jeudi 23 juin 2016

loi Travail : des contrôles inédits en amont de la nouvelle manifestation - Le Monde . Emeline Cazi



LE MONDE | 23.06.2016 à 04h37 • Mis à jour le 23.06.2016 à 09h21 | Par Emeline Cazi
Fouille de sécurité, gare du Nord, à Paris, le 16 juin.

Jamais un parcours de défilé syndical n’aura été aussi court, et pourtant jamais, ou presque, une manifestation n’aura mobilisé un aussi grand nombre de policiers. De mémoire de syndicaliste, 2 000 fonctionnaires pour assurer la sécurité d’un cortège – et ce sans compter les services d’ordre des syndicats –, est en effet « hors norme », voire inédit, assure le secrétaire général délégué du syndicat de police Alliance, Fabien Vanhemelryck.

Après les rebondissements de la matinée de mercredi 22 juin – l’interdiction, puis l’autorisation de la manifestation parisienne du 23 juin contre la loi El Khomri – et la longue réunion qu’il a conduite dans l’après-midi avec les représentants syndicaux, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, a détaillé à la presse les mesures prises pour éviter tout débordement.
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Le parcours prévu de la manifestation contre la loi travail du 23 juin 2016.
Le tracé du parcours a donc été voulu le plus court possible, pour empêcher au maximum les casseurs de s’introduire dans le défilé. Le cortège partira de la place de la Bastille et y reviendra, après avoir fait une boucle de 1,8 km autour du bassin de l’arsenal. La préfecture de police de Paris et le ministère de l’intérieur plaidaient pour un rassemblement statique, moins gourmand en forces de l’ordre, puisqu’il y a moins de carrefours et de commerces à sécuriser. Les syndicats maintenaient vouloir défiler coûte que coûte.
Il semble que la solution retenue ressemble davantage à celle souhaitée par la préfecture qu’à une grande marche. Pour éviter tout engorgement de la place de la Bastille, le préfet de police recommande d’ailleurs aux manifestants d’étaler leur arrivée sur les lieux, et de se disperser aussitôt le tour du bassin de l’Arsenal fait.

Ni sac, ni masque, ni foulard

Des contrôles seront réalisés en amont, sur les avenues et boulevards menant à la place de la Bastille, de manière à éviter que des projectiles ou des « déguisements » – ce sont les termes du préfet – ne soient apportés par les manifestants. En cas de doute, des palpations de sécurité pourront être réalisées par les policiers. Pour limiter l’attente sur ces lieux de « préfiltrage », Michel Cadot recommande de venir sans sac à dos. Et rappelle que le port d’un masque ou d’un foulard qui dissimulerait le visage est strictement interdit.
Toutes ces mesures n’ont qu’un seul but : empêcher les casseurs de s’infiltrer dans le cortège, comme cela a pu se passer ces dernières semaines. A ce sujet, une centaine de personnes interpellées lors des dernières manifestations parisiennes se verront notifier, d’ici au début du rassemblement, un arrêté d’interdiction de paraître. « Nous évaluons tout de même à plusieurs centaines le nombre de personnes qui pourraient se déplacer pour casser, ou qui les soutiendraient », confie une source policière.
Des petites unités des compagnies républicaines de sécurité (CRS) ou de la brigade anticriminalité (BAC), de 20 à 30 hommes, seront positionnées aux abords de la manifestation, notamment dans le Marais et dans le 9arrondissement, pour pouvoir intervenir en cinq à six minutes, au cas où certains voudraient commettre des infractions malgré tout.

Virevoltes gouvernementales

Le préfet de police a demandé aux syndicats de dimensionner leurs services d’ordre en conséquence et de se positionner à chacun des points sensibles du parcours. La boucle est courte, mais on compte tout de même, sur le tracé, un opéra, un commissariat de police, une passerelle, des locaux de la RATP. Un officier de police sera en lien avec chaque organisation syndicale pour relayer l’information au moindre incident.
Enfin, les canons à eau ne seront pas prépositionnés. La configuration des lieux, la proximité des immeubles, n’est pas très propice à leur utilisation, explique-t-on à la préfecture de police. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’ils ne seront pas utilisés en cas de besoin.
Nicolas Comte, le représentant d’Unité SGP Police (branche du syndicat Force ouvrière), se félicite qu’un compromis ait été trouvé :
« La manifestation interdite aurait été beaucoup plus difficile à gérer que la manifestation négociée. Deux compagnies de CRS parisiennes avaient d’ailleurs été rappelées sur leur jour de repos. Mais on aurait pu arriver à cette solution sans passer par ce psychodrame de l’interdiction, puis de l’autorisation. »
Le représentant syndical espère en revanche que les instructions données sur le terrain seront claires. Et non à l’image des virevoltes gouvernementales de ces dernières heures.

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