samedi 25 juin 2016

couriellé à l'Elysée - la voie royale


Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

permettez que je m'approprie l'expression actuelle du Président, en réponse à chacune des manifestations contre le projet de loi Travail.

J'irai jusqu'au bout dans ma tentative (ma prétention ? ) d'amener ou de ramener le Président à ce qui me semble l'intérêt du pays, la tradition d'une gauche d'envergure et surtout le génie de la France. 


C'est dans le désert - et nous y somme depuis une vingtaine d'années - que les carrefours se présentent le plus. Et le Président est favorisé : l'occasion des nationalisations industrielles et bancaires, l'occasion d'une entente entre grands Etats pour un moratoire des dettes souveraines, l'occasion d'établir un service national bien plus étendue et ambitieux que l'ancien puisque terrorisme, incivisme et chômage le surmotivent... autant de carrefours, chaque fois, la novation, la grande ambition. Je me suis permis de les faire observer, chacune à son moment.

Le retrait de la Grande-Bretagne est le mouvement que beaucoup des opinions publiques dans les Etats-membres souhaitent voir opérer par leur propre pays. Enthousiasmante et jusqu'auboutiste dans les esprit, durant ses deux premières décennies, au point de faire mettre en ballotage de Gaulle, alors même que celui-ci avec Couve de Murville et Pisani, accouchait au forceps le "marché commun agricole", l'entreprise européenne est aujourd'hui l'exact contraire de ce qu'elle fut. De panacée, puis de projet mûri et opérationnel, elle est devenue le repoussoir, la cause de tous les empêchements, de toutes les déconvenues, de toutes les injustices. Elle n'est plus le moyen commun d'une indépendance et d'une prospérité à tous, mais la cause d'un asservissement, d'une vulnérabilité de chacun des pays. C'est en tout cas ce qui est ressenti. Les gouvernements ont plus que contribué à cette amnésie et à cet étouffement.


Le Président et vous-même - ancien ministre de son prédécesseur pour les affaires européennes - vous le savez.

Il faut donc un sursaut et une novation. Des institutions nouvelles dont la principale sera le mode d'élection du président de l'Union : j'en réclame depuis dix ans l'élection au suffrage direct de tous les citoyens européens, et que ce président puisse appeler au referendum dans les matières prévues par le traité refondateur. Certainement un nouveau traité, qui puisse se réviser selon ses propres procédures, par referendum, qui prévoit la sécession, la suspension, le retour d'un ou de plusieurs Etats-membres. Certainement des dispositions réglant une citoyenneté européenne qui ne soit pas forcément le fait d'une nationalité de l'un des Etats membres : ce qui répondrait à la question des peuples européens migrants et sans terrtioire propre, la question des demandeurs d'asile et d'une façon plus générale des populations affluentes et ne se dirigeant qu'occasionnellement vers un des Etats-membres plutôt qu'un autre. Je ne détaille pas. Une Constituante européenne ? ou ce qui avait si bien opéré avec Giscard d'Estaing et Dehaene.

Mais aussi, il y a nos conjonctures nationales, ces primaires à gauche ou à droite qui sont des leurres et qu'on manipule à l'évidence dans leur calendrier et leur organisation.

Le pays a besoin d'un consensus, c'est cela l'alternative attendue : ce n'est pas le redoublement par défaut du quinquennat encore en cours, ni le retour de Nicolas Sarkozy ou d'Alain Juppé. A défaut de cette alternative que serait le consensus, s'en présente une autre depuis presque le début du mandat actuel tant celui-ci a déçu à gauche sans convaincre à droite :  Marine Le Pen, et forcément - puisqu'elle n'aura pas de majorité parlementaire - un gouvernement formé au Parlement et par le consensus des partis, mais sans plus les candidats actuels, tant pis pour le Président et pour son prédécesseur.

Ce consensus a une matière toute trouvée, et le calendrier l'impose. C'est l'Europe. Pour l'heure, elle fait consensus le plus souvent contre elle. Mais le vrai clivage, transcendant les partis, c'est bien elle. La recomposition de tout, c'est elle. Le barrage à la xénophobie et aux extrêmes, c'est elle : l'Europe. L'Europe réinstituée. Que le Président prenne la tête du parti européen et appelle donc à une réélection qui - thématiquement - serait toute nouvelle et pas du tout gauche contre droite, ou socialiste contre libéral. Le parti du patriotisme et de l'indépendance des Européens, le parti proposant le nouveau traité, la nouvelle déclaration Schuman - j'ai proposé vainement il y a quelques semaines, ce rôle à Angela Merkel, faute de France, et au fait de sa puissance relative en Europe par l'économie et l'équilibre budgétaire, l'Allemagne a démontré qu'elle ne sait pas davantage proposer l'Europe vive, l'Europe oubliée et pourtant nécessaire, à nous tous et au monde.


Ce doit être la proposition - à deux - lundi soir à Berlin et qui nous aime ! nous suive ! que l'on passe de vingt-sept ou vingt-huit à la dizaine ? tant mieux, mais l'intégration et la démocratie. Les autres tôt ou tard, y compris la Grande-Bretagne, rejoindront.

La conjoncture le permet : les élections françaises sont encore assez lointaines et l'élection américaine coupe le souffle et l'imagination outre-Atlantique.

Allez-y ! allons-y !
***
 
Ci-après, analyse de deux amis. Le premier, ancien de premier rang dans l'AFP et co-auteur de La décennie Mitterrand, le second infatigable et vertueux défenseur des demandeurs d'asile après une première carrière à la tête d'une petite entreprise marchant très bien.

Le 25/06/2016 à 10:07, Michel Martin Roland a écrit :

La grande masse du peuple anglais, pas l'élite, mais les victimes des interminables purges antisociales du thatchérisme et du blairisme, ont cru aux mensonges des démagogues du Brexit selon quoi les immigrés prennent la place des Anglais. Et les jeunes anglais, incroyablement dépolitisés, n'ont pas beaucoup voté. Maintenant, la procédure de divorce va être longue et douloureuse et, à chaque phase, les Anglais vont découvrir ce qu'ils vont perdre. Ecossais et Ulstériens se trouvent devant un choix cornélien. Honte à Cameron d'avoir joué avec le feu ! Mais j'ai encore confiance dans la sagesse multiséculaire de Westminster pour calmer le jeu et éviter les débordements des impatients. Le Royaume Uni va morfler économiquement mais trouvera en soi les ressources pour survivre, le "peuple" qui a voté "out" ne gagnera rien au change et la City va perdre de sa superbe. Le plus préoccupant c'est, sur le continent, le risque d'un effet domino. Que vont dire les Danois ? On ne peut pas compter sur le vélo aux pneus crevés qu'est depuis la chute du Mur le "couple" franco-allemand pour relancer une dynamique fédéraliste. L'euro est fragilisé. Bruxelles va faire profil bas et les démagogues du Continent vont s'en donner à cœur joie. Face aux périls, qui à Berlin, Paris, Varsovie, Madrid, Rome ou La Haye saura nous sortir de l'ornière ? 


Le 25/06/2016 à 08:21, Olivier BRISSON a écrit :

Brexit : To be or not to be happy, that is the question…
Le 24/06/2016

Nigel Farage, Boris Johnson, Marine le Pen, Geert Wilders ne sont pas europhobes mais xénophobes..
Pour éviter la contagion, il existe un traitement : Le Traitement de Rome, avec 5 gouttes de Monnet, Schuman, de Gasperi, 1 goutte d’Adenauer et de de Gaulle et une pincée de Pape François…

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