille toute autre politique.
Les réflexions récentes du ministre ont l’avantage de poser la question en termes crûs. Mais je crois ces termes incomplets. Nous n’avons pas à choisir entre pratique et théorie, mais en termes – qui ne dépendent que de nous-mêmes – d’organisation et de comportement.
Pour la forme. Ministère ou pas ?
L’organisation gouvernementale doit être pratique et pérenne, et de peu de membres (collégialité souhaitable au conseil des ministres et interministérialité – partage – des sujets difficiles ou de grande actualité).
Il peut y avoir des portefeuilles ministériels ad hoc comme ceux traitant des terrioires envahis ou libérés après la Grande Guerre, ou des affaires algériennes jusqu’en 1962, mais les affichages – soit par des lois de circonstances soit par des intitulés compliqués de ministères (condition féminine, temps libre) – sont une complaisance qui ne trompe personne.
Il y a des sujets qui sont transversaux et qui doivent imprégner toute l’action gouvernementale, qui sont par nature interministériels donc de la compétence d’animation générale du Premier ministre – l’écologie, l’environnement, la famille, les personnes âgées, ce n’est pas énumératif, d’une certaine manière la sécurité et la défense nationale (distinctes des moyens à mettre en œuvre ou à projeter), les droits de l’homme et la dignité humaine sont de cette nature. Souci permanent mais pas administration en soi.
Il n’est pas bon que le ministère des Affaires étrangères – ayant par vocation à être multi-localisé (nos divers réseaux à l’étranger) et multi-incarné (nos ambassadeurs autant que le ministre et ses collaborateurs et directeurs) – soit à plusieurs têtes même si le cabinet est organisé (comme Bercy l’a fait depuis une dizaine d’années) en commun. Un seul ministre mais à la manière des Etats-Unis ou de l’Allemagne ou de la Grande-Bretagne, une mise en avant plus directe des directeurs et du secrétaire général. Maurice Couve de Murville ne voulait pas d’un secrétaire d’Etat à la Coopération, encore moins d’un ministre et obtint que le budget soit unique.
Les ministères ne sont pas des gestionnaires de clientèle ou des faire-valoir pour un thème porteur.
Donc pas de secrétaire d’Etat aux droits de l’homme.
Mais une politique des droits de l’homme.
Pour le fond. Réalisme ou utopie ?
Les voies de solution – sur le fond : notre comportement d’Etat – me paraissent aussi simples, mais elles demandent de l’énergie.
1°
vis-à-vis d’Etats manifestement totalitaires, quoique d’apparence capitaliste, ce qui n’est pas nouveau (puisque leur centralisation politique est telle que des représailles commerciales peuvent être évoquées en cas de gestes leur déplaisant), nous pratiquons la non ingérence, mais avec un principe de réciprocité.
Nous ne nous mêlons pas, sauf dans le huis clos des conversations politiques ou diplomatiques, des répressions diverses mais nous n’approuvons pas le discours habituel sur les « réalités propres » à chaque pays exonérant les uns de ce qui est crime pour d’autres, et qui seraient mal comprises des dénonciateurs : nous sommes convaincus de l’unité du genre humain, de la maturité de chaque peuple et de chacun de ses citoyens, quel que soit le régime politique, économique ou la situation historique. Mais en revanche, nous faisons ce que nous voulons chez nous, nous accueillons qui nous voulons – en grande pompe, éventuellement – et nous accordons l’asile politique avec les droits et devoirs usuels, à qui nous le voulons.
Dans l’espèce chinoise, soyons factuels. Nous avons soutenu la Chine – version Pékin – aussi bien pour le siège au Conseil de sécurité que pour son refus de sécession de Taïwan. En revanche, le Dalaï-Lama, quelles que soient ses concessions depuis un an qui ne seront sans doute pas avalisées par son peuple et par son successeur, n’est pas seulement un chef spirituel, il est le souverain d’un Etat dont le statut international n’est sans doute pas clair, mais pas non plus tranché. Même seulement autonome, un Etat est un Etat.
2°
les leçons aux autres valent d’abord pour nous-mêmes. L’expérience est quotidienne pour ceux qui représentent la France, à l’étranger, notamment en Afrique où nous prodiguons les conseils de bonne gouvernance… qui sommes-nous pour les donner ? sommes-nous irréprochables ? exposé des motifs de notre récente révision constitutionnelle.
Les droits de l’homme, la dignité humaine chez nous. Vincennes (le Bois des promeneurs comme les camps de rétention), la rue de la Banque… et l’effectivité des promesses de re-logement, le logement social en France et l’application des pourcentages légaux par communes…
S’agissant de l’immigration clandestine, qui ne cessera pas, l’européisation des normes de dissuasion et de répression, les accords franco-africains bilatéraux ne sont que des habillages. Ils ne trompent que ceux qui ne vivent pas la question – c’est-à-dire ne sont pas eux-mêmes clandestins, ou ne sont pas amenés, souvent de fil en aiguille à aider ces sans-papiers ou à se porter caution. Il me semble que – là et là seulement – doit jouer une double politique, celle de l’affichage d’une réglementation répressive destinée à impressionner le dehors, mais une fois le fait accompli une politique de compassion, très ajustée et personnalisée, est seule digne de nous. Politique de compassion qui condamne nos pratiques carcérales pour les irréguliers.
S’agissant des privations de liberté juridictionnellement décidées, la situation française fait honte. Les procédures de prison préventive et plus encore les dispositions nouvelles pour des incarcérations à vie ne sont pas dignes de nous. Les peines sont en elles-mêmes des peines, il est illégal d’y ajouter, notamment par la promiscuité, l’inconfort et même la dangerosité qui – de fait – les assortissent.
Payons d’exemple chez nous – pour les droits de l’homme – et, vis-à-vis des autres, soyons libres d’agir et de parler, d’accueillir, de recevoir, d’honorer, comme nous le voulons, chez nous.
Alors, une militance mieux fondée. Celle de continuer à contribuer à la codification de la protection et de la reconnaissance des droits de l’homme, et – avec persévérance – d’amener le maximum de signataires à ces textes, comme nous l’avons fait, avec nos partenaires, pour la paix après les guerres, pour la non-prolifération des armes nucléaires, comme nous le tentons avec d’autres à propos des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre. Et à terme, parvenir, comme cela se pratique en Europe, à des juridictions internationales des droits de l’homme. L’édifice ne trouvant sa cohérence et son efficacité qu’à deux conditions d’organisation ultime : le recours possible dans la vie intérieure des Etats à ces textes de droit international, recours devant tous trbunaux domestiques avec appel possible à ces futures juridictions internationales.
La gouvernance mondiale – climatique, financière, économique et pour la paix et l’amenuisement des inégalités entre peuples – pourrait commencer par les droits de l’homme.
Militance, cohérence et non pas affichage.
Bertrand Fessard de Foucault . 16 XII 08
Inquiétude & Certitudes - mardi 16 décembre 2008
Mardi 16 Décembre 2008
matin
Hier, à l’annonce des deux jours de réunions de la FED, les supputations sur les nouveaux taux se fondaient sur la projection moyenne des « traders ». Ce qui signifie que les trois mois de crise, tout juste – en comptant à partir de la déconfiture de Lehman Brothers – n’ont en rien changé les structures. Les « traders » continuent de faire la loi, aucun Etat n’a réfléchi ni encore moins décidé sur ses procédures nationales de contrôle : commissions bancaires des banques centrales, organismes de contrôle et de surveillance des marchés financiers. Aucune leçon « systémique » n’est tirée. En France, aux Etats-Unis, partout.
L’Equateur cesse le service de 40% de sa dette internationale. L’Allemagne ne parvient pas à placer ses bons du trésor. Le recours sur lequel tout s’est appuyé depuis trois mois – le crédit des Etats suppléant celui des banques les unes vis-à-vis des autres – ne tiendra pas sans un changement structurel, sans changements très visibles des dirigeants économiques et de leur mode de recrutement à différencier désormais de leur cooptation, et sans un retour au peuple, c’est-à-dire à de l’emprunt en même temps qu’à des augmentations de ressources pour les ménages (salaires et retraites). Ce que des amnisties fiscales rendent compatibles.
après-midi
Les lycéens avancent, puisque le ministre a reculé sous la menace, alors qu’il aurait dû surseoir il y a un bon mois déjà, encore en position de force et donc de bienveillant octroi…,retrait pur et simple de la réforme. Occupations de lycées par centaines, manifestations un peu partout, dont là où j’habite : Vannes, où d’ordinaire l’on n’est pas excité, on y a perdu Lamberet, les trois quarts de Michelin et plusieurs régiments… sans que cela fasse énormément de cris.
soir
De mon correspondant à Bruxelles, j’apprends que la lettre adressée par Sidi Ould Cheikh Abdallahi, via notre ambassadeur à Nouakchott, à Nicolas Sarkozy en tant que président en exercice de l’Union européenne, n’a pas figuré au dossier de la réunion du vendredi 12 et n’avait pas été communiquée à ceux qui instruisent le dossier Mauritanie au titre de l’article 96 du traité de Cotonou. – Ce film des années 1980, une vieille sicilienne dont les fils ont émigré aux Etats-Unis fait pendant des années plusieurs fois par mois un long chemin à pied dans les caillasses, par un soleil à rendre fou, afin de dicter la lettre périodique pour l’Amérique, elle paye, elle apporte des vivres, elle attend la réponse, des années à venir dicter sa lettre périodique, et la dernière image du film montre l’écrivain public tracer des barres sur le papier, tandis que parle la pauvre vieille à ses enfants ; il est illettré comme elle.
Quand on étudie l’histoire de la France sous (ou par) de Gaulle, on est en pleine tragédie gracque, on est aussi en philosophie politique : comment naît et se formule une analyse, comment se combine une stratégie, quels obstacles, quels échecs ? quels moyens ? la rencontre avec le peuple, la danse avec le destin, l’évaluation des émules. Les personnages, à commencer le premier : l’homme du 18-Juin, sont tous des serviteurs, j’en ai rencontré et fait parler beaucoup, le trait commun était que le service du pays s’était confondu pour chacun avec l’adhésion et le dévouement à de Gaulle, il y avait eu rencontre jamais d’opportunité, presque toujours sacrificielle et oblative, sur grand fond de France. Ce fut l’épopée de la France libre, certes, mais tout autant la religion de l’Etat à la fondation de la Cinquième République. Louis Vallon, René Capitant, Maurice Couve de Murville, Jean-Marcel Jeanneney, Christian Fouchet, Jacques Vendroux évidemment et pas tant à raison de ses liens matrimoniaux, Michel Debré, Olivier Guichard, Pierre Lefranc, Roger Frey, Jacques Foccart, Etienne Burin des Roziers, Bernard Tricot et tant de seconds rôles et même Jacques Chaban-Delmas ou Edgar Faure. Et pour n’avoir pas rencontré Olivier Wormser, au moins Maurice Grimaud, René Belin et bientôt Marceau Long disent chacun l’intelligence, la souveraineté, la courtoisie d’un serviteur de la grande chose française. Raymond Barre, Jean-François-Poncet en rajoutent et Valéry Giscard d’Estaing a la conclusion étonnante mais la plus juste : la conscience professionnelle, le sens du devoir d’état chez de Gaulle. Ils me l’ont dit et l’ont écrit. En somme l’humilité personnelle d’une ambition très grande que fondait une lucidité sur nous, nos cartes et nos empêchements.
Histoire d’idées et de faits, pas d’alcôve. Histoire d’un caractère : François Mitterrand me racontant sa première entrevue avec de Gaulle et leur heurt, mais il sait me décrire les yeux du Général et me le faire entendre. Dans le bureau contigu, celui de Jacques Attali, attendent le Premier ministre et le ministre de l’Education nationale, on est au début de 1983, mais je ne serai jamais du cercle.
Salle d’attente chez les urgentistes de la clinique locale. Un numéro pas ancien de l’Express… le tournant, le premier tournant du règne de Nicolas Sarkozy – le règne d’un chef d’Etat qui prend connaissance dans la voiture qui l’amène à l’université de Dakar, du discours « fondateur » qu’il va lire, à guichets fermés, censément pour s’adresser à toute l’Afrique – le premier tournant, c’est le lâcher prise de Cécilia. La séparation fait la disgrâce à terme assez court de David Martinon et aujourd’hui de Rachida Dati, d’autres sans doute qu’on connaît moins. De la toute première femme – Corse – viennent, décalées dans le temps, des mises en relations qui changent des carrières de hauts-fonctionnaires. L’homme dont le dynamisme – ou le dopage – s’impose à tous au nom de fonctions conférant légitimité et infaillibilité, est probablement un faible dans le miroir que lui tendent les épouses successives. L’histoire d’un des présidents de la Cinquième République sera donc à écrire ainsi, sur des rapports psychotiques dans l’intimité mais aussi avec certains collaborateurs. Untel fascine Nicolas Sarkozy par un vernis culturel ou une écriture ampoulée, tel autre par ses explications sur la crise financière, et ainsi de suite, je ne suis pas entré dans la galerie des portraits et ne peut donc en rendre compte. Trait commun avec Jacques Chirac : beaucoup croient pouvoir être le mentor sur un sujet ou sur tout. Du dictateur, on peut se servir comme d’un truchement, pour « faire passer » quelque chose. Beaucoup y prétendent. D’autres – Jean-François Copé – prennent des leçons de culot.
La FED abaisse au maximum son taux directeur. Il paraît que les obligations d’Etat – allemande ou américaine – n’avaient plus preneur en fin de semaine dernière à leur terme habituel de deux ans, qu’en revanche elles ont été placées à un taux négatif pour un terme de deux mois seulement. On est constamment dans des « premières » avec cette institution. Une banque centrale prêtant directement aux entreprises – c’était au début de Novembre. Une banque centrale achetant des bons du Trésor – c’est pour très bientôt.
Le gazole à 0,99 euro il y a deux jours, ce soir à 0,95. Pouvoir stocker… réunion de l’OPEP demain à Oran. Prévisible diminution de la production journalière de 2 millions de barils, pour atteindre un prix de 75 dollars le baril, alors qu’on en est à 40 aujourd’hui. L’euro. est remonté à 1,40 dollar sans qu’on le commente ni même qu’on s’en aperçoive. Avant le recul devant la monnaie, il y a déjà – précvurseur – le recul devant les chiffres, devant tout chiffre. Mais à Vienne, il n’y a pas deux mois avait été décidée une baisse de 1,5 million de barils à compter du 1er Novembre : les prix ont continué de descendre…