mercredi 1 décembre 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 1er décembre 2010


Mercredi 1er Décembre 2010


Prier…
[1] neige qui isole, enferme, protège. Dépaysement, es habitudes contrariées, le rythme de vie forcément modifié. Routes verglassées, imprévoyance des services publics au moins dans mon pays d’adoption, informations clochemerlesques sur les embarras de circulation : que serait-ce ou que ce sera-ce s’il y a alerte atomique, tremblement de terre, invasion étrangère ou bactériologique, certainement pire qu’en Juin 1940, un Etat démantelé aux dirigeants démunis quand la difficulté est là, arrogants quand il faut assurer que tout est prêt et les administrés pas mieux : que leur problème à chacun. Les enfants et la neige, les oiseaux et la nourriture, la lumière surtout, les distances et les sons changés. Tous mangèrent à leur faim, et, des morceaux qui restaient, on ramassa sept corbeilles pleines. Les miracles du Christ ne sont qu’indirectement pour sa propre manifestation, ils sont sa rencontre avec nous, selon nous : j’ai pitié de cette foule : depuis trois jours déjà, ils sont avec moi et n’ont rien à manger. Les trois jours de l’ensevelissement entre mort et résurrection. L’adhésion de nous tous, sans conditions de Dieu et sans question de nous : il gravit la montagne et s’assit. De grandes foules vinrent à lui, avec des boîteux, des aveugles, des estropiés, des muets, et beaucoup d’autres infirmes : on les déposa à ses pieds et il les guérit Quant au grand nombre des bien-portants… je ne veux pas les renvoyer à jeun ; ils pourraient défaillir en route. Jésus, incarné, Dieu fait homme, ses sentiments humains, certainement plus intenses encore que les nôtres. Souveraineté aussi dans l’analyse d’une situation, l’énoncé du problème. Rien d’idyllique, tout est pratique et… immédiat. C’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous, il nous a sauvés.


soir

Un moment – grand, intense – de télévision. La biographie de Willy Brandt, une interprétation du personnage, selon sa toute petite enfance. Evidence que sait dire, mieux que moi, ma chère femme… grand peuple que ces Allemands qui sont capables d’une telle présentation d’un des principaux de leurs politiques. Chez nous, schématisme, crispation, brosse à reluire. Beaucoup de choses ces jours-ci sur Pétain, sur de Gaulle, valant pour les images d’époque, guère pour l’analyse soit des historiens, soit de témoins ou de collaborateurs. Ce soir, des collaborateurs et le fils, c’est enchaîné, certains donnent le fil conducteur de l’enfance, père inconnu, mère pas présente, d’autres disent à mesure les étapes du moment de gouvernement. J’apprends cette enfance, la relation qui se noue d’intuition entre Brandt et Brejnev, à l’initiative du premier, toute différente – je crois – de la relation Kohl-Gorbtachev, les deux tentatives de Brejnev pour que Brandt se maintienne au pouvoir, l’achat de deux voix CDU lors de la motion de défense constructive déposée pour Rainer Barzel, la seconde, trop tard, puisque l’émissaire, le même, arrive après la démission. Les deux témoins les plus parlants, une des maîtresses, journaliste : Heli Ihlefeld, le fils, Peter, la première sensible, le second implacable quoique disant pardonner. Allure et visage du chancelier, familiers pour ma génération. Accent mis presque uniquement sur le psychologique, et – pour le gouvernement – sur l’Ostpolitik.

Depuis qu’il m’est apparu que mon cher pays, la France, est incapable d’entraîner par son exemple l’Europe verss l’ambition, la grandeur, l’indépendance, le modèle de société, de générosité, je suis devenu partisan d’une Europe intégrée avec des prérogatives d’un président élu au suffrage direct et ayant la prérogative référendaire, la fonction fera le réflexe, et le réflexe celui de projets communs en économie et en société, celui de l’indépendance vis-à-vis des autres grands pays, elle seule n’étant grande qu’en tant qu’ensemble – depuis cette analyse et cette prise de conscience qui doivent beaucoup à la préparation et au dire de mes enseignements à Paris VIII, je vois que le ciment nécessaire manque encore mais qu’il est de la responsabilité, du ressort de chaque Européen : un patriotisme européen. Etre fiers non seulement de nous tous ensemble, mais rétrospectivement de chacun de nous, les uns les autres.

A l’évidence, ce film-documentaire-portrait [2] contribue à un patriotisme européen, y introduit. Pas tant une politique, qu’une grande vie, qu’une personne décisive, elle-même maniée et construite par des circonstances à la fois personnelles et mondiales, européennes. Film exceptionnel, comme nous n’en avons pas, en France, su en réaliser sur l’un ou l’autre de nos personnages contemporains. De plus en plus, le goût d’un essai : quatre hommes et la France, Clemenceau, Pétain, de Gaulle, Mendès France. Les Allemands, en produisant de tels films, sont grands, plus grands que nous, car il y a aussi ce qu’a fait Brandt : accepter le passé même quand on l’a combattu, passer en tant que peuple d’un tel passé à de tels changements, à de telles relations avec tant de voisins. C’est peu dicible, nous n’en avons pas même été capables vis-à-vis de nous-mêmes : nos relations avec Vichy, avec nos grands hommes toujours virés, l’Algérie.

[1] - Isaïe XXV 6 à 10 ; psaume XXIII ; évangile selon saint Matthieu XV 29 à 37

[2] - Arte – 20 heures 40 . « Les deux vies de Willy Brandt » - Sebastian Denhardt et Manfred Oldenburg


Aucun commentaire: